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grégoire delacourt

  • La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt - JC Lattès

    Grégoire Delacourt.jpg

    Voici le dernier roman de notre cher Grégoire. Je l’ai attendu avec impatience et puis un jour, il est arrivé, tout emballé dans ma boîte aux lettre. Le roman, pas Grégoire.

    Comme à mon habitude, je fais tournoyer l’objet livre entre mes mains, mes yeux se posent ici et là, et puis vint alors cette envie incontrôlable de me nourrir des mots, des phrases. Me plonger dans ce roman qui m’interpelle. Comment Scarlett Johansson (actrice adorée de mon fils aîné) et Arthur Dreyfuss (un instant j’ai cru qu’il s’agissait de ce jeune auteur du « Livre qui rend heureux » http://aposterioriapriori.hautetfort.com/search/arthur%20dreyfus) peuvent se rencontrer en septembre 2010 ?

    Confortablement installée dans mon canapé, les rayons de soleil me caressent et me réchauffent à travers mes grandes fenêtres. Une bouteille d’eau, un critérium et ce troisième roman de Grégoire. Je tourne quatre feuilles, et commence alors le premier chapitre en page 11. Mon visage se crispe, mon corps se raidit. Le début commence mal. La plume de Grégoire est toujours aussi vive, rugueuse, alerte, la syntaxe y est quelque peu plus étoffée que précédemment, mais, mais je n’aime pas du tout cet Arthur. Il aime les gros seins, les fortes poitrines, dédaigne les petites poitrines. Merde alors ! C’est beau aussi une femme avec une poitrine menue, non mais !!!

    Ne te laisse pas aller Bérangère, ne sois pas en colère. Il s’agit d’un roman après tout. Oui, certes mais quand même. Les mots sont crus, les formes ne sont pas mises pour décrire justement ces formes généreuses.

    Au fil des pages, la lectrice que je suis oublie ces quelques premières pages, ode aux poitrines généreuses, et se laisse porter par Arthur, PP, Scarlett et Jeanine. Un bled paumé, des personnages paumés, mais moi je ne le suis pas (paumée). Au contraire, je me transforme en buveuse d’encre. Je suis aspirée par les mots, les personnages, les lieux, les émotions. Je suis là, avec eux, mais eux ne me voient pas. Est-ce cela la magie d’un roman ? Est-ce cela le talent d’un auteur ?

    Arthur et Scarlett vont vivre quelques jours ensemble, dans une maisonnette en retrait du village. Scarlett, loin de sa vie sous les paillettes, sous les feux des projecteurs, Arthur poursuit son boulot chez PP, garagiste. Ensemble, ils vont partager des moments authentiques. Leurs vies respectives vont s’imbriquer l’une à l’autre. L’occasion pour Arthur de retourner voir sa mère, internée malgrè jeune âge, suite à plusieurs drames. Quelques jours d’une vie hors du temps où tout est bonheur, magie et sérénité. Des journées où elle va se sentir « Elle », heureuse et vivante. Mais comme dans tout conte de fée, des éléments perturbateurs viennent ici et là crier leur existence. De cela, je vous laisse le soin de le découvrir.

    Ce troisième roman est dans un registre tout autre que « La liste de mes envies » qui a connu un vif succès l’année dernière, et encore cette année par une adaptation théâtrale. On y retrouve un Grégoire toujours aussi doué de la plume, de la bonne formule, de la mise en mots d’images percutantes. Le style y est plus soutenu, la quête plus profonde. Les personnages sont aussi atypiques que notre Jocelyne, mais certains sont plus torturés. Le mensonge rôde aussi au fil des deux cent soixante quatre pages. De découvertes en pleurs, de peines en rires, d’angoisses en incertitudes, Grégoire nous mène. Et puis, comme toujours, l’amour est là, les âmes se dévoilent et se révèlent au grand jour.

    Un très beau roman qui confirme (même si on le savait déjà) le talent de ce jeune publiciste qui pris la plume un jour, pour nous livrer « L’écrivain de famille », et « La liste de mes envies ». http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2012/03/25/titre-de-la-note.html

    Une question à Grégoire « Etes vous un fanatique de Scarlett ? »

    Quelques extraits 

    • Le sucre fait grossir et  fondre la douleur. (p20)
    • Il toussa encore un peu, histoire de gagner du temps, de rassembler ses mots, puis de les assembler en une jolie phrase, comme le  poète. Mais l’âme du garagiste l’emporta. Vous….vous êtes en panne ? demanda-t-il. (p33)
    • Une vague de tristesse reflua, qui fit frissonner Arthur Dreyfuss. Il savait bien de quoi parlait PP. L’impossible. Ce rêve. Le  mythe de la pute, que tous les hommes du monde convoitent et qui le choisit soudain, lui celle qui renonce à tous les autres : trois milliards et demi au bas mot. Grace Kelly avait préféré le prince Rainier au comte Oleg Cassini, à Jack Kennedy (le couturier), à Bing Crosby, à Cary Grant, à Jean-Pierre Aumont, à Clark Gable, à Frank Sinatra, à Tony Curtis, à David Niven, à Ricardo Boccelli, à Anthonny Havelock-Allan, a tant d’autres ; elle avait fait du débonnaire Rainier un type différent un type unique au monde. Elle en avait fait un dieu. (p59)
    • Elle vivait un méchant conte de fées où l’on ne sait plus qui trompe qui du corps ou du désir et qu’au matin, dans ce genre de cruauté, les princes n’ont pas le génie du baiser qui ressuscite, qui ramène la paix, l’envie de vivre et la douceur des choses. Ce sont des matins de tristesse et de solitude. Des matins de douleur. Des matins féroces. Il faut beaucoup de temps aux princesses blessées. (p73)
    • Dis quelque chose. parle. S’il te plaît. Je t’en prie. Ouvre-la. Elle suppliait. Dégueule. Dégueule si tu veux. Vomis-moi si tu veux. Mais ne me laisse pas là. Pas dans le silence maman. On se noie dans le  silence. Tu le sais bien. Dis -moi que ce n’est pas ce que tu me demandes. Dis-moi que je suis toujours ta fille. Le silence possède la violence des mots. (p98)
    • Les doigts d’Arthur, dont la pulpe est étonnamment douce malgré les outils et les moteurs, essuient les larmes de la plus belle fille du monde ; ses doigts tremblent. Pourquoi le bonheur c’est toujours triste ? demande-t-il. (p155)
    • Arthur eut un léger vertige : au-delà du corps prodigieux, Elle était faite des mots qui boulevversent, ces petites chairs impondérables qui sont le poids même des choses. Frémissement/Vent/Univers/Incertaine douleur/Tendresse/Aube. (p200)
    • Elle rouvrit les yeux. Et puis je t’ai vu Arthur, avec cette petite fille, et j’ai voulu ton regard, ce regard-là sur moi, et tu me l’as donné à chaque minute, chaque seconde de ces six derniers jours, et je t’en remercie. Parce que pour la première fois de ma vie je me suis sentie moi. Je me suis sentie heureuse et vivante et tellement propre dans tes yeux. Tellement propre. Tout était si simple, tout allait être si simple enfin. Mais c’est si douloureux maintenant. Je suis si triste. (p229)
  • Festival du Livre - Nice - Du 08 au 10 Juin 2012


    AFFICHE-NICE-2012 (1).jpgVendredi 08 Juin 

    14 heures
    Casquettes rouges + 60 élèves + 12 parents d'élèves = une visite scolaire au Festival du livre niçois. Belle après-midi en perspective, puisqu'en ma qualité d'enseignante je suis libre d'aller d'un stand à un autre. Ceci me permet de veiller au bon déroulement de la visite du salon par mes chérubins, mais aussi d'être en mission repérage pour les jours à venir.
    Quelques photos de stands : Brigitte Kernel en G2, à côté d'Akli Tadjer, Grégoire Delacourt et sa pile de liste des envies, Gilles Paris, et d'autres noms qui ne me sont pas inconnus. 
     
    Bref, alliant plaisir et boulot, l'après-midi se déroule très bien, rencontre avec Theresa Bronn, auteur de jeunesse, et illustratrice. Trente minutes partagées avec mes élèves et cette joie qu'est de voir les loulous attentifs aux propos de Thérésa. Et puis, cette fierté de se dire que dans la vie tout est possible et que je viens d'offrir, avec l'aide d'une maman, à une soixantaine d'enfants un moment rare qui s'ancre dans leur mémoire. 
     
    16h 45 : Retour at home, je me plonge dans le programme du Festival du Livre, puis mon téléphone retentit. Nice-Matin me contacte pour participer à la rencontre avec un auteur que je ne connais pas, mais en ma qualité de blogueuse il serait bien que je sois présente. Ok, finis-je par dire. Rendez-vous pris sur le stand pour le lendemain 14 heures. 
     
     
    BRIGITTE.jpgSamedi 09 Juin
     
    Le soleil brille, le ciel est bleu azur et le téléphone sonne : Ariane Bois m'informe de la présence de deux de ses amies qui écrivent et sont en dédicaces cette après-midi. Je passerai les voir, promis, juré, craché ;-) 
     
    Midi
    Que faire ? Je suis impatiente, il fait beau et je n'ai pas déjeuné. Décision prise, je me chausse, attrape mon sac, glisse quelques billets, descends les escaliers quatre à quatre et m'installe dans les Jardins Albert 1er (lieu du Festival du Livre), commande un café, et admire la foule (maigre certes à cette heure) déambuler dans les allées. Je me nourris du soleil, et prépare, hésitante, mon intervention auprès de Malek Chebel (homme que je n'ai jamais lu, oui j'avoue!).
     
    14 heures
    Débat avec Malek Chebel : complétement paumée dans le débat qui s'instaure. On parle guerre d'Algérie, dont on fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. Perdue dans les propos qui font référence à ce pays que je ne connais pas. Je pensais que nous allions parler littérature, mais point du tout.  A cinq minutes de la fin du débat, Malek m'interpelle, me demande si j'ai une question. Oui, j'en ai une mais elle est plus littéraire. Il y répond sympathiquement. Bref, la rencontre est sympathique, cet homme est charismatique, excellent orateur.. Et puis, cela me vaut ma trombine dans le Nice-Matin du lendemain matin, et ça : ça n'a pas de prix.
     
    15 heures :

    Les écrivains arrivent. Brigitte Kernel, sera la première de mes rencontres parce que j'aime cette femme, parce qu'il me manque deux livres : "Autobiographie d'une tueuse", "Mon psy, mon amant", parce que son éditeur est un grand monsieur très humble, parce qu'elle est elle simplement, c'est à dire : douce, joyeuse, accueillante, intelligente... Et puis je lui avais promis un accueil niçois dans la grande tradition. Pari à moitié réussi car j'ai omis la livraison de la Socca (spécialité niçoise).
    A ses côtés, Akli Tadjer, l'auteur de "La meilleure façon de s'aimer" : je me présente vite fait, échange quelques mots, quelques regards, et ce truc indescriptible.. 
     
    Je vogue d'un stand à l'autre, maîtrise plus ou moins mon budget achat.

    De belles rencontres :

    • Gilles Paris adorable, souriant, doux... Un pur plaisir qui ne fond pas sous le soleil niçois. Je repars avec l'Autobiographie d'une courgette

    • Grégoire Delacourt : un ange passe, une tornade aussi... C'est ça Delacourt. Il n'a pas envie de coucher avec Lady Gaga, il a des envies simples et c'est sûrement cela qui fait son succès. Il reste dispo, déconneur (n'ayons pas peur des mots), et on ne peut qu'apprécier une telle humanité. 

    • Charlotte Valandrey : simple, naturelle et ce sourire radieux. Elle est une femme belle et humaine. Sa simplicité me surprend car je garde ce souvenir adolescent de Charlotte dans Rouge Baiser. J'acquiers "L'amour dans le sang", car son histoire me touche. Alors même s'il ne s'agit pas de littérature, je m'en moque, j'ai envie de lire son témoignage. 

    • Sylvain Tesson : bel homme, sportif, peu bavard (sûrement par timidité) mais en feuilletant ses ouvrages, je suis tentée, et ne résiste pas à "Dans les forêts de Sibérie" et "Vérification de la porte opposée". 

    • Johanna Assand : Jolie femme, mon oeil est attiré par son livre "Le carnet Moleskine". Le titre et la couverture m'interpelle, et ce petit bout de femme qui irradie l'énergie malgré une certaine timidité. Je vais à elle. J'ose, parle, échange et repars avec son ouvrage. Cette rencontre me rappelle une rencontre de Juin 2010 avec Barbara Israël : une attirance entre une lectrice et une auteur.. Un je ne sais quoi qui se passe. Est-ce un signe, je ne sais pas. Mais en plus Johanna est située quasi au même endroit que Barbara il y a deux ans. 

    17 heures 30

    L'heure du départ, je fais un tour pour saluer tout le monde, dire bonjour à Cécilia Dutter et Stéphanie (amies d'Ariane Bois). 

    Rendez-vous pris avec Monsieur Tadjer pour le lendemain afin d'acheter quelques-uns de ces livres, ma bourse ayant fondu comme neige au soleil entre le G2 et le G4, grâce aux rencontres énoncées ci-dessus. Et puis, c'est l'occasion de revenir, de revoir tous ces auteurs si sympathiques, touchants. 
    Retour à la maison : les étoiles brillent, tout compte fait ce salon s'annonce riche malgré l'absence de G. et de Barbara.

    Soirée à Antibes, et ce regard revient à ma mémoire, ses mots raisonnent en moi. Comment un auteur peut me toucher ainsi ? Je n'en sais rien, ça ne s'explique pas.
     
    NICE FESTIVAL.jpg

    Dimanche 10 Juin
     
    8 heures - 10 heures : Opéra Plage, seule, musique et livre.  Je croise Akli qui se nourrit du soleil niçois, le laisse profiter de ce moment rare, silencieux et reposant. Nous nous voyons dans quelques minutes.
    Je retrouve mon amie Anita, partageons un café et go the Festival du Livre.


    J'honore mon rendez-vous, achète trois livres à Akli Tadjer, "Western', "Bel-Avenir" et "Il était une fois.. Peut-être pas" et partage un café. Échanges, fous-rire, complicité, un truc insaisissable, comme un courant, un flot d'ondes. 
    Je croise Brigitte qui arrive, heureuse de sa matinée solitaire à vagabonder dans les rues niçoises. Toujours aussi touchante et à l'écoute. Anita sera touchée de cette rencontre. 
     
    Midi trente

    Repas avec les auteurs au Ruhl Plage : que de monde ! Du saumon, du poisson, du rosé bien frais, des discussions sur tout, sur rien, et encore des rencontres, et que de belles rencontres. Et puis nos regards, notre complicité, des moments volés.. Mais ça c'est une autre histoire.
     
    Au cours du repas, je sympathise avec Delphine Bertholon. Une fille géniale, dynamique, joyeuse, souriante. Mais méfiez-vous, elle cache son jeu. Si la mer était déchaînée dimanche, la seule responsable est Delphine ! La veille elle a osé abandonné la mer méditerranée qui s'était amourachée d'elle. Sacrée Delphine : par ta faute le gros bateau qu'on craignait voir accoster à nos côtés a dû pointer vers Toulon. Mais elle est tout excusée car elle est au top Delphine et en plus elle kiffe le lin de Monop, comme moi ;-)
     
    Alentours de 15 heures

    Retour au Salon. Je clôture mes achats avec Cécilia Dutter (qui était à notre table à midi) et "Lame de fond".  

    Retrouve Delphine avec qui je décide de faire "Cabine commune" au Monop uniquement pour le lin.. Peut-être est-ce "L'effet Larsen" ? Ma fille s'offre Twist de Delphine, aussi... 

    En remontant l'allée pour dire au revoir, je suis interpellée par Grégoire, toujours aussi sympathique et avenant. Assis à côté d'Amandine Cornette de Saint Cyr, il ne cesse de dédicacer sa liste des envies, et me promets qu'il me faut absolument acheter "Les dents de ma mère" de sa charmante voisine. Sachez une chose, vous qui me lisez, on ne résiste pas aux arguments de vente de Grégoire Delacourt. 

    Gilles Paris me voit de nouveau : d'une je dois lui témoigner mon bonheur de l'avoir rencontré, et d'avoir échangé avec lui. De deux, je veux absolument lire "Au pays des kangourous" donc j'achète le livre. 

    Et puis G2, dire au revoir à Brigitte Kernel, Cécilia Dutter et Akli Tadjer et ça "Ca me fend le coeur". 
     
    FIN FESTIVAL.jpgJe n'ai pas envie de  partir, ou plutôt si, je veux partir avec cette bande d'auteurs simples, sympathiques, déchaînés comme la mer, souriants, humains...Mais toute bonne chose a une fin, mais je n'en veux pas de cette fin, moi. Je suis bien avec eux.

    Je ne sais si les émotions sont partagées, mais sachez que vous avez tous enrichi mon âme, et surtout j'ai été trés touchée de tous vos mots sur mon blog, sur ma vision de la littérature. Vous avez partagé avec moi, vous m'avez demandé de rester telle que je suis, et sachez que oui je resterai celle que je suis. J'acheterai encore mes livres, je ne brosserai pas dans le sens du poil, je ne me ferais pas payer pour mon blog malgré son succès car je veux être libre et cette liberté n'a pas de prix. 

    Je regarde les avions s'envoler, et je voudrais tant être avec vous. 

    Bon vol chers amis, mais je souhaite qu'un parmi vous sache qu'il m'a émue, qu'il a fait naître en moi un truc que je ne peux définir mais qui me déstabilise vraiment. 
    Peut-être oserai-je un jour mettre des mots sur ses émotions qu'il a su me donner et faire naître ?
     
    Lundi 11 Juin
     
    Vous raisonnez encore en moi. Anita comprend mon état vis-à-vis de cette rencontre, elle a été impressionnée, et surtout elle m'a dit "Tu étais vraiment dans ton élément".
     
    Faut vraiment que j'ose, mais en attendant je vous embrasse tous, plus affectueusement un auteur, et vous dis à très vite.

    Des baisers par milliers à vous et à G. 

  • La liste de mes envies - Grégoire Delacourt - Editions JC Lattès

    liste de mes envies.jpgOn ne présente plus Grégoire Delacourt en ce début d'année 2012. Un auteur qui a acquis, en quelques mois, une certaine notorioté (cinq prix à son actif pour "l'écrivain de famille")

    La liste de mes envies est arrivée un beau matin dans ma boite aux lettres, et fut lu en quelques jours, étant alors condamnée à rester quasi-immobile. 

    D'emblée, le style me plaît. La plume est alerte, vive. La lectrice que je suis, est prise dans la vie de cette mercière arrageoise. Jocelyne n'est pas top-model, mais elle est elle. Elle s'aime, elle s'assume.

    "Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même." (page 12). Quelle femme Jocelyne ! Sous la plume de Grégoire, nos défauts physiques deviennent alors beauté, vérité et sincérité. Et ça, ça me touche. 

    La relation mère-enfant est aussi présente, avec des mots qui retentissent en moi, qui m'interpellent. "Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupirs en lieu et place de sujets, verbes, compléments" (page 25). Cette phrase touchante est le juste miroir de beaucoup de relations mère-enfant, face à l'incompréhension. Grégoire y injecte simplement un brin de poésie qui ne peut laisser indifférent. 

    Son personnage est très attachant. Les descriptions, tant physiques, que mentales, que psychologiques sont d'une extrème justesse, touchantes et attachantes. Grégoire maîtrise les mots, et sait les marier les uns aux autres. 

    Au-delà de son talent d'écrivain, Grégoire nous embarque dans l'histoire tragique de Jocelyne et Jocelyn, son mari. 

    Jocelyne gagne une certaine somme d'argent à une loterie, cache son gain à sa famille, à son entourage. Elle découvre les dessous de la richesse, les prix exorbitants de Chanel, et de ses grandes enseignes luxueuses. Mais au fond, est-ce de cela dont elle rêve ? 

    Blogueuse, en plus de mercière, elle se complait dans sa vie simple mais heureuse. Ce gain va l'interroger sur le sens du mot bonheur, sur ce qu'est le bonheur dans la vie de tous les jours. Peut-on être heureux avec des millions en poche ? Quelle confiance accorder aux gens de notre famille, de notre entourage, quand on devient millionnaire ? 

    "Être riche, c''est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les chose. Qu'il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche [...] Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. une nouvelle télévision. plein de choses nouvelles. Mais rien de différent". (page 101-102)

    Toutes ces questions, Jocelyne se les pose. Au fil des jours, elle va lister ses envies, et s'apercevoir que les millions gagnés peuvent y contribuer, mais ce à quoi elle aspire, ne peut se payer avec quelques euros. Et puis, cette descente aux enfers, et ce séjour niçois, où les soeurs dominicaines vont lui réapprendre à vivre. "Les infirmières me réapprirent doucement le goût des choses [...] Comme on réapprend à se trouver jolie ; à se mentir et à se pardonner. Elles effacèrent mes idées noires, éclaircirent mes cauchemars. Elles m'apprirent à placer ma respiration plus bas, dans le ventre, loin du coeur." (page 151)

    Jocelyne va aussi rencontrer l'amour et les premiers émois d'un homme qui vous regarde et vous embrasse, vous désire. "C'est un baiser rare, inattendu ; un baiser tiède au goût d'océan Indien. C'est un baiser qui dure, un baiser qui dit tout ; mes manques, ses désirs, mes souffrances, ses impatiences. Notre baiser est mon ravissement ; ma vengeance" (page 114)

    Et puis, on ne peut rester indifférent à ses doux moments entre Jocelyne et son père. Le désarroi d'un enfant face à son parent qui ne le reconnaît plus, qui est là, mais la tête ailleurs. De très beaux moments où l'émotion est présente. 

    Une très belle histoire, une très belle vision du bonheur, de la vie et du sens que l'on veut bien donner à notre propre vie. Un auteur à suivre, et pour ceux qui n'ont pas lu "L'écrivain de famille", je vous le conseille. 

    J'aimerai avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait. Décider de sa vie (p44)

     

  • A paraître en 2012, et à ne pas rater

    Dernière chronique : promis, juré..... 

    Encore des livres à paraître pour cette nouvelle année qui s'annonce. Des livres que j'attends avec une très grande impatience car il s'agit d'auteurs dont j'ai largement apprécié leurs écrits en 2011. 

    Flammarion 

    J'attends avec une très grande impatience la suite astrologique d'André Boris. Quels seront les signes astrologiques pour cette année 2012 qui feront la joie de la plume moderne d'André.

    Sylvie Bourgeois nous a fait visiter Cannes et ses dessous avec son héroîne Sophie. Le prochain opus "Sophie au Flore" est annoncé pour cette année 2012. On guette sa sortie donc.

    Un souhait, un rêve, une envie : Que la plume de Barbara soit de nouveau dans les sorties littéraires 2012. Il vous reste douze mois, chère Barbara. 


    Stéphane Millon Editeur

    travail des nuages.jpgLe travail des nuages - Fanny Salmeron (avril 2012)

    Année zéro, Éloïse a quatorze ans et tombe amoureuse d’Andrea. Mais Andrea est fiancé à une autre. Ce sont des choses qui arrivent.

    De l’année zéro jusqu’à l’année seize, dans la vie d’Éloïse et de son petit frère Milan, il y aura des rencontres, des espoirs, un petit chat noir, une chanson de Barbara, des bonbons crocodiles, des voyages et des nuages par-dessus. Ils apprendront comment grandir le coeur serré sans jamais s’arrêter de regarder le ciel.

    L'auteur : Fanny Salmeron a 30 ans et vit à Paris avec un chat étrange qui porte le nom d’une chanson de Björk, et, tous les deux, ils sont bien contents de s’être trouvés. Son travail à plein temps, c’est de tomber amoureuse. Elle écrit dans la revue Bordel et lit en robe partout où on l’écoute. Elle a publié un remarquable premier roman, Si peu d’endroits confortables.

    Une auteure qui gagne à être connue, vive, pertinente, joyeuse et un peu déjantée comme j'adore. 


    folie furieuse.jpgFolie Furieuse - Jérome Attal (Mars 2012)

    Le lecteur de Folie furieuse va devoir aider l’héroïne à faire le bon choix. Une robe de mariée et plus que quelques jours pour trouver l’élu parmi des prétendants décidés à vous en faire voir de toutes les couleurs !

    Sur le principe et parodiant Les livres dont VOUS êtes le héros en vogue chez les adolescents, remplis de créatures, de vampires et de monstres, Jérôme Attal poursuit l’épopée de Pagaille Monstre en proposant une version fille, et offre une fantaisie littéraire et sentimentale irrésistible, où le sort de l’héroïne est véritablement entre vos mains ! Jamais vous n’aviez soupçonné à quel point il est dangereux d’être une femme en littérature !


    histoire de france.jpgL'histoire de France racontée aux extra-terrestres - Jérome Attal (Mars 2012)

    Suite à une rupture amoureuse, le narrateur se retrouve sur une planète inconnue : Zyproxia.

    Les Zyproxiens, qui évoluent dans un éternel présent, sont dépourvus de souvenirs comme d’imagination. Un problème pour les enfants qui réclament toujours des histoires avant de s’endormir ! Le chef des Zyproxiens voit donc comme une aubaine l’arrivée de notre héros, et lui demande s’il aurait la gentillesse de raconter à son fiston de merveilleuses histoires de là d’où il vient.

    L’histoire de France racontée aux extra-terrestres se compose de plus d’une trentaine de courts chapitres parmi lesquels :

    La faute à Saint-Ex - Les cow-boys et les indiens de la forêt de Marly - Et si le vase de Soissons avait été made in China ? -  L’histoire de France doit-elle avoir peur des jeunes filles au pair? ; Le go fast de la Révolution française - Ah s’il y avait eu du réseau à Roncevaux  -  Pourquoi nos cousins du Québec sont toujours enthousiastes ? - Permanence du Soleil (et de sa cour) dans la nuit parisienne...

    Vous découvrirez tout cela et davantage dans ce roman jubilatoire et poétique, inventif et malin.

    Jérome Attal m'a conquise voici quelques semaines avec "L'amoureux en lambeaux", un roman exceptionnel et une plume fluide, juste et dont le regard est simplement juste. 

    stigmates.jpgStigmates - Chloé Alifax (Avril 2012)

    Après deux ans d’absence, Louise Lockart, auteur d’un unique roman, retourne chez ses parents. Sa mère vient de tirer au fusil de chasse sur son père à cause d’une autre femme. Le petit village où elle a passé une partie de sa vie va faire resurgir dans l’esprit et le corps de Louise, des instants qu’elle croyait avoir enseveli à jamais. Louise luttera, elle tentera par différents moyens de ne pas tomber, d’affronter ses peurs et d’épauler sa mère dans ses moments de solitude, de folie et de désespérance. Mais il y a un lourd secret que Louise a gardé en elle, un secret qui lui creuse le ventre et qu’elle redoute plus encore que les souvenirs qui la guettent, une cicatrice béante, un mal qui se réveille et qui propage au plus profond de son intimité, les stigmates d’une existence meurtrie.

    Hâte de découvrir Chloé, vivement le printemps. 

     

    Amis écrivains sur Facebook

    defaut d'amerique.jpgCarole Zalberg - A défaut d'Amérique - Actes Sud

    A la disparition d'Adèle, l'amour de jeunesse de son père, Suzan, une avocate américaine, revient sur le parcours de cette femme lumineuse et étrangère issue d'une famille qui a fui la Pologne pour se réfugier à Paris au moment du ghetto de Varsovie, et découvre peu à peu en quoi elle reste, à son corps défendant, l'héritière des peurs et des déracinements de tant de générations avant elle. Avec ce roman où les fantômes sont aussi présents que les vivants, Carole Zalberg propose une rencontre inoubliable avec la grande Histoire telle qu'elle s'est incarnée à travers des individus remarquables d'humanité dont les personnages de ce roman sont autant d'exemples.

    J'ai découvert Carole en cette fin d'année 2011. Une auteure qui a les mots justes, qui a le don de transmettre émotion et sentiments par sa plume. Une auteure qui écrit aussi pour les enfants, et une femme sensible, à l'écoute. 

     

    moi et la mer.jpgArnaud Tiercelin - Moi et la Mer de Weddell - Editions du Rouergue

    Marius, 14 ans, reconnaît qu’il vit à côté de la plaque, tout le monde le dit un peu asocial et décalé… Son grand rêve ? Plonger un jour dans la mer de Weddell, en Antarctique, et vivre avec les baleines et les empereurs. Alors que le rêve de son grand frère Vincent est plus dans le goût des parents : travailler dans la finance. Aussi ils ont été d’accord pour lui payer une école de commerce privée, à Bordeaux… Dure année à passer donc : le frère n’est plus à la maison, et Marius n’est pas du genre à se fixer devant la télé avec les parents, et partager le repas du dimanche midi avec le grand père. C’est pas que sa famille soit désagréable, mais c’est la famille, trop normale, trop ennuyeuse. Et quand Vincent débarque pour le week-end, Marius ne le reconnaît plus, avec ses cheveux coupés courts, lui qui passait ses nuits à gratter la guitare et à fumer du shit. La situation avec sa petite copine Daphné n’est pas meilleure, pourtant c’est la fille la plus belle du collège et tous les autres se demandent bien ce qu’elle fait avec un type pareil. Elle l’embrasse sans arrêt à chaque interclasse, alors que lui voudrait bien être tranquille, parfois… En résumé, il étouffe, au collège, en famille, en amour… Aussi, après une rupture avec Daphné et une absence de ses parents de quelques jours, Marius saute dans un train, direction Bordeaux. Ce qui l’attend là-bas va quelque peu mettre du rythme dans sa vie : son frère s’est fait virer de son école et traîne à la fac, qui est en grève… Et Marius va y rencontrer une certaine Juliette, qui va lui faire oublier la mer de Weddell… Dans un ton décalé et drôle, Arnaud Tiercelin nous narre le quotidien d’un collégien impertinent, un gentil rebelle plein de vie, qui rêve de grand large et d’absolu quand son quotidien est tout ce qu’il y a de plus banal…

     Une vraie réussite, et une nouvelle palette pour Arnaud Tiercelin qui a donné jusque là dans le roman plutôt noir ! Très frais !


    liste de mes envies.jpgGrégoire Delacourt - La liste de mes envies - JCLattès

    Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€, lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.


    Et pour finir, Max Monnehay, auteure de "Corpus Christine" devrait sortir en septembre 2012, son deuxième roman, mais je ne dispose d'aucune information à ce jour.