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roman

  • Festival du Livre de Nice - Préambule avec David Foenkinos

    Jeudis littéraires, Nice, David Foenkinos, Aurélie de GubernatisJeudi 12 Juin, rendez-vous était donné à la Bibliothèque Nucéra pour les jeudis littéraires, et en préambule de l'ouverture du Festival du Livre de Nice. L'invité de ce jeudi était le grand, le talentueux David Foenkinos

    Dès 17 heures 45,  il était difficile de trouver une chaise libre. Cependant avec mes amies, Nathalie et Gisèle, nous trouvons trois fauteuils bien confortables au premier rang, face à David, face à Aurélie de Gubernatis, extraordinaire dans l'exercice de l'interview. Nous noterons la présence de Jean-Luc Gag, conseiller municipal, présent à tous les événements culturels de la ville, soulignons-le.

    David Foenkinos aime Nice, il est un fidèle auteur du Festival depuis dix ans, et quelle joie pour lui d'être là cette année, et qui plus est de bénéficier de cette rencontre qui lui permet de venir un jour plus tôt. 

    Son dernier roman, La tête de l'emploi (J'ai Lu) paru en décembre 2013, est dans la veine des romans de David, amour, couple, fidélité sont au cœur de ce roman, mais pas que. 

    Au départ, ce roman est une nouvelle écrite voici quelques années, après avoir vu un reportage sur un mec de 50 ans qui retourne vivre chez ses parents, un homme de cette génération que l'on nomme "génération boomerang". De ce fait tragique, David en tire une nouvelle écrite sur un ton léger,une comédie. Le même ton utilisé pour Je vais mieux (Gallimard)

    David nous explique qu'il est excité par la tonalité des prénoms, et a donc choisi  Bernard pour le héros malheureux de son dernier opus. Parce que dans Bernard il y a déjà une part d'échec inscrite dans ce prénom. Obligatoirement ça va mal se passer avec Bernard, ça sonne déjà dans le prénom. Comme le dit si bien David, le prénom est la bande annonce d'un destin

    David éprouve toujours de la sympathie pour ces personnages, alors il nous explique que malgré ce prénom pas facile, Bernard, il aime bien ce pauvre type de 50 ans qui va retourner vivre chez ses parents suite à un licenciement, la perte de moyens financiers, une femme qui veut faire "une pause" (comprendre que sa femme va le quitter, dixit David). 

    Bernard est dans la figure du personnage qui ne maîtrise pas sa vie, un passager clandestin de sa propre vie. 

    De ce sujet grave, David en écrit une comédie douce et grave. La légèreté et l'humour n'empêchent pas la gravité des situations. 

    David Foenkinos, La tête de l'emploi, J'ai LuCe dernier roman est une satyre de notre société actuelle, mais aussi un regard sur la superficialité de notre monde contemporain. David met en exergue le manque de relations sincères entre les êtres. Face aux catastrophes qui vont se succéder dans la vie de son héros, l'effet domino ne peut être arrêter. Les gens autour de lui s'écartent. Il se retrouve sans boulot, une femme qui part, une fille qui file à l'autre bout du monde, et des potes qui disparaissent par lâcheté. Bernard retourne donc là où il a été élevé, mais un retour dans la douleur. Là où il doit mettre des pantins pour entrer, comme si les parents ne voulaient pas qu'il laisse trace de son passage. 

    Ces mêmes parents qui décident un jour d'organiser un repas avec un couple d'amis dont la fille est elle aussi retournée vivre chez eux. Bernard se retrouve donc comme un adolescent. L'adolescent à qui on demande d'être gentil avec la fille de nos amis. Sauf qu'il a cinquante ans notre Bernard. Ces mêmes parents pour qui les préliminaires sont "Des chiffres et des lettres", et l'extase vient avec "Question pour un champion". Cette fameuse émission qui a été pour David la consécration lorsqu'un jour Julien Lepers pose la question "Qui a écrit la Délicatesse?". David connait alors la fierté, sauf que personne ne trouvera la réponse. 

    David se livre ainsi durant plus d'une heure. Le verbe est beau, la répartie est excellente. David parle, David est passionné et passionnant. On passe du rire à la gravité quand on l'écoute. Quand David nous raconte son prochain roman, un silence de plomb pèse dans la bibliothèque, car David nous embarque avec lui dans son discours. 

    De cela je vous en parlerai prochainement, je peux vous dire que son prochain roman n'est pas dans la même veine, écrit différemment, et nous narre la vie de Charlotte Salomon, artiste. 

    David est un auteur qui s'intéresse à notre monde, aux faits de sociétés tragiques, aux différentes pressions psychologiques que nous subissons. Il décide de parler de cela sur le ton de la comédie, mais comme il le dit si bien, avec le même thème il peut nous écrire un Dardenne. 

    Dans notre société, la normalité n'existe plus. Il n'y a plus d’autoroute de vie. Notre société nous pousse à nous réinventer, et à adopter ce que l'on sait faire depuis de longues années à cette nouvelle société. 

    David nous donne quelques conseils de vie, j'en retiendrais deux 

    1. Quand un couple bat de l'aile, il faut trouver un pote dépressif et l'inviter. Le couple ira mieux. 
    2. Les femmes sont plus intelligentes que les hommes, c'est une évidence, donc inutile d'en parler. 

    Merci David Foenkinos pour ce moment partagé, et merci encore à Aurélie de Gubernatis pour cette belle initiative que sont les Jeudis littéraires qui reprendront en septembre. 

    Et puis une spéciale dédicace à Jean-Roch, et à la dame à la robe rouge. 

     Jeudis littéraires, David Foenkinos, Aurélie de Gubernatis, Nice

     

  • J'aime ton mari de Sylvie Bourgeois - Coup de coeur la fée maraboutée - ADORA

    roman.jpgEmma, la quarantaine, est une héroïne comme je les aime. Elle a une belle conception du monde, le sens de la relation humaine, bienveillante, polie, réfléchie (quoique), et ce sens du "rendre service" qui se perd hélas dans notre société actuelle. 

    Emma entretient une relation conflictuelle, complexe avec sa mère, sa sœur, et avec sa sœur utérine. Emma est veuve, maman d'un bambin de cinq ans, et n'a pu mettre un terme à son deuil du mari perdu qu'à travers un engagement dans une ONG pour sauver l'Amazonie. Elle se moque du paraître, réfutant l'idée même de soigner son apparence, mais invitée au mariage de sa plus jeune sœur,elle doit composer le temps d'un week-end au Cap d'Antibes avec ce monde de paillettes et de paraître. 

    Départ de Paris pour Nice, puis Antibes. Dès les premières pages, Emma est confrontée à la bêtise humaine, aux règles de sécurité improbables et n'ayant aucun sens. Mais heureusement un gentleman intervient. L'arrivée à l'aéroport niçois sera aussi l'occasion d'être confrontée au ridicule de certains règlements. Sylvie Bourgeois nous décrit l'absurdité et la vacuité de notre monde actuel avec un regard, et une plume d'une extrême finesse. 

    Emma est incapable de se projeter dans l'avenir, n'arrive pas à être joyeuse pour le mariage de sa sœur utérine. Mais voilà, elle a passé un pacte avec sa meilleure amie Charlotte, coach sentimentale. Emma doit trouver l'homme de sa vie, aidée de Charlotte évidemment. En échange de quoi, son amie narre les aventures d'Emma sur son blog. C'est ainsi qu'Emma devient Virginie dans le monde virtuel, et que le blog de Charlotte connaît un succès sans précédent. C'est donc sous les conseils de son amie qu'Emma se doit de trouver un homme lors de ce week-end festif. 

    Projetée dans un monde qu'elle hait, mal à l'aise au sein de cette foule de "m'as-tu vu", ne connaissant même pas le futur marié,  Emma est pris de vertiges quand elle rentre dans l'Eglise. Ce lieu, symbole du décès mais aussi de la joie par le mariage. Avant même la cérémonie, Emma rencontre son futur beau-frère, une rencontre hors du temps, répondant au nom d'André. 

    Heureusement, Fred, le cousin mal aimé de la famille du marié, va s'approcher d'Emma, et entre eux, le fluide va passer. Ils sont tous les deux les indésirables du jour, mais invités parce que protocole oblige. Fred, le coiffeur qui ne parle que de sexe, attiré par les hommes, mais aux mains d'argent et au cœur de velours. Et puis, il y a Léonard, le mari de Fabienne, sœur aînée d'Emma. Avec lui, la relation est belle, mais secrète pour éviter d'attiser la jalousie de sa femme. Emma est à part. Elle entretient une relation tendue, dénuée de sentiments avec ses sœurs, avec sa mère. Pas de place aux sentiments. 

    Après la cérémonie, retour à l'hôtel où il faut se préparer pour la soirée. Soirée où Emma est attendue, en espérant qu'elle respecte les codes qui lui ont été dictés pour ce jour : être bien habillée (adieu sarouel et vêtements sans forme), ne pas causer de son Raoni pour soulever des fonds. C'est tout ce qu'on lui demande à la sœur de la mariée. 

    sylvie-bourgeois.jpg

    Débriefing avec Charlotte au téléphone, vêtir absolument la petite robe en crêpe framboise de la fée maraboutée, chausser des talons de 9 cm, et se coiffer. Emma n'a pas envie, mais Fred la prend en main, et au bout de quelques heures, Emma est méconnaissable. Une bombe, une beauté. 

    Et là, tout commence, ou tout se termine. Notre Emma se métamorphose. Elle ose, écoute les conseils de son ami Charlotte pour attraper un homme, et porte son envie sur Léonard, le beau-frère. Les vérités éclatent tout au long de la soirée, même tard dans la nuit. Personne ne se reconnait, personne ne comprend plus rien. Une valse de répliques et de dialogues entre André (le marié), Myrtille (la mariée et sœur utérine), Fabienne (la sœur), Léonard, Fred, et l'homme de l'avion. Au centre, notre belle Emma. Emma qui va en surprendre plus d'un, Emma qui se libère du poids de sa relation à la mère, Emma qui ose dire, Emma dit qui elle est au fond, s'éclate dans cette valse de sentiments et d'émotions. L'ivresse lui fait dire les vérités. Tout le monde ment à tout le monde, et puis la vérité éclate. 

    Sylvie Bourgeois signe là un roman doux et léger, mais pas si léger que ça. Quelques deux cents pages de vérités que seule Sylvie sait nous livrer sous des airs un peu désinvoltes, des messages forts, des vérités de vie. La plume de Sylvie est là, fine, vive, osée, véridique, tout en douceur, sincère et hilarante. L’œil de Sylvie sur le monde qui nous entoure, sur le sens de la relation humaine, sur l'indépendance de la femme, sur l'amour, sur la vie actuelle est d'une précision et d'une analyse déconcertante et si juste. Merci Sylvie Bourgeois pour ce dernier roman que j'ai dévoré et qui m'a fait rire, tout en me faisant réfléchir sur le sens que l'on donne à sa vie. 

    robe framboise.jpgUn bout de tissu framboise change le destin, comme quoi il en faut peu parfois. Mais ce petit bout de tissu va permettre aussi à notre héroïne d'être libre. La liberté, cette conception de vie chère à Sylvie Bourgeois. Emma apprend aussi qu'il ne faut pas intellectualiser notre plaisir, que l'on se doit de défendre notre territoire amoureux, et que l'amour nous fait accoucher d'un autre nous. 

    Si morale il doit y avoir à ce roman je reprendrais cette phrase si juste 

    "Savoir visualiser son désir, puis le formuler était la première pierre de l'édifice pour favoriser sa réalisation".

     

    Quelques extraits

    • - Avoir un gun, de l'argent et du pouvoir. Pourquoi croyez-vous que le pilote ne m'a rien dit alors que j'ai été plutôt grossier ? Il a senti que j'étais plus puissant que lui. La vie n'est qu'un rapport de force, une lutte de territoire. - Mince alors, j'ai tout faux, j'ai tout misé sur la bienveillance. Avec votre raisonnement, je devrais être morte depuis longtemps. - Vous êtes en état de survie comme tous vos semblables trop gentils. Prenez soin de vous, je dois rejoindre mon siège et ma femme (page 13)
    • Au lieu de râler et de rester dans le chacun pour soi, notre unique solution pour accéder au bonheur est de résister en s'entraidant , en plus c'est valorisant de se sentir utile (page 18)
    • Une des grandes règles de la vie est d'accepter que personne ne change, au mieux, les gens peuvent évoluer sur leurs bases mais jamais s'en fabriquer de nouvelles (page 26)
    • L'amour est une histoire de rencontre entre la peau et l'âme. Je suis ambitieuse, je veux vire avec l'homme dans les bras duquel je n'aurai pas peur de mourir. Je veux le respect, l'estime, la confiance, tout partager, il n'y a que dans les gestes du quotidien qu'est le véritable amour. (page 72)
    • Ou peut-être ne s'aime-t-elle pas belle ? Et préfère-t-elle que les personnes ne voient en elle que son esprit et non son physique ? (page 80)
    • Et efface le numéro de téléphone de ton chirurgien esthétique. A la prochaine piqûre, tu ne ressembleras plus à rien. On dirait déjà que tu as deux pneus à la place des lèvres. A force d'abuser du Botox, tu n'as plus d'expression, tu ressembles à une limande, tu sais, les poissons plats. [...] Prends plutôt des cours de joie. Mets du sourire dans tes yeux, tu verras, ça te changera la vie. (page 100)
    • De toute façon, comme disait Audiard,un riche ruiné aura toujours plus de fric qu'un pauvre qui a fait fortune. (page 108)
    • Oui et ce soir je me saoule jusqu'au dernier jour de mon existence, je ne veux plus connaître que l'ivresse et en vivre que pour l'instant présent. Je suis stupide de ne m'être jamais laissée aller et d'avoir toujours été dans le contrôle. (page 128)
    • Tu imagines un riche tout seul en vacances ? Il se flingue. (page 145)
    • ...elle projette dans la réussite de son mari sa crainte de ne pas arriver à construire toute seule sa propre vie, comme un bernard-l'ermite qui ne fout rien mais qui sait s'incruster dans les coquilles bien chaudes et douillettes de ceux qui triment. (page 156)
    • Fonce ma chérie, on n'a qu'une vie. N'intellectualise pas ton plaisir, lâche tes réticences, tes jugements, oublie comment tu t'appelles, d'où tu viens et offre-toi à fond. (page 178)
    • La vie serait plus jolie si on commençait tous déjà par sourire.(page 203)

     

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    A cette occasion, Sylvie Bourgeois vous offre un tee-shirt

    et son dernier roman "J'aime ton mari".

    Dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde.

    Comment faire ? Envoyer un mail avec vos coordonnées à Bérangère  

     

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  • Les Thermes du Paradis d'Akli Tadjer - JCLattès

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    Akli Tadjer est un habitué de mon blog, car il est un auteur que j'apprécie, car il est un homme bienveillant, car il est de ces auteurs qui maîtrise une plume vive, alerte et humoristique. 

    Rencontré voici deux ans, au détour d'un stand du Salon de Livre de Nice, je lui dois de belles rencontres, telles Gilles Paris, Grégoire Delacourt, Delphine Bertholon... J'ai découvert son talent voici deux ans à peine.  Il est aussi une belle rencontre littéraire pour quelques amies, dont Marion, l'amie d'enfance. 

    Il nous revient en 2014 avec "Les Thermes du Paradis". Un opus de 314 pages paru aux éditions JCLattès en Mars 2014, reçu dans ma boîte aux lettres à cette période. Mon retard de chronique est dû à quelques soucis seulement, car ce livre fait partie de mes coups de cœur pour ce premier semestre 2014.

    Je retrouve la plume d'Akli, je retrouve son style, son humour et surtout son don à tourner toute situation dramatique en comédie, en rires. 

    Dès la première page, le ton est donné avec cette superbe citation de Romain Gary "Il ne faut pas avoir peur du bonheur, c'est seulement un bon moment à passer". 

    Adèle est à la tête d'une entreprise familiale, une entreprise de pompes funèbres, bref elle est croque-mort. Sa meilleure amie et co-locataire, Leila,est elle thanatopractrice (elle répare les morts pour les rendre beaux). Les personnages et le décor sont plantés dès les premières pages, et l'on se demande où va nous mener la plume d'Akli. Il rompt avec ses précédents romans par cette présentation d'un monde où l'on pense que le rire et l'humour ne peuvent avoir place. Cependant, on retrouve l’œil perçant de cet auteur, cette facilité à injecter de l'humour dans toutes situations. Parfois caustique, parfois cassant, Monsieur Tadjer nous promène par le bout du nez par le bout de sa plume. 

    Adèle est célibataire, ne trouve pas chaussure à son pied. Faut dire qu'annoncer son métier en fait fuir plus d'un. Cependant, sa sœur bienveillante lui organise la fête de ses trente ans qu'elle s'apprête à fêter d'ici peu. Fête à laquelle les amis d'enfance sont conviés,fête durant laquelle Adèle se doit (pour sa sœur) de trouver l'homme de sa vie. Mais Adèle se fiche de ses trente ans, elle sait qu'elle n'est pas bandante. Elle en veut à son père d'avoir hérité de lui son teint de bougie, son long nez et ses lèvres fines qui lui donnent en permanence cet air austère ou revêche.  Sans parler de ces yeux bleus, du même bleu que le détergent pour chiottes Canard WC. (p17)

    Leïla est quant à elle reniée par sa famille musulmane. Akli nous décrit avec beaucoup de réalisme et d'humour les convictions des familles musulmanes. On en rit,on est obligé, qui plus est quand tout cela est écrit par un auteur qui connaît bien le sujet. 

    Leïla est l'amie que l'on souhaite. Elle s'occupe de quatre macchabées dans une journée pour offrir une paire de Louboutin à son amie Adèle, elle lui signifie que non elle n'est pas moche, elle se trouve moche ce n'est pas pareil (p39), que quand elle aime, elle ne compte pas...Bref, l'amie, la vraie. 

    Bref, ces deux jeunes filles d'aujourd'hui vont partager leur quotidien au cours de ces quelques trois cents pages. Mais surtout, Adèle va trouver l'amour, le grand. Non, elle ne sera pas la conjointe d'un homme "normal". Elle tombe amoureuse d'un masseur qui officie aux Thermes du Paradis. Un homme noir, aveugle. Personne ne veut croire à cette histoire, sauf elle, sauf lui, sauf Leïla. 

    "J'aime être nue dans le noir avec lui. Dans le noir je m'oublie, je me donne et je me damne, le noir est la couleur de mes nuits, le noir est la couleur de mes jours, le noir est mon refuge, le noir est mon pays, le noir est la couleur de l'homme que j'aime, je suis faite pour vivre et mourir dans le noir" (p172)

    Par amour pour lui, elle va gravir tous les obstacles, elle va aller au bout de ses possibilités. Jamais elle ne va faillir, jamais elle ne baissera les bras, jamais elle se dira que cette histoire n'est pas possible. Elle aime, elle ne peut abandonner cet amour hors norme. 

    Mais Léo voudra-t-il de cet amour ? Léo, cet homme noir, qui vit dans le noir mais qui du bout de ses doigts ressent toutes les émotions de ces femmes et hommes qui viennent se faire masser. Léo qui a un coup de foudre pour Adèle. Léo pourra-t-il aussi oublier son ex-petite amie qui revient vers lui ? Léo acceptera-t-il l'opération de la dernière chance qui lui permettra de voir le monde ? Et comment réagira-t-il si la vue devait revenir ? Sera-t-il toujours aussi amoureux d'Adèle ? 

    De son handicap il en fait une force. Il apprend à Adèle à aimer de manière différente, il initie aux jeux de l'amour qui ne passent que par le toucher, l'émotion, la sensation. Léo est un homme attachant et qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page, je vous l'assure. 

    Akli décrit chaque moment avec une plume fine, ardente, vive et incisive. Derrière une histoire peu banale d'amour, on ne peut être insensible aux métaphores, aux phrases de cet auteur. Il pose un regard sur tout ce qui l'entoure, il a le sens du détail, de l'analyse. Ses descriptions sont poétiques, parfois érotiques aussi. Je découvre aussi un homme qui maîtrise tous les détails des chaussures Louboutin, sujet que je ne maîtrise absolument pas. 

    Akli a du faire une immersion dans le monde féminin pour écrire un tel roman. Il décrit l'intimité des filles avec une justesse et une réalité étonnante. 

    "C'est du cinq cents calories l'unité, mais ça vaut le goût. Tant pis pour nos hanches, tant pis pour nos fesses, welcome capitons et cellulite". 

    "Tu me fatigues avec tes complexes. Il y aura toujours une fille plus belle que toi devant toi.Si Léo t'aime, il t'aimera de jour comme de nuit. Sinon c'est un con et il ne te mérite pas. Moi aussi j'ai des complexes, mais je les mets de côté et j'avance". (p201)

    Le titre du livre est pertinent, mais il aurait pu aussi être "Les cercueils ne sont ni repris, ni échangés" (p46)

    Un roman à lire, à dévorer, à embarquer cet été, à partager. 

     

     

     

     

  • Irène Frain ouvre les "Jeudis Littéraires" à Nice

    jeudis littéraires0001.jpgLa semaine dernière je vous faisais part de ce nouveau rendez-vous niçois et littéraire, auquel je me suis rendue ce jeudi 17 avril avec mon amie Nathalie Coste, dont je ne manquerai pas de vous parler dans quelques jours. Mais ça c'est une autre histoire. Revenons à notre premier Jeudi Littéraire, à qui l'on doit l'initiative à Aurélie de Gubernatis. 

    17h45 : Nous franchissons le seuil de cette superbe bibliothèque "Louis Nucera". Tout au fond quelques chaises, quelques personnes sont déjà installées. Nous nous avançons dans le silence le plus complet (quelques étudiants travaillant), et nos yeux balaient cet espace dédié à la lecture. C'est la première fois que j'entre. Je découvre donc l'architecture moderne de cet espace. 

    De loin, j'aperçois Irène Frain, déjà rencontrée la semaine dernière dans le cadre du Prix Baie des Anges-Nice-Matin, dont elle est jury. Toujours aussi souriante, belle, charmante et douce. Se tient à côté d'elle, une belle femme blonde qui n'est autre qu'Aurélie. Je me présente, son accueil me fait rougir. Elle sait qui je suis car un ami commun lui a conté mon billet de la semaine dernière. Merci Gilles !

    Nous prenons place, et j'observe, je prends des notes aussi. L'attente semble longue. Mais qui attendons-nous ? Irène est là pourtant.... 

    Le public est mixte, la moyenne d'âge est la soixantaine, mais je me sens bien malgré ma petite quarantaine :-) 

    Les gens se parlent, ils sont des habitués des conférences. Le débat porte sur Françoise Sagan, dont le fils vient de tenir une conférence au CUM de Nice. D'autres cherchent Irène Frain du regard. Ils ont lu ces œuvres mais sont incapables de mettre un visage sur cette plume. 

    18h20 : des pas résonnent, des hommes en costumes sombres s'avancent. Qui sont-ils ? Les visages se dessinent et nous découvrons alors que Monsieur le Maire, Christian Estrosi, est là. Il est accompagné de Jean-Luc GAGLIOLO, conseiller municipal délégué au Patrimoine, à la Lutte contre l'illettrisme, au théâtre, à la culture et à la langue niçoise, et déjà rencontré aussi dans le cadre du Prix Baie des Anges, en sa qualité de jury. 

    jeudi littéraire première.jpgMonsieur Christian Estrosi, en sa qualité de maire, est heureux d'inaugurer cette belle initiative. Il ne manque pas de nous rappeler Louis Nucéra, de mettre l'accent sur le livre et la ville de Nice, la lutte contre l'illettrisme, le salon du Livre qui ne va pas tarder. Son discours est élogieux, et avouons qu'il est un grand orateur. 

    La parole est donné à Aurélie de Gubernatis qui a son tour remercie tous les partenaires qui ont permis que les "Jeudis Littéraires" voient le jour. Irène Frain prend place, l'échange peut commencer, et c'est avec joie et le sourire aux lèvres qu'Irène s'adresse à son public. 

    Attachée à la ville de Nice, elle remercie Suzanne Nucéra,veuve de Louis, de sa présence. Entre ses deux dames charmantes et élégantes une longue histoire d'amitié, une certaine complicité que l'on peut palper. Pour Louis Nucera, la question des origines était très importante, et c'est pour cela qu'Irène, au-delà de l'amitié, nous parle de cet écrivain niçois. En effet, Irène est venue nous présenter son dernier roman "Sorti de rien", paru chez Seuil. C'est un livre de mémoire, d'amour, un livre de la mémoire et du présent. 

    sorti de rien.jpgIrène Frain est thésarde, agrégée de lettres. Son père a une place importante dans sa vie, elle était sa préférée. Elle a de lui la curiosité, elle est curieuse de tout comme elle aime à le dire. Elle quitte très tôt la maison familiale, est professeure. Métier qu'elle qualifie de "passeur" et je ne peux qu'être d'accord avec elle. C'est une femme qui n'a de cesse que de travailler : journaliste, professeure, écrivain. Elle aime les histoires. Elle nous parle d'histoires. Histoire et histoire (importance de la majuscule). Sans le grand H, l'histoire est une story. Historia c'est une enquête au départ. C'est aussi un conte en français. Irène joue avec le mot "histoire", car dans son sillon d'écrivain il y a ce mot "histoire". Elle est une historienne de la grande Histoire, elle a suivie la story Agnelet, elle est dans l'histoire immédiate et elle nous conte son histoire personnelle. 

    Ce roman est né d'une réflexion qu'elle reçoit un jour. Un journaliste, dont on taira le nom, lui dit un jour "Vous êtes sortie de rien". Elle se tait, subit un chaos interne, et se sent impuissante. Elle ressent la colère de la dignité tâchée. Cette phrase lancée comme une flèche en plein cœur, l'interpelle, et elle décide de savoir pourquoi un tel propos. 

    Pour cela, elle va "enquêter" sur ses terres natales en Bretagne. Son métier de journaliste l'aidera pour approcher les bretons. Elle ouvrira enfin la fameuse valise noire paternelle, rangée chez elle en haut d'une étagère, sept ans après le décès de son papa. Elle part ainsi sur les traces de son père, sur l'histoire de son père, de sa mère, son histoire. Elle nous conte les codes des bretons. Les bretons de Terre, et les bretons de Mer : les mêmes fondamentaux, respecter les silences. Les silences ont une grande signification, Irène nous parle de l'épaisseur des silences. Elle cite son père pour illustrer son propos "Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas le bien".

    Elle nous fait découvrir sa Bretagne, l'histoire politique de sa terre natale : les rouges, les blancs, et elle qui viendrait des noirs... 

    Irène a écrit ce roman pour être au clair pour le tiers de vie qui lui reste. Pour cela  elle est allée aux enfers pour explorer les enfers, nécessaire pour revenir aux vivants. 

    L'échange est joyeux, empli d'anecdotes et puis le phrasé d'Irène Frain. Elle manie tout aussi bien la langue orale que la langue écrite. Je suis charmée, impressionnée...Jamais je ne pourrais converser avec Irène, tellement elle me laisse sans voix. Je ressens un profond respect pour cette femme. 

    Une très belle rencontre, une seule envie : lire "Sorti de rien". Je m'en vais donc commander un exemplaire chez mon libraire, et vous donne rendez-vous dans quelques jours. 

    Merci à Irène Frain, Aurélie de Gubernatis, la ville de Nice, Suzanne Lucéra.

     

    "Moi,la fille à la déprime,je me soigne à la curiosité"

     

  • Mon numéro dans le désordre de Guillaume Fédou - Léo Scheer

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    Guillaume Fédou fut l'un des premiers à être ici présent. Non pas pour son talent d'écrivain, mais pour son talent d'auteur-compositeur. En effet, j'étais tombée sous le charme de son "garçon moderne", et le suis toujours par ailleurs. 

    http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2011/08/07/guillaume-fedou-garcon-moderne.html

    Il nous revient quelques années après, mais en qualité d'auteur de roman, de son premier roman "Mon numéro dans le désordre". 

    Avant la lecture de cet opus, j'admire la couverture. Un savant mélange de Cézanne et de Guillaume Fédou. Une aquarelle qui ne laisse pas insensible et attire donc le regard. Cependant, voir un baigneur en slip me perturbe un peu. Que va donc nous conter Monsieur Fédou. Le lien illustration/titre n'est pas aisé, mais s'éclaire au fil de la lecture. 

    Me voici donc, un verre de blanc à la main, à la découverte de la plume de Guillaume. Deux cent cinquante et une page auront raison de ma bouteille de Montbazillac. Quel bonheur et quelle joie ce livre. 

    Ajoutons à mon verre, le critérium qui laissera une mine entière tellement les formulations sont vives et pertinentes, mais aussi pour souligner toutes les références qui nécessitent quelques recherches sur le web. Entre références culturelles, musicales et parisiennes Guillaume nous conte les aventures d'Arthur et sa maman, appelée "Mama". Une connotation italienne pour moi, mais il en est rien. La mère d'Arthur est une soixante huitarde, pittoresque, dépressive, divorcée et juive. 

    Arthur est le fils aîné, vingt huit ans, fraîchement licencié, bordelais devenu parisien branché. Il fréquente la nuit, le monde de la mode, il est là où il faut être vu, là où il faut être, ce qui lui permet d'avoir son tissu social et de boire à l’œil comme il s'amuse à le dire. 

    Suite à son licenciement, il décide d'offrir à sa mama dépressive un séjour à New-York. Cette ville qui fait rêver, la ville de la deuxième chance. Sauf que le départ se fait quelques jours avant le 11 septembre 2001. 

    Les premiers jours qui précèdent l'attentat qui changera la face du monde, Arthur et Mama vont vivre quelques situations rocambolesques, dont l'origine n'est autre que la Mama. Partie de Paris sans ses médicaments, elle n'a de cesse d'en faire qu'à sa tête, et de se mettre dans les situations les plus pittoresques. Elle disparaît, s'éprend pour un Bob Marley des années 2000, ne suit que son instinct. Arthur ne profite pas vraiment, se demande quand sa mère sortira de cet état. Puis cette rencontre avec un psy qui va remettre pour quelques jours à peine la mère dans les "rails". Elle se calme dirons-nous. 

    Tout semble allait mieux, mais c'était sans compter sur cet attentat qui va bouleverser, outre nos deux personnages, la vie de tout à chacun. 

    Je ne vous dévoilerai pas la suite, l'après 11 septembre, car il faut lire ce roman. 

    La plume de Guillaume est maîtrisée, vive, gaie, humoristique. Au fil des mots, des phrases, des pages, le lecteur est aspiré dans la vie new-yorkaise, il vit l'horreur, il vit aussi le changement. 

    En effet, ce roman se veut, sous un aspect "comique", être un traité de l'avant et après 11 septembre. Une étude sociologique de ce qu'à changer cet événement tragique qui a touché le monde entier. Arthur est une victime, il ne sera plus le même. Il y a l'avant, puis l'après, la naissance des années 2000. La prise de conscience aussi que l'on peut mourir n'importe quand, n'importe où par la folie d'hommes.

    Arthur mènera quand même sa quête du bonheur, mais il est différent. Les vacances qui se devaient être normales apporteront à nos héros une autre vision du monde, de l'avenir, de la vie simplement.

    Un livre à acquérir, mais attention les références sont nombreuses dans tous les domaines. Il m'a été nécessaire de faire quelques recherches, n'étant pas de la génération 90, mais plutôt 80, n'étant pas non plus au fait des mœurs et coutumes de la vie parisienne. Quelques traductions m'ont aussi été nécessaires, ne maîtrisant absolument pas l'anglais. Cependant, cela ne m'a pas gêné dans ma lecture de ce roman bien ficelé et qui met en exergue le changement du monde dès lors que deux avions se sont écrasés sur les tours du World Trade Center.

    Faire le deuil de l'avant, se construire dans l'après. Se trouver, se réaliser, être, être soi. Tel est le message que nous délivre Arthur, ou Guillaume ? En effet, on peut se demander ce qui est vrai, ce qui est faux. Est-ce la réalité de Guillaume qui a permis à Arthur de rentrer dans la fiction ?

    Allez, vite, filez acheter ce tout premier roman d'un homme qui le vaut bien :-)

    baigneur-cezanne.jpg

     

    Quelques extraits :

    • Cet agent de l'Etat français éprise de service public pratique plutôt le suicide par répartition, façon puzzle éparpillé au-dessus de l'océan que nous aurons tant de mal à traverser. 
    • C'est un art chez les Kaminsky de maquiller sa douleur en agressivité. 
    • Mais une chose est sûre : en lâchant Bordeaux pour vivre à Paris, notre famille s'est littéralement vendue aux Boches. Quant à l'Américaine, elle n'a fait qu'injecter un peu de vérité dans toute cete bordelaise hypocrisie, même si je rêve encore aujourd'hui de la voir en plein vol. 
    • Seul le travail compte, et là-dessus je suis d'accord avec ton père : on ne bâtit rien les bras croisés. 
    • Comment ai-je pu accoucher d'un pareil monstre ? Sans doute en fermant les yeux sur toute une partie de ton histoire personnelle. Mais ce n'est pas le moment d'en parler....
    • Il serait vraiment temps pour moi de vivre pour vivre. Ne devrais-je pas la laisser être femme accomplie avant d'être mère ? 
    • Ennemis de la pop, des putes à frange et des instruments à vent, les talibans ont donc provisoirement gagné la partie. 
    • Pour ou contre la connerie, le racisme et les oranges pressées ? Les terroriste ont ciblé la finance, épargnant a priori des mécréantes dans mon genre. Mais s'ils avaient visé le MoMa, aurais-je un jour renocntré ce double que je cherchais depuis ma naissance ? J'ai longtemps cru que la lumière viendrait d'une fille, que seul l'amour pouvait être source de complétude. 
    • J'ai une sacrée boule au ventre de devoir partir. Quand on est à ce point en fusion avec la moindre paroi new-yorkaise, il s apparaît illusoire de pouvoir décrocher un jour, et même de pouvoir raccrocher les wagons de son existence. Aussi toxique soit-elle, NYC est le meilleur terrain de jeu pour le "je". Un playground existentiel sans limite dont je respire l'air corrompu à pleins poumons en chantonnant avec Mama son sempiternel air du vieux Trénet : "Grand-Maman, c'est New York / Je vois les bateaux-remorques..." qui emportent tout sur leur passage, comme à la fin du Voyage de Céline. Voilà, merci, on remballe.. 

    A l'attention de Guillaume Fédou  

    Alors non tous les gens qui habitent la Côte d'Azur n'ont pas une villa et ne votent pas FN :-) 

    Sophie Marceau est toujours belle, et moi aussi je l'ai préférée dans l'étudiante

    Un jour j'irais à New-York ...

  • L'été des lucioles de Gilles Paris - Editions Héloïse d'Ormesson

     

    Gilles Paris, L'été des Lucioles, Editions Héloise d'Ormesson, nouveauté, roman, 2014, janvier, enfants, amour, tendresse, Roquebrune Cap Martin

    Un jeune garçon répond au prénom de Victor. Il a une dizaine d'années. Une sœur, Alicia, à l'aube de l'adolescence, attirée par les garçons, qui joue au paon, et drague. Deux mamans, et un papa qui ne veut pas grandir. Autour d'eux, gravitent une concierge et son fils, une baronne, les jumeaux, deux jeunes garçons adolescents, Justine qui a l'âge de Victor, des papillons et des lucioles. De Paris à Roquebrune Cap Martin, en passant par Bourg-en-Bresse, Gilles Paris nous entraîne sous sa plume dans une joyeuse balade, en empruntant le sentier des douaniers. 

    Entre sa maman libraire, qui ne cesse de lire, et sa deuxième maman Pilar, qui ne cesse de peindre des tableaux sans âme qui vive, Victor vit. Avec ses yeux enfantins, mais emplis de malice et d'intelligence, il dissèque la vie de sa sœur adolescente, tente de comprendre son père, aimé et aimant, un peu paumé, un peu ado aussi. Victor profite de ses vacances estivales à Roquebrune, là même où son père passait ses vacances, là même où son père refuse de (re)venir, là même où son père est propriétaire d'un appartement. 

    Cette année sera différente, elle sera un tournant dans la vie de Victor, elle sera l'occasion de rencontrer Hedwige, la baronne. Une femme peu aimable au premier abord, une femme de la "haute" qui va s'avérer être une femme douce, charmante, et qui va aider Victor dans sa quête d'identité, dans sa quête de vérité. Et puis, il y a Justine. Cette jeune fille d'une dizaine d'années que Victor n'ose aborder. Mais les événements vont permettre à ses deux là de se parler, d'être amis, de partager quelques après-midi douces, mouvementées, de partager aussi un secret. Et puis, les jumeaux, Tom et Nathan, qui vont permettre à Victor de découvrir les villas du bord de mer, ses belles villas fermées au public et qui regorgent d’œuvres, de mystère. Victor est aussi accompagné de son ami Gaspard, rencontré dans le local à poubelles. Toute cette petite bande va vivre des moments doux, difficiles, inquiétants, stupéfiants. Tous vont contribuer à ouvrir les portes du cœur de Victor et de sa famille. Pour cela, il vous faudra aussi emprunter le sentier des douaniers, vous faire effleurer par des papillons, et voir les lucioles.

    Gilles Paris nous offre ici son quatrième roman. Toujours la même sensibilité, les mots qui dansent, les mots qui s'envolent comme le vent azuréen, les mots qui grondent comme l'orage aoûtien de ma chère Côte d'Azur. Des mots, d'émo...tion, des maux... Gilles Paris maîtrise cet art littéraire. Il nous fait croire que c'est Victor qui écrit, alors il prend la plume, rédige comme un enfant, et on se laisse attendrir, et on se laisse embarquer, sans voir le temps qui passe. 

    Découverte de Roquebrune pour ma part, alors que j'habite à cinq minutes des lieux décrits par l'auteur. Découverte de l'homme, des relations, et du secret de famille qui empêche alors à tous de grandir, de s'épanouir, de vivre tout simplement. 

    Gilles arrive, par je ne sais quel don, à traiter d'un sujet difficile, à décortiquer les liens qui unissent les membres d'une même famille, à analyser le pourquoi du comment, à disséquer la complexité des rapports humains, mais sans mélodrame, sans analyse psychologique, simplement par le langage d'un jeune enfant. 

    Une ode à l'amour, deux cent vingt pages de joie, de rire, d'inquiétude, d'interrogation, de suspens, de pleurs. Un doux roman qu'il fait bon lire à cette période hivernale, et qu'il sera bon de lire aussi cet été au bord de l'eau. 

     

    Quelques citations

    • Et si grandir c'était essayer de rendre sa vie meilleure, jour après jour ? (p31)
    • Des fois la tristesse est plus contagieuse que certaines maladies. (p 47)
    • Je me demande comment une lumière aussi jolie peut sortir d'un ventre qui avale des animaux dix fois plus grands que lui.(p 58)
    • Ce n'était pas mon idée. J'aurais voulu revenir en arrière comme les films qu'Alicia regarde sur le lecteur DVD et ne pas poser ma question. Celle qui fait pleurer papa. (p91)
    • "Laisse toi guider par les lucioles. Cela fait longtemps qu'elles ne sont pas venues ici.Quand j'étais petite, ma mère me disait que les lucioles étaient magiques pour ceux qui savaient voir la magie. Un petit bonhomme extraordinaire comme toi devrait découvrir sans souci la vraie magie des lucioles". (p168)
    • Un sourire se dessine maintenant sur sa bouche. Les rides sont les cicatrices du temps qui passe. (p 216)
  • Un avion sans elle de Michel Bussi - Pocket

    michel bussi,comme un avion sans elle,roman,polar,jprix maison de la presse,idées cadeaux noel,livre français 2013Découverte de Michel Bussi en ce mois de Novembre, attirée par ce bandeau accrocheur "Prix Maison de la Presse". Tout ce que je réfute, ces fameux bandeaux qui me laissent un peu perplexe. Est-ce un coup de pub, le roman a-t-il plu réellement, est-ce un moyen de "faire" consommer de la littérature au visiteur lambda de la Fnac ou autre grande enseigne ? J'ai très souvent refusé d'acheter ce type d'oeuvre littéraire, de roman, ayant l’a-priori de me faire berner par une propagande publicitaire que je n'aime point. Mais bon je me laisse tenter pour plusieurs raisons : j'ai besoin d'un bouquin qui tienne dans mon petit sac bleu marine acquis depuis peu, je veux un roman français, le quatrième de couverture m'interpelle un peu : une énigme à la française qui attise ma curiosité. Quelques euros en moins dans mon porte-monnaie, cinq cents pages en plus dans le fameux sac, et le tour est joué. 

    Un fait : un crash d'avion un certain 23 décembre de l'année 1980. 

    Des personnages plus vrais que natures : Elle, Emilie Vitral, Lui, Marc son frère, un détective privé au nom improbable, Crédule Grand-Duc, l'assistant du détective, deux familles que tout oppose : Les de Carville et les Vitral. 

    Et me voilà, partie dans les méandres d'un roman qui me tient en haleine, mais m'épuise aussi. Assoiffée de vérité que je suis, je me perds par moment par des descriptions qui n'ont pas grande importance. Par contre j'apprécie ce travelling entre le carnet de notes tenu par le fameux détective et la narration dix huit ans après les faits. 

    Un troquet près du parvis de l'Université Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis, Mariam la patronne, et ces deux-là. Qui sont-ils ? Amants ? Frères et sœurs ? Amis ? Il nous faut lire ces quelques centaines de pages, avec des rencontres improbables pour que les maillons se forment et nous livrent une vérité à laquelle on ne s'attend pas. Et pourtant, tout cela n'est point tiré par les cheveux. Au contraire, tout est machiavélique, réfléchi. Tout s'imbrique insidieusement au fil des pages. 

    Dix-huit ans d'enquête pour notre détective, assassiné le jour des dix-huit ans de la belle Emilie. Dix-huit ans notés, archivés où se mêlent les faits réels, l'intuition de Crédule, les ressentis, les questionnements. De la France à la Turquie, d'une famille à l'autre il cherche, tente de comprendre, de rétablir la vérité. Mais cela est-il possible ? 

    Emilie est retrouvée, seule survivante du crash, mais on ne sait de qui elle est la fille. Deux familles, endeuillées, de milieux sociaux que tout oppose, se déchirent la descendance de ce petit être à qui la vie à enlever ses parents. Qui sont-ils ? Les indices sont maigres, les tests ADN ne sont pas à l'époque des faits, les photos sont troubles. 

    Finalement Emilie sera Vitral, aux bénéfices d'une multitude de doutes, d'impostures. Comment Emilie va-t-elle réagir, à sa majorité, en découvrant qui elle est vraiment ? Que va-t-il advenir de sa relation avec Marc qu'elle considère comme un frère depuis tant d'années, et ce malgré une attirance physique, amoureuse. 

    L'auteur est talentueux car il nous mène sur des chemins escarpés, sur des pistes douteuses, encombrées et sinueuses. Nous vivons toute l'enquête, et en même temps nous vivons le quotidien des personnages, dix-huit ans après les faits. Michel Bussy nous promène, ne nous lâche pas dans son écriture. Il nous entraîne dans une danse folle. Nous pensons savoir qui est Emilie, mais dix pages plus loin un rebondissement. Le doute s'installe, nous sommes Crédule Grand-Duc. 

    De rebondissements en rebondissements, nos sens sont en émoi, à l'affût aussi. Michel Bussy signe là un polar d'une extrême finesse, juste et tendre. L'amour y est présent. Les notes musicales de Charlélie sont en arrière-plan. Une écriture rythmée, vive, haletante. Des descriptions, parfois longue pour la lectrice que je suis, mais qui confirment que l'auteur a fait un réel travail de détective pour ne pas laisser place à un faux-semblant, à quelque incohérence. Un travail minutieux. 

    Un très bon polar français qui me réconcilie avec ce type de roman. 


    Oh libellule, toi, t'as les ailes fragiles

     Michel Bussi - Un avion sans elle - Pocket - catégorie 8

  • Andy de Brigitte Kernel - Plon

    brigitte kernel.jpgBrigitte Kernel est une auteure que j'affectionne particulièrement, de part sa plume bien évidemment, de part sa voix, mais aussi de part son sourire, sa gentillesse et ce régard bienveillant qu'elle pose sur vous quand vous la rencontrez. Toujours à l'écoute de ses lecteurs et lectrices. C'est donc sans aucun questionnement de quelque nature que j'ai acquis, voici quelques temps, son dernier roman "Andy", paru aux Editions Plon en ce début d'année 2013 (comprendre janvier). 

    Quelle ne fut pas mon étonnement en tournant les pages de ce dernier opus. Brigitte n'est plus romancière, mais plutôt journaliste. Elle s'est transformée en endoscope, et s'est introduite dans le corps, dans la chaire d'Andy Warhola, dit Andy Warhol. Durant une vingtaine de pages, ma lecture ne fut pas fluide, je n'ai pas dévoré, étant contrainte (avec joie) de vérifier les informations qui jaillissaient ici et là. Étais-je en train de lire une oeuvre de fiction, ou Brigitte nous relatait-elle des faits réels ? Force est de constater que tout est vrai, ou presque. Même ce qui parait peu probable, peut tout compte fait être une réalité vraie. 

    Tout commence un mercredi 11, à 11 heures. Première consultation pour Andy chez un psy. La première d'une série de 11. Andy se confie à son psy, silencieux, suite à la tentative d'assassinat dont il a été victime un certain 3 juin 1968. Ce jour-là, Valérie Solanas (Satanas pour la maman d'Andy), pointe un révolver sur Andy et tire. 11 organes de touchés qui engendreront 11 semaines d'hospitalisation. Onze, un nombre qu'Andy déteste, fuit, un nombre qui rythme ses comptes de pas, d'immeubles. Une fixation. 

    Par la plume de Brigitte, nous (lecteurs) explorons les méandres de cet artiste du Pop Art, nous nous insinuons dans son âme, dans sa zone de Broca, dans son être entier, dans ses chairs.

    C'est ainsi, qu'au rythme de 11 séances et 176 pages nous traversons le miroir du paraître, pour mieux connaître les angoisses, l'enfance, les délires, les visions de Warhol. Le champ lexical des arts plastiques est présent, Brigitte nous parle de lumière, de coupages, découpages, peinture, supports, matériaux, de techniques, de Pop Art... La démarche artistique est décrite à travers la psychothérapie de notre génie Andy. Faisant référence à Duchamp, il explique sa démarche artistique qui est de "s'intéresser à l'idée plutôt qu'au résultat". 

    Cet attentat a meurtri Andy,"Je me sens totalement brisé dans la confiance que j'avais un peu en moi avant Valérie Solanas",  met en exergue ses angoisses, "Se détacher de la peur du jgement et devenir une machine qui ne ressent rien",  la véracité de son statut d'"icône", sa relation avec sa mère, et sa non acceptation de son homosexualité. Il nous livre ses questionnements, ses certitudes (qui au fond n'en sont pas), ses tourments, ses motivations, et le pourquoi de son art. 

    Son regard sur la société est juste, à se demander même s'il n'est pas un précurseur de la télé-réalité qui fusionne de nos jours. Ses critiques sont grinçantes mais justes "Les soupes Campbell : ils vous laissent croire que vous avez le choix dans la pauvreté". 

    Brigitte Kernel maîtrise l'art de l'écriture sans aucun doute, et ce quelqu'en soit le registre. Elle nous livre ici une biographie exceptionnelle de ce génie de talent, sait ajuster les mots pour nous dresser un portrait touchant de la relation mère-fils, une relation trop pleine d'amour qui empêche Andy d'avouer son homosexualité à sa maman, pour la protéger, elle cette femme si croyante et pratiquante. Brigitte est un top-chef des mots, des sentiments, des émotions pour nous faire partager des scènes oh combien érotiques mais douces et sensuelles. 

    Un bijou qu'il fait bon lire, mais qui nécessite une certaine culture, et un minimum d'empathie pour Andy Warhol. 

    Pour en savoir plus sur Brigitte Kernel, c'est ici : http://www.brigittekernel.com/

  • Justin Case (Tome 1) de Jean-Luc Bizien - Editions Grund

    justncase tome1.jpgUne fois n'est pas coutume, la plume a été donné à deux enfants pour rédiger une petite chronique. Avec leur accord, et celui de leur maman, car il s'agit d'un frère et d'une soeur, ils se sont prêtés au jeu du chroniqueur en herbe. Je les remercie de leurs mots et de leur analyse du livre et du temps qu'ils ont bien voulu consacrer à la lecture et à la rédaction. Avouons toutefois, que ces deux charmants bambins, Lou 11 ans, et Hugo 13 ans, sont des accros de la lecture depuis leur rencontre magique, il y a quelques années, avec une enseignante qui n'est autre que moi. Non, je plaisante, quoique.. 

    Lou et Hugo baignent depuis leur plus jeune âge dans un monde artistique, entre lecture, musique et création. Merci à leur maman, mon amie, pour avoir donné ce goût de lire à ses enfants. Lou dévore les romans à onze ans à peine. Après une rencontre littéraire avec Anna Gavalda, elle lit maintenant Maupassant. Quant à Hugo, passionnné des mots, il est à l'origine d'une réécriture du magicien des couleurs en un "Magicien des mots", voici huit ans, dans ma classe. A l'occasion, je publierai cette réécriture formidable. 

    Pour l'heure, ils m'ont envoyé via mail leurs ressentis sur le premier tome de Justin Case de Jean-Luc Bizien. Il me paraissait intéressant de vous livrer leurs textes, car pour une fois, la critique d'un roman de littérature de jeunesse est faite par des jeunes. Chose rare. 

    Pour Hugo, 13 ans

    Bon livre avec une bonne intrigue.Les petits jeux et notes entre chaque chapitre sont plutôt amusants et permettent de faire un point sur l’enquête. Par contre trop de phrases non terminées et interrompues par le changements de chapitres mais bon excellent livre dans l'ensemble

    Pour Lou, 11 ans

    J'ai bien aimé ce livre ( même si il y a quelques trucs que je n'ai pas compris, trop de noms de villes en anglais )  car l'histoire est intéressante, originale et que la ville est  très bien décrite. Il y a une assez bonne intrigue, et des personnage originaux. Bref c'est un très bon livre.

    Lou dessin.jpg

    Lou passionnée de lecture, et très douée pour le dessin, nous livre ici un petit chef-d'oeuvre artistique d'une auteure en plein travail ;-) 

    En conclusion : filez acheter Justin Case de Jean-Luc Bizien. 

    Merci à Lou, Hugo, Vanessa et Caroline Obringer. 

     
     
     
  • Il était une fois...peut-être pas d'Akli Tadjer - Editions JC Lattès et Pocket

    il etait une fois 2.jpgDe mes différents achats au Festival du Livre de Nice, j'ai opté en première lecture pour "Il était une fois..peut-être pas" d'Akli Tadjer.

    Motivée  par ma rencontre avec l'auteur, par le titre qui attise la curiosité, et pour son format poche.

    Ce roman date de 2008, paru aux éditions Jean-Claude Lattès, et a reçu le Prix des lectrices aufeminin.com

    Il est de ces rares romans en ma possession qui en fin de lecture se retrouve avec autant de pages cornées. Signe qu'Akli Tadjer sait juxtaposer les mots avec art, maîtrise avec force et émotion l'art de conjuguer les noms, les verbes, les déterminants pour laisser à son lecteur trace d'une multitude de sentiments, de ressentis.
     
    Mohamed a quarante-deux ans. Vit seul avec sa fille Myriam. Ne vit que pour sa fille. Le décor est planté à Paris, avec en toile de fond l'Algérie, et le village de Beni Amar. 

    Myriam quitte un jour son père pour suivre ses études à Toulon. Elle est passionnée de voile, de mer, et de liberté. La séparation est difficile pour Mohamed, ce père attachant et attaché à sa fille unique. 

    "Pour moi ce fut le début de longues soirées à compter les heures, les minutes, les mouches au plafond, à attendre ses coups de fil, à lui demander si elle avait bien mangé, bien dormi, si elle n'avait pas froid, pas chaud,à lui demander si je ne lui manquais pas trop, à lui rappeler que c'était bien ce week-end qu'elle remontait à la maison....J'espérais qu'elle me dise "J'en ai assez des bâbords, des tribords, des vents debout, je rentre au port..." Mais rien ne s'est passé comme ça. On se faisait des mamours. On se répétait qu'on s'aimait.on se jurait qu'on se manquait vraiment. Et on se disait à la prochaine fois." (page 19)

    Puis comme toute jeune fille, Myriam présente son amoureux à son père. Un amoureux qui se prénomme Gaston, mais qui sera Gus pour Mohamed. Gus : un surnom un peu impersonnel, voir moqueur. Pas évident pour un père de voir sa fille chérie s'enticher d'un autre homme. Tous les pères et toutes les filles nous confirmeront cela. Mais Mohamed est intelligent et comprend que sa fille doit vivre sa vie. 

    "Eh oui, Mohamed ! C'est dans l'ordre des choses de voir partir ceux que l''on a chéris toute sa vie... Personne n'appartient à personne..Il n'y pas d'amour, il n' a que des preuves d'amour...Aimer c'est ne pas posséder..Aimer c'est savoir souffrir. Aimer c'est... J'ai enfilé d'autres perles de même calibre. Je n'ai pas poussé plus loin la réflexion parce que ça ne me grandissait pas le moral toutes ces élucubrations." (page 11)

    Au fil des pages, des mots, Mohamed va accepter la présence de Gus sous son toît, malgré l'absence de Myriam repartie dans la rade toulonnaise pour poursuivre ses études. Sauf que, les choses ne vont pas se passer comme on pourrait le croire. Myriam va rencontrer un Iman en devenir à Toulon, laisser Gus, l'abandonner. Mohamed se retrouve donc avec un ex-futur gendre sous son toît, un gus qui n'a pas de famille, et une fille qui s'entiche d'un Malik qui ne correspond pas vraiment aux attentes de Mohamed. Il ne comprend pas comment sa fille a pu tomber dans les griffes d'un tel personnage. Certes ils sont d'une famille algérienne mais comme le dit Mohamed

    "Je l'avais instruite du SMIC religieux, pas plus : ne pas voler, ne pas tuer,ne pas mentir, ne pas trahir, respecter son prochain. Du commun boniment, quoi. Je l'ai priée de bien réfléchir avant de s'engager dans une autre aventure car les hommes de foi que j'avais connus n'étaient pas de grands comiques, encore moins d'ardents défenseurs de la liberté des femmes."

    Une relation particulière mais tendre va se créer entre Mohamed et Gus, et pour faire face au nouveau chemin qu'a décidé de prendre Myriam, Mohamed s'entoure de nouveau de Bla-Bla, Cruella et Lucifer, les peluches de Myriam. Il s'entoure de ses bouts de chiffons, de ses témoins de l'enfance vécue dans cet appartement parisien, mais surtout elles sont, dorénavant, son public. Oui, elles écoutent Mohamed, grand orateur et grand conteur, de "Il était une fois..peut-être pas". 

    Cette formule maintes fois dites par Mohamed à sa fille Myriam. Depuis toujours, il lui contait Awa, Kamel,Marion, Simon,  Barbara, Chems, Madeleine, Simon... Des histoires d'amour, de guerre, d'Algérie, du bled où tous ses personnages s'entremêlent. Des contes, qui ne sont pas peut-être pas des contes, d'où "Il était une fois...peut-être pas". Myriam partie, Mohamed continue à conter, à narrer, à raconter, à témoigner sous fond de guerre d'Algérie les contes sous l'oeil du Grand IL, le Samu de ces nuits blanches.
     
    Mohamed nous embarque tantôt à Paris, dans sa vie de tous les jours, tantôt en Algérie, à Verdun. Le lecteur est bercé d'un monde à un autre, et puis les deux mondes se rencontrent, et on comprend alors. On comprend alors Mohamed, cet homme si paternel, si protecteur, mais un homme qui est capable d'aimer une femme autre que sa fille, sous les traits de Rachel, un homme qui va au bar, joue aux cartes, assume son boulot d'artificier. Mohamed, un homme touchant que l'on peut croire imperméable aux sentiments et aux émotions au cours des premières pages, mais que Nenni !
    Myriam se laissera-t-elle aller à son histoire d'amour avec Malik, cet Iman en devenir qui peut paraître fou et extrémiste ?
    Et Gus qu'adviendra-t-il de lui ? Saura-t-il oublier Myriam, son amour, pour qui il a renié ses parents ?
     
    il etait une fois.jpgSous la plume d'Akli Tadjer vous saurez ce qu'il en est, vous irez de surprise en surprise, mais surtout au fil des pages, on est pris dans le sentiment paternel, le sentiment amoureux, entre deux crises de fous-rire car cette plume est teintée d'humour. Les mots sont doux, sont crus, sont recherchés, sont tirés de l'argot et du Littré. C'est tout cela le talent d'Akli Tadjer au-delà de cette facilité et limpidité à lire son roman.
     
    J'ai frissoné en lisant ce roman, j'ai aussi eu des moments de dégoût (la description des tortures). De la douceur s'est infiltré en moi, des larmes ont perlé sur mes joues, prenant naissance dans mes yeux mais  dans mon coeur aussi, puis mes lèvres ont dessiné des sourires. Car on ne peut être insensible à Mohamed, à cet homme complexe, mais au fond si simple mais surtout d'une intégrité et d'une humanité rare. On découvre un homme avec ses forces et ses faiblesses, avec sa pudeur de mec. 
     
    En refermant ce livre, il est revenu à ma mémoire quelques moments partagés avec mon papa (trop tôt disparu), mais il m'est aussi apparu le sens que l'on peut donner à sa vie par des faits et gestes simples. Simplement en étant soi, en tolérant, en ne jugeant point.
    Un roman fort, qui parle tant du sentiment paternel qu'amoureux, qui parle du feu d'artifice du 21 juin et des différentes guerres, qui parle de l'indépendance de l'Algérie, des modes de vie différents, mais au fond l'amour de son prochain n'a point de frontière, et l'humain existe encore.
     
    Un très beau roman que je vous recommande.
     
    Quelques citations :
     
    Fais gaffe, p'tit con. L'espoir fait vivre. Il y en a plus d'un qui s'est fait couillonner comme ça. (page 218)
    Donc on était là, il me tenait compagnie, je lui tenais compagnie. On était la somme de deux solitudes. (p 218)

    Je suis mieux que son père. Je suis sa vie. Elle est ma vie. (p 211)

    Elle était pomponnée façon niçoise : fard à paupières bleu, sourcils soulignés au crayon noir, lèvres et ongles peints du même carmin (p115) 

    Sûrement qu'il me faudrait quelques jours pour l'oublier, j'ai pensé. Il m'arrive d'avoir des coups de chaud comme ça, et avec le temps je finis par refroidir. Il m'arrive..mais là,je n'étais pas très optimiste à mon sujet. J'avais à l'idée quej'en avais pour un moment avant qu'elle ne devienne que le fantôme d'un dimanche de juin. (p99)

    C'était une jeune fille d'une beauté comme on avait rarement l'habitude de voir dans ces bleds paumés au trou du cul du monde. elle avait les yeux bleus comme une mer d'été, les cheveux blonds comme des épis de blé et sa peau était blanche comme... - Une endive, quoi. - Ne sois pas jalouse; Il y a de très belles endives (p81)
  • Nos vies rêvées de Barbara Israël - Editions 10/18 - Editions Flammarion

    nos vies révées poche.jpg


    Le 15 Mars de cette année, est sorti, aux éditions 10/18, format poche, le troisième roman de Barbara : Nos vies rêvées. Même roman paru en Janvier 2010 aux éditions Flammarion. 

    Livre acquis en plein été 2010, puis de nouveau en mars 2012, parce que Barbara le vaut bien, parce que c'est un roman que l'on peut lire et relire, et avouons-le, le format poche, ou sac à mains pour la femme que je suis, c'est quand même plus pratique, et pour certains plus économique. 

    Je l'ai donc lu de nouveau voici quelques jours. Et oh, surprise, je constate que des détails m'ont échappé, et mon regard est différent. Sûrement parce que j'ai grandi depuis l'été 2010, en tant que lectrice je précise. Non mon 1m69 n'a ni augmenté, ni diminué ;-)


    Les ingrédients propres à Barbara sont présents :

    1. - trois personnages,
    2. - l'univers musical, Morrissey,
    3. - les relations humaines, les sentiments si bien décrits,
    4. - Paris, Nice, 
    5. - la plume toujours aussi fluide, agréable et vive.

    Mais la plume de Barbara s'est etoffée dans ce troisième roman, elle est devenue plus mature, plus stylisée (si on peut dire ainsi), et c'est ainsi que les trois personnages ne sont plus des adolescents mais des jeunes gens de 25-30 ans qui réalisent que leurs rêves d'adolescents ne sont plus, ne sont pas. La vie nous réserve des surprises, l'évolution n'est pas celle à laquelle on rêve quand on est ado, vivant quelque peu dans l'insouciance. 

    Oui, les personnages ne sont plus insouciants. 

    Ce roman, lors de ma première lecture, m'a quelque peu destabilisée aussi, car le style n'est pas celui des deux précédents romans de Barbara. En effet, les chapîtres s'alternent, la typographie en est d'ailleurs différente, plongeant le lecteur dans des feed-backs. Exercice littéraire et stylistique auquel Barbara n'avait pas habitué ses lecteurs. Mais c'est une réussite et un des facteurs révélateur de la maturité de sa plume.

    Sous un aspect léger, l'auteure décrit avec finesse, émotion et beaucoup d'humour le basculement entre le monde de l'insouciance, propre aux ados, et le monde des adultes. Ce monde dans lequel, Betty (héroîne et narratrice), Zéno et Alex vont tenter, coûte que coûte, de s'intégrer en gardant au fond d'eux leurs convictions de jeunesse, mais rien n'est aisé dans ce monde auquel ils n'étaient pas préparés.

    A noter que tous les chapitres, trente et un au total, portent le nom d'une oeuvre, d'un roman qui a "marqué" l'auteure qu'est Barbara.

    Barbara nous embarque dans le tourbillon de la vie, et on se laisse aller au rythme des mots, des expressions, et des vérités criantes.

    Un beau roman, une belle histoire.

    A se procurer rapidement, à lire, à offrir et à recommander.

    Quelques extraits

    "Et puis on s'est habitué, peu à peu, on s'habitue à tout, à l'odeur de la merde, au froid, à la tiédeur, aux trahisons, à nos bassesses, à nos frayeurs de nuti, à nos terreurs diurnes, mais on continue tout de même à se raconter des histoires enrobées de douceur, on y croit de moins en moins c'est sûr, nos cris deviennent chuchotements." (page 12)

    "Avant la coke servait à sublimer la vie, maintenant juste à la supporter. Décoller ou non du stade anal influe assez peu sur cette triste vérité" (page 101)

    "Un début d'arrangement avec la petite existence se dessinait sur ces traits marqués en même temps que les grises pensées avaient rendu ce teint gris. Alex avait vu juste. J'avais cessé de croire à ma grande vie" (page 83)

    "Si ma vie était un roman, il tournait au conte de fées. Existait-il quelque chose de plus ultime, de plus lumineux que ce moment sur cette terre ? Mozart, Picasso, Morrissey, ils pouvaient tous aller se rhabiller. Rien n'égalait cette grâce nichée dans l'indicible." (page 228)

    "La fatalité ? Inéluctable. Le coup viendra par derrière sans que je le voie s'approcher. Il me prendra par surprise, un bon coup sur la nuque, comme on abattait les chevaux. Finalement, les surprises, c'est pas mal, ça évite de réfléchir." (page 326)

    NOS VIES REVEES.jpg

  • La belle impatience d'Annie Lemoine - Flammarion


    549122_10150779101579155_677634154_11938060_1042078470_n.jpgOn ne présente plus Annie Lemoine, et pourtant je trouve que ses talents d'écrivain ne sont pas assez reconnus. La plume d'Annie, c'est un plaisir, c'est simple, limpide, ça coule et ça vous touche. 

    En tout cas, Annie m'avait déjà touchée dans mon âme de lectrice, comme quelques rares auteurs ont réussi à le faire. Elle est de ces femmes "publiques" qui sait rester simple, pudique et qui manie les mots, les émotions, les petits moments de vie avec une aisance déconcertante. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai acquis son dernier roman "La belle impatience", paru ce mercredi aux éditions Flammarion.

    L'histoire est simple, banale. La narratrice nous embarque dans son monde, dans ses tracas du quotidien, sa situation professionnelle, personnelle, sentimentale...Bref, nous la suivons, vivons avec elle ces petits moments de la vie que nous connaissons tous. Là, où l'auteur fait de ce roman un pur moment de bonheur, de réflexion sur la vie et de détente, c'est par la description physiologique, psychologique et sociologique de son héroîne. 

    Trouver l'homme de sa vie, si un temps soit peu nous nous décidons à le chercher aux vues de notre éducation, de l'attente de nos parents qui nous mettent plus ou moins la pression pour se "caser". 

    Vivre l'amitié forte malgré les années qui passent, malgré les changements de situations sentimentales des uns et des autres. 

    Vivre, être épanouie, accepter que le temps passe, accepter ce que nous sommes, mais surtout AIMER.

    Cent soixante-dix huit pages d'amour où le verbe aimer est conjugué à tous les temps, même au futur.

    L'héroîne n'est pas casée malgré la quarantaine, au désespoir de sa mère. Comme elle aime à le dire, elle n'avait tout simplement pas encore rencontré la bonne personne tout en reconnaissant ne pas avoir été la bonne elle-même (p28).

    Cela ne l'empêche pas de vivre, d'être toujours l'amie de Ben et Marc, amis de longue date, qui ne se voient plus. Elle souffre malgré tout de cette non-communication entre ses deux amis. L'amitié de mes amis me manque. L'idée de les réconcilier de gré ou de force est née là.[...] Comme quoi, tout se recycle, même le dégoût de la vie. 

    Les trois amis vont se retrouver, partager comme au bon vieux temps, et puis être confrontés aux aléas pas toujours faciles de la vie. Mais, ils vont continuer de s'aimer. Oui, aimer, encore et encore. Tous les trois, nous avions pris cette escapade nocturne comme une douce paranthèse insepérée dans nos vies sentimentales en demi-teinte. Comme on prend un médicament pour que la migraine passe le plus vite possible. (p89)

    Sous sa plume, Annie nous parle du bonheur sous toutes ses formes, de l'espoir, et de ces bouleversements que nous réservent la vie, sans prévenir. Ses rencontres "amoureuses" qui nous font croire au bonheur, qui nous transportent, qui nous font devenir belle, charmante, et cette belle impatience qui nous grignote...

    Grâce à lui, grâce à ce regard vibrant posé sur moi, cette façon naturelle de se tenir à mes côtés le soir de notre rencontre comme si nous nous connaissions depuis longtemps, grâce à ses mots sincères, directs, en réponse à mon premier SMS prudent,neutre et timide, je m'étais réveillée. Le baiser du prince en quelque sorte. (p92)

    Un beau roman, un hymne au bonheur, un bel espoir, et un regard vif, vrai, juste et sans faux semblant sur notre vie, notre quotidien. On ne peut que se dire que nos actes journaliers, les paysages qui nous entourent, méritent un peu plus d'attention, et que le plus important dans une vie, c'est aimer. Aimer d'amour, d'amitié, de respect, de vivre...

    Un livre à lire, à acheter, à partager, et à relire. A offrir à toute amie, vraiment.


    La vie n'était pas d'attendre que les tempêtes passent.

    C'était apprendre à danser sous la pluie. 

     

  • La liste de mes envies - Grégoire Delacourt - Editions JC Lattès

    liste de mes envies.jpgOn ne présente plus Grégoire Delacourt en ce début d'année 2012. Un auteur qui a acquis, en quelques mois, une certaine notorioté (cinq prix à son actif pour "l'écrivain de famille")

    La liste de mes envies est arrivée un beau matin dans ma boite aux lettres, et fut lu en quelques jours, étant alors condamnée à rester quasi-immobile. 

    D'emblée, le style me plaît. La plume est alerte, vive. La lectrice que je suis, est prise dans la vie de cette mercière arrageoise. Jocelyne n'est pas top-model, mais elle est elle. Elle s'aime, elle s'assume.

    "Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même." (page 12). Quelle femme Jocelyne ! Sous la plume de Grégoire, nos défauts physiques deviennent alors beauté, vérité et sincérité. Et ça, ça me touche. 

    La relation mère-enfant est aussi présente, avec des mots qui retentissent en moi, qui m'interpellent. "Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupirs en lieu et place de sujets, verbes, compléments" (page 25). Cette phrase touchante est le juste miroir de beaucoup de relations mère-enfant, face à l'incompréhension. Grégoire y injecte simplement un brin de poésie qui ne peut laisser indifférent. 

    Son personnage est très attachant. Les descriptions, tant physiques, que mentales, que psychologiques sont d'une extrème justesse, touchantes et attachantes. Grégoire maîtrise les mots, et sait les marier les uns aux autres. 

    Au-delà de son talent d'écrivain, Grégoire nous embarque dans l'histoire tragique de Jocelyne et Jocelyn, son mari. 

    Jocelyne gagne une certaine somme d'argent à une loterie, cache son gain à sa famille, à son entourage. Elle découvre les dessous de la richesse, les prix exorbitants de Chanel, et de ses grandes enseignes luxueuses. Mais au fond, est-ce de cela dont elle rêve ? 

    Blogueuse, en plus de mercière, elle se complait dans sa vie simple mais heureuse. Ce gain va l'interroger sur le sens du mot bonheur, sur ce qu'est le bonheur dans la vie de tous les jours. Peut-on être heureux avec des millions en poche ? Quelle confiance accorder aux gens de notre famille, de notre entourage, quand on devient millionnaire ? 

    "Être riche, c''est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les chose. Qu'il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche [...] Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. une nouvelle télévision. plein de choses nouvelles. Mais rien de différent". (page 101-102)

    Toutes ces questions, Jocelyne se les pose. Au fil des jours, elle va lister ses envies, et s'apercevoir que les millions gagnés peuvent y contribuer, mais ce à quoi elle aspire, ne peut se payer avec quelques euros. Et puis, cette descente aux enfers, et ce séjour niçois, où les soeurs dominicaines vont lui réapprendre à vivre. "Les infirmières me réapprirent doucement le goût des choses [...] Comme on réapprend à se trouver jolie ; à se mentir et à se pardonner. Elles effacèrent mes idées noires, éclaircirent mes cauchemars. Elles m'apprirent à placer ma respiration plus bas, dans le ventre, loin du coeur." (page 151)

    Jocelyne va aussi rencontrer l'amour et les premiers émois d'un homme qui vous regarde et vous embrasse, vous désire. "C'est un baiser rare, inattendu ; un baiser tiède au goût d'océan Indien. C'est un baiser qui dure, un baiser qui dit tout ; mes manques, ses désirs, mes souffrances, ses impatiences. Notre baiser est mon ravissement ; ma vengeance" (page 114)

    Et puis, on ne peut rester indifférent à ses doux moments entre Jocelyne et son père. Le désarroi d'un enfant face à son parent qui ne le reconnaît plus, qui est là, mais la tête ailleurs. De très beaux moments où l'émotion est présente. 

    Une très belle histoire, une très belle vision du bonheur, de la vie et du sens que l'on veut bien donner à notre propre vie. Un auteur à suivre, et pour ceux qui n'ont pas lu "L'écrivain de famille", je vous le conseille. 

    J'aimerai avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait. Décider de sa vie (p44)

     

  • A cause d'un baiser de Brigitte Kernel - Editions Flammarion

    A cause d'un baiser, Brigitte Kernel, roman français, nouveauté littéraire 2012, flammarion, guillaume robert, fais moi oublier, littérature française

    Après quelques années d'absenteisme, Brigitte Kernel nous revient en ce début d'année 2012, avec une plume toujours aussi émouvante, une plume maîtrisée, douce et pertinente. 

    L'auteur nous livre, à travers ce roman, une kyrielle de sentiments, une hotte de bonheur, et interpelle notre moi à chaque page. 

    L'histoire met en scène, au premier plan, trois femmes. Trois femmes tourmentées par le sentiment d'amour qui les habite. L'héroïne aime Léa avec qui elle vit depuis trois ans, et est perturbée par le baiser que Marie lui a donné. Un baiser doux, sensuel et long, très long. 

    Au fil des pages, nous découvrons les tourments que peuvent causer un baiser, les questionnements sur le sentiment amoureux, l'importance de notre passé dans nos actions et réactions. 

    Je ne vous dévoilerai pas le dénouement de ce roman, vous en laissant la surprise. Cependant, la lecture de ces quelques trois cents pages mérite un partage. 

    Si l'héroîne se demande si l'on peut aimer deux personnes à la fois, Léa peut aussi se poser la question. Au fond, n'est-elle pas encore amoureuse de Louise ? "Mieux vaut croire qu'on a moins aimé la personne disparue, c'est plus facile ensuite de reprendre le cours de sa vie et de ses amours" (p 145).  Louise partie trop tôt, mais dont on hume la présence tout au long du roman.

    Aimer deux personnes à la fois, qui ne s'est jamais posé la question ? Qui n'a pas eu ce sentiment un jour ? Dans quel état sommes-nous face à deux personnes que l'on aime ? Brigitte trouve les mots pour dépeindre notre intérieur en telle circonstance : "Dans mon corps, s'écroulaient murs, fondations, toits, populations d'images, de souvenirs, de promesses, mais aussi monceau de projets et de certitudes. Une vie en éboulis." (p 12)

    Un voyage au Cercle Polaire pour tenter de "recoller" les morceaux, nous fait découvrir une région inconnue, et me donne l'envie de m'y rendre dans les années à venir pour voir, sentir et rencontrer ce "monde" dans lequel Brigitte Kernel embarque son lecteur. 

    Le retour à Paris ne sera pas si facile pour nos deux amoureuses. Il sera même plus difficile que prévu, puisque Marie entre de nouveau dans la vie de notre héroïne. Une séparation d'avec Léa pour mieux se re-construire, puis une vie commune qui reprend malgré ce baiser, malgré le chamboulement intérieur pour nos amoureuses. Notre héroïne, confrontée à la solitude, à la perte de ses repères, dont elle n'avait pas conscience jusqu'alors, nous entraîne dans ses réflexions sur la vie quotidienne, sur la vie à deux, sur la perte de la personne que l'on aime : le réveil n'est plus aussi doux, plus l'envie de travailler, l'effondrement de soi, de rituels quotidiens qui manquent. L'occasion aussi de s'apercevoir que Léa ne dispensait aucun baiser, n'embrassait jamais. Pourquoi ? Léa qui continue, malgré les années qui se sont écoulées, à s'habiller avec les vêtements du temps de Louise. Au fond, Louise est bien présente malgrè son décés et donc son absence physique.

    "C'est quand l'on souffre de ne plus pouvoir partager avec celui ou celle dont on s'est séparé que l'on prend conscience de l'amour qui pulse encore dans les artères. On ne peut pas se vider de son sang sans mourir, on ne pas sortir de sa peau son amour s'il est toujours vivace" (p 283). Quelques mots qui brossent avec justesse ce sentiment de vide quand notre moité s'en va. 

    Au-delà de l'histoire d'amour, j'ai été très touchée par la relation de l'héroïne avec son papa. Ce papa qui ne sait plus, qui ne reconnaît plus sa fille, qui vit dans un autre monde, son monde. La maladie d'Alzheimer est contée ici avec une infini tendresse, et c'est beau. Tendre cette relation avec le père qui n'est plus.

    Un roman qui ne peut laisser indifférent tant il est le témoin de nos ressentis intérieurs que l'on n'ose dire, partager. La douleur qui nous tiraille, douleur de l'amour, douleur de la maladie d'Alzheimer...Tant de douleurs que Brigitte Kernel sait conter. Sa plume dessine le contour de notre moi, incise nos peurs, nos ressentis, nos émotions.

    Merci Brigitte.


    Brigitte Kernel sera le samedi 4 février 2012

    à la librairie Violette and CO

    102 Rue Charonne - PARIS 11ème


  • Noël arrive, des livres encore sous mon sapin : semaine 2

    Chose promise, chose dûe. 

    Voici ma sélection pour cette deuxième semaine, et toujours une excellente adresse pour commander mes recommandations, la librairie Jean Jaurès à Nice qui livre via la poste.

    http://www.librairiejeanjaures.com/

    Alors on fonce et on offre des livres à Noël, sans hésitation aucune.

    Certains remarqueront, encore qu'une grande partie de ma sélection est l'oeuvre des éditions Flammarion, il en est ainsi de mon rapport à la lecture, à la littérature. Mais, notez aussi que tout n'est pas "Flammaresque".

     

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    La semaine dernière je vous parlais de ce magnifique roman "Le plus bel endroit du monde est ici" qui n'est autre qu'une invitation au bonheur. Arthur Dreyfus, nous invite aussi au bonheur dans un livre graphique, stylé et surtout qui a le pouvoir magique de vous faire sourire et de vous rendre heureux. 

    Un objet-livre artistique que l'on peut offrir à un être cher qui ne nage pas en plein bonheur, au(x) pessimiste(s), à une connaissance. Bref, un livre que vous pouvez offrir les yeux fermés en étant certain de faire un heureux lecteur. 


    Le livre qui rend heureux - Arthur Dreyfus - Editions Flammarion 

     

     

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     Maman aime lire, mamie aime lire, tata aime lire, bref, les femmes de la famille aiment lire, ou quelques unes ? Offrez-leur le magnifique roman de Carole Zalberg "Et qu'on m'emporte" aux éditions Albin Michel.

    L'histoire d'une mère, d'une femme, d'un caillou rose qui est le fil conducteur de ce roman. Emma qui a été une mauvaise mère, qui le sait, l'assume (quoique), mais surtout l'histoire d'une femme incapable d'aimer. C'est beau, c'est touchant, et la plume de Carole est tendre, vive, limpide. A lire, à offrir. 

    Et qu'on m'emporte - Carole Zalberg - Albin Michel

     

     

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    Cinq nouvelles douces, écrites en français par une auteure italienne. Des personnages doux, tendres, attachants, des lieux éphémères, des lieux de solitude, la vie, les jours qui passent, des histoires simples, des rencontres, des aventures, de la mélancolie, un trouble qui peut s'installer chez le lecteur. 

    Des mots recherchés, une plume agréable, soutenue. Ce recueil de nouvelles est une invitation au soleil, à la farniente, au repos. Un roman qui m'a fait fredonné plus d'une fois "J'ai un coup de soleil, un coup d'amour..." En tout cas, tel est mon regard. Un livre que j'offrirai sans aucun doute à une personne qui lit régulièrement, et qui aime lire et / ou à un(e) italien(ne). 

    L'odeur du figuier - Simonetta Greggio - Editions Flammarion 

     

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    Clarisse, Gab, Noé et Jeanne sont quatre amies. Quatre amies parisiennes. Quatre amies qui nous embarquent dans leur vie, leur(s) déboire(s), leurs joies, leurs réussites, leurs peurs, leur solitude..Bref, l'histoire de quatre nanas qui seraient bien emmerdées si elles avaient un bon d'achat chez Cyrillus, qui appellent Darty quand un appareil tombe en pannes. 

    On rigole, on se reconnait dans quelques scène, on pleure, mais surtout on passe un agréable moment de lecture, et on se sent moins seule.

    La plume de Géraldine est vive, pertinentre, jouissive de bonne humeur. 

    French Manucure - Géraldine Maillet - Collection J'ai Lu

     

     

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    Pour ceux qui aiment le cinéma, ses dessous, son côté bling-bling, son festival, ses galères pour "monter" un film, mais aussi pour ceux qui ont une amie qui s'appelle Sophie, on file à La Sorbonne, rue Hôtel des Postes à Nice, ce samedi à partir de 15 heures, on achète "Sophie à Cannes", on se le fait gentiment dédicacer par son auteure Sylvie Bourgeois, et en plus on achète "Il ferait quoi Tarantino  à ma place?" de Géraldine Maillet. D'une pierre, deux coups. 

     
     Sophie à Cannes - Sylvie Bourgeois - Editions Flammarion -
    En dédicace à Nice ce samedi à la libraire La Sorbonne - Chapitre. 
     
     
     

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    "Il ferait quoi Tarantino à ma place ?" ou les déboires pour monter un film. Géraldine Maillet, encore elle et oui, nous livre ses angoisses, ses coups de colère, ses désillusions 

    Elle amène le lecteur de casting en casting, de caméraman en caméraman. On vit avec elle les rendez-vous professionnels pour obtenir un budget. Bref, une traversée du monde cinématographique avant la réalisation, les galères et toujours ce côté "pas toujours glam et rose" du septième art. mais surtout son envie de devenir réalisatrice et de produire son propre film. 

    A offrir à un fan de cinéma, un livre qui se lit facilement et rapidement. 

    Il ferait quoi Tarantino à ma place ? - Géraldine Maillet -Editions Flammarion

     

     

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    Une bande dessinée que l'on s'offre, que l'on offre à l'amie célibataire avec deux "nioutes", et pourquoi pas aux papas tout compte fait.

    Agnès Abecassis relate avec beaucoup d'humour et de mise en scène plus réelles que réelles la vie d'une quadra et de ses deux nioutes adolescentes. Des planches excellentes, criantes de véracité. On pleure de rire, on s'esclaffe et surtout on se dit, encore une fois, que l'on n'est pas seule à tenter la danse classique dans sa baignoire pour se raser. 

    On se reconnait à chaque page, un pur moment de détente, de rigolade et surtout on relativise, beaucoup.


    Scènes de mon âge - Agnès Abécassis - Michel Lafon




    Pour cette fin de semaine, je vous laisse, mais je reviens ce week-end avec des livres pour les plus jeunes, et des livres dits documentaires qui ne me laissent pas indifférentes.

    A très vite.