Deuxième édition du Prix Littéraire de La Petite Maison
Voici un peu moins d’un an, Miss Paillettes vous présentait la première édition du Prix littéraire de La Petite Maison : prix littéraire initié par Nicole Rubi. Miss Paillettes avait été reçue par Nicole et sa fille Anne-Laure, deux femmes exceptionnelles, aimantes de la vie. Deux femmes qui ont pour passion la vie, la littérature, la gastronomie, l’humain.
Cette année, le 5 mai exactement, notre Miss sera de nouveau notre envoyée spéciale pour la deuxième édition du prix. En attendant sa chronique, Miss Paillettes s’est installée confortablement dans son jardin, sous le soleil niçois, et a lu les 4 œuvres en lice pour l’édition 2018. Profitant de ses vacances et de sa ville qui lui manque, car oui Miss Paillettes a migré à Marseille cette année, elle nous a fait parvenir sa chronique par voie postale, et nous vous la livrons telle quelle.
Chère rédactrice en chef,
Comme tu le sais si bien, je ne peux me rendre à un événement sans savoir de quoi il s’agit. Aussi, quand tu m’as informée de l’invitation pour le 5 mai pour le Prix de la Petite Maison, je me suis mise d’abord en quête de la tenue que j’allais porter, avant de me dire que le plus important était de lire les 4 livres en lice pour cette année 2018.
Donc après quelques clics, quelques heures d’attente, je me retrouve chez moi avec quelques centaines de pages à lire. Ca tombe bien, le soleil brille, le transat du jardin n’attend que moi, et le mari est parti kiter.
Ma première lecture est « Le dictionnaire de ma vie » d’Éric Dupont-Moretti, édition Kero, et réalisé avec Laurence Monsénégo, tout ça parce que c’est le seul livre qui a une couverture de couleur. J’avoue que je connais cet auteur que par les médias, et par l’opinion publique si je puis dire ainsi. Je m’installe donc, lunettes de soleil, eau citronnée et bouquin en main. En moins de deux heures, je referme ce petit bijou de dictionnaire. Mon regard sur l’avocat est autre, l’avocat est un homme sensible, sensé et qui a une plume franche, parfois tranchante. Un homme qui aime les mots, qui pose un regard sur notre société criant de vérité. Moi, enseignante, je le rejoins dans son avis d’enseigner les mots aux enfants. Merci Maître ! Au-delà de l’enseignante, je suis happée par son récit, ou plutôt ses récits, car chaque lettre est un récit. Je comprends mieux l’institution qu’est la Justice, je comprends ses prises de position. Si parfois les mots peuvent heurter, ils sont justes et sont habilement alignés. Tout est argumenté, tout est fluide. Cet homme est un quelqu’un de droit dans ses bottes. Après, on est libre d’aimer ou pas. Pour ma part, je suis conquise et admirative. C’est dans un état d’esprit singulier que je referme le dictionnaire. J’envoie un texto à un ami avocat, et je vais me servir un verre de rosé, car il est midi passé.
Il me faut quelques heures avant de prendre un autre livre, alors je déjeune seule sous ma tonnelle qui sent la glycine, et je repense à ce que je viens de lire, et un sourire se dessine sur mes lèvres quand je repense à l’amour que porte Monsieur Éric Dupont-Moretti à sa grand-mère, sa mère, sa famille.
Ce n’est pas tout mais il me reste encore trois livres à découvrir. Ne pense pas que cela soit une corvée, bien au contraire. J’ai la main hésitante… Quel sera le prochain ?
J’opte pour Centre de Philippe Sollers, paru aux éditions Gallimard. Il s’agit d’un roman, la quatrième de couverture attise ma curiosité, aussi je m’installe de nouveau dans mon transat gris, toujours au soleil. Il est 14 heures. J’ouvre le livre, et en une fraction de seconde je suis projetée dans une autre sphère. Je perds tous mes repères, j’ai du mal à intégrer ce que je lis, déchiffre ; il me faudra une bonne dizaine de pages pour entrer dans le monde de Philippe Sollers. Un choc avec mes souvenirs de ma lecture voici quelques années de son roman « Un vrai roman ». Je suis déstabilisée. Choc entre mes attentes de lectrice à la lecture du quatrième de couverture, et les mots que je déguste. Chère rédactrice en chef, je suis désolée mais je ne peux résumer ce roman, je ne sais comment le présenter. Il y est question de psychanalyse, principalement à travers l’héroïne Nora, mais aussi d’hystérie, hystérie collective, hystérie telle que Freud la définit. Il y est question de Bible, de mythologie, d’amour, de relations humaines. Ce livre ne peut laisser indifférent, il questionne, il tourmente, il nous renvoie à nos connaissances (ou pas) historiques, il est un regard aussi sur notre société actuelle et sur cette incapacité que nous avons à être dans l’écoute active, seul l’antre du cabinet du psychanalyste est un lieu d’écoute active et véritable.
Désolée ma chère rédactrice en chef, mais pour ce jour je cesse mes lectures. Il me faut me remettre de cette journée pour que je puisse rédiger convenablement ce que tu m’as demandé hein ! Donc repos, et je passe maintenant en mode ménagère de plus de 40 ans. Ben oui, ça m’arrive aussi.
Deux jours plus tard
Remise de mes émotions littéraires si je puis formuler ainsi, je m’empare du dernier roman de Christine Orban, Avec le corps qu'elle a..., édition Albin Michel. Une auteure que j’affectionne particulièrement je te l’avoue. J’ai hâte de découvrir ce que Christine Orban a à nous narrer. Bon, aujourd’hui, le soleil est moindre, donc je m’installe confortablement dans mon canapé, avec vue mer.
Dès les premières lignes, je suis happée par le récit. Je ne peux lâcher le livre. Aller aux toilettes attendra, boire un café se fera plus tard, répondre au téléphone n’est pas important. Bon, ok au bout d’une heure, je me fais couler un café, mais le livre est toujours dans ma main droite.
Gwendoline est belle, très belle. Gwendoline a un beau-père, dit BP, une mère présente physiquement mais complètement absente. Gwendoline n’a pas été violée par BP. Gwendoline est sous la domination perverse de BP, une perversité par les mots, les réflexions, les attitudes. Des mots qui font mal, qui écorchent, qui font saigner, qui blessent, qui amputent, qui font perdre confiance en soi, en l’autre. Avec le corps qu’elle a, ça va être facile pour elle... des paroles qui sont une flèche empoisonnée envoyée en plein cœur. Comment Gwendoline peut-elle se construire ainsi ? C’est là le récit de Christine Orban, un récit où le portrait d’une femme trop jolie est dressé et qui met en exergue la difficulté de se réaliser, pour cette trop jolie femme. Un roman à lire que l’on soit femme ou homme.
Encore sous le charme de la plume de Christine Orban, je m’en vais me préparer un thé noir et prends le temps de savourer ce que je viens de lire. Une pause s’impose avant de me plonger dans le dernier roman en lice pour le prix littéraire de La Petite Maison, celui de Jean-Marie Rouart, La vérité sur la comtesse Berdaiev aux éditions Gallimard.
Jean-Marie Rouart officie dans le monde de la littérature depuis quelques dizaines d’années. Il est de ses auteurs que j’affectionne, que l’on trouve dans ma bibliothèque personnelle. Rencontré voici quelques années, il est de ces hommes charismatiques qui m’impressionnent. Il est un sage, un puits sans fond de connaissances, d’intelligence.
Dans son dernier roman, La vérité sur la comtesse Berdaiev paru chez Gallimard, Jean-Marie Rouart plonge le lecteur dans la France des années 60, et me fait entrer par la voie romanesque dans l’affaire des ballets roses, dans les coulisses de la République. La comtesse Maria Berdaiev me prend la main et m’embarque avec elle dans sa vie. Au fil des pages, je découvre le Président de l’Assemblée, le Raspoutine, Moscou, la vie d’une famille de tsars dont elle est issue, les soirées arrosées, mais surtout je suis admirative de sa beauté. Beauté qu’elle assume, dont elle est consciente. La comtesse Berdaiev ne le sait pas, mais je suis là, tel un ange ou un démon, au-dessus d’elle, et ce tout au long de ces quelques deux cents pages. Je retrouve avec un grand plaisir la plume de l’académicien qu’est Jean-Marie Rouart.
Et bien voilà, chère Rédactrice en chef, mon billet de présentation du deuxième prix de la Petite Maison est terminé. Merci de m’avoir confié cette mission car lire me manquait ces derniers temps, et me voilà heureuse de cette parenthèse littéraire qui me redonne l’envie de dévorer encore et encore des mots, des lignes.
Je m’en retourne au choix de ma tenue vestimentaire pour le 5 mai, évidemment je glisserai quelques paillettes.
Pour vous procurer les 4 romans en lice, il vous suffit de cliquer ci-dessous (Librairie Jean Jaurès - Nice)
- Le dictionnaire de ma vie d’Eric Dupont-Moretti réalisé avec Laurence Monsénégo, édition Koro
- Centre de Philippe Sollers, édition Gallimard
- Avec le corps qu’elle a… de Christine Orban, édition Albin Michel
- La vérité sur la comtesse Berdaiev, de Jean-Marie Rouart de l’Académie Française, édition Gallimard.