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  • Vingtième édition du Festival du Livre de Nice

    Jour 2 du Festival du Livre de Nice en ce samedi 6 Juin

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  • Portrait chinois d'Akli Tadjer

    akli-tadjer-1.jpg

    Akli Tadjer s'est livré en toute confiance à l'exercice du portrait chinois. Comme toujours l'humour est au rendez-vous, je vous laisse le soin de vérifier tout cela. Et puis, n'hésitez pas à lire son dernier roman "Les Thermes du Paradis", paru aux éditions JCLattès. 

     

    Akli, si tu étais :

    • Un signe de ponctuation ? Exclamation !

    • Une chanson française ?  Les Yeux de la mère (Arno) il est Belge.

    • Un moyen de locomotion ? Le vélo.

    • Une œuvre d’art ? Le déjeuner sur l’herbe de Manet

    • Une devise ? Qui ne risque rien, n’est rien.

    • Un roman ? Je crois que sans « Les Ritals » de Cavanna, je n’aurais jamais écrit.

    • Un mot ?  Aimer

    • Un adjectif ? fort

    • Une ville ? Paris

    • Un philosophe ? N’importe quel chinois, on peut leurs faire dire ce qu’on veut

     


     

  • Festival du Livre de Nice - Juin 2013 - Partie 1

     

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    Le feStival du livre de Nice a ouvert ses portes hier, vendredi 7 juin, sous un soleil azuréen bien présent. 

    Les festivités ont débuté avec le discours de Monsieur le Maire, Christian Estrosi, et la remise du prix "Baies des Anges", remis à Valérie Tong Cuong pour son Atelier des miracles, paru aux éditions JC Lattès en ce début d'année 2013.

    Présente au rendez-vous, discrète et boiteuse, j'ai profité de cette après-midi pour faire un premier repérage pour ce week-end tant attendu.

    Tout d'abord, la découverte des lieux. Contrairement aux années passées, le festival se tient cette année, cause travaux de la coulée verte, entre le Palais de Justice et la Place Gautier. Vous trouverez littérature de jeunesse, livres d'occasion et bd sur la place du Palais de Justice. Pour le reste, ce qui m'interesse plus fortement, tout se déroule place Gautier. Si dans les allées, il se murmure que ce nouveau lieu est bien plus agréable que le jardin Albert 1er, là où se déroulait d'ordinaire le festival, mon avis n'est pas le même. Je préférais les alentours du théâtre de Verdure. Peut-être est-ce dû à ma difficulté de marcher. J'ai eu l'impression d'être dans un labyrinthe, et pas d'endroit  où se poser, à part les bars du Cours Saleya. Bref, là n'est pas mon propos du billet.

    Vendredi 7 juin : après-midi

    Je flâne, traîne ma jambe dans le dédale des stands tenus par les différents libraires niçois. Et oui, à Nice les libraires invitent les auteurs. Donc pour trouver un auteur, encore faut-il savoir par quel libraire il a été invité. Mais rassurez-vous, on s'y retrouve facilement. 

    En ce début d'après-midi, peu d'écrivains présents, mais quelques uns quand même, à commencer par Valérie qui est sollicitée de droite et de gauche. J'arrive quand même à la rencontrer, à échanger avec elle. Une femme simple, belle et douce. Premiers achats aussi : L'ardoise magique et Noir dehors se retrouvent dans mon sac, encore léger en ce début d'après-midi. Lors de cette rencontre, mes oreilles et mon esprit sont attirés par une jeune femme brune qui présente un beau projet à Valérie. Il faut que je retrouve cette personne car ces mots pour soigner les maux m'ont touchée. 

    Aucune idée précise d'éventuels achats. Je suis là pour observer, découvrir les dessous d'une telle organisation. J'attéris, je ne sais comment, au stand G4, le stand de mon libraire. Stand où sont attendus Catherine Locandro, fabuleuse auteure de L'enfant de Calabre, Monsieur Estrosi, Marc Magro, Bernadette Chirac, et bien d'autres auteurs. 

    Marc Magro est présent. Timidement je m'approche. Son livre est sur ma liste d'achat. Autant j'aime lire, partager mes lectures, autant je me sens gauche quand il s'agit d'aborder un auteur. Allez savoir pourquoi. Bref, je saisis "Médecin d'urgences", lit la quatrième de couverture, et mon choix se confirme, je vais acquérir ce bouquin. La conversation s'engage entre lui et moi. Je lui passe le bonjour de Caroline, l'attachée de presse de sa maison d'édition, First. Il en est touché. Nous discutons de tout et de rien, et il est cette rencontre de ce jour. Un homme attachant, avec beaucoup d'humour et surtout d'une modestie attendrissante. Bilan : trente minutes de bavardages et quatre bouquins de Marc Magro dans ma besace, et une très belle rencontre. 

    Pas une heure que je suis là et déjà six livres... 

    Un passage par le stand Nice Matin pour écouter la truculente Maud Tabachnik, qui n'a pas sa  langue dans sa poche. S'en suit David Foenkinos, décontracté, souriant, tel que je le  connais. Un plaisir auditif.

    L'après-midi se poursuit d'allées en allées, de présentations en présentations, et d'achats en achats, de découvertes en découvertes.

    Je rentre chez moi, heureuse de cette première journée.

    Que me réserve demain ? 




  • La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt - JC Lattès

    Grégoire Delacourt.jpg

    Voici le dernier roman de notre cher Grégoire. Je l’ai attendu avec impatience et puis un jour, il est arrivé, tout emballé dans ma boîte aux lettre. Le roman, pas Grégoire.

    Comme à mon habitude, je fais tournoyer l’objet livre entre mes mains, mes yeux se posent ici et là, et puis vint alors cette envie incontrôlable de me nourrir des mots, des phrases. Me plonger dans ce roman qui m’interpelle. Comment Scarlett Johansson (actrice adorée de mon fils aîné) et Arthur Dreyfuss (un instant j’ai cru qu’il s’agissait de ce jeune auteur du « Livre qui rend heureux » http://aposterioriapriori.hautetfort.com/search/arthur%20dreyfus) peuvent se rencontrer en septembre 2010 ?

    Confortablement installée dans mon canapé, les rayons de soleil me caressent et me réchauffent à travers mes grandes fenêtres. Une bouteille d’eau, un critérium et ce troisième roman de Grégoire. Je tourne quatre feuilles, et commence alors le premier chapitre en page 11. Mon visage se crispe, mon corps se raidit. Le début commence mal. La plume de Grégoire est toujours aussi vive, rugueuse, alerte, la syntaxe y est quelque peu plus étoffée que précédemment, mais, mais je n’aime pas du tout cet Arthur. Il aime les gros seins, les fortes poitrines, dédaigne les petites poitrines. Merde alors ! C’est beau aussi une femme avec une poitrine menue, non mais !!!

    Ne te laisse pas aller Bérangère, ne sois pas en colère. Il s’agit d’un roman après tout. Oui, certes mais quand même. Les mots sont crus, les formes ne sont pas mises pour décrire justement ces formes généreuses.

    Au fil des pages, la lectrice que je suis oublie ces quelques premières pages, ode aux poitrines généreuses, et se laisse porter par Arthur, PP, Scarlett et Jeanine. Un bled paumé, des personnages paumés, mais moi je ne le suis pas (paumée). Au contraire, je me transforme en buveuse d’encre. Je suis aspirée par les mots, les personnages, les lieux, les émotions. Je suis là, avec eux, mais eux ne me voient pas. Est-ce cela la magie d’un roman ? Est-ce cela le talent d’un auteur ?

    Arthur et Scarlett vont vivre quelques jours ensemble, dans une maisonnette en retrait du village. Scarlett, loin de sa vie sous les paillettes, sous les feux des projecteurs, Arthur poursuit son boulot chez PP, garagiste. Ensemble, ils vont partager des moments authentiques. Leurs vies respectives vont s’imbriquer l’une à l’autre. L’occasion pour Arthur de retourner voir sa mère, internée malgrè jeune âge, suite à plusieurs drames. Quelques jours d’une vie hors du temps où tout est bonheur, magie et sérénité. Des journées où elle va se sentir « Elle », heureuse et vivante. Mais comme dans tout conte de fée, des éléments perturbateurs viennent ici et là crier leur existence. De cela, je vous laisse le soin de le découvrir.

    Ce troisième roman est dans un registre tout autre que « La liste de mes envies » qui a connu un vif succès l’année dernière, et encore cette année par une adaptation théâtrale. On y retrouve un Grégoire toujours aussi doué de la plume, de la bonne formule, de la mise en mots d’images percutantes. Le style y est plus soutenu, la quête plus profonde. Les personnages sont aussi atypiques que notre Jocelyne, mais certains sont plus torturés. Le mensonge rôde aussi au fil des deux cent soixante quatre pages. De découvertes en pleurs, de peines en rires, d’angoisses en incertitudes, Grégoire nous mène. Et puis, comme toujours, l’amour est là, les âmes se dévoilent et se révèlent au grand jour.

    Un très beau roman qui confirme (même si on le savait déjà) le talent de ce jeune publiciste qui pris la plume un jour, pour nous livrer « L’écrivain de famille », et « La liste de mes envies ». http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2012/03/25/titre-de-la-note.html

    Une question à Grégoire « Etes vous un fanatique de Scarlett ? »

    Quelques extraits 

    • Le sucre fait grossir et  fondre la douleur. (p20)
    • Il toussa encore un peu, histoire de gagner du temps, de rassembler ses mots, puis de les assembler en une jolie phrase, comme le  poète. Mais l’âme du garagiste l’emporta. Vous….vous êtes en panne ? demanda-t-il. (p33)
    • Une vague de tristesse reflua, qui fit frissonner Arthur Dreyfuss. Il savait bien de quoi parlait PP. L’impossible. Ce rêve. Le  mythe de la pute, que tous les hommes du monde convoitent et qui le choisit soudain, lui celle qui renonce à tous les autres : trois milliards et demi au bas mot. Grace Kelly avait préféré le prince Rainier au comte Oleg Cassini, à Jack Kennedy (le couturier), à Bing Crosby, à Cary Grant, à Jean-Pierre Aumont, à Clark Gable, à Frank Sinatra, à Tony Curtis, à David Niven, à Ricardo Boccelli, à Anthonny Havelock-Allan, a tant d’autres ; elle avait fait du débonnaire Rainier un type différent un type unique au monde. Elle en avait fait un dieu. (p59)
    • Elle vivait un méchant conte de fées où l’on ne sait plus qui trompe qui du corps ou du désir et qu’au matin, dans ce genre de cruauté, les princes n’ont pas le génie du baiser qui ressuscite, qui ramène la paix, l’envie de vivre et la douceur des choses. Ce sont des matins de tristesse et de solitude. Des matins de douleur. Des matins féroces. Il faut beaucoup de temps aux princesses blessées. (p73)
    • Dis quelque chose. parle. S’il te plaît. Je t’en prie. Ouvre-la. Elle suppliait. Dégueule. Dégueule si tu veux. Vomis-moi si tu veux. Mais ne me laisse pas là. Pas dans le silence maman. On se noie dans le  silence. Tu le sais bien. Dis -moi que ce n’est pas ce que tu me demandes. Dis-moi que je suis toujours ta fille. Le silence possède la violence des mots. (p98)
    • Les doigts d’Arthur, dont la pulpe est étonnamment douce malgré les outils et les moteurs, essuient les larmes de la plus belle fille du monde ; ses doigts tremblent. Pourquoi le bonheur c’est toujours triste ? demande-t-il. (p155)
    • Arthur eut un léger vertige : au-delà du corps prodigieux, Elle était faite des mots qui boulevversent, ces petites chairs impondérables qui sont le poids même des choses. Frémissement/Vent/Univers/Incertaine douleur/Tendresse/Aube. (p200)
    • Elle rouvrit les yeux. Et puis je t’ai vu Arthur, avec cette petite fille, et j’ai voulu ton regard, ce regard-là sur moi, et tu me l’as donné à chaque minute, chaque seconde de ces six derniers jours, et je t’en remercie. Parce que pour la première fois de ma vie je me suis sentie moi. Je me suis sentie heureuse et vivante et tellement propre dans tes yeux. Tellement propre. Tout était si simple, tout allait être si simple enfin. Mais c’est si douloureux maintenant. Je suis si triste. (p229)
  • La meilleure façon de s'aimer d'Akli Tadjer - Editions JC Lattès

    meilleure façon d'aimer.jpgEn décembre 2011, je vous faisais part des nouveautés littéraires attendues pour janvier 2012. Parmi elles, "La meilleure façon de s'aimer" d'Akli Tadjer, auteur que je n'avais jamais lu.
    Les aléas de la vie font que j'ai lu ce roman en février 2012, mais j'étais dans l'incapacité d'écrire un billet sur ce livre bouleversifiant. Les jours ont passé, entraînant avec eux les semaines, puis les mois, et toujours pas de chronique. 
    Et pourtant, j'en crevais d'envie, mais tout s'entremelait dans ma tête, dans ma zone de Broca.
    Le temps estompe, le temps permet de prendre du recul, et me permet donc de vous livrer ce petit billet sur un grand roman qu'est "La meilleure façon de s'aimer", Éditions Jean-Claude Lattès.
     
    283 pages d'émotions, oui c'est possible. 283 pages que l'on corne, que l'on déguste, que l'on sirote. 283 pages partagées, puisqu'il s'agit d'un roman à deux voix. La voix du fils, la voix de la mère. 
    Le fils, la trentaine, parisien, fils d'immigrés d'Algérie. La mère clouée sur son lit d'hôpital suite à un AVC. Au fil des chapitres, ils vont se livrer sur leur vie passée, leur vie présente et leur vie future. 
    Lui, aime sa mère, plus que tout. Elle, aime son fils mais fait preuve d'une grande maladresse pour lui dire. Maladresse que l'on comprend au fil des pages, et qui sera toute excusée.
    Et puis un secret, un lourd secret dont le fils ignorera, jusqu'à la fin, l'existence, mais qui n'empêchera point l'explosion des sentiments, et cette manière forte et unique de dire je t'aime. 
     
    Saïd, le fils, est courtier dans une compagnie d'assurance, jusqu'au jour où il est licencié pour cause de restructuration de l'entreprise. Une perte d'emploi qui va lui permettre de veiller un peu plus sa mère. Sa mère, cette femme belle, admirable, intelligente, qui a été victime d'un AVC un certain dimanche du couscous. Saïd ne cesse de croire en la guérison de sa mère, cette femme qu'il aime. Tous les jours, il lui rend visite à l'hôpital, elle ne peut plus parler, ne communique plus avec le monde extérieur, jusqu'au jour où, enfin, elle bouge un doigt (son index). L'espoir renaît chez son fils. Maman reviendra comme avant, le traitera de nouveau de grand couillon. Il y croit Saïd. 
    Entre deux visites, Saïd se perd dans les bras de Clotilde, une professeur de lycée, rencontrée un soir de la Saint Sylvestre. Tous les deux s'aiment, mais mal. 

    "J'aime Clotilde. Elle aussi. Mais on ne sait pas s'aimer. On se dispute pour des riens et lorsqu'on ne se dispute pas c'est tout aussi éprouvant" (p18).

    Saîd entretient donc une relation amoureuse en dents de scie avec Clotilde, mais une belle histoire car l'un et l'autre sont présents en cas de nécessité. Une présence souvent charnelle, mais au fond tant nécessaire à tout commun des mortels 

    "J'ai téléphoné à Clotilde. Je voulais lui faire l'amour, me perdre dans ses bras et m'endormir auprès d'elle. C'était salement égoïste mais cette nuit-là je me sentais salement seul." (p84) - "J'avais envie que l'on m'aime, une minute, un soir, une seconde, je voulais me réchauffer dans les bras de Clotilde et l'entendre me dire que sans moi la vie n'était pas la vie."(p216)
     
    Fatima, la mère, est alitée sur son lit d'hôpital. Elle aime Mme Sorel, l'infirmière douce et humaine, qui fume sa cigarette dans la chambre après avoir fait les soins nécessaires. Mme Sorel et Fatima, une belle rencontre, et de la tendresse entre ces deux femmes, malgré l'absence de mots pour communiquer. La plume d'Akli Tadjer est forte, puissante
    Fatima, nous parle, à nous lecteurs, pour nous dire tout ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, elle nous plonge dans son passé, son vécu en Algérie, ses épreuves de la vie. Et puis, elle nous intrigue avec la petite fille en robe jaune. Cette petite fille en robe jaune est le fil conducteur de toute l'histoire de ce roman. 

    "J'avais cinquante ans, déjà. J'étais veuve depuis huit ans, j'avais mes cassettes de musique et un fils de vingt ans pour me tenir compagnie. Le reste, il n'y avait pas de reste. Je vivais au jour le jour à l'instinct comme un animal et ma vie était rythmée par le tintamarre des rames de métro que je prenais matin et soir pour faire mes ménages aux quatre coins de paris. Ce n'était que ça ma vie. " (p194) 

    Elle est touchante Fatima, on a envie de lui tenir la main, à notre tour.

    "Je suis sans volonté, sans énergie, molle. Voilà, je ne suis qu'une chiffe molle. J'ai la certitude que c'est le nouveau traitement pour faire baisser ma tension qui m'engourdit le corps et m'endort la mémoire. Le corps, ça m'est égal, je n'attends plus rien de lui mais ma mémoire c'est mon unique trésor." (p223) 

    Elle est une femme qui s'assume. Un mariage avec Ali suite à son exil de son pays pour Paris. Et puis la naissance de Saïd, et le décès d'Ali, et cet homme, Monsieur Tesson,  dans lequel elle se perdra quelques minutes, quelques heures.
     
    "Il m'avait étreinte dans ses bras et les yeux dans les yeux il m'avait susurré que j'étais la plus belle femme qu'il ait jamais serrée dans ses bras. Mes yeux se sont embués de larmes ; j'étais foutue. Nous nous sommes revus. Nous nous sommes aimés, je crois." 

    Fatima, une femme généreuse, intelligente, qui garde un lourd secret au fond d'elle. Secret qu'elle nous livre, à nous lecteurs, mais que son fils ne saura jamais. 
     
    Le lecteur est le témoin d'une histoire entre un fils et sa mère dans des conditions peu agréables. Qui aimerait veiller un de ses parents sur un lit d'hôpital, sans savoir ce qu'il adviendra de demain? Et puis, le lecteur est tour à tour dans les sentiments de Said, et dans ceux de Fatima. Un bateau pirate des sentiments qu'est ce livre. 
     
    Mon coeur fait des hauts et des bas, des larmes coulent sur mes joues à la lecture de certains passages qui vous prennent les tripes et vous renvoient, inévitablement, à un déjà vécu. 
     
    La puissance de la plume d'Akli Tadjer est un tsunami d'émotions. La réussite de ce roman est aussi dans cette faculté à passer des larmes aux rires, de la compassion à la colère, de la tendresse à l'amour charnel, de la peur à la quiétude. Une valse d'émotions. L'auteur a cette capacité de décrire tant un paysage d'Algérie, qu'une scène d'amour, qu'un acte médical, qu'une errance humaine, le tout avec un touche d'humour, qui ne me permet pas de tomber dans le pathos. 
     
    Bravo Monsieur Tadjer pour ce dernier roman qui ne peut que toucher l'âme de vos lectrices et lecteurs. 

  • Festival du Livre - Nice - Du 08 au 10 Juin 2012


    AFFICHE-NICE-2012 (1).jpgVendredi 08 Juin 

    14 heures
    Casquettes rouges + 60 élèves + 12 parents d'élèves = une visite scolaire au Festival du livre niçois. Belle après-midi en perspective, puisqu'en ma qualité d'enseignante je suis libre d'aller d'un stand à un autre. Ceci me permet de veiller au bon déroulement de la visite du salon par mes chérubins, mais aussi d'être en mission repérage pour les jours à venir.
    Quelques photos de stands : Brigitte Kernel en G2, à côté d'Akli Tadjer, Grégoire Delacourt et sa pile de liste des envies, Gilles Paris, et d'autres noms qui ne me sont pas inconnus. 
     
    Bref, alliant plaisir et boulot, l'après-midi se déroule très bien, rencontre avec Theresa Bronn, auteur de jeunesse, et illustratrice. Trente minutes partagées avec mes élèves et cette joie qu'est de voir les loulous attentifs aux propos de Thérésa. Et puis, cette fierté de se dire que dans la vie tout est possible et que je viens d'offrir, avec l'aide d'une maman, à une soixantaine d'enfants un moment rare qui s'ancre dans leur mémoire. 
     
    16h 45 : Retour at home, je me plonge dans le programme du Festival du Livre, puis mon téléphone retentit. Nice-Matin me contacte pour participer à la rencontre avec un auteur que je ne connais pas, mais en ma qualité de blogueuse il serait bien que je sois présente. Ok, finis-je par dire. Rendez-vous pris sur le stand pour le lendemain 14 heures. 
     
     
    BRIGITTE.jpgSamedi 09 Juin
     
    Le soleil brille, le ciel est bleu azur et le téléphone sonne : Ariane Bois m'informe de la présence de deux de ses amies qui écrivent et sont en dédicaces cette après-midi. Je passerai les voir, promis, juré, craché ;-) 
     
    Midi
    Que faire ? Je suis impatiente, il fait beau et je n'ai pas déjeuné. Décision prise, je me chausse, attrape mon sac, glisse quelques billets, descends les escaliers quatre à quatre et m'installe dans les Jardins Albert 1er (lieu du Festival du Livre), commande un café, et admire la foule (maigre certes à cette heure) déambuler dans les allées. Je me nourris du soleil, et prépare, hésitante, mon intervention auprès de Malek Chebel (homme que je n'ai jamais lu, oui j'avoue!).
     
    14 heures
    Débat avec Malek Chebel : complétement paumée dans le débat qui s'instaure. On parle guerre d'Algérie, dont on fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. Perdue dans les propos qui font référence à ce pays que je ne connais pas. Je pensais que nous allions parler littérature, mais point du tout.  A cinq minutes de la fin du débat, Malek m'interpelle, me demande si j'ai une question. Oui, j'en ai une mais elle est plus littéraire. Il y répond sympathiquement. Bref, la rencontre est sympathique, cet homme est charismatique, excellent orateur.. Et puis, cela me vaut ma trombine dans le Nice-Matin du lendemain matin, et ça : ça n'a pas de prix.
     
    15 heures :

    Les écrivains arrivent. Brigitte Kernel, sera la première de mes rencontres parce que j'aime cette femme, parce qu'il me manque deux livres : "Autobiographie d'une tueuse", "Mon psy, mon amant", parce que son éditeur est un grand monsieur très humble, parce qu'elle est elle simplement, c'est à dire : douce, joyeuse, accueillante, intelligente... Et puis je lui avais promis un accueil niçois dans la grande tradition. Pari à moitié réussi car j'ai omis la livraison de la Socca (spécialité niçoise).
    A ses côtés, Akli Tadjer, l'auteur de "La meilleure façon de s'aimer" : je me présente vite fait, échange quelques mots, quelques regards, et ce truc indescriptible.. 
     
    Je vogue d'un stand à l'autre, maîtrise plus ou moins mon budget achat.

    De belles rencontres :

    • Gilles Paris adorable, souriant, doux... Un pur plaisir qui ne fond pas sous le soleil niçois. Je repars avec l'Autobiographie d'une courgette

    • Grégoire Delacourt : un ange passe, une tornade aussi... C'est ça Delacourt. Il n'a pas envie de coucher avec Lady Gaga, il a des envies simples et c'est sûrement cela qui fait son succès. Il reste dispo, déconneur (n'ayons pas peur des mots), et on ne peut qu'apprécier une telle humanité. 

    • Charlotte Valandrey : simple, naturelle et ce sourire radieux. Elle est une femme belle et humaine. Sa simplicité me surprend car je garde ce souvenir adolescent de Charlotte dans Rouge Baiser. J'acquiers "L'amour dans le sang", car son histoire me touche. Alors même s'il ne s'agit pas de littérature, je m'en moque, j'ai envie de lire son témoignage. 

    • Sylvain Tesson : bel homme, sportif, peu bavard (sûrement par timidité) mais en feuilletant ses ouvrages, je suis tentée, et ne résiste pas à "Dans les forêts de Sibérie" et "Vérification de la porte opposée". 

    • Johanna Assand : Jolie femme, mon oeil est attiré par son livre "Le carnet Moleskine". Le titre et la couverture m'interpelle, et ce petit bout de femme qui irradie l'énergie malgré une certaine timidité. Je vais à elle. J'ose, parle, échange et repars avec son ouvrage. Cette rencontre me rappelle une rencontre de Juin 2010 avec Barbara Israël : une attirance entre une lectrice et une auteur.. Un je ne sais quoi qui se passe. Est-ce un signe, je ne sais pas. Mais en plus Johanna est située quasi au même endroit que Barbara il y a deux ans. 

    17 heures 30

    L'heure du départ, je fais un tour pour saluer tout le monde, dire bonjour à Cécilia Dutter et Stéphanie (amies d'Ariane Bois). 

    Rendez-vous pris avec Monsieur Tadjer pour le lendemain afin d'acheter quelques-uns de ces livres, ma bourse ayant fondu comme neige au soleil entre le G2 et le G4, grâce aux rencontres énoncées ci-dessus. Et puis, c'est l'occasion de revenir, de revoir tous ces auteurs si sympathiques, touchants. 
    Retour à la maison : les étoiles brillent, tout compte fait ce salon s'annonce riche malgré l'absence de G. et de Barbara.

    Soirée à Antibes, et ce regard revient à ma mémoire, ses mots raisonnent en moi. Comment un auteur peut me toucher ainsi ? Je n'en sais rien, ça ne s'explique pas.
     
    NICE FESTIVAL.jpg

    Dimanche 10 Juin
     
    8 heures - 10 heures : Opéra Plage, seule, musique et livre.  Je croise Akli qui se nourrit du soleil niçois, le laisse profiter de ce moment rare, silencieux et reposant. Nous nous voyons dans quelques minutes.
    Je retrouve mon amie Anita, partageons un café et go the Festival du Livre.


    J'honore mon rendez-vous, achète trois livres à Akli Tadjer, "Western', "Bel-Avenir" et "Il était une fois.. Peut-être pas" et partage un café. Échanges, fous-rire, complicité, un truc insaisissable, comme un courant, un flot d'ondes. 
    Je croise Brigitte qui arrive, heureuse de sa matinée solitaire à vagabonder dans les rues niçoises. Toujours aussi touchante et à l'écoute. Anita sera touchée de cette rencontre. 
     
    Midi trente

    Repas avec les auteurs au Ruhl Plage : que de monde ! Du saumon, du poisson, du rosé bien frais, des discussions sur tout, sur rien, et encore des rencontres, et que de belles rencontres. Et puis nos regards, notre complicité, des moments volés.. Mais ça c'est une autre histoire.
     
    Au cours du repas, je sympathise avec Delphine Bertholon. Une fille géniale, dynamique, joyeuse, souriante. Mais méfiez-vous, elle cache son jeu. Si la mer était déchaînée dimanche, la seule responsable est Delphine ! La veille elle a osé abandonné la mer méditerranée qui s'était amourachée d'elle. Sacrée Delphine : par ta faute le gros bateau qu'on craignait voir accoster à nos côtés a dû pointer vers Toulon. Mais elle est tout excusée car elle est au top Delphine et en plus elle kiffe le lin de Monop, comme moi ;-)
     
    Alentours de 15 heures

    Retour au Salon. Je clôture mes achats avec Cécilia Dutter (qui était à notre table à midi) et "Lame de fond".  

    Retrouve Delphine avec qui je décide de faire "Cabine commune" au Monop uniquement pour le lin.. Peut-être est-ce "L'effet Larsen" ? Ma fille s'offre Twist de Delphine, aussi... 

    En remontant l'allée pour dire au revoir, je suis interpellée par Grégoire, toujours aussi sympathique et avenant. Assis à côté d'Amandine Cornette de Saint Cyr, il ne cesse de dédicacer sa liste des envies, et me promets qu'il me faut absolument acheter "Les dents de ma mère" de sa charmante voisine. Sachez une chose, vous qui me lisez, on ne résiste pas aux arguments de vente de Grégoire Delacourt. 

    Gilles Paris me voit de nouveau : d'une je dois lui témoigner mon bonheur de l'avoir rencontré, et d'avoir échangé avec lui. De deux, je veux absolument lire "Au pays des kangourous" donc j'achète le livre. 

    Et puis G2, dire au revoir à Brigitte Kernel, Cécilia Dutter et Akli Tadjer et ça "Ca me fend le coeur". 
     
    FIN FESTIVAL.jpgJe n'ai pas envie de  partir, ou plutôt si, je veux partir avec cette bande d'auteurs simples, sympathiques, déchaînés comme la mer, souriants, humains...Mais toute bonne chose a une fin, mais je n'en veux pas de cette fin, moi. Je suis bien avec eux.

    Je ne sais si les émotions sont partagées, mais sachez que vous avez tous enrichi mon âme, et surtout j'ai été trés touchée de tous vos mots sur mon blog, sur ma vision de la littérature. Vous avez partagé avec moi, vous m'avez demandé de rester telle que je suis, et sachez que oui je resterai celle que je suis. J'acheterai encore mes livres, je ne brosserai pas dans le sens du poil, je ne me ferais pas payer pour mon blog malgré son succès car je veux être libre et cette liberté n'a pas de prix. 

    Je regarde les avions s'envoler, et je voudrais tant être avec vous. 

    Bon vol chers amis, mais je souhaite qu'un parmi vous sache qu'il m'a émue, qu'il a fait naître en moi un truc que je ne peux définir mais qui me déstabilise vraiment. 
    Peut-être oserai-je un jour mettre des mots sur ses émotions qu'il a su me donner et faire naître ?
     
    Lundi 11 Juin
     
    Vous raisonnez encore en moi. Anita comprend mon état vis-à-vis de cette rencontre, elle a été impressionnée, et surtout elle m'a dit "Tu étais vraiment dans ton élément".
     
    Faut vraiment que j'ose, mais en attendant je vous embrasse tous, plus affectueusement un auteur, et vous dis à très vite.

    Des baisers par milliers à vous et à G. 

  • La liste de mes envies - Grégoire Delacourt - Editions JC Lattès

    liste de mes envies.jpgOn ne présente plus Grégoire Delacourt en ce début d'année 2012. Un auteur qui a acquis, en quelques mois, une certaine notorioté (cinq prix à son actif pour "l'écrivain de famille")

    La liste de mes envies est arrivée un beau matin dans ma boite aux lettres, et fut lu en quelques jours, étant alors condamnée à rester quasi-immobile. 

    D'emblée, le style me plaît. La plume est alerte, vive. La lectrice que je suis, est prise dans la vie de cette mercière arrageoise. Jocelyne n'est pas top-model, mais elle est elle. Elle s'aime, elle s'assume.

    "Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même." (page 12). Quelle femme Jocelyne ! Sous la plume de Grégoire, nos défauts physiques deviennent alors beauté, vérité et sincérité. Et ça, ça me touche. 

    La relation mère-enfant est aussi présente, avec des mots qui retentissent en moi, qui m'interpellent. "Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupirs en lieu et place de sujets, verbes, compléments" (page 25). Cette phrase touchante est le juste miroir de beaucoup de relations mère-enfant, face à l'incompréhension. Grégoire y injecte simplement un brin de poésie qui ne peut laisser indifférent. 

    Son personnage est très attachant. Les descriptions, tant physiques, que mentales, que psychologiques sont d'une extrème justesse, touchantes et attachantes. Grégoire maîtrise les mots, et sait les marier les uns aux autres. 

    Au-delà de son talent d'écrivain, Grégoire nous embarque dans l'histoire tragique de Jocelyne et Jocelyn, son mari. 

    Jocelyne gagne une certaine somme d'argent à une loterie, cache son gain à sa famille, à son entourage. Elle découvre les dessous de la richesse, les prix exorbitants de Chanel, et de ses grandes enseignes luxueuses. Mais au fond, est-ce de cela dont elle rêve ? 

    Blogueuse, en plus de mercière, elle se complait dans sa vie simple mais heureuse. Ce gain va l'interroger sur le sens du mot bonheur, sur ce qu'est le bonheur dans la vie de tous les jours. Peut-on être heureux avec des millions en poche ? Quelle confiance accorder aux gens de notre famille, de notre entourage, quand on devient millionnaire ? 

    "Être riche, c''est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les chose. Qu'il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche [...] Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. une nouvelle télévision. plein de choses nouvelles. Mais rien de différent". (page 101-102)

    Toutes ces questions, Jocelyne se les pose. Au fil des jours, elle va lister ses envies, et s'apercevoir que les millions gagnés peuvent y contribuer, mais ce à quoi elle aspire, ne peut se payer avec quelques euros. Et puis, cette descente aux enfers, et ce séjour niçois, où les soeurs dominicaines vont lui réapprendre à vivre. "Les infirmières me réapprirent doucement le goût des choses [...] Comme on réapprend à se trouver jolie ; à se mentir et à se pardonner. Elles effacèrent mes idées noires, éclaircirent mes cauchemars. Elles m'apprirent à placer ma respiration plus bas, dans le ventre, loin du coeur." (page 151)

    Jocelyne va aussi rencontrer l'amour et les premiers émois d'un homme qui vous regarde et vous embrasse, vous désire. "C'est un baiser rare, inattendu ; un baiser tiède au goût d'océan Indien. C'est un baiser qui dure, un baiser qui dit tout ; mes manques, ses désirs, mes souffrances, ses impatiences. Notre baiser est mon ravissement ; ma vengeance" (page 114)

    Et puis, on ne peut rester indifférent à ses doux moments entre Jocelyne et son père. Le désarroi d'un enfant face à son parent qui ne le reconnaît plus, qui est là, mais la tête ailleurs. De très beaux moments où l'émotion est présente. 

    Une très belle histoire, une très belle vision du bonheur, de la vie et du sens que l'on veut bien donner à notre propre vie. Un auteur à suivre, et pour ceux qui n'ont pas lu "L'écrivain de famille", je vous le conseille. 

    J'aimerai avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait. Décider de sa vie (p44)