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roman français

  • A gagner : Le silence des rails de Franck Balandier

    Il est de ces romans qui m'ont bouleversée en ce début d'année 2014. 

    Il est de ces romans que l'on se doit de lire, dans un devoir de mémoire.

    Il est de ces romans qui touche en plein coeur.

    Il est de ces romans qui doit être dans votre bibliothèque.

     

    Il c'est "Le silence des rails" de Franck Balandier, paru chez Flammarion. 

     

    Franck, c'est un auteur.

    Franck, c'est un homme cultivé, doté d'une sacrée dose d'humour. 

    Franck, c'est un homme qui aime la musique, l'histoire.

    Franck, c'est un regard pertinent sur l'histoire, la société.

     

    Pour toutes ces raisons, et parce qu'ils le valent bien (le livre et l'auteur), je vous offre cinq exemplaires de ce roman touchant. Si, en plus, vous êtes de la région, je vous inviterai lors du Salon du Livre à rencontrer cet auteur, le vendredi 13 juin, ou encore le samedi 14 et pis même le dimanche 15 juin. 

    Pour cela, rien de plus simple : envoyez-moi vos coordonnées par mail, ou par message privé via Facebook. 

    A très vite, et si vous voulez avoir un aperçu de ce roman, ça se passe ici :

    Le-silence-des-rails-185x300.jpg

    Le silence des Rails de Franck Balandier 

  • Prix Messardière 2014

    logo.jpgIl est de ses rencontres qui bouleversent votre quotidien.Telle fut ma rencontre ce vendredi avec Sarah Lhermitte à la tête de Made In Riviera, le mensuel 100% Nice et Côte d'Azur qui en cette nouvelle année, s'est associé à Culture Mag.

    Autour d'un café et d'un coca (même plusieurs cafés, avouons-le), nous n'avons eu de cesse de parler de la culture dans notre région que nous chérissons tous. Me sachant passionnée de littérature, Sarah m'offre un open space pour vous causer livres, pour vous faire découvrir des auteurs, une fois par mois donc dans son magazine. Vous dire que je suis heureuse est anodin, vous dire que j'ai un peu le trac l'est moins car il est réel.  prix messardiere,saint tropez,prix littéraire,roman français,made in riviera

    Mais en attendant l'édition du mois de Mai, et en partenariat avec Made In Riviera et Culture Mag, je vais vous parler d'un prix littéraire, le "Prix Messardière"

     

    Le Prix Messardière est décerné chaque année au Hôtel Château de la Messardière à Saint-Tropez. Ce lieu mythique et majestueux fut d'abord un château construit au XIXème siècle. Le château a connu le faste de fêtes somptueuses accompagnées par la douceur d'accords de musique, ou l'abandon, livré selon la légende, aux quatre vents. C'est donc un lieu chargé d'histoire, où il règne en effet une atmosphère particulière, à la fois excitante et mystique. 

     

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    Il est donc un lieu où les artistes sont nombreux, où les artistes internationaux du très élitiste Festival Classique de Ramatuelle ont élu domicile, où une place de choix est réservée à Victoire de la Messardière qui expose ses œuvres dans le château de ses ancêtres. Il est un lieu sur les terres de Colette et de Sagan où manquait la littérature, et où en 2011 la Première édition du Prix Messardière a vu le jour. 

    Ce prix a pour vocation de désigner le livre qu'il faudrait retenir, le livre que nous emporterions si nous devions en choisir un seul. Un roman qui va nous accompagner dans nos villégiatures estivales, le texte pour ces moments de repos et de liberté, l'ami fidèle, agréable et enrichissant avec qui nous souhaitons passer l'été qui s'annonce. Il s'agit donc du prix du roman de l'été. 

    Plus que jamais engagé dans une démarche artistique, le Château de la Messardière s’ouvre au monde de la littérature en créant donc ce prix. Ce nouveau rendez-vous culturel n'a d'autre ambition que de vous aider à choisir "LE" roman qui accompagnera vos moments de détente de d'évasion durant la saison estivale. 

    Pour cette quatrième édition, 17 éditeurs ont présenté 27 livres. Lors de sa première réunion le jury a sélectionné les ouvrages suivants :

    • Tuez qui vous voulez d'Oliver Barde-Capuçon - Acte Sud
    • Fais le pour maman de François-Xavier Dillard - Fleuve Noir
    • De père légalement inconnu de Françoise Cloarec - Phébus
    • Un garçon disparait de François Rivière - Rivages
    • Les brumes de l'apparence de Frédérique Deghelt - Acte Sud
    • L'autre de Sylvie Le Bihan - Le Seuil 
    • Le Piège de Lovercraft d'Arnaud Delalande - Grasset
    • Le livre de René Belleto - POL
    • Mai 67 de Colombe Schneck - Robert Laffont
    • Les rouges de Pascale Fautrier - Le Seuil 

     

    Le roman qui remportera ce prix, est donc un roman français, une oeuvre de fiction populaire touchant à l'évasion sous toutes ses formes : amour, aventure, histoire, suspense. 

    Nous connaîtrons d'ici peu les trois finalistes, et le lauréat sera connu fin mai. Le  prix sera remis sur les belles terres varoises, dans un cadre féerique. Je ne manquerais pas de vous tenir au courant. Vous pouvez compter sur moi.

    Les lauréats des années précédentes :

    - La femme de nos vies de Didier van Cauwelaert - Albert Michel (2013) 

    - Le quadrille des maudits de Guillaume Prévost - Nil (2012)

    - L'odeur du figuier de Simonetta Greggio - Flammarion (2011)

    Les membres du jury 2014

    • Michel Legrand : parrain 2014
    • Jean Brousse, Président
    • Didier van Cauwelaert, écrivain - lauréat 2013
    • Marie-Christine Imbault, journaliste - Livre Hebdo
    • Antoine Lanzaro, libraire de Saint-Tropez
    • Macha Méril, comédienne
    • Patrick Mahé, journaliste et écrivain
    • Daniel Martin, journaliste et critique littéraire à La Montagne
    • Marianne Payot, journaliste et critique littéraire à L'Express
    • Gonzague Saint Bris, écrivain. 
  • Mon numéro dans le désordre de Guillaume Fédou - Léo Scheer

    guillaume.jpg

     

    Guillaume Fédou fut l'un des premiers à être ici présent. Non pas pour son talent d'écrivain, mais pour son talent d'auteur-compositeur. En effet, j'étais tombée sous le charme de son "garçon moderne", et le suis toujours par ailleurs. 

    http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2011/08/07/guillaume-fedou-garcon-moderne.html

    Il nous revient quelques années après, mais en qualité d'auteur de roman, de son premier roman "Mon numéro dans le désordre". 

    Avant la lecture de cet opus, j'admire la couverture. Un savant mélange de Cézanne et de Guillaume Fédou. Une aquarelle qui ne laisse pas insensible et attire donc le regard. Cependant, voir un baigneur en slip me perturbe un peu. Que va donc nous conter Monsieur Fédou. Le lien illustration/titre n'est pas aisé, mais s'éclaire au fil de la lecture. 

    Me voici donc, un verre de blanc à la main, à la découverte de la plume de Guillaume. Deux cent cinquante et une page auront raison de ma bouteille de Montbazillac. Quel bonheur et quelle joie ce livre. 

    Ajoutons à mon verre, le critérium qui laissera une mine entière tellement les formulations sont vives et pertinentes, mais aussi pour souligner toutes les références qui nécessitent quelques recherches sur le web. Entre références culturelles, musicales et parisiennes Guillaume nous conte les aventures d'Arthur et sa maman, appelée "Mama". Une connotation italienne pour moi, mais il en est rien. La mère d'Arthur est une soixante huitarde, pittoresque, dépressive, divorcée et juive. 

    Arthur est le fils aîné, vingt huit ans, fraîchement licencié, bordelais devenu parisien branché. Il fréquente la nuit, le monde de la mode, il est là où il faut être vu, là où il faut être, ce qui lui permet d'avoir son tissu social et de boire à l’œil comme il s'amuse à le dire. 

    Suite à son licenciement, il décide d'offrir à sa mama dépressive un séjour à New-York. Cette ville qui fait rêver, la ville de la deuxième chance. Sauf que le départ se fait quelques jours avant le 11 septembre 2001. 

    Les premiers jours qui précèdent l'attentat qui changera la face du monde, Arthur et Mama vont vivre quelques situations rocambolesques, dont l'origine n'est autre que la Mama. Partie de Paris sans ses médicaments, elle n'a de cesse d'en faire qu'à sa tête, et de se mettre dans les situations les plus pittoresques. Elle disparaît, s'éprend pour un Bob Marley des années 2000, ne suit que son instinct. Arthur ne profite pas vraiment, se demande quand sa mère sortira de cet état. Puis cette rencontre avec un psy qui va remettre pour quelques jours à peine la mère dans les "rails". Elle se calme dirons-nous. 

    Tout semble allait mieux, mais c'était sans compter sur cet attentat qui va bouleverser, outre nos deux personnages, la vie de tout à chacun. 

    Je ne vous dévoilerai pas la suite, l'après 11 septembre, car il faut lire ce roman. 

    La plume de Guillaume est maîtrisée, vive, gaie, humoristique. Au fil des mots, des phrases, des pages, le lecteur est aspiré dans la vie new-yorkaise, il vit l'horreur, il vit aussi le changement. 

    En effet, ce roman se veut, sous un aspect "comique", être un traité de l'avant et après 11 septembre. Une étude sociologique de ce qu'à changer cet événement tragique qui a touché le monde entier. Arthur est une victime, il ne sera plus le même. Il y a l'avant, puis l'après, la naissance des années 2000. La prise de conscience aussi que l'on peut mourir n'importe quand, n'importe où par la folie d'hommes.

    Arthur mènera quand même sa quête du bonheur, mais il est différent. Les vacances qui se devaient être normales apporteront à nos héros une autre vision du monde, de l'avenir, de la vie simplement.

    Un livre à acquérir, mais attention les références sont nombreuses dans tous les domaines. Il m'a été nécessaire de faire quelques recherches, n'étant pas de la génération 90, mais plutôt 80, n'étant pas non plus au fait des mœurs et coutumes de la vie parisienne. Quelques traductions m'ont aussi été nécessaires, ne maîtrisant absolument pas l'anglais. Cependant, cela ne m'a pas gêné dans ma lecture de ce roman bien ficelé et qui met en exergue le changement du monde dès lors que deux avions se sont écrasés sur les tours du World Trade Center.

    Faire le deuil de l'avant, se construire dans l'après. Se trouver, se réaliser, être, être soi. Tel est le message que nous délivre Arthur, ou Guillaume ? En effet, on peut se demander ce qui est vrai, ce qui est faux. Est-ce la réalité de Guillaume qui a permis à Arthur de rentrer dans la fiction ?

    Allez, vite, filez acheter ce tout premier roman d'un homme qui le vaut bien :-)

    baigneur-cezanne.jpg

     

    Quelques extraits :

    • Cet agent de l'Etat français éprise de service public pratique plutôt le suicide par répartition, façon puzzle éparpillé au-dessus de l'océan que nous aurons tant de mal à traverser. 
    • C'est un art chez les Kaminsky de maquiller sa douleur en agressivité. 
    • Mais une chose est sûre : en lâchant Bordeaux pour vivre à Paris, notre famille s'est littéralement vendue aux Boches. Quant à l'Américaine, elle n'a fait qu'injecter un peu de vérité dans toute cete bordelaise hypocrisie, même si je rêve encore aujourd'hui de la voir en plein vol. 
    • Seul le travail compte, et là-dessus je suis d'accord avec ton père : on ne bâtit rien les bras croisés. 
    • Comment ai-je pu accoucher d'un pareil monstre ? Sans doute en fermant les yeux sur toute une partie de ton histoire personnelle. Mais ce n'est pas le moment d'en parler....
    • Il serait vraiment temps pour moi de vivre pour vivre. Ne devrais-je pas la laisser être femme accomplie avant d'être mère ? 
    • Ennemis de la pop, des putes à frange et des instruments à vent, les talibans ont donc provisoirement gagné la partie. 
    • Pour ou contre la connerie, le racisme et les oranges pressées ? Les terroriste ont ciblé la finance, épargnant a priori des mécréantes dans mon genre. Mais s'ils avaient visé le MoMa, aurais-je un jour renocntré ce double que je cherchais depuis ma naissance ? J'ai longtemps cru que la lumière viendrait d'une fille, que seul l'amour pouvait être source de complétude. 
    • J'ai une sacrée boule au ventre de devoir partir. Quand on est à ce point en fusion avec la moindre paroi new-yorkaise, il s apparaît illusoire de pouvoir décrocher un jour, et même de pouvoir raccrocher les wagons de son existence. Aussi toxique soit-elle, NYC est le meilleur terrain de jeu pour le "je". Un playground existentiel sans limite dont je respire l'air corrompu à pleins poumons en chantonnant avec Mama son sempiternel air du vieux Trénet : "Grand-Maman, c'est New York / Je vois les bateaux-remorques..." qui emportent tout sur leur passage, comme à la fin du Voyage de Céline. Voilà, merci, on remballe.. 

    A l'attention de Guillaume Fédou  

    Alors non tous les gens qui habitent la Côte d'Azur n'ont pas une villa et ne votent pas FN :-) 

    Sophie Marceau est toujours belle, et moi aussi je l'ai préférée dans l'étudiante

    Un jour j'irais à New-York ...

  • Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand - Michel Lafon

    Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès Martin Lugand, roman 2013, roman français, amour, irlande, cadeau noel, à offrir, découverte, premier roman Je ne contredirai jamais, mais au grand jamais Agnès Martin-Lugand, les gens heureux lisent et boivent du café, j'en suis la preuve. 

    Agnès Martin- Lugand signe là son premier roman. Un premier roman qui a une histoire un peu particulière, car initialement auto-édité, on lui doit une édition chez Michel Lafon suite au bouche-à-oreille vif et rapide. L'histoire, du livre, nous a même été contée sur TF1 aux infos nationales. 

    Bref, il est maintenant chez moi, sur ma table de nuit, mais ne le restera pas beaucoup puisqu'il m'a plutôt valu une insomnie, n'arrivant point à refermer le livre. 

    Diane, personnage central et attachant de ce roman, a cessé de vivre. Son cœur bat, sans aucun doute, mais elle ne vit plus. Oublie de se nourrir, ne travaille plus, ne se lave plus, elle est morte. Morte le jour, où son mari, Colin, et sa fille, Clara, sont tués dans un accident de la route, à la veille d'un départ en vacances. Depuis, sa vie à elle n'est plus. Elle refuse tout contact avec sa famille, seul Félix, l'ami, bénéficie de quelques égards. Elle se refuse à se rendre sur la tombe de ces deux amours. 

    Diane est une boule de douleurs, elle se sent inutile, seuls les doux souvenirs sont présents. 

    Puis, un défi lancé contre elle-même, une envie de fuir cet endroit qui lui rappelle sans cesse sa vie d'avant, son bonheur à jamais perdu. Diane fait ses valises, prend un billet d'avion, loue un cottage. Direction l'Irlande. 

    Seule face à elle-même, face à la mer.

    Accueillie par les propriétaires du Cottage, Diane apprend à vivre différemment sur les terres irlandaises. Elle y rencontre Edward, un homme bourru, brut, renfermé, peu aimable, voire pas du tout. Mais il est son voisin, elle doit faire avec, et puis, il y a ce chien, le chien d'Edward, l'animal qui va lui permettre de vivre, d'esquisser des sourires. 

    Elle hait ce voisin, mais en même temps il fait naître en elle des émotions oubliées, enfouies, refusées. D'incompréhensions en incompréhension, ces deux-là arriveront-ils à se parler, à partager un peu de bon temps ? 

    Et puis il y a aussi Mégan, la petite amie d'Edward. Mégan la citadine, la working girl désinvolte et insupportable, limite hystérique. Et puis, Judith, la sœur d'Edward, pleine de vie, déjantée. 

    De ce séjour en Irlande, Diane en retiendra la substance moelle de la vie. 

    Un premier roman qui ne peut laisser insensible. Le lecteur est happé par les déboires de Diane, par ses peurs, ses angoisses, ses rêves, ses joies, ses cuites. La vie  lui avait offert une famille adorable, un mari attentionné, une petite fille malicieuse et douce. Mais la vie lui a tout repris en une fraction de seconde. Comment se reconstruire après ? Est-il possible de vivre de nouveau ? Quels choix faire ? Agnès Martin-Lugand nous transporte, nous embarque sous sa plume. Nous tremblons, nous rions, nous pleurons, nous avons froid, nous avons chaud, nous vivons. 

    Mais pourquoi, alors "Les gens heureux lisent et boivent du café" comme titre, je vous laisse le découvrir. 


    A offrir à cette fin d'année à toute amie,

    car oui c'est un roman plutôt féminin, si je puis dire ainsi.


    Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand, Michel Lafon - 14.95 euros 

  • Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon - JCLattès

    le-soleil-a-mes-pieds-292806.jpgLa rentrée littéraire est riche, on nous assomme de "nouveautés" émanant d'écrivains connus et reconnus, on les sélectionne pour les différents prix littéraires, et parmi eux, entre autre, Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon. On n'en parle peu et pourtant ! Entre l'auteur, le titre qui est une invitation à  l'évasion, et la stylistique, il mériterait plus. 

    Paru en août de cette année, ce quatrième roman de cette pétillante blonde mérite d'être lu, partagé et découvert. 

    Non étrangère à la plume de Delphine, j'ai été, encore une fois, emballée par ces quelques 186 pages noircies. Emballée étant synonyme d'emportée, émue par les  mots et maux qui au fil des pages m'empêchent de poser ce roman, ne serait-ce que pour aller boire un verre d'eau. Lu sur le voilier, la mer à mes pieds, et le soleil sur ma tête, il a été refermé avec "Le soleil à mes pieds"

    Deux sœurs : la Grande et la Petite. Une ville : Paris. Des sentiments : jalousie, inquiétude, énervement, liberté et j'en passe. 

    Delphine embarque sous sa plume le lecteur dans un méandre de sentiments, dans une histoire fraternelle compliquée, triste, satyrique. Et le lecteur suit, parcoure les pages, retient sa respiration, pleure, rit, sourit, angoisse.

    Au fil des pages, les nœuds  se serrent, se délient. Le lecteur halète, retient son souffle. Il veut aider la Petite, il veut gifler la Grande. Oui, l'auteure arrive à introduire le lecteur lambda dans son écriture, elle lui offre la place au premier rang pour être témoin de ce que vivent ses deux sœurs que tout oppose, sauf  ce terrible secret. 

    La Grande a tout pouvoir sur la Petite. Elle est son souffre-douleur. La Petite ne pipe mot. Elle s’exécute  Elle n'en pense pas moins, mais comment sortir de cette pression constante de la Grande. La  Petite ne peut plus penser, sa sœur pense pour elle. La petite étouffe, elle nous le livre, à nous lecteurs, mais pas à sa Grande. Étouffée  apeurée même la Petite ne travaille pas. Elle se cloître dans sa petite chambre de bonne dont la Grande a les clés. La Grande régit sa vie, son quotidien. La Petite ne peut vivre ainsi. Il faut qu'elle se détache de ce poids. Dès les premières pages, on sent une atmosphère de folie. On veut comprendre. De page en page, l'horizon s'éclaircit, puis se noircit. On oscille, tout comme je tangue sur mon bateau en lisant ce roman magnifique, qui sous son aspect est un hymne à l'amour, à la liberté. S'aimer soi, vivre soi, être soi, être libre. 

     

    Delphine Bertholon est un génie. Elle manie le verbe comme personne. Des phrases courtes, concises et incisives. Elle nous entraîne dans la vie de ses deux sœurs  et ne nous donne pas l'occasion de les quitter en route. Elle fait danser les mots, les métaphores sous nos yeux. Un pur moment de bonheur et de détente. 

    Merci Delphine pour ce roman, et  à bientôt je l'espère.

    Promis je me vêtirai de lin. 

  • Des jours parfaits - Annie Lemoine - Flammarion

    des jours parfaits.jpgFidèle lectrice d'Annie Lemoine, c'est avec une grande joie, et une belle impatience que je me plonge dans son dernier roman "Des jours parfaits", paru aux Editions Flammarion le 15 mai de cette année. 

    Lu, avalé, dégusté cet été à bord de "Maki", voilier sur lequel la détente est assurée, j'ai reposé ce livre quelque peu bouleversée. 

    La plume  d'Annie m'a toujours conquise, ses romans m'ont charmée, mais là il en est autre. Je suis au-dessus de ces sentiments. Le style est le même, quoique la plume plus recherchée à mon sens, et ce roman ne vous laisse pas indemne. Point de légereté. Un roman pas comme les autres. Je retrouve les thèmes chers à Annie Lemoine, l'amour, la passion, la vie, mais là c'est un truc en plus, inexplicable. 

    L'histoire peut paraître banale : Une jeune fille découvre la correspondance  que sa mère a entretenu avec un homme durant quelques années. Des années de passion, des années de silence. Mais rien n'est banal, de la première à la dernière page, le lecteur est  happé par ses  échanges épistolaires. Le lecteur est baladé, ne sait où il va. Quel talent Annie !

    188 pages d'hymne à l'amour, 188 pages de tendresse, 188 pages de questions, 188 pages de découvertes artistiques... 

    La narratrice, dix sept-ans, a  entre ses mains un cahier rouge qui était à sa mère, maintenant décédée. Elle lit les pages noircies par l'encre de sa mère. Elle découvre une mère qu'elle ne soupçonnait pas. Une mère amoureuse, passionnée d'art, une femme. Au fil de sa lecture, elle s'interroge, découvre, comprend, ne comprend plus. Une lecture qui va la mener en Sicile, qui va lui permettre de comprendre cette femme, Ninon, cette mère qui l'a élevée seule. 

    Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l'issue de cette lecture, par contre je peux vous conter combien Ninon aimait les oeuvres d'art, combien cette femme est forte, combien elle est passionnée par la vie. Annie Lemoine maîtrise le champ lexical de l'art, elle nous fait découvrir sous sa plume ses tableaux peints, les decrypte, nous les fait aimer. Elle ouvre aussi en nous des brèches que l'on pensait fermées, mais point du tout. Chaque lecteur est obligé d'être touché par les mots si bien maîtrisés et surtout si bien arrangés entre eux. Un pur bonheur. 

    La narratrice sous la plume d'Annie nous emporte avec elle, nous fait partager ses émotions, et cette sensation étrange. 

    Un roman qui se lit d'une traite car on ne veut pas laisser seule la narratrice dans ce voyage. Un livre qui parle d'amour, de passion, de vie. Un livre émouvant que je recommande vivement. 

    Quelques citations 

    • Ma mère me laisse des rêves amputés, abîmés par son absence définitive sans personne à qui en vouloir (page 13)
    • Je viens du gris, le monochrome de l'hiver parisien que seuls supportent les résignés ayant admis une fois pour toute que Paris était une ville du Nord. (page 23)
    • L'amour donne la sensation de voyager dans des berlines luxueuses sur les banquettes desquelles on ignore tout de l'état des routes. On glisse sur le bitume avec l'envie de baisser la vitre pour sentir l'air frais vous caresser le visage et au passage se découvrir plus vivants. (page 52)
    • J'aime que tu aimes la vie simple que nous menons, que tu en jouisses avec moi du matin jusqu'au soir, du soir jusqu'au matin. J'habite une bulle rose à l'intérieur de laquelle je me serre contre toi, je t'aime. 
    • L'artiste peint ce qu'il est, pas ce qu'il voit. Il peint pour se rencontrer, se trouver. les meilleurs sont ceux qui ne transigent pas, se jettent entiers dans  chacune de leurs oeuvres. Curieux, apaisés, ils les regardent ensuite comme s'ils éclairaient à la lampe de poche une partie sombre de leur être où ils ne se souviennent pas être allés. (page 65)
    • Le manque brûle tout, embrase tout, ne laisse aucune pensée cohérente sur son passage. Je bascule dans un monde délirant, il me reste encore une once de raison pour m'en rendre compte. La douleur me plie en deux. (page 98)
    • Puissent les amours qui viennent plonger leurs racines dans celles qui les ont précédées afin qu'elles n'aient pas été vécues pour rien. Afin qu'elles vivent encore. (page 115)

    Des jours parfaits - Annie Lemoine - Flammarion  

     

     

  • Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris

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    Septembre, le mois des rentrées : rentrée scolaire, rentrée littéraire, rentrée des aoûtiens au boulot.. Bref, tous les médias nous parlent de la rentrée. 

    Quelques chroniques en retard (on ne me refera pas, je suis ainsi), je ne sais par quel livre, quel auteur commencer ma rentrée ici-même. Puis l'évidence, Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris, cet ami. 

    Gilles Paris, la cinquantaine, charmant jeune homme, timide et au sourire doux, est un auteur rencontré voici maintenant deux ans. Un homme  sensible, à l'écoute et talentueux, qu'on se le dise. Il maîtrise les mots, tant à l'oral qu'à l'écrit, il est un homme qui travaille dans le milieu de l'édition depuis de nombreuses années, très nombreuses années.

    Lu en 2012, Autobiographie d'une courgette, puis relu cette année dans sa version poche, j'ai toujours le même plaisir à lire ce roman. 

    Gilles prend  sa plume, mais la magie ne s'arrête point là. Cette plume se transforme alors en Bic d'un enfant d'une dizaine d'années qui aligne les mots, les idées et qui nous  livre son quotidien. Gilles écrit comme un gosse, et c'est agréable à lire, et ça donne le sourire. L'innocence de l'enfance transparait à chaque ligne. Un travelling arrière dans le monde des chérubins. Tout au long de ma lecture, je suis touchée par ce petit gamin qui nous livre sa vie. Une vie qui n'est pas celle d'un enfant comme les  autres. 

    Courgette, et oui tel est  le prénom de  notre héros, a un mauvais geste, un soir. Tétanisé, il se réfugie dans le grenier familial. Il n'a ni père, ni mère et se retrouve donc seul jusqu'à l'arrivée de cet inspecteur de police : Roymond, qui sous ses allures, est un homme avec ses forces et ses  faiblesses, et surtout qui sera la résilience de notre Courgette. 

    Petit bonhomme d'une dizaine d'années, Courgette va être placé en foyer, aux Fontaines. Sous son oeil, sous ses mots, sous ses maladresses, il nous entraîne dans son quotidien. Nous cotoyons ses amis, ses amies, Camille, son professeur, la directrice du foyer, le mal être des enfants qui l'entourent, tout comme le  sien. Quoique, Courgette ne va pas si mal que ça. C'est d'ailleurs cet état d'âme si optimiste qui fait que l'on s'attache à Courgette. Nous serions prêts à adopter toutes les courgettes qui malheureusement vivent dans un foyer. De sa vie en communauté à ses petits secrets, de son quotidien aux Fontaines à son professeur, Courgette vit, sourit, ne comprend pas toujours tout très bien. Il  se fait à cette vie, meilleure que celle d'avant, quand il était seul avec sa maman car son papa a décidé de partir avec une poule. Courgette vit, découvre les premiers émois amoureux, est confronté à la réalité du monde, aux enfants dont les parents sont en prison, ou défaillants. Courgette se construit, c'est une petit bout d'homme attachant, énervant parfois, doux et  tendre. 

    Sous la plume  de Gilles, les expressions s'enchaînent, les sourires se dessinent sur nos lèvres, quelques larmes coulent, quelques moments d'angoisse aussi. Gilles réussit, ici, à traiter d'un sujet sérieux, triste et  pourtant si courant, avec légéreté, tendresse, humour et sans jamais tomber dans la compassion. Les institutions et le système  français ne sont jamais mis à tort. Gilles a le  talent de traiter un sujet grave sans entrer dans quelque polémique qui soit. 

    Nous sommes portés, nous lecteurs, par ce petit gamin de dix ans qui connaîtra une fin heureuse dans son malheur. Une fin heureuse que l'on souhaite à tout enfant placé. 

    Un livre à découvrir, attachant et à faire lire à nos chères têtes blondes, car c'est aussi ça  Autobiographie d'une Courgette, c'est un livre de 7 à 77 ans. Il est d'ailleurs, depuis l'année dernière étudié dès la classe de CM2.

    Lors de la rédaction de ma chronique, j'ai demandé à ma fille qui a lu le livre de  rédiger à son tour une petite note sur sa lecture. Je m'attendais à quelques lignes, mais il n'en fut rien. Elle m'a avoué ne pas pouvoir écrire sur ce  livre, trop  empreinte par sa lecture qui l'a bouleversée. Je lui demande alors pourquoi. Sa réponse est une merveille pour moi :

    "Mais maman, pour moi Courgette c'est le Petit Nicolas que je lisais quand j'étais en CE1, sauf qu'il a grandi, et que je ne pensais pas qu'il aurait cette vie là avec ses camarades."

    Quelques citations :

    "Un jour, elle m'a dit que l mal venait toujours des gens de la ville, comme papa, avec leurs souliers vernis et leurs belles paroles qui sonnaient plus faux que le chant du coq" (page 53)

    "T'as pas froid ? dit Raymond. -Non." Et il enlève son blouson et il m'enveloppe dedans. Des fois les grandes personnes, ça écoute que dalle" (page 63)

    "Apprendre par coeur c'est pas pour moi et je vois pas ce que le coeur vient faire dans tout ça" (page 82)

    "L'imagination c'est restituer à la mémoire des perceptions ou des expériences antérieures". (page 85)

    "Des fois les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l'intérieur" (page 172)

    Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris - Flammarion Collège. 


  • La petite cloche au son grêle de Paul Vacca - Le livre de poche

    paul vacca.jpgTout commence sur Facebook, ce fameux réseau social. Je découvre Paul Vacca, ami d'une amie. J'ignore qu'il est écrivain alors. Et puis au fil des jours, je découvre la réalité. C'est ainsi que je m'en vais acquérir son premier roman "La petite cloche au son grêle". Je me refuse de lire les différents billets qui virevoltent sur les différents blogs. 

    Je dois être vierge pour lire ce roman. Entre mes mains, le format poche donc. Une étiquette rouge m'informe "Prix des lecteurs, sélection 2013". Le genre de pastille qui généralement ne me font pas acheter un livre, je ne sais pourquoi. Bref, Paul Vacca est virtuellement entre mes mains. 

    Les premières pages sont une promenade olfactive au bord de La Solène. Un plaisir littérairre et ma zone corticale préfontale en émoi. Si, si, je vous assure. Je tiens la main de Paul Vacca, et je le suis dans sa promenade, dans ses descriptions qui sont très réussies et qui m'emportent. 

    Je ne suis pas seule. Sous sa plume, un père, Aldo, une mère, Paola, et un adolescent, Paolo, de treize ans. L'adolescent qui déteste les devoirs, qui voue un amour fou à sa mère. Une complicité les unit tous les deux. Le père est en retrait, il s'occupe de "Chez nous", le bar dont il est propriétaire. 

    Et puis, au fil des pages, les émotions vous tiraillent. Joie, pleurs, angoisse, révolte, compassion...Tout y passe. Un chef d'orchestre des émotions, ce  cher Paul Vacca, à travers Paolo. 

    Paolo, ce petit garçon narrateur de son adolescence, de ses découvertes amoureuses (les filles, la littérature, les mots...) et de son amour pour sa mère. 

    Une valse de personnages tournoient au fil des pages, de tante Léonie à Marianne, de Pierre Arditi (si si) à Lulu et Mouche. Bref, une ronde comme je les aime.

    Le regard de la prof de français sur le jeune Paolo qui lit Proust, le soir seul dans sa chambre, en cachette, motivé par son amour pour Eglantine. Cette prof qui n'est pas professionnelle, coincée dans son statut de "fonctionnaire qui sait tout", mieux que les autres, mais qui oublie l'humain, le potentiel qui est niché en chacun de nous.

    Et puis, cette découverte de la littérature, du pouvoir des mots. Paolo aime les mots, aime lire, aime rêver, et partage cette belle découverte. Fédérant autour de lui, avec l'appui de ses deux parents, tout un village pour jouer une représentation théâtrale pour sa mère.

    Cette mère qui aime la vie, la nature, la lecture. Une mère qui rêve, qui ne veut que le meilleur pour son fils, et qui au plus profond d'elle sait que son fils sera un écrivain, un vrai, un jour. Cette mère atteinte d'un mal incurable, mais qui gardera jusqu'à la fin le sourire, la foi en la vie, et surtout ce regard sur son fils. 

    Les mots se bousculent sous la plume incandescente de Paul Vacca, une plume agréable, juste, fine et raffinée. Un vrai bonheur, une belle découverte. Les mots s'entrechoquent pour une effervescence de sentiments chez le lecteur. 

    Ma révérence cher Paul Vacca. Je suis conquise et sous le charme. 

    Paolo m'attendrit, ses parents aussi. Je suis une cliente du bar, et je les observe, les admire. Non, je ne les dérangerai pas, la pudeur. Oui c'est cela beaucoup de pudeur dans ce doux roman. 

    Merci pour cet instant de bonheur, et pour une nuit d'insomnie. Je m'en vais du Côté de Swann. 

     

    • L'impensable vient de lui être révélé : oui, on peut aimer à la fois Proust et le football ! (p108)
    • Je veux rester seul. Seul avec ma douleur (p130)
    • Nos séances d'écrituresi captivantes nous rendent insensibles au temps qui s'écoule autour de nous. (p120)
    • Nous avons notre plan de bataille :  ne pas laisser le quotidien devenir quotidien (p115)
    • Ainsi, je découvre les vertus du mot "demain". Un mot qui a le pouvoir de préserver intacte ma procrastination : tant que la défaite n'est pas consommée, on peut toujours s'imaginer vainqueur ! (p68)
    • Mon chéri, les êtres que l'on aime ne meurent pas tnt que leur souvenir reste vivant... (p31)
    • Quel bonheur de partager un secret ! Maintenant, ils savent comme nous que ce livre est un grimoire empli d'heureux sortilèges (p 107)

     

  • Week-end surprise d'Agnès Abécassis - Editions Calmann-lévy

    Week end suprise.jpgWeek-end surprise, dernier roman de l'hilarante et talentueuse Agnès Abécassis est arrivé ce week-end dans ma boîte aux lettres niçoise. Hasard, destin, je ne sais pas, mais ce week-end fut pour moi une réelle surprise. Après maintes démarches, je débusque enfin deux places assises pour le concert de Dépêche Mode à Nice, je dois revoir ma chère amie Fabienne dimanche à l'aéroport, et oh surprise, je suis malade comme un chien. Donc sacrée surprise, je passe mon week-end au fond du lit. Mais, heureusement, j'ai quelques livres pour me tenir compagnie, dont Week-end surprise paru aux Éditions Calmann-lévy, et annoncé pour le 10 mai, soit vendredi. Je suis donc une des premières lectrices du dernier opus d'Agnès. Merci Agnès, Merci Eric (son adorable attaché de presse). 

    C'est donc confortablement installée dans mon canapé, sous une certaine masse de couvertures, la tête enfouie dans quelques moelleux oreillers que j'entame la lecture de ce roman. La magie abécassienne va-t-elle opérer ? 

    Et ben oui, et ce dès les premières pages. Je retrouve la plume incisive, l'humour, la vision de la vie, les petites phrases assassines mais oh combien justes que toute femme prononce. Le talent d'Agnès est intact. Je souris, je corne les pages, me retrouve dans quelques situations, rigole à gorge déployée, les mots deviennent images, les images deviennent un film en super 8 dans ma tête. On lit Agnès, mais ce n'est pas tout, on est l'actrice de son dernier roman. Si, je vous l'assure. 

    Certes, je ne m'appelle pas Brune, mon homme ne se prénomme pas Léonard, mes gosses ne sont pas des jumeaux qui répondent aux prénoms de Noé et Nestor, mes deux meilleures amies ne se prénomment point Prunelle et Suzie mais mais je vous assure que toute femme quadra se reconnaîtra dans ce roman. Il ne peut en être autrement. 

    Qui n'a pas connu la convocation par le professeur principal pour vous faire part d'une baisse de travail de votre enfant ? Qui bien évidemment est de votre seule faute, vous la mère qui tentait de joindre les deux bouts, qui bossait, entretenait la maison, jouait les wonder-woman car il faut pas laisser transparaître nos petits défauts. 

    Qui de nous toutes n'a jamais téléphoné à sa meilleure amie, un soir en pleine déprime, et qui finit par raccrocher avec le sourire aux lèvres, car une amie ça vous donne le sourire même quand vous n'en pouvez-plus ?

    Qui d'entre nous n'a pas mis vingt plombes avant de s'apercevoir que ce mec est en fait l'homme de notre vie ?

    Qui n'a jamais fait un voyage en train, et se coltine les enfants insupportables qui hurlent dans tout le wagon, vous fatiguant avant même que vos vacances soient commencées ?

    C'est tout l'art d'Agnès. Nous faire rire des situations les plus cocasses, les plus habituelles aussi. Elle a ce don, rare, de vous livrer une critique de Grey's Anatomy à pleurer de rire. Je ne sais si je vais pouvoir continuer à regarder ma série préférée sans penser à Agnès. Notre vie nous paraît morne, sans grand intérêt, sans trop d'humour. Confiez-là à Agnès et par son super pouvoir d'auteure, elle vous livrera une semaine à mourir de rire qui se clôture par un week-end surprise. Brune en est la preuve, et on se délecte de sa folle semaine, pas si ordinaire que ça. 

    A lire absolument, à offrir à vos amies, et donc pour cela il vous suffit de courir chez votre libraire adoré dès vendredi matin, et sans faute. 

     

    Quelques extraits :

    • Ah, comme j'étais fatiguée. Epuisée par ce stress permanent, par cette course folle contre la montre, par cette astreinte que la société nous imposait, à nous, les femmes, d'employer nos deux bras comme si on en avait huit. 
    • Alors les romans me tenaient lieu d'anxiolytiques,le soir, avant de m'endormir. Ils me calmaient, m'apaisseient, me permettaient de mieux rêver, comme un plaid supplémentaire sur sa couverture permet de mieux réchauffer. 
    • Ne sois pas trop dure avec ton fils. Il ne le fait pas exprès... Pas exprès de glander au lieu de travailler ? Oui, tu as raison, il confond certainement. Il travaille, certes, mais uniquement sa glande. 
    • Besoin d'un nettoyage d'humeur avant d'aller dormir. Besoin de me changer l'eau des idées pour rafraîchir ma tête, avant d'aller m'étendre pour m'offrir lascivement aux rayons du sommeil. 
    • Instants de sérénité planante. Crampes de rire. Provision de souvenirs heureux. 

     

     Vous pouvez suivre Agnès, icihttp://www.agnesabecassis.com/

  • Et n'attendre personne - Eric Genetet - EHO

    Eric Genetet Et n'attendre personne.jpg

    Eric Genetet n'en est pas à son premier roman, mais son deuxième à en croire la quatrième de couverture. Pour moi, il est une découverte de cette nouvelle année 2013. Comment Eric a-t-il rejoint quelques uns de ses camarades dans ma bibliothèque ? Par Facebook, et principalement grâce à Harold Cobert, auteur que j'affectionne.

    En cette fin du mois de Mars, alors que le printemps annoncé officiellement n'est point visible, je reçois, après commande sur internet (Ne me grondez pas, mon libraire préféré de Nice a fermé ses portes, et mon état ne me permet pas de me déplacer), "Et n'attendre personne" un certain samedi matin.

    Le livre rejoint ses camarades, au nombre de 14, sur l'étagère "A lire". Il n'y restera pas longtemps, car je suis de ses personnes qui préfèrent lire un livre dont on parle peu (médiatiquement parlant) que lire un livre qui jouit d'une publicité "juste trop". 

    D'emblée on reconnait la marque de fabrique des Editions Héloïse d'Ormesson, un cachet à part, propre à cette petite maison d'édition qui regorge de talents. La photographie de l'auteur est en adéquation avec celle apparaissant sur Facebook, chouette je n'ai pas à faire à un mec qui trafique son portrait. 

    Mes doigts glissent sur les pages pour les tourner vivement, mes yeux sont attirés par tous ces jolis mots si savamment mariés, unis entre eux, et mon coeur bat la chamade au fil des pages. Alberto, Isabella et Manu m'entraînent dans leur vie. 

    Alberto est le mari d'Isabella, et le père de Manu. Donc Isabella est la mère de Manu. Jusque là, tout va bien. Sauf que voilà, Alberto et Isabella c'est plus tout à fait ça. Faut dire que ça fait vingt ans qu'ils vivent ensemble, ils ont eu un fils, leur couple est un modèle aux yeux des autres. "Si la vie était un courbe accidentelle, depuis ma rencontre avec Isabella, la mienne s'avérait géométriquement parfaite".  Mais un jour Manu décide de s'envoler, de quitter le cocon familial et de partir à ..... New York. C'est pas la porte à côté, et puis c'est un choc pour les parents. Surtout pour Alberto. Tandis qu'Isabella prend la nouvelle avec optimisme "Le départ de Manuel me chamboule, mais c'est aussi une libération pour moi. J'ai le sentiment d'avoir accompli ma mission, d'avoir le droit de prendre de vraies vacances, de penser à moi", Alberto vit cette annonnce comme un séisme intérieur. Le doute, la peur s'installent en lui. Sa femme n'aurait-elle pas un amant ? "Savoir si elle me trompait ne m'intéressait pas. Nous étions heureux depuis si longtemps, et j'étais assez d'accord avec Cyrano de Bergerac qui préférait être cocu que jaloux. Au bout de vingt ans, il est délicat de laisser l'autre embarquer dans une aventure. Le contraire serait de l'imprudence". 

    Alberto tente alors de vivre, de se prouver un je-ne-sais-quoi, et se retrouve alors avec une belle femme, plus jeune que lui, avec qui un jeu de séduction est mis en place de manière inconsciente, mais surtout sans passage à l'acte. Il ne trompe pas Isabella. Avec son pote Benjamin, il décide de faire l'ascension du Mont Blanc sans aucune préparation sportive simplement pour se "prouver que je n'étais pas un encore un vieux con glissant aveuglément sur la piste noire dela deuxième partie de sa vie, ni un vieillard vidé de ses forces". 

    Ce roman c'est donc l'histoire d'un mec quadragénaire qui perd tous ses repères, ceux de père, ceux de mari, ceux d'homme. Il ne sait plus au fond. Au fil des pages, on partage avec lui ses joies, ses peines, ses colères, ses décisions, ses incertitudes, son quotidien. Tout cela balayé par une simple annonce du fils. Le fils qui part. On découvre alors la relation d'Alberto avec son propre père, peut-être fera-t-il le même chemin que lui, peut-être pas. Cela je vous laisse le découvrir, car il faut lire ce doux roman court mais oh combien grinçant de vérité, alerte, vif et brut. 

    A la lecture de la prose d'Eric Genetet, j'ai été happé par Alberto. Je comprenais cet homme, ses choix, ses angoisses, ses décisions, pas toujours faciles. Alberto est attachant, on a parfois l'envie de le secouer un peu plus, de lui dire "Stop", et en refermant le livre on est heureux pour lui, pour son fils Manuel et pour Isabella. 

    Je vous connseille donc vivement d'acquérir ce livre, car au-delà de la trame narrative, l'auteur maîtrise l'art de raconter, de partager. 

    Une très belle découverte en ce mois de Mars. 

  • La nuit pacifique - Pierre Stasse - Flammarion

    la nuit pacifique.jpg

    Ma première rencontre (virtuelle et littéraire) avec Pierre s’est déroulée dans les méandres de Buenos Aires, au détour d’un séjour à L’hôtel Argentina. C’était il y a deux ans, en janvier 2011. Puis, notre rencontre réelle en mars 2012 au Salon du Livre de Paris, où je lui demandais à quand son prochain roman, tellement j’avais été touchée par sa plume et son art de marier les mots entre eux.

    Mon voeu est exhaucé en ce début d’année, alors que je suis condamnée à être alitée, et à ne point bouger. A défaut de jours pacifiques, je me plonge dans « La nuit pacifique », fébrile de découvrir la Thaïlande sous la plume stassiène qui m’a quelque peu manquée en 2012.

    Une couverture simple, sobre, tout comme la quatrième de couverture où l’éditeur nous rappelle oh combien Pierre Stasse est un charmant jeune homme, charismatique et dont le visage est le reflet d’une douceur étrange.

    Sur les routes de la Thaïlande, pays que je ne connais absolument pas et qui à vrai dire ne m’intéressait pas jusqu’alors, et sous la plume de Pierre, je vis les heures, les journées d’Hadrien Verneuil. Je voyage en Thaïlande, mais je suis avec lui, flottant au dessus de lui. Je suis ses yeux, je suis ses jambes, je suis son coeur… Un sentiment que j’avais déjà ressenti à la lecture de « Hôtel Argentina ».

    Ce trentenaire français a fui la France, en emportant avec lui le décès brutal de sa soeur Cécile, voici vingt ans. Il y pense à l’approche de la date anniversaire de cette perte humaine qui l’a meurtri à jamais. A Bangkok, Hadrien dirige une société de retouche photographique, Improved Numeric Life Company, avec Vichaï, dit Vic, un ukrainien.  Ensemble, ils numérisent, retouchent, améliorent, redonnent vie, habitent l’image (page 13), et puis avec l’image ils paient en nature la police thailandaise, en effaçant quelques sacs de drogue sur les clichés des diverses saisies.

    Hadrien est rongée par le  suicide de sa soeur Cécile. Il avait quatorze ans, elle seize. Elle fréquentait un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle raconte à son jeune frère ses ébats sexuels  dans lesquels le sentiment amoureux n’a pas de place. Pierre Stasse décrit avec force, douceur et précision ces moments intimes. On n’est ni offusqué, ni gêné car les mots sont habilement maîtrisés.

    Vichaï, l’associé, lui propose de travailler pour un politicien du pays. Hadrien n’adhère pas vraiment mais acceptera le projet. Un projet qui va le mener dans les méandres de son passé.

    Au fil des pages, on découvre une Thaïlande pauvre (le Nord), une Thaïlande en guerre où les crimes les plus odieux ont lieu (le Sud) et un Bangkok à part. L’auteur, à travers le narrateur qu’est Hadrien, nous informe de ce pays, qui n’est qu’image. Une image donnée au-delà de ses frontières qui est loin d’être la réalité. « La Thaïlande était le régime de l’image. Même le roi lui appartenait. Et rien, absolument rien, ne devait jurer avec la cohérence de  l’image. Tout s’y modifiait. S’y créait puis s’y retouchait. (p170) »   »Chaque jour, Hadrien, chaque jour, ils tuent des gens. En Europe, on ne le dit pas. On parle des plages, des mangues et des putes. Pas des bombes ou des assassinats. On ne dit rien. (p89) »

    Hadrien m’embarque avec lui. Je suis par moment contrainte de lui dire « Stop », le temps de pianoter sur mon Ipad pour situer tous ces lieux traversés, photographiés, car je ne connais pas la Thaïlande et la précision de l’auteur ne me permet pas de passer outre. Il me faut situer tous ses endroits, comprendre. De recherches géographiques, en recherches pédagogiques et économiques sur ce pays, je suis maintenant, moi lectrice, partenaire d’Hadrien.

    Avec lui, je combats en plein Bangkok, je tombe amoureuse de Nittaya, je suis confrontée au Docteur Malle… Comment vais-je réagir quand soudainement je vais découvrir le visage de celui qui est la « cause » du décès de Cécile ? Car, oui, au-delà de toutes les descriptions très subtiles, vraies, justes et incisives des paysages, de la population, des combats de boxe et de l’économie de ce pays, Pierre Stasse nous mène par le bout du nez, ou plutôt de sa plume, dans une aventure humaine dont lui seul a le secret.

    Cécile s’est-elle vraiment suicidée ? Cécile a-t-elle été victime d’un atroce meurtre commis par son homme plus âgé qui abusait d’elle ?

    La vérité n’est-elle pas, pour Hadrien, tout simplement une retouche de la vraie réalité ? Tout n’est-il pas qu’illusion comme le turquoise ?

    Pour cela, plongez-vous dans « La nuit pacifique », et je vous garantis des heures de bonheur, des mots subtils, des émotions et le plaisir de lire.

    Je suis encore sous le charme littéraire de Pierre, ce troisième roman est une merveille, une perle.

    Merci Pierre pour ces quelques heures, merci Guillaume, aussi.

  • J'ai vécu de vous attendre - Géraldine Maillet - Grasset

    Géraldine Maillet.jpg

    Ma dernière rencontre avec Géraldine Maillet remonte à l’année dernière, où la question qui se posait était « Il ferait quoi Tarantino à ma place ? » (éditions Flammarion). http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2011/12/07/noel-arrive-des-livres-encore-sous-mon-sapin-semaine-2.html

    J’avais très apprécié la vitesse à laquelle la plume de Géraldine se déplaçait. Une écriture facile, qui vous emporte. Des phrases courtes, un vocabulaire simple mais précis et juste qui cachaient les interrogations, les joies et les déboires d’une cinéaste qui courrait après les acteurs, les crédits, le personnel nécessaire pour réaliser un film.

    Nous nous étions quittées là, sur cette interrogation. Les mois s’écoulent, et pas de nouvelles.

    Janvier 2013, AFTER une année, le film est dans quelques salles parisiennes, Julie Gayet est restée aussi. Je ne peux le visionner de mon Nice ensoleillé, seuls les parisiens pourront découvrir le long métrage de Géraldine, mais je suis heureuse car elle a réussi. 2013 est donc une bonne année, qui plus est, Géraldine a repris sa plume pour nous livrer un « J’ai vécu de vous attendre » aux éditions Grasset. Chouette le mois de Janvier avec Madame Maillet.

    Le style est direct, la plume toujours aussi vive et rapide. Les mots courrent après les autres, le livre ne se lit pas, il se dévore. Au-delà de l’écriture propre à Géraldine, le fond du roman est tout aussi différent que son dernier roman.

    George Swington, la cinquantaine, une fille Lily, un fils Oscar, deux ex-femmes-amantes, Tamara et Frankie, une maîtresse Heather,  est contraint de rester à Paris. Il ne peut retourner à Londres comme prévu, les vols sont annulés par la seule faute d’un volcan islandais qui est entré en éruption.

    Coincé dans sa chambre d’hôtel, et dans ce Paris culturel et agréable, George revisite sa vie, les années passées, écoulées. De chapitre en chapitre, on découvre George. George père, George homme, George amoureux, et en simultané, George se découvre. Il se demande qui il est vraiment, ce à quoi il aspire. L’homme a cinquante ans, il parle avec ses ex, avec ses enfants, surtout Lily l’ainée. Il découvre sa fille sous un autre angle, ses ex aussi. Est-ce cette obligation de rester à Paris qui tend George à réfléchir sur ses relations avec les autres, mais avant tout sa propre relation avec lui-même. S’est-il menti, s’est-il trompé parfois ? Oui comme tout à chacun. L’auteur nous embarque avec elle, elle nous offre une place dans ce roman. Nous sommes là dans la chambre, l’oeil qui voit tout mais qui n’est vu de personne. C’est aussi cela, le talent de Géraldine. Une vision précise, et sous un angle particulier de l’homme, de l’être humain. L’oeil de la caméra, voilà en quoi Géraldine transforme son lecteur. 

    Un travelling-arrière s’enchevêtre avec le présent de cette chambre d’hôtel. George réalise qui il est, ce qu’il veut, ce qu’il ne veut plus, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime plus.

    Sous l’encre de Géraldine s’ancre un George attachant, doux, honnête et lucide. Tout compte fait, cette éruption volcanique est aussi l’éruption du vrai George.

    Deux cent trente et une pages qui défilent, qui se plient, qui se dégustent, qui font sourire, et qui nous guident vers la découverte de soi. En refermant le livre, on souhaiterait être dans la situation de George. Une situation qui peut paraître difficile mais qui a permis à George de savoir qui il est vraiment. Une introspection divinement bien menée entre visites parisiennes, connexion Skype et Facebook, conversations téléphoniques, envois de mail, sympathie avec le personnel de l’hôtel.

    Géraldine signe là un doux roman qui se lit facilement, et qui nous mène au fond de nous-même, si l’on veut bien s’attacher à notre héros. 

    Quelques extraits

    • Dangereux pour moi. Parce que je suis en train de devenir quelqu’un d’autre ou enfin de devenir moi-même. (p61)
    • Je vais finir par repartir, alors. L’issue du combat est proche. George le Lucide est en train de terrasser définitivement George le Taciturne. J’assiste depuis trois jours au grand chambardement de mes planètes, à la rénovation de mon architecture intérieure, à une réconciliation, à un reparamétrage, à un tsunami dans ma base de données, mes contradictions se disciplinent dans une certaine harmonie. J’abats les troncs qui bouchent la vue. Ma noirceur s’irise. Mon misérabilisme me fait rire. J’ai de l’indulgence pour ma testostérone, ma calvitie est devenue tendance. J’ai piqué des sprints dans ma tête. Mon teinta rosi grâce à ce bol d’air climatisé. (p163)
    • Le couple d’en face s’est endormi devant la télévision. Il a la tête penchée en avant, elle sur le côté. Il a les bras croisés, elle les mains posées sur les accoudoirs. Finalement, ça ne ressemble à rien quand on dort à côté de la femme de sa vie. (p117)
    • J’ai envie de faire l’amour. Je dois manquer de tendresse. J’ai envie de marcher sur une plage. Je dois manquer d’espace. J’ai envie de plaire mais je ne suis plus séduisant. J’ai envie de me dépêcher, de prendre mon temps, de faire attention à ma ligne, de bouffer n’importe quoi, de changer toutes mes fringues, de mettre des photos de mes enfants partout chez moi, d’avoir 50 ans… (p189)

    Un beau roman, une belle histoire. Merci encore Géraldine, et succès à After.