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  • Les érections américaines d'Amanda Sthers - Flammarion

    AMANDA.jpg14 décembre 2012, Adam Lanza tue sa mère, se rend dans l'école primaire Sandy Hook,tue 28 personnes, dont 20 enfants innocents, et garde la dernière balle pour lui. Il se tue. Ceci n'est pas un roman, mais une dure réalité qui a touché les Etats-Unis, voici bientôt un an. 

    Les télés s'emparent de ce fait divers américain, nos chaînes françaises passent l'information, les explications d'un tel geste sont diverses et variées, le port d'armes est remis en cause. Et pendant ce temps, une jeune maman de deux enfants est transpercée par cette information. "La maman en moi s'effondre, mais l'écrivain qui a tissé sa peau tout autour reste fasciné." 

    Voici le point de départ du dernier roman d'Amanda Sthers. Auteure que j'ai déjà lue, dont j'ai aimé certains livres, et d'autres moins. Elle fait partie de ces auteurs qui peuvent me surprendre, comme me laisser indifférente. Je lis donc ce dernier opus de 125 pages en me  demandant ce que me réserve Amanda. 

    Quelques heures plus tard, le verdict tombe : Amanda me touche, Amanda est une femme intelligente, Amanda maîtrise l'art des mots, des émotions et surtout je découvre une Amanda à la limite sociologue. 

    Je reste quelque peu perturbée tout au long de ma lecture, me demandant qui écrit. Est-ce  l'auteure, est-ce  la mère, ou est-ce un simple personnage nait sous l'encre de  Madame Sthers ? 

    Point de départ de ce roman, donc, cette tragédie américaine dont on se souvient tous. Le  narrateur s'en va donc aux Etats-Unis pour essayer de comprendre ce qui pousse un tel être humain à un tel acte. Les médias  nous parlerons d'une enfance malheureuse, d'une mère qui se prépare à la fin du monde, d'un enfant qui aurait le syndrome Asperger, bref tout et n'importe quoi. Amanda va quant à elle se pencher sur la question de  la sexualité de cet homme (il a vingt ans au moment des faits), de son quotidien, de sa relation avec sa  mère. Bref, elle se demande  comment on peut en arriver là un jour. Une très belle étude sociologique sur fond d'une société américaine qui n'est pas aussi "enjoy" que l'on pourrait le penser. L'Amérique n'est pas un rêve pour tout le monde. 

    Du programme de l'abstinence, au manque de père pour ses héros américains (qui sont les pères de Zorro, Batman etc..?), comment une approche de la sexualité, de la liberté de chacun et d'autrui, pourraient, peut-être, éviter de tel drame, de tel acte ? Amanda s'en est allée pour nous sur les  lieux du drame pour nous conter sa vérité, ses convictions, et l'on ne peut qu'y adhérer.

    On plonge  dans une Amérique enfermée dans ses  principes, ses  croyances, et ses paradoxes. Une Amérique plongée dans la douleur ce 14 décembre, mais une Amérique quelque peu responsable  de cette tragédie. Adam était un enfant comme les autres, il n'a pas su se trouver en sa qualité d'homme, de petit d'homme aussi. Une enfance pas si malheureuse, le divorce n'est pas un justificatif à tout crime, à toute démence. Un manque d'affection cependant, une présence paternelle insuffisante mais qui ne justifie pas tout, loin de là. Tous les orphelins de  la seconde guerre mondiale ne sont pas devenus des pervers, des criminels. 

    Adam a pété un plomb en ce jour, il s'est  donné la mort, laissant libre  l'interprétation de son acte aux médias. Mais aucun d'entre eux n'a eu le regard  que pose Amanda Sthers, et qui nous questionne au fond. Et si l'éducation des enfants n'était pas que ça ? 

    Un dernier roman qui ne ressemble en rien aux autres romans de l'auteure, une très belle lecture, un moment très agréable même si tout n'est pas facile à lire. Un regard  d'une mère sur un  enfant qui a  sombré en quelques heures dans la folie, un regard de mère mais de journaliste et d'écrivain aussi. Trois  point de vues en un seul, merci et bravo Madame  Sthers. 

    Un bonus pour le format du livre, petit mais pas trop, facile à manier, et qui se glisse facilement dans un sac. 

     

  • Des mots pour des Maux - Nathalie Coste Fadel

    Rare est mon soutien public à quelques associations qui soient. Cependant, celle-ci, Des mots pour des maux, a retenu toute mon attention, et me touche particulièrement par plusieurs aspects. 

    Nathalie Coste Fadel est une femme exceptionnelle même si elle pense tout le contraire. De son haut d'un mètre soixante, de ses blessures de femme, elle a décidé d'aider les autres. Les autres, mais pas tous les autres. Ceux qui souffrent, ceux qui sont touchés dans leur chair, ceux qui ont en eux un mal incurable que l'on nomme cancer. Chaque jour, elle accompagne ses patients qui sont en fin de vie. Dure réalité. 

    Un sourire collé aux lèvres, douce, timide telle est Nathalie. Notre rencontre a eu lieu à Nice, autour d'un café, Place Massena. Le soleil brillait haut dans le ciel, mais Nathalie est un rayon de soleil à elle toute seule. Nous avons donc échangé, elle m'a parlé de son projet "Des mots pour des maux". Je n'ai pu qu'adhérer à son projet. Comment résister ? 

    Offrir un moment d'évasion à ses gens là qui souffrent ne se refuse pas. La lectrice que je suis, la fille orpheline de père que je suis, l'amie touchée par ce mal, ne pouvait rester insensible à cela.

    Aussi, depuis maintenant trois mois, je contacte de droite et de gauche quelques amies et amis écrivains, éditeurs, attachés de presse pour qu'ils puissent aider Nathalie dans sa démarche. Que son projet soit connu de tous. 

    Je sais que certains ont répondu favorablement à ma demande, et je les remercie vivement. 

    Je vous lance aujourd'hui un appel simple qui est d'aider Nathalie. Comment ? En offrant des livres à son association, en envoyant vos romans, vos écrits, en rentrant en contact avec elle via Facebook.

    Ca ne coûte rien, ça permet à des personnes rongées par le mal de s'évader, de ressentir quelques émotions dans ses durs moments, et c'est un moment de partage. 

    Et puis, Nathalie écrit. Des textes sensibles et émotifs. Elle a récemment publié quelques textes dans la revue littéraire "L'acrobate des mots" d'Omri Ezrati


    Merci à vous tous. 

     

    Gilles Paris, Grégoire Delacourt, Delphine Bertholon, Guillaume Musso, Christophe Tison, Valérie Tong Cuong, Katherine Pancol, Paul  Vacca, Tahar Benjellou, Paulo Coelho, Guillaume Robert ont participé à cette extraordinaire initiative. 

  • Je grandirai plus tard - Elie Semoun - Flammarion

    je-grandirai-plus-tard-342877-250-400.jpgSoyons honnête avant toute chose. J'ai acquis ce livre à la FNAC de Nice, non pas par admiration pour Elie, mais par curiosité. Curiosité non d'Elie, mais du livre promu par un ami : Guillaume Robert. 

    Oui, je dois cet achat à Guillaume Robert uniquement. Je lui fais confiance dans ces choix éditorialistes, donc me voilà fraîchement mariée en pleine lecture de l'autobiographie d'Elie Semoun

    Je connais Elie Semoun de nom, je serais incapable de vous dire une réplique, une seule d'un de ses sketchs. Je  connais Elie et Dieudo, Elie et Franck Dubosc, Elie acteur, je connais mieux. Je ne suis pas fan, il fait partie du paysage des humoristes français. Il peut me faire rire, mais je le préfère en acteur. Ce n'est donc pas une fan qui lit son autobiographie, mais une citoyenne lambda. Je ne suis pas non plus curieuse de sa vie. Mes amies et amis, qui grâce à  Facebook, sont au courant de ma lecture en cours, me demandent "Il parle de Dieudo dans son livre ? Il parle de sa religion ?". Bref, les questions fusent sur le personnage public lié, je ne sais pourquoi, à des problématiques politiques et religieuses. A croire, que l'on ne retient que ça de lui. 

    Alors à vous tous, je vous réponds "Achetez son autobiographie, et vous aurez les réponses". 

    Et oui, Elie se livre tout au long de 225 pages, mais pas de polémique, pas de jugement. Juste une vision d'Elie que l'on ne peut que respecter. Elie se livre, mais n'étale pas. Elie reste sensible, doux, et pudique. Quel art que de se dévoiler ainsi sans tomber dans le cliché "Voici" ou "Closer". 

    Dès les premières pages, je suis happée par Elie. Son enfance, son frère, sa sœur  sa famille, ses origines. C'est triste, émouvant mais nous ne sommes pas dans le pathos. Là est la force de "Je grandirai plus tard". 

    De son enfance à son premier succès avec Dieudo, de la perte de sa maman au décès de son frère, de ses petites annonces à Tranches de vie, Elie nous emporte dans sa vie personnelle, dans ses doutes, dans sa frénésie de travail, dans ses relations amicales, dans sa passion pour le jardinage.

    Tour à tour on découvre un homme boulimique de travail, perfectionniste, amoureux de la vie, et portant un certain regard sur des sujets sensibles qui ne peut être que respecté. Un homme doux, sensible, aimant mais aussi un homme avec ses blessures, ses doutes et ses rêves. 

    On butine avec lui, passant du monde des paillettes au calme d'une campagne où il aime vivre et s'occuper de son jardin qui doit être une oeuvre d'art. 

    Les  mots sont simples, forts. La vie d'Elie est celle d'un homme qui a grandit avec l'absence d'une mère, un homme qui se sent français avant de se sentir juif, un homme qui vit dans son temps. Un homme qui n'est pas dupe des relations existantes dans le show-bizz.

    Parce que sa maman est partie trop tôt, il décide de devenir humoriste. Étrange que de se dire que parce que maman est morte, j'ai décidé de faire rire les autres. Parce qu'Elie est fleur bleue, parce qu'il est entier, parce qu'il est émotif et exclusif, il ne retient que le bon chez l'autre. Il ne juge pas. Il a un sentiment d'inachevé avec Dieudo, comme avec Franck Dubosc. Il est fidèle à Muriel Robin (et la réciproque est vraie aussi), il agit aussi par impulsivité, par coup de foudre. Juliette en est la preuve. 

    Je referme ce livre avec un regard autre sur Elie. Je le regarderai différemment  Il est simple, il est doux, il est honnête et puis surtout il ne se cache pas de ses faiblesses, de ce besoin de faire rire, d'être connu. Beaucoup d'affection pour Elie Semoun, et surtout je vous invite tous à lire son autobiographie qui est vraiment un pur bonheur de lecture. Vous passerez des sourires aux  larmes, de la peine à la joie, et puis vous comprendrez cet homme que les médias ont parfois malmené avec l'histoire de Dieudo. Vous découvrirez un homme qui a dû affronter la dure loi de la vie, qui a mené des combats sans les médiatiser, qui est resté au fond ce petit gamin qui aimait faire rire mais qui protégeait son jardin secret. 

    Elie, si tu me lis "Merci d'être ce que tu es, et promis mes parents ne te téléphoneront pas pour que tu me rappelles". 

     

    Je grandirai plus tard - Elie Semoun - Flammarion - 19.90 Euros