Vingtième édition du Festival du Livre de Nice
Jour 2 du Festival du Livre de Nice en ce samedi 6 Juin
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Jour 2 du Festival du Livre de Nice en ce samedi 6 Juin
Akli Tadjer s'est livré en toute confiance à l'exercice du portrait chinois. Comme toujours l'humour est au rendez-vous, je vous laisse le soin de vérifier tout cela. Et puis, n'hésitez pas à lire son dernier roman "Les Thermes du Paradis", paru aux éditions JCLattès.
Akli, si tu étais :
Un signe de ponctuation ? Exclamation !
Une chanson française ? Les Yeux de la mère (Arno) il est Belge.
Un moyen de locomotion ? Le vélo.
Une œuvre d’art ? Le déjeuner sur l’herbe de Manet
Une devise ? Qui ne risque rien, n’est rien.
Un roman ? Je crois que sans « Les Ritals » de Cavanna, je n’aurais jamais écrit.
Un mot ? Aimer
Un adjectif ? fort
Une ville ? Paris
Un philosophe ? N’importe quel chinois, on peut leurs faire dire ce qu’on veut
Le feStival du livre de Nice a ouvert ses portes hier, vendredi 7 juin, sous un soleil azuréen bien présent.
Les festivités ont débuté avec le discours de Monsieur le Maire, Christian Estrosi, et la remise du prix "Baies des Anges", remis à Valérie Tong Cuong pour son Atelier des miracles, paru aux éditions JC Lattès en ce début d'année 2013.
Présente au rendez-vous, discrète et boiteuse, j'ai profité de cette après-midi pour faire un premier repérage pour ce week-end tant attendu.
Tout d'abord, la découverte des lieux. Contrairement aux années passées, le festival se tient cette année, cause travaux de la coulée verte, entre le Palais de Justice et la Place Gautier. Vous trouverez littérature de jeunesse, livres d'occasion et bd sur la place du Palais de Justice. Pour le reste, ce qui m'interesse plus fortement, tout se déroule place Gautier. Si dans les allées, il se murmure que ce nouveau lieu est bien plus agréable que le jardin Albert 1er, là où se déroulait d'ordinaire le festival, mon avis n'est pas le même. Je préférais les alentours du théâtre de Verdure. Peut-être est-ce dû à ma difficulté de marcher. J'ai eu l'impression d'être dans un labyrinthe, et pas d'endroit où se poser, à part les bars du Cours Saleya. Bref, là n'est pas mon propos du billet.
Vendredi 7 juin : après-midi
Je flâne, traîne ma jambe dans le dédale des stands tenus par les différents libraires niçois. Et oui, à Nice les libraires invitent les auteurs. Donc pour trouver un auteur, encore faut-il savoir par quel libraire il a été invité. Mais rassurez-vous, on s'y retrouve facilement.
En ce début d'après-midi, peu d'écrivains présents, mais quelques uns quand même, à commencer par Valérie qui est sollicitée de droite et de gauche. J'arrive quand même à la rencontrer, à échanger avec elle. Une femme simple, belle et douce. Premiers achats aussi : L'ardoise magique et Noir dehors se retrouvent dans mon sac, encore léger en ce début d'après-midi. Lors de cette rencontre, mes oreilles et mon esprit sont attirés par une jeune femme brune qui présente un beau projet à Valérie. Il faut que je retrouve cette personne car ces mots pour soigner les maux m'ont touchée.
Aucune idée précise d'éventuels achats. Je suis là pour observer, découvrir les dessous d'une telle organisation. J'attéris, je ne sais comment, au stand G4, le stand de mon libraire. Stand où sont attendus Catherine Locandro, fabuleuse auteure de L'enfant de Calabre, Monsieur Estrosi, Marc Magro, Bernadette Chirac, et bien d'autres auteurs.
Marc Magro est présent. Timidement je m'approche. Son livre est sur ma liste d'achat. Autant j'aime lire, partager mes lectures, autant je me sens gauche quand il s'agit d'aborder un auteur. Allez savoir pourquoi. Bref, je saisis "Médecin d'urgences", lit la quatrième de couverture, et mon choix se confirme, je vais acquérir ce bouquin. La conversation s'engage entre lui et moi. Je lui passe le bonjour de Caroline, l'attachée de presse de sa maison d'édition, First. Il en est touché. Nous discutons de tout et de rien, et il est cette rencontre de ce jour. Un homme attachant, avec beaucoup d'humour et surtout d'une modestie attendrissante. Bilan : trente minutes de bavardages et quatre bouquins de Marc Magro dans ma besace, et une très belle rencontre.
Pas une heure que je suis là et déjà six livres...
Un passage par le stand Nice Matin pour écouter la truculente Maud Tabachnik, qui n'a pas sa langue dans sa poche. S'en suit David Foenkinos, décontracté, souriant, tel que je le connais. Un plaisir auditif.
L'après-midi se poursuit d'allées en allées, de présentations en présentations, et d'achats en achats, de découvertes en découvertes.
Je rentre chez moi, heureuse de cette première journée.
Que me réserve demain ?
Voici le dernier roman de notre cher Grégoire. Je l’ai attendu avec impatience et puis un jour, il est arrivé, tout emballé dans ma boîte aux lettre. Le roman, pas Grégoire.
Comme à mon habitude, je fais tournoyer l’objet livre entre mes mains, mes yeux se posent ici et là, et puis vint alors cette envie incontrôlable de me nourrir des mots, des phrases. Me plonger dans ce roman qui m’interpelle. Comment Scarlett Johansson (actrice adorée de mon fils aîné) et Arthur Dreyfuss (un instant j’ai cru qu’il s’agissait de ce jeune auteur du « Livre qui rend heureux » http://aposterioriapriori.hautetfort.com/search/arthur%20dreyfus) peuvent se rencontrer en septembre 2010 ?
Confortablement installée dans mon canapé, les rayons de soleil me caressent et me réchauffent à travers mes grandes fenêtres. Une bouteille d’eau, un critérium et ce troisième roman de Grégoire. Je tourne quatre feuilles, et commence alors le premier chapitre en page 11. Mon visage se crispe, mon corps se raidit. Le début commence mal. La plume de Grégoire est toujours aussi vive, rugueuse, alerte, la syntaxe y est quelque peu plus étoffée que précédemment, mais, mais je n’aime pas du tout cet Arthur. Il aime les gros seins, les fortes poitrines, dédaigne les petites poitrines. Merde alors ! C’est beau aussi une femme avec une poitrine menue, non mais !!!
Ne te laisse pas aller Bérangère, ne sois pas en colère. Il s’agit d’un roman après tout. Oui, certes mais quand même. Les mots sont crus, les formes ne sont pas mises pour décrire justement ces formes généreuses.
Au fil des pages, la lectrice que je suis oublie ces quelques premières pages, ode aux poitrines généreuses, et se laisse porter par Arthur, PP, Scarlett et Jeanine. Un bled paumé, des personnages paumés, mais moi je ne le suis pas (paumée). Au contraire, je me transforme en buveuse d’encre. Je suis aspirée par les mots, les personnages, les lieux, les émotions. Je suis là, avec eux, mais eux ne me voient pas. Est-ce cela la magie d’un roman ? Est-ce cela le talent d’un auteur ?
Arthur et Scarlett vont vivre quelques jours ensemble, dans une maisonnette en retrait du village. Scarlett, loin de sa vie sous les paillettes, sous les feux des projecteurs, Arthur poursuit son boulot chez PP, garagiste. Ensemble, ils vont partager des moments authentiques. Leurs vies respectives vont s’imbriquer l’une à l’autre. L’occasion pour Arthur de retourner voir sa mère, internée malgrè jeune âge, suite à plusieurs drames. Quelques jours d’une vie hors du temps où tout est bonheur, magie et sérénité. Des journées où elle va se sentir « Elle », heureuse et vivante. Mais comme dans tout conte de fée, des éléments perturbateurs viennent ici et là crier leur existence. De cela, je vous laisse le soin de le découvrir.
Ce troisième roman est dans un registre tout autre que « La liste de mes envies » qui a connu un vif succès l’année dernière, et encore cette année par une adaptation théâtrale. On y retrouve un Grégoire toujours aussi doué de la plume, de la bonne formule, de la mise en mots d’images percutantes. Le style y est plus soutenu, la quête plus profonde. Les personnages sont aussi atypiques que notre Jocelyne, mais certains sont plus torturés. Le mensonge rôde aussi au fil des deux cent soixante quatre pages. De découvertes en pleurs, de peines en rires, d’angoisses en incertitudes, Grégoire nous mène. Et puis, comme toujours, l’amour est là, les âmes se dévoilent et se révèlent au grand jour.
Un très beau roman qui confirme (même si on le savait déjà) le talent de ce jeune publiciste qui pris la plume un jour, pour nous livrer « L’écrivain de famille », et « La liste de mes envies ». http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2012/03/25/titre-de-la-note.html
Une question à Grégoire « Etes vous un fanatique de Scarlett ? »
Quelques extraits
On ne présente plus Grégoire Delacourt en ce début d'année 2012. Un auteur qui a acquis, en quelques mois, une certaine notorioté (cinq prix à son actif pour "l'écrivain de famille")
La liste de mes envies est arrivée un beau matin dans ma boite aux lettres, et fut lu en quelques jours, étant alors condamnée à rester quasi-immobile.
D'emblée, le style me plaît. La plume est alerte, vive. La lectrice que je suis, est prise dans la vie de cette mercière arrageoise. Jocelyne n'est pas top-model, mais elle est elle. Elle s'aime, elle s'assume.
"Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même." (page 12). Quelle femme Jocelyne ! Sous la plume de Grégoire, nos défauts physiques deviennent alors beauté, vérité et sincérité. Et ça, ça me touche.
La relation mère-enfant est aussi présente, avec des mots qui retentissent en moi, qui m'interpellent. "Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupirs en lieu et place de sujets, verbes, compléments" (page 25). Cette phrase touchante est le juste miroir de beaucoup de relations mère-enfant, face à l'incompréhension. Grégoire y injecte simplement un brin de poésie qui ne peut laisser indifférent.
Son personnage est très attachant. Les descriptions, tant physiques, que mentales, que psychologiques sont d'une extrème justesse, touchantes et attachantes. Grégoire maîtrise les mots, et sait les marier les uns aux autres.
Au-delà de son talent d'écrivain, Grégoire nous embarque dans l'histoire tragique de Jocelyne et Jocelyn, son mari.
Jocelyne gagne une certaine somme d'argent à une loterie, cache son gain à sa famille, à son entourage. Elle découvre les dessous de la richesse, les prix exorbitants de Chanel, et de ses grandes enseignes luxueuses. Mais au fond, est-ce de cela dont elle rêve ?
Blogueuse, en plus de mercière, elle se complait dans sa vie simple mais heureuse. Ce gain va l'interroger sur le sens du mot bonheur, sur ce qu'est le bonheur dans la vie de tous les jours. Peut-on être heureux avec des millions en poche ? Quelle confiance accorder aux gens de notre famille, de notre entourage, quand on devient millionnaire ?
"Être riche, c''est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les chose. Qu'il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche [...] Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. une nouvelle télévision. plein de choses nouvelles. Mais rien de différent". (page 101-102)
Toutes ces questions, Jocelyne se les pose. Au fil des jours, elle va lister ses envies, et s'apercevoir que les millions gagnés peuvent y contribuer, mais ce à quoi elle aspire, ne peut se payer avec quelques euros. Et puis, cette descente aux enfers, et ce séjour niçois, où les soeurs dominicaines vont lui réapprendre à vivre. "Les infirmières me réapprirent doucement le goût des choses [...] Comme on réapprend à se trouver jolie ; à se mentir et à se pardonner. Elles effacèrent mes idées noires, éclaircirent mes cauchemars. Elles m'apprirent à placer ma respiration plus bas, dans le ventre, loin du coeur." (page 151)
Jocelyne va aussi rencontrer l'amour et les premiers émois d'un homme qui vous regarde et vous embrasse, vous désire. "C'est un baiser rare, inattendu ; un baiser tiède au goût d'océan Indien. C'est un baiser qui dure, un baiser qui dit tout ; mes manques, ses désirs, mes souffrances, ses impatiences. Notre baiser est mon ravissement ; ma vengeance" (page 114)
Et puis, on ne peut rester indifférent à ses doux moments entre Jocelyne et son père. Le désarroi d'un enfant face à son parent qui ne le reconnaît plus, qui est là, mais la tête ailleurs. De très beaux moments où l'émotion est présente.
Une très belle histoire, une très belle vision du bonheur, de la vie et du sens que l'on veut bien donner à notre propre vie. Un auteur à suivre, et pour ceux qui n'ont pas lu "L'écrivain de famille", je vous le conseille.
J'aimerai avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait. Décider de sa vie (p44)