"Dans la remise" le premier roman d'Inès Benaroya, incontournable de l'été
Le premier roman d'Inès Benaroya est tout simplement une merveille. Un livre magnifique, touchant et prenant. Ouvrez "Dans la remise" (Flammarion) et vous ne pourrez le refermer sans avoir dévoré les quelques trois cents pages noircies par une plume talentueuse, douce, juste et vive aussi.
Certaines découvertes littéraires sont parfois déconcertantes, étonnantes, désagréables, sans intérêt, mais découvrir cette plume est une autre aventure. Une aventure humaine, une aventure émotive, une aventure remuante et bouleversante.
L'auteur créé dès les premières pages un horizon d'attente chez son lecteur. Un horizon qui ne sera jamais le même tant la maîtrise de l'écriture est exceptionnelle, tant l'histoire est inattendue, tant les personnages sont attachants.
Anna, notre héroïne, est une quadra mariée à Bertrand. Un couple qui vit heureux depuis quelques longues années. Elle est une brillante avocate, lui est un banquier. Ils s'aiment, n'ont pas d'enfant et n'en veulent pas. C'est convenu ainsi depuis leur rencontre. Anna pour Bertrand c'est "comme un bloc d'argile qu'il a pu modeler année après année, sculpter à l'aune de son désir pour en faire la compagne parfaite. Aucune autre ne s'y serait prêtée"
Anna, née d'une mère qui n'a jamais su l'aimer, qui n'a jamais su lui montrer d'amour. Ava n'avait pas les mots pour dire, Ava cette mère qui meurt dès les premières pages du roman. Ava qu'il faut enterrer, et Anna qui est insensible à cet événement, ayant fait le deuil de sa mère depuis de longues années. Anna qui va tout de même être à l'enterrement, pour éviter les ragots et dans l'espoir de voir, peut-être son père. Ce père qu'elle ne connait pas. Et parce que "elle m'a laissée tomber toute ma vie, rester jusqu'au bout de la sienne sera ma revanche."
Et puis, il y a Tina. Tina la grand-mère d'Anna. Une femme qui lui transmet ses brosses à cheveux car il faut se donner chaque soir et chaque matin 100 coups de brosse dans les cheveux pour être femme, pour plaire. Les brosses et peignes tout un symbole de cette histoire de famille, une histoire de femmes. Une famille où le verbe aimer ne se conjugue pas, et qui explique pourquoi Anna a décidé de ne pas avoir d'enfant : "Alors la famille, les enfants..Cette comédie humaine s'arrêtera avec moi"
Ainsi sera la vie d'Anna, pas d'enfant et être l'annonciatrice de la fin de l'espèce. Dans la famille d'Anna, les mères n'aiment pas leurs enfants. Elle préfère s'abstenir donc.
Mais voilà, la vie nous réserve des surprises, nous mène sur des routes insoupçonnées, et Anna va en vivre l'expérience. Un certain soir, elle entend du bruit dans la remise du jardin. Elle est intriguée. Il en sera ainsi la nuit suivante. Elle ne dit rien à son mari, se lève la nuit, et découvre alors qu'un enfant y dort. Il a choisi comme mère se dit-elle. Il est venu trouver un abri, la tranquillité,une famille peut-être, une mère. Elle. Il est venu pour elle. Il l'a choisie. Ce n'est pas un hasard. Ça lui arrive à elle. C'est son histoire, à elle et à elle seule. Bertrand n'a rien à voir avec ça.
Tout se bouscule alors dans l'inconscient et le conscient d'Anna. Un tsunami d'émotions la bouleverse et la remue. Au fil des pages, le lecteur est pris dans les rouleaux du tsunami émotif. L'auteur nous mène de l'internat d'enfance d'Anna à la seconde guerre mondiale qui a vu la naissance d'Ava dans une famille juive installée à Istanbul, du mensonge d'Anna à Bertrand à cette douce folie qui s'empare d'Anna. Au fil des rouleaux, on comprend, on halète, tenu en haleine, on espère, on sourit, on pleure, on angoisse, on frissonne, on jubile aussi. Et Anna, au fil des rouleaux du tsunami, nous livre son refoulement, nous guide dans les sentiers tortueux de la femme qu'elle est, dans une introspection intime qui ne peut laisser indifférent, dans ses désirs et dans ses colères.
Un premier roman qu'il vous faut lire, qui ne peut laisser insensible. Inès Benaroya a une plume plus qu'habile, douce, sincère, fluide. Les mots sont justes. Les émotions sont décrites avec finesse et justesse.
A embarquer dans votre valise pour cet été. Vous ne serez pas déçu et vous serez comme moi, dans l'attente du prochain roman de cette jeune romancière talentueuse.

L'heure tourne, il est presque midi. Un petit tour pour noter les auteurs qui sont arrivés dans la matinée, et puis tomber nez à nez avec le grand, l'immense Olivier de Kersauson. Il est pour moi l'homme dans toute sa définition. Il est aussi un homme que j'écoute depuis mes dix ans, l'homme qui m'a fait rêver avec ses traversées, un homme pour qui j'ai une grande admiration. J'ose l'aborder, toute timide que je suis. Je sais que je peux me faire remballer sans état d'âme, mais il n'en sera rien. Olivier de Kersauson m'invite à se mettre à l'écart de ses allées bondées de monde, histoire de discuter, et de fumer une cigarette. Il est sensible, intéressant, il a le verbe léger, le mot juste et un caractère bon. Certes, il ne faut pas s'aventurer à lui couper la parole. Un photographe en a fait l'amère expérience, en venant lui demander si il pouvait nous prendre en photo, et la réponse de Kersauson fut à son image "Tu vois pas que tu me casses les couilles, là. Je parle avec une amie, alors tu me laisses."
Le soleil s'estompe, le vent se lève. Nous aussi d'ailleurs. J'amène Xavier de Moulins, Sophie Bassignac et Akli Tadjer à la place Gauthier, car ils ne savent où se déroule le festival. Il est temps pour moi de filer à la conférence d'Oliver de Kersauson, animée par Franz-Olivier Giesbert.
Avant de passer au programme du samedi 14 juin, et afin de vous faire plaisir, à vous lecteurs et lectrices de mon blog, je vous dévoile l'une des nombreuses surprises qui vous attend au Festival du Livre de Nice.
Pour celles et ceux qui seront là vendredi, le premier d'entre-vous qui trouve Caporal Méloche au Festival du Livre, se verra offrir le dernier roman, dédicacé, de Janine Boissard, Belle-arrière-grand-mère (Fayard). Vous souhaitez un indice ? Caporal Méloche est une jeune fille d'une vingtaine d'années et belle comme un cœur. La chasse au trésor est ouverte, et nous vous proposerons au fil des billets des livres dédicacés à gagner. 

commencerons par Bernard Pascuito, auteur de "La face cachée de Didier Deschamps" (First Document). Un incontournable en cette période de Coupe du Monde. Une biographie sur un homme mystérieux, ambitieux, avec ces doutes et ses certitudes, un homme pour lequel l'éternité ne dure qu'un instant. Hâte de vous relater cette belle rencontre, car elle sera belle j'en suis sûre. 

Emma, la quarantaine, est une héroïne comme je les aime. Elle a une belle conception du monde, le sens de la relation humaine, bienveillante, polie, réfléchie (quoique), et ce sens du "rendre service" qui se perd hélas dans notre société actuelle. 
Un bout de tissu framboise change le destin, comme quoi il en faut peu parfois. Mais ce petit bout de tissu va permettre aussi à notre héroïne d'être libre. La liberté, cette conception de vie chère à Sylvie Bourgeois. Emma apprend aussi qu'il ne faut pas intellectualiser notre plaisir, que l'on se doit de défendre notre territoire amoureux, et que l'amour nous fait accoucher d'un autre nous. 






Son nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant j'ai déjà parlé de ce jeune auteur, au physique de mannequin et à la plume déliée, précise, apprivoisée et fine. Sous André Bessy, se cache un certain André Boris, auteur de trois opus astrologiques dont je vous ai vanté tous les mérites les années précédentes. 