Vingtième édition du Festival du Livre de Nice
Jour 2 du Festival du Livre de Nice en ce samedi 6 Juin
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Jour 2 du Festival du Livre de Nice en ce samedi 6 Juin
Diane Peylin est une amoureuse de la mer qu'elle sillonne à la découverte de nouvelles terres, du monde. Diane Peylin c'est une jeune maman, auteur de plusieurs romans et surtout une très belle découverte pour la lectrice que je suis.
Comme je vous l'annonçais hier, cette fin de semaine est culturelle, riche et dense en événements. De par le Festival du Livre de Nice, les rencontres et conférences prévues, et puis aussi par quelques signatures d'auteurs dans d'autres lieux en France, pour ceux qui n'auront pas la chance d'être à Nice ce week-end.
Je vous contais donc les événements de ce vendredi, 13 qui plus est. Mais je ne vous ai pas tout dévoilé. Trop d'informations tue l'information. Aussi, pour ce début d'après-midi, je vous invite à découvrir la suite du programme pour vendredi uniquement.
Vendredi 13 Juin, dès 14 heures 30.
Place Pierre Gautier, Monsieur Christian Estrosi inaugurera cette nouvelle édition du Festival du Livre, et remettra le Prix Nice Baie des Anges à Sylvain Tesson pour sa dernière parution "S'abandonner à vivre", paru chez Gallimard. Il s'agit d'un recueil de nouvelles. Sylvain Tesson manie sa plume, oscillant entre langage cru et langage recherché et nous délivre des messages de vie, de philosophie sur ce fameux XXème siècle. A lire, même si j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre.
Durant cet après-midi de ce fameux vendredi 13, vous pourrez aussi écouter Edgar Morin, Président d'honneur du Festival, à l'Opéra de Nice, en compagnie de Pascal Picq, entretien animé par Franz-Olivier Giesbert. Le rendez-vous est fixé à 15h30, et c'est un événement à ne pas manquer. Vous pourrez aussi retrouver Edgar Morin à son stand, puisqu'il sera en dédicace tout le week-end. Vous y croiserez aussi une certaine Caporal Méloche, jeune étudiante dynamique philosophe, mais pas que, qui vous parlera d'Edgar avec passion. A vous de trouver qui est cette étonnante Caporal...
Je n'y serais malheureusement pas, mes obligations de blogueuse et de membre active de l'association "Les mots pour des maux" me pousseront à déambuler dans les allées du Festival. Dans un premier temps, je repérerai les lieux pour vous livrer dès vendredi soir mes premières impressions et vous donner quelques nouvelles fraîches (ça changera de la chaleur annoncée pour cette première journée littéraire).
Avec Nathalie, présidente de l'association, nous irons à la rencontre des auteurs déjà présents. Et oui, tout le monde n'arrive pas vendredi. Puis, nous rencontrerons Franck Balandier pour le Silence des Rails (Flammarion) et un petit entretien que je partagerais avec vous dès mon retour, vendredi soir. Il vous faut acquérir ce dernier roman, chroniqué ici-même. Un roman qui ne peut laisser personne insensible.
Suivra alors, deux belles rencontres déjà programmées. Nous commencerons par Bernard Pascuito, auteur de "La face cachée de Didier Deschamps" (First Document). Un incontournable en cette période de Coupe du Monde. Une biographie sur un homme mystérieux, ambitieux, avec ces doutes et ses certitudes, un homme pour lequel l'éternité ne dure qu'un instant. Hâte de vous relater cette belle rencontre, car elle sera belle j'en suis sûre.
Puis, nous irons à la rencontre de Jean-Paul Naddeo pour ses "Éternelles routes corses, entre mer et montagne" (Grund). Un livre magnifique, avec des photographies dont on ne se lasse pas. Un livre pour les amoureux de la Corse, un livre pour celui qui veut découvrir la Corse autrement. Un livre à avoir dans sa bibliothèque.
Au détour d'une allée, je m'entretiendrais avec Marc Magro, rencontré l'année dernière et devenu ami depuis. Il vous présentera son dernier "roman", Sous l'oeil d'Hippocrate (First), un livre passionnant, écrit avec passion.
Je ne manquerai pas non plus de saluer et discuter un brin avec mon libraire préféré, Patrick Esclapez. Il est à la tête de la plus vieille librairie de Nice, mais il a surtout l'amour de son métier, le sourire, jamais désagréable, et passionné. Sa librairie Jean Jaurès est un lieu de rencontres et d'échanges unique dans la ville. Un homme qui se bat pour que le métier de libraire persiste. A Nice, les librairies indépendantes se sont regroupées en association.
J'espère trouver le temps aussi de me rendre à l'Opéra de Nice pour 16h30 afin de participer à la conversation avec Michel Onfray autour de son livre Le réel n'a pas eu lieu (Autrement), animée toujours par Franz-Olivier Giesbert.
Cette folle première journée se clôturera avec un rendez-vous au parc de la colline du Château, à 20 heures. André Dussolier invitera le public à passer du rire aux larmes à travers la lectures de grands textes de la littérature écrits, entre autres, par Alfred de Vigny, Alphone Allais, Victor Hugo ou encore Marcel Proust.
Voici ma sélection pour ce vendredi 13 juin. Cependant, d'autres tables rondes et conférences sont d'ores et déjà programmées. Pour de plus amples renseignements, n'hésitez pas à consulter le programme du Festival du Livre de Nice.
Restez connecter, car dans la soirée, je vous livre le programme de Samedi, et vous dévoile une info pour ceux qui ne sont pas à Nice, un événement à ne pas manquer du côté de Saint Jean de Luz.
Il est de ces romans qui m'ont bouleversée en ce début d'année 2014.
Il est de ces romans que l'on se doit de lire, dans un devoir de mémoire.
Il est de ces romans qui touche en plein coeur.
Il est de ces romans qui doit être dans votre bibliothèque.
Il c'est "Le silence des rails" de Franck Balandier, paru chez Flammarion.
Franck, c'est un auteur.
Franck, c'est un homme cultivé, doté d'une sacrée dose d'humour.
Franck, c'est un homme qui aime la musique, l'histoire.
Franck, c'est un regard pertinent sur l'histoire, la société.
Pour toutes ces raisons, et parce qu'ils le valent bien (le livre et l'auteur), je vous offre cinq exemplaires de ce roman touchant. Si, en plus, vous êtes de la région, je vous inviterai lors du Salon du Livre à rencontrer cet auteur, le vendredi 13 juin, ou encore le samedi 14 et pis même le dimanche 15 juin.
Pour cela, rien de plus simple : envoyez-moi vos coordonnées par mail, ou par message privé via Facebook.
A très vite, et si vous voulez avoir un aperçu de ce roman, ça se passe ici :
Franck Balandier est l'auteur du "Silence des rails" paru aux éditions Flammarion voici quelques temps. Un roman poignant, vibrant, attachant. Un roman sélectionné pour le "Prix Orange", un roman à lire absolument pour que la mémoire reste, pour que l'histoire soit transmise.
Suite à ma chronique ici-même, Franck m'a contactée, et depuis nous échangeons sur tout et rien, et attendons les beaux jours pour naviguer sur la mer méditerranéenne, avec mon cher époux.
C'est avec joie et enthousiasme que Franck a bien voulu répondre à mes quelques questions, et je vous livre donc un petit bout de lui à travers ce portrait chinois.
Si vous étiez :
Un signe de ponctuation ? Les points de suspension. Parce qu'ils laissent au lecteur la possibilité de continuer la phrase. Et aussi pour l'usage qu'en a fait Louis-Ferdinand Céline.
Une chanson française ? « La vie ne vaut rien », de Alain Souchon.
Un moyen de locomotion ? Le train, forcément. Petit-fils et fils de cheminot, comment pourrait-il en être autrement ?
Une œuvre d’art ? « Les montres molles », de Salvador Dali.
Une devise ? « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie ». Voir ci-dessus.
Un roman ? « Sur la route », de Jack Kérouac.
Un mot ? « Fin ».
Un adjectif ? « Libre ».
Une ville ? Paris. Ma ville. J'y habite depuis toujours. Je la découvre encore.
Un philosophe ? Proudhon.
Franck sera au Salon du Livre de Nice, alors on note sur son agenda, et je vous réserve une petite surprise :-)
La semaine dernière je vous présentais "Comédie Romantique" du très doué André Bessy, paru aux éditions Flammarion.
Vos messages privés n'ont fait que confirmer que mes chroniques étaient bien lues, que vous étiez quelques uns, fort nombreux, à vouloir découvrir cet auteur et son dernier opus. Cependant, je ne pouvais envoyer à chacun d'entre vous un exemplaire, aussi les cinq "gagnants" recevront à la fin de la semaine leur roman tant attendu.
Pour vous faire patienter, voici le portrait d'André, qui a répondu avec enthousiasme à mes quelques questions.
André, si vous êtiez :
Merci encore André, Barbara et à très bientôt j'espère.
Comédie Romantique - Flammarion
Son nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant j'ai déjà parlé de ce jeune auteur, au physique de mannequin et à la plume déliée, précise, apprivoisée et fine. Sous André Bessy, se cache un certain André Boris, auteur de trois opus astrologiques dont je vous ai vanté tous les mérites les années précédentes.
André reprend pour ce nouveau roman quelques personnages de ces opus précédents. Nous retrouvons avec joie Guillaume Béranger et sa femme Julie (Attention au scorpion - septembre 2011 - Flammarion). Ajoutons à ce jeune écrivain et son épouse, Victoire l'éditrice, Stéphane l'ancien champion de foot, Louis le jeune mannequin et quelques autres personnages hauts en couleur, Carole et Ludivine par exemple, et nous avons là l'ensemble des personnages qui vont nous faire partager leurs déboires, leurs amours, leurs tracas, leurs visions de la vie, de l'amour tout au long de quelques trois cent cinquante pages.
Livre en main, je m'extasie devant cette belle couverture haute en couleur : un cœur formé par quelques dizaines de crayons de couleur bien taillés. Une typographie très agréable pour nous informer du titre, de l'auteur, de l'éditeur. Chouette couverture, vraiment !
Premières pages dédiés à Barbara et Etienne Daho, je ne suis pas surprise et je trouve cela beau. Très beau même. "Il fut long le chemin Et les mirages nombreux Avant quel'on se trouve", tellement vrai pour moi... Merci Etienne Daho et André. Mais je m'égare, revenons à ce roman dévoré en quelques heures.
Départ pour Nice, salon du livre oblige, pour notre cher écrivain, son éditrice et quelques inconnus jusqu'alors. L'occasion pour Victoire et Guillaume de passer un peu de temps ensemble, résister ou pas à la tentation d'un corps à corps. Mais rien ne se passe comme prévu. Cet inconnu assis à côté de Victoire va venir semer le trouble.
Retour sur Paris, rencontre avec Stéphane, l'athlète, dans une boîte de nuit pour notre attendrissante éditrice. Elle ne sait pas qu'elle sera en charge de son livre à venir, elle ignore même qui il est.
Voici en quelques mots la situation initiale de ce récit. Puis sous la plume d'André nous allons partager le quotidien de Victoire. Cette femme célibataire, qui sous ses airs, ne rêve que de l'amour avec un grand A, d'être une femme, une épouse, une mère. Mais elle est aussi une réincarnation de la mante religieuse. Entre ces deux aspects de sa personnalité comment se construire une vie de femme "rangée" ?
D'aventures en aventures, de non dits en quiproquos, de doutes en certitudes, Victoire nous embarque dans son quotidien avec les hommes, avec ses amies. Elle nous confie ses doutes, ses certitudes, ne se dévoile pas entièrement non plus. Elle se doit de garder une part d'ombre, de mystère.
Qui choisir entre Guillaume, son écrivain-poulain, Stéphane l'athlète au passé un peu sombre et Louis déconcertant et ambigu. Telle est la question que se pose Victoire. Mais elle ne sait pas vraiment, trouvant en chacun d'eux une bonne raison de céder aux plaisirs de la chair. Ceci étant, elle finit par décider de "se ranger". Elle se persuade qu'il est le bon, qu'il sera un père parfait, qu'il sera un mari extraordinaire. Elle s'en convainc, elle se donne à lui, mais est-ce le bon choix ? Elle ne se pose plus la question, par crainte de passer à côté de son rêve d'enfant, et décide donc de se marier, de se donner à lui. Mais, sous la plume d'André, tout peut arriver, et Victoire découvrira alors qu'elle n'a pas fait le bon choix. Ne comptez pas sur moi pour vous annoncer qui est cet homme, à vous de lire ce roman qui mérite vraiment lecture et partage.
Au-delà de la trame de ce récit qui fait de vous lecteur un vrai créateur, quelques passages m'ont interpellée. J'ai aussi vécu la douleur de Stéphane (je ne connais que trop la douleur d'un genou "abîmé", le(s) doute(s) de Victoire, l'indécision....
André Bessy est journaliste de formation. Il maîtrise les mots, les formules, les formulations. Mais au-delà de cette plume incisive, précise, fine et limpide, André a le sens du détail. Tout est décrit avec précision, on sent le travail "journalistique" d'informations, de recherche de détails. Rien n'échappe à la plume d'André. Des coulisses d'un défilé de mode, à la tenue vestimentaire de Victoire, des sommets montagneux aux rues de Paris. Les mots sont recherchés, dans le registre d'un français soutenu. Cet écriture est parfois en décalage avec la légèreté des propos, mais c'est là où André est un écrivain hors pair. Ecrire une comédie romantique avec un lexique si riche n'est pas donné à tous, mais surtout propose une cassure avec ce genre que l'on a parfois tendance à catégoriser.
Ici il s'agit d'une fiction de genre sentimental qui met en scène une jeune femme d'aujourd'hui, active, urbaine. En théorie, la fiction de genre privilégie l'action sur le style, mais seulement en théorie. En effet, André réussi ici à privilégier les deux : action et style. Un style d'écriture qui ne peut laisser insensible. Les mots sont précis, recherchés, justes. Les phrases sont grammaticalement et syntaxiquement parfaites. Une plume qui je l'espère vraiment, sera un jour reconnue à sa juste valeur. André mérite largement de connaître LE SUCCÈS avec ce roman.
Vous en doutez ? Et ben, je vous propose de découvrir André Bessy, et vous offre cinq exemplaires de son dernier roman. Comment faire ?
Simplement en commentant ce billet doux, et en m'envoyant vos coordonnés à berangere.lanteri@gmail.com
Extraits
Petit clin d’œil à Victoire
En ce début d’année, une de mes résolutions est de lire des romans qui ne me tentaient point, tels les romans historiques, les romans étrangers… Je ne sais qui a entendu cette résolution tenue secrète, mais je commence cette année avec « Le silence des rails », que son auteur définit ainsi : « Ce livre est une fiction qui s’inscrit dans un contexte historique réel. Certains personnages ont existé. D’autres non. »
Dans le contexte social actuel, j’ai des craintes sur ce roman à la lecture de la quatrième de couverture. Cependant, j’ai une totale confiance en la personne de G. et j’ouvre donc ce livre d’un format très agréable.
Ma crainte sera de courte durée, remplacée alors par l’émotion, les frissons, la colère, la révolte, l’amour, la compassion. De sa plume acidulée, Franck Balandier nous conte, dans un contexte historique réel, les (mes)aventures d’Etienne.
Etienne est mal né, un certain 18 novembre 1918. Dès ses premières secondes de vie extra-utérine, Etienne est confronté à la vie, au milieu d’une multitude de voyageurs qui attendent, ou pas, le train. Malgré une atmosphère polluée, propre aux quais de gare, Etienne a la soif de vivre, et va vivre.
Etienne se construit sans l’image de la mère aimante, sans l’image paternelle. Il ira en orphelinat, en partira, et découvrira la vie, la rude vie de la rue, du Paris qui ne va pas tarder à être envahi par les allemands. Etienne se cachera pour vivre son homosexualité. Il assume son orientation sexuelle, l’assume avec Antoine, ne la subit pas. Et puis, les allemands envahissent la ville. Les rafles se suivent et se ressemblent. Antoine est embarqué, Etienne n’échappera pas longtemps. Son voyage vers le camp de Natzweiler-Struthof débutera un certain 22 juillet 1942. Le 23, Etienne est un parmi tant d’autres dans ce camp, camp de l’horreur, le camp de la mort.
Il se verra coller un triangle rose, signe de son homosexualité. Ce fameux triangle est, à cette époque, le symbole utilisé par les nazis pour identifier les homosexuels masculins. La déportation de ces hommes s’inscrivait dans une logique de répression des indésirables, des personnes considérées comme dangereuses par le régime en raison de leurs convictions. Ce symbole de discrimination sera repris dans un contexte totalement différent par Act Up dans les années 90.
Le froid, les manques de toute nature deviennent alors le quotidien de notre narrateur, Etienne. La crainte, la peur, l’angoisse, et malgré tout l’espoir est là. Ne pas mourir. Ne pas vouloir mourir.
Est-il chanceux pour être affecté au service général du camp ?
Sa mission : collecter les déjections de ses congénères. Pour ce faire, il est surveillé par Ernst. Avec ce dernier, la communication est signe simplement.
Ernst est fusillé pour une vague histoire de dictionnaire, de mots. Mina viendra le remplacer. Fermée, pas tendre, elle sera comme Ernst, cependant, empreinte de vie et de bonté tout de même. Ils ne sont pas méchants ces deux-là. En eux, un brin d’humanité résiste.
Et puis, il y a cette petite fille au ballon, à l’extérieur des barbelés qui délimitent la zone de vie des déportés. L’œuvre d’art « Le ballon » de Vallotton a alors envahi mon esprit à chaque mot qui lui était dédié. Innocente, douce, cette enfant connaîtra malheureusement une fin tragique. Elle qui vivait en dehors du camp de la mort. Etienne, lui continue de vivre. De survivre. Continue à ne pas vouloir mourir. Je ne sais quelle est la meilleure formulation.
Au fil des pages, on vit avec Etienne. Le froid s’empare de moi, les frissons vont et viennent. Le sourire se dessine de temps à autre sur mes lèvres. Mes yeux sont fixés sur ses mots si savamment assemblés. Mon esprit s’égare. Les images de camp s’entremêlent, mes cours d’histoire me reviennent. Je tremble, j’espère, je prie. Tout comme Etienne qui écrit de temps à autre à Dieu.
Un roman qui ne peut laisser insensible, juste. L’auteur signe là un roman plus que réussi. Il embarque son lecteur, avec talent, avec 26 lettres de l’alphabet. Il a une réelle baguette magique, celle qui donne le pouvoir de provoquer en nous le rire et les larmes. Les mots vibrent, résonnent. Ce roman est un film, l’intrigue évolue, les désirs, les passions, les états d’âme sont nombreux et nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
Etienne est touchant, Etienne est beau, Etienne est un homme, il est l’Homme. Etienne, toi ce héros qui n’a pas encore quitté mon esprit. Rare sont les fois où je suis à ce point touchée par un personnage de fiction. Un roman ancré dans un décor réel, qui a existé. Un roman où les faits sont réels et où l’auteur a le don d’y faire évoluer un personnage sorti de son imagination.. ou pas. En refermant ce livre, Etienne continue à vivre dans mon imaginaire.
A lire absolument. A faire lire aussi à cette jeune génération qui ne sait plus où elle va, qui oublie le passé. Un roman qui je l’espère aidera certains à être plus aimant, à ne pas oublier, à ne pas juger, mais à aimer son prochain.
Un livre magnifique, troublant.
Le silence des Rails - Franck Balandier - Flammarion - sortie le 5 février 2014
14 décembre 2012, Adam Lanza tue sa mère, se rend dans l'école primaire Sandy Hook,tue 28 personnes, dont 20 enfants innocents, et garde la dernière balle pour lui. Il se tue. Ceci n'est pas un roman, mais une dure réalité qui a touché les Etats-Unis, voici bientôt un an.
Les télés s'emparent de ce fait divers américain, nos chaînes françaises passent l'information, les explications d'un tel geste sont diverses et variées, le port d'armes est remis en cause. Et pendant ce temps, une jeune maman de deux enfants est transpercée par cette information. "La maman en moi s'effondre, mais l'écrivain qui a tissé sa peau tout autour reste fasciné."
Voici le point de départ du dernier roman d'Amanda Sthers. Auteure que j'ai déjà lue, dont j'ai aimé certains livres, et d'autres moins. Elle fait partie de ces auteurs qui peuvent me surprendre, comme me laisser indifférente. Je lis donc ce dernier opus de 125 pages en me demandant ce que me réserve Amanda.
Quelques heures plus tard, le verdict tombe : Amanda me touche, Amanda est une femme intelligente, Amanda maîtrise l'art des mots, des émotions et surtout je découvre une Amanda à la limite sociologue.
Je reste quelque peu perturbée tout au long de ma lecture, me demandant qui écrit. Est-ce l'auteure, est-ce la mère, ou est-ce un simple personnage nait sous l'encre de Madame Sthers ?
Point de départ de ce roman, donc, cette tragédie américaine dont on se souvient tous. Le narrateur s'en va donc aux Etats-Unis pour essayer de comprendre ce qui pousse un tel être humain à un tel acte. Les médias nous parlerons d'une enfance malheureuse, d'une mère qui se prépare à la fin du monde, d'un enfant qui aurait le syndrome Asperger, bref tout et n'importe quoi. Amanda va quant à elle se pencher sur la question de la sexualité de cet homme (il a vingt ans au moment des faits), de son quotidien, de sa relation avec sa mère. Bref, elle se demande comment on peut en arriver là un jour. Une très belle étude sociologique sur fond d'une société américaine qui n'est pas aussi "enjoy" que l'on pourrait le penser. L'Amérique n'est pas un rêve pour tout le monde.
Du programme de l'abstinence, au manque de père pour ses héros américains (qui sont les pères de Zorro, Batman etc..?), comment une approche de la sexualité, de la liberté de chacun et d'autrui, pourraient, peut-être, éviter de tel drame, de tel acte ? Amanda s'en est allée pour nous sur les lieux du drame pour nous conter sa vérité, ses convictions, et l'on ne peut qu'y adhérer.
On plonge dans une Amérique enfermée dans ses principes, ses croyances, et ses paradoxes. Une Amérique plongée dans la douleur ce 14 décembre, mais une Amérique quelque peu responsable de cette tragédie. Adam était un enfant comme les autres, il n'a pas su se trouver en sa qualité d'homme, de petit d'homme aussi. Une enfance pas si malheureuse, le divorce n'est pas un justificatif à tout crime, à toute démence. Un manque d'affection cependant, une présence paternelle insuffisante mais qui ne justifie pas tout, loin de là. Tous les orphelins de la seconde guerre mondiale ne sont pas devenus des pervers, des criminels.
Adam a pété un plomb en ce jour, il s'est donné la mort, laissant libre l'interprétation de son acte aux médias. Mais aucun d'entre eux n'a eu le regard que pose Amanda Sthers, et qui nous questionne au fond. Et si l'éducation des enfants n'était pas que ça ?
Un dernier roman qui ne ressemble en rien aux autres romans de l'auteure, une très belle lecture, un moment très agréable même si tout n'est pas facile à lire. Un regard d'une mère sur un enfant qui a sombré en quelques heures dans la folie, un regard de mère mais de journaliste et d'écrivain aussi. Trois point de vues en un seul, merci et bravo Madame Sthers.
Un bonus pour le format du livre, petit mais pas trop, facile à manier, et qui se glisse facilement dans un sac.
Soyons honnête avant toute chose. J'ai acquis ce livre à la FNAC de Nice, non pas par admiration pour Elie, mais par curiosité. Curiosité non d'Elie, mais du livre promu par un ami : Guillaume Robert.
Oui, je dois cet achat à Guillaume Robert uniquement. Je lui fais confiance dans ces choix éditorialistes, donc me voilà fraîchement mariée en pleine lecture de l'autobiographie d'Elie Semoun.
Je connais Elie Semoun de nom, je serais incapable de vous dire une réplique, une seule d'un de ses sketchs. Je connais Elie et Dieudo, Elie et Franck Dubosc, Elie acteur, je connais mieux. Je ne suis pas fan, il fait partie du paysage des humoristes français. Il peut me faire rire, mais je le préfère en acteur. Ce n'est donc pas une fan qui lit son autobiographie, mais une citoyenne lambda. Je ne suis pas non plus curieuse de sa vie. Mes amies et amis, qui grâce à Facebook, sont au courant de ma lecture en cours, me demandent "Il parle de Dieudo dans son livre ? Il parle de sa religion ?". Bref, les questions fusent sur le personnage public lié, je ne sais pourquoi, à des problématiques politiques et religieuses. A croire, que l'on ne retient que ça de lui.
Alors à vous tous, je vous réponds "Achetez son autobiographie, et vous aurez les réponses".
Et oui, Elie se livre tout au long de 225 pages, mais pas de polémique, pas de jugement. Juste une vision d'Elie que l'on ne peut que respecter. Elie se livre, mais n'étale pas. Elie reste sensible, doux, et pudique. Quel art que de se dévoiler ainsi sans tomber dans le cliché "Voici" ou "Closer".
Dès les premières pages, je suis happée par Elie. Son enfance, son frère, sa sœur sa famille, ses origines. C'est triste, émouvant mais nous ne sommes pas dans le pathos. Là est la force de "Je grandirai plus tard".
De son enfance à son premier succès avec Dieudo, de la perte de sa maman au décès de son frère, de ses petites annonces à Tranches de vie, Elie nous emporte dans sa vie personnelle, dans ses doutes, dans sa frénésie de travail, dans ses relations amicales, dans sa passion pour le jardinage.
Tour à tour on découvre un homme boulimique de travail, perfectionniste, amoureux de la vie, et portant un certain regard sur des sujets sensibles qui ne peut être que respecté. Un homme doux, sensible, aimant mais aussi un homme avec ses blessures, ses doutes et ses rêves.
On butine avec lui, passant du monde des paillettes au calme d'une campagne où il aime vivre et s'occuper de son jardin qui doit être une oeuvre d'art.
Les mots sont simples, forts. La vie d'Elie est celle d'un homme qui a grandit avec l'absence d'une mère, un homme qui se sent français avant de se sentir juif, un homme qui vit dans son temps. Un homme qui n'est pas dupe des relations existantes dans le show-bizz.
Parce que sa maman est partie trop tôt, il décide de devenir humoriste. Étrange que de se dire que parce que maman est morte, j'ai décidé de faire rire les autres. Parce qu'Elie est fleur bleue, parce qu'il est entier, parce qu'il est émotif et exclusif, il ne retient que le bon chez l'autre. Il ne juge pas. Il a un sentiment d'inachevé avec Dieudo, comme avec Franck Dubosc. Il est fidèle à Muriel Robin (et la réciproque est vraie aussi), il agit aussi par impulsivité, par coup de foudre. Juliette en est la preuve.
Je referme ce livre avec un regard autre sur Elie. Je le regarderai différemment Il est simple, il est doux, il est honnête et puis surtout il ne se cache pas de ses faiblesses, de ce besoin de faire rire, d'être connu. Beaucoup d'affection pour Elie Semoun, et surtout je vous invite tous à lire son autobiographie qui est vraiment un pur bonheur de lecture. Vous passerez des sourires aux larmes, de la peine à la joie, et puis vous comprendrez cet homme que les médias ont parfois malmené avec l'histoire de Dieudo. Vous découvrirez un homme qui a dû affronter la dure loi de la vie, qui a mené des combats sans les médiatiser, qui est resté au fond ce petit gamin qui aimait faire rire mais qui protégeait son jardin secret.
Elie, si tu me lis "Merci d'être ce que tu es, et promis mes parents ne te téléphoneront pas pour que tu me rappelles".
Je grandirai plus tard - Elie Semoun - Flammarion - 19.90 Euros
Fidèle lectrice d'Annie Lemoine, c'est avec une grande joie, et une belle impatience que je me plonge dans son dernier roman "Des jours parfaits", paru aux Editions Flammarion le 15 mai de cette année.
Lu, avalé, dégusté cet été à bord de "Maki", voilier sur lequel la détente est assurée, j'ai reposé ce livre quelque peu bouleversée.
La plume d'Annie m'a toujours conquise, ses romans m'ont charmée, mais là il en est autre. Je suis au-dessus de ces sentiments. Le style est le même, quoique la plume plus recherchée à mon sens, et ce roman ne vous laisse pas indemne. Point de légereté. Un roman pas comme les autres. Je retrouve les thèmes chers à Annie Lemoine, l'amour, la passion, la vie, mais là c'est un truc en plus, inexplicable.
L'histoire peut paraître banale : Une jeune fille découvre la correspondance que sa mère a entretenu avec un homme durant quelques années. Des années de passion, des années de silence. Mais rien n'est banal, de la première à la dernière page, le lecteur est happé par ses échanges épistolaires. Le lecteur est baladé, ne sait où il va. Quel talent Annie !
188 pages d'hymne à l'amour, 188 pages de tendresse, 188 pages de questions, 188 pages de découvertes artistiques...
La narratrice, dix sept-ans, a entre ses mains un cahier rouge qui était à sa mère, maintenant décédée. Elle lit les pages noircies par l'encre de sa mère. Elle découvre une mère qu'elle ne soupçonnait pas. Une mère amoureuse, passionnée d'art, une femme. Au fil de sa lecture, elle s'interroge, découvre, comprend, ne comprend plus. Une lecture qui va la mener en Sicile, qui va lui permettre de comprendre cette femme, Ninon, cette mère qui l'a élevée seule.
Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l'issue de cette lecture, par contre je peux vous conter combien Ninon aimait les oeuvres d'art, combien cette femme est forte, combien elle est passionnée par la vie. Annie Lemoine maîtrise le champ lexical de l'art, elle nous fait découvrir sous sa plume ses tableaux peints, les decrypte, nous les fait aimer. Elle ouvre aussi en nous des brèches que l'on pensait fermées, mais point du tout. Chaque lecteur est obligé d'être touché par les mots si bien maîtrisés et surtout si bien arrangés entre eux. Un pur bonheur.
La narratrice sous la plume d'Annie nous emporte avec elle, nous fait partager ses émotions, et cette sensation étrange.
Un roman qui se lit d'une traite car on ne veut pas laisser seule la narratrice dans ce voyage. Un livre qui parle d'amour, de passion, de vie. Un livre émouvant que je recommande vivement.
Quelques citations
Des jours parfaits - Annie Lemoine - Flammarion
Septembre, le mois des rentrées : rentrée scolaire, rentrée littéraire, rentrée des aoûtiens au boulot.. Bref, tous les médias nous parlent de la rentrée.
Quelques chroniques en retard (on ne me refera pas, je suis ainsi), je ne sais par quel livre, quel auteur commencer ma rentrée ici-même. Puis l'évidence, Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris, cet ami.
Gilles Paris, la cinquantaine, charmant jeune homme, timide et au sourire doux, est un auteur rencontré voici maintenant deux ans. Un homme sensible, à l'écoute et talentueux, qu'on se le dise. Il maîtrise les mots, tant à l'oral qu'à l'écrit, il est un homme qui travaille dans le milieu de l'édition depuis de nombreuses années, très nombreuses années.
Lu en 2012, Autobiographie d'une courgette, puis relu cette année dans sa version poche, j'ai toujours le même plaisir à lire ce roman.
Gilles prend sa plume, mais la magie ne s'arrête point là. Cette plume se transforme alors en Bic d'un enfant d'une dizaine d'années qui aligne les mots, les idées et qui nous livre son quotidien. Gilles écrit comme un gosse, et c'est agréable à lire, et ça donne le sourire. L'innocence de l'enfance transparait à chaque ligne. Un travelling arrière dans le monde des chérubins. Tout au long de ma lecture, je suis touchée par ce petit gamin qui nous livre sa vie. Une vie qui n'est pas celle d'un enfant comme les autres.
Courgette, et oui tel est le prénom de notre héros, a un mauvais geste, un soir. Tétanisé, il se réfugie dans le grenier familial. Il n'a ni père, ni mère et se retrouve donc seul jusqu'à l'arrivée de cet inspecteur de police : Roymond, qui sous ses allures, est un homme avec ses forces et ses faiblesses, et surtout qui sera la résilience de notre Courgette.
Petit bonhomme d'une dizaine d'années, Courgette va être placé en foyer, aux Fontaines. Sous son oeil, sous ses mots, sous ses maladresses, il nous entraîne dans son quotidien. Nous cotoyons ses amis, ses amies, Camille, son professeur, la directrice du foyer, le mal être des enfants qui l'entourent, tout comme le sien. Quoique, Courgette ne va pas si mal que ça. C'est d'ailleurs cet état d'âme si optimiste qui fait que l'on s'attache à Courgette. Nous serions prêts à adopter toutes les courgettes qui malheureusement vivent dans un foyer. De sa vie en communauté à ses petits secrets, de son quotidien aux Fontaines à son professeur, Courgette vit, sourit, ne comprend pas toujours tout très bien. Il se fait à cette vie, meilleure que celle d'avant, quand il était seul avec sa maman car son papa a décidé de partir avec une poule. Courgette vit, découvre les premiers émois amoureux, est confronté à la réalité du monde, aux enfants dont les parents sont en prison, ou défaillants. Courgette se construit, c'est une petit bout d'homme attachant, énervant parfois, doux et tendre.
Sous la plume de Gilles, les expressions s'enchaînent, les sourires se dessinent sur nos lèvres, quelques larmes coulent, quelques moments d'angoisse aussi. Gilles réussit, ici, à traiter d'un sujet sérieux, triste et pourtant si courant, avec légéreté, tendresse, humour et sans jamais tomber dans la compassion. Les institutions et le système français ne sont jamais mis à tort. Gilles a le talent de traiter un sujet grave sans entrer dans quelque polémique qui soit.
Nous sommes portés, nous lecteurs, par ce petit gamin de dix ans qui connaîtra une fin heureuse dans son malheur. Une fin heureuse que l'on souhaite à tout enfant placé.
Un livre à découvrir, attachant et à faire lire à nos chères têtes blondes, car c'est aussi ça Autobiographie d'une Courgette, c'est un livre de 7 à 77 ans. Il est d'ailleurs, depuis l'année dernière étudié dès la classe de CM2.
Lors de la rédaction de ma chronique, j'ai demandé à ma fille qui a lu le livre de rédiger à son tour une petite note sur sa lecture. Je m'attendais à quelques lignes, mais il n'en fut rien. Elle m'a avoué ne pas pouvoir écrire sur ce livre, trop empreinte par sa lecture qui l'a bouleversée. Je lui demande alors pourquoi. Sa réponse est une merveille pour moi :
"Mais maman, pour moi Courgette c'est le Petit Nicolas que je lisais quand j'étais en CE1, sauf qu'il a grandi, et que je ne pensais pas qu'il aurait cette vie là avec ses camarades."
Quelques citations :
"Un jour, elle m'a dit que l mal venait toujours des gens de la ville, comme papa, avec leurs souliers vernis et leurs belles paroles qui sonnaient plus faux que le chant du coq" (page 53)
"T'as pas froid ? dit Raymond. -Non." Et il enlève son blouson et il m'enveloppe dedans. Des fois les grandes personnes, ça écoute que dalle" (page 63)
"Apprendre par coeur c'est pas pour moi et je vois pas ce que le coeur vient faire dans tout ça" (page 82)
"L'imagination c'est restituer à la mémoire des perceptions ou des expériences antérieures". (page 85)
"Des fois les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l'intérieur" (page 172)
Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris - Flammarion Collège.
Ma première rencontre (virtuelle et littéraire) avec Pierre s’est déroulée dans les méandres de Buenos Aires, au détour d’un séjour à L’hôtel Argentina. C’était il y a deux ans, en janvier 2011. Puis, notre rencontre réelle en mars 2012 au Salon du Livre de Paris, où je lui demandais à quand son prochain roman, tellement j’avais été touchée par sa plume et son art de marier les mots entre eux.
Mon voeu est exhaucé en ce début d’année, alors que je suis condamnée à être alitée, et à ne point bouger. A défaut de jours pacifiques, je me plonge dans « La nuit pacifique », fébrile de découvrir la Thaïlande sous la plume stassiène qui m’a quelque peu manquée en 2012.
Une couverture simple, sobre, tout comme la quatrième de couverture où l’éditeur nous rappelle oh combien Pierre Stasse est un charmant jeune homme, charismatique et dont le visage est le reflet d’une douceur étrange.
Sur les routes de la Thaïlande, pays que je ne connais absolument pas et qui à vrai dire ne m’intéressait pas jusqu’alors, et sous la plume de Pierre, je vis les heures, les journées d’Hadrien Verneuil. Je voyage en Thaïlande, mais je suis avec lui, flottant au dessus de lui. Je suis ses yeux, je suis ses jambes, je suis son coeur… Un sentiment que j’avais déjà ressenti à la lecture de « Hôtel Argentina ».
Ce trentenaire français a fui la France, en emportant avec lui le décès brutal de sa soeur Cécile, voici vingt ans. Il y pense à l’approche de la date anniversaire de cette perte humaine qui l’a meurtri à jamais. A Bangkok, Hadrien dirige une société de retouche photographique, Improved Numeric Life Company, avec Vichaï, dit Vic, un ukrainien. Ensemble, ils numérisent, retouchent, améliorent, redonnent vie, habitent l’image (page 13), et puis avec l’image ils paient en nature la police thailandaise, en effaçant quelques sacs de drogue sur les clichés des diverses saisies.
Hadrien est rongée par le suicide de sa soeur Cécile. Il avait quatorze ans, elle seize. Elle fréquentait un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle raconte à son jeune frère ses ébats sexuels dans lesquels le sentiment amoureux n’a pas de place. Pierre Stasse décrit avec force, douceur et précision ces moments intimes. On n’est ni offusqué, ni gêné car les mots sont habilement maîtrisés.
Vichaï, l’associé, lui propose de travailler pour un politicien du pays. Hadrien n’adhère pas vraiment mais acceptera le projet. Un projet qui va le mener dans les méandres de son passé.
Au fil des pages, on découvre une Thaïlande pauvre (le Nord), une Thaïlande en guerre où les crimes les plus odieux ont lieu (le Sud) et un Bangkok à part. L’auteur, à travers le narrateur qu’est Hadrien, nous informe de ce pays, qui n’est qu’image. Une image donnée au-delà de ses frontières qui est loin d’être la réalité. « La Thaïlande était le régime de l’image. Même le roi lui appartenait. Et rien, absolument rien, ne devait jurer avec la cohérence de l’image. Tout s’y modifiait. S’y créait puis s’y retouchait. (p170) » »Chaque jour, Hadrien, chaque jour, ils tuent des gens. En Europe, on ne le dit pas. On parle des plages, des mangues et des putes. Pas des bombes ou des assassinats. On ne dit rien. (p89) »
Hadrien m’embarque avec lui. Je suis par moment contrainte de lui dire « Stop », le temps de pianoter sur mon Ipad pour situer tous ces lieux traversés, photographiés, car je ne connais pas la Thaïlande et la précision de l’auteur ne me permet pas de passer outre. Il me faut situer tous ses endroits, comprendre. De recherches géographiques, en recherches pédagogiques et économiques sur ce pays, je suis maintenant, moi lectrice, partenaire d’Hadrien.
Avec lui, je combats en plein Bangkok, je tombe amoureuse de Nittaya, je suis confrontée au Docteur Malle… Comment vais-je réagir quand soudainement je vais découvrir le visage de celui qui est la « cause » du décès de Cécile ? Car, oui, au-delà de toutes les descriptions très subtiles, vraies, justes et incisives des paysages, de la population, des combats de boxe et de l’économie de ce pays, Pierre Stasse nous mène par le bout du nez, ou plutôt de sa plume, dans une aventure humaine dont lui seul a le secret.
Cécile s’est-elle vraiment suicidée ? Cécile a-t-elle été victime d’un atroce meurtre commis par son homme plus âgé qui abusait d’elle ?
La vérité n’est-elle pas, pour Hadrien, tout simplement une retouche de la vraie réalité ? Tout n’est-il pas qu’illusion comme le turquoise ?
Pour cela, plongez-vous dans « La nuit pacifique », et je vous garantis des heures de bonheur, des mots subtils, des émotions et le plaisir de lire.
Je suis encore sous le charme littéraire de Pierre, ce troisième roman est une merveille, une perle.
Merci Pierre pour ces quelques heures, merci Guillaume, aussi.
Voici quelques mois Arthur Dreyfus nous rendait heureux avec son petit livre jaune paru aux éditions Flammarion.
En ce mois de mai, les mêmes éditions nous embarquent dans le monde de Facebook, sous la plume fine et pertinente d'une jeune Mat Hild et sous une couverture bleue qui interpelle le futur lecteur en le tutoyant, et en lui demandant "Et toi, t'es qui ?".
Belle accroche, beau titre...Une seule envie, ouvrir ce livre, se (re) trouver dans un des cinquante profils.
J'ouvre donc ce petit livre bleu et blanc, commence ma lecture et première surprise, une préface signée Claro, qui m'immerge dans le monde égyptien. J'apprends ainsi que le premier utilisateur de Facebook se prénommait E-touha-Thêki....
Cinquante profils sont listés, donc cinquante chapitres. Chaque profil se repère par un dièse (#), un nombre et un qualificatif.
Mat Hild arrive par sa plume fine et pertinente, à m'emporter non pas dans une histoire, mais dans une galerie d'art. De chapitre en chapitre, je découvre un nouveau tableau, une nouvelle oeuvre, mais surtout j'identifie tel ami. De cette typologie naît un listing de mes amis : untel serait plutôt le sous-marin, lui le compulsif du statut, elle la gnangnan ou la nympho ?
Et moi ? Oui, et moi, je suis qui ? Je ne vous le dévoilerai point ici, mais je me suis reconnue dans quelques profils.
Au-delà de l'aspect humoristique, ce petit livre bleu est aussi une analyse comportementale, voire psychologique des utilisateurs de ce réseau social qu'est Facebook.
La lecture nécessite aussi des travelling arrière, ce qui n'est point désagréable et plutôt aisé. En effet, chaque profil vous renvoie à un profil non découvert (non lu donc), ou déjà lu quelques dizaines de pages avant. Le lecteur est donc invité à manipuler ce livre non pas dans l'ordre numéral, mais selon ses attentes. Exercice pas facile pour un auteur et qui pourrait fatiguer le lecteur, ou encore le perdre dans les méandres des pages, mais il n'en est rien. Mat Hild a cette plume agréable, ce sens des mots, cette note d'humour, que l'on prend plaisir à faire des avances rapides, ou des reculs rapides lors de notre lecture. Il fallait oser, et c'est une grande réussite.
A cet exercice littéraire (si je puis définir ainsi), j'ajoute que les illustrations de chaque profil sont une réussite graphique. Albin Christen manie le crayon noir avec dextérité, finesse et humour aussi. Des illustrations sobres, mélangeant différents graphismes (à repiquer pour mes élèves d'ailleurs). Un vrai esthète Albin.
Un objet littéraire à consommer sans modération, un plaisir à offrir et à s'offrir pour la modique somme de 9.95 euros, disponible dans toutes les bonnes librairies.