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emilie de turckheim

  • "Je suis toutes les femmes, le temps de la pose"

    Emilie de Turckheim, Une Sainte,NiceNous nous sommes croisées vendredi au stand de Didier van Cauwelaert. Nous parlions d'elle d'ailleurs quand le téléphone de Didier a sonné. C'était elle. Elle ne savait comment arriver sur son stand. Gentleman, il est allé la chercher à quelques pas de là. Cinq minutes plus tard ils étaient là : Didier et elle. Elle, cette femme gracieuse, belle, sensuelle, vraie  et rayonnante. Une sacrée femme qui pourrait être détestée par ses pairs car elle a tout : la beauté, la grâce, le sourire et le talent. 

    Elle qui un certain 28 décembre 2012 m'a envoyé un message pour me dire combien elle était avec moi dans l'épreuve de l'accident. Elle qui a toujours pris de mes nouvelles. Elle qui m'a accordé voici quelques semaines une rencontre en tête à tête. Une rencontre qui ne va pas être facile à caser. Rendez-vous est fixé au samedi vers 15 heures, mais on n'avait omis que Monsieur le Maire dédicaçait à ses côtés, et que donc pas facile de circuler. Nous avons reporté à 17 heures. Heure à laquelle JF Coppé dédicaçait à son tour, sur la même chaise que Christian Estrosi. 

    Résultat nous nous sommes réfugiées vers 17 heures 10 dans le bar jouxtant le stand, passant entre les gouttes de pluie qui commençaient à abattre sur le parvis de la Place Gauthier. 

    Mais nous y sommes. Le temps est compté car elle doit prendre son avion, retourner à Paris. Le temps d'embrasser ses parents, originaires d'Antibes, et nous sommes donc face à face pour quelques précieuses minutes de discussion. 

    D'emblée, elle ne comprend pas pourquoi on pense qu'elle est coupable de cette mauvaise météo, comme si elle était coupable de météo. Le ton est donné. 

    Depuis toute petite, des images lui viennent : elle dans son lit à barreaux. Elle voit bien les barreaux d'ailleurs, ils sont blancs. Donc depuis toute petite elle écrit. Non pas avec des mots, mais dans sa tête. Elle écrivait chaque soir son roman, son histoire, soir après soir. Alors savoir quand elle a commencé à écrire est difficile à fixer dans le temps, mais elle écrit avant même de savoir écrire. Un rapport aux mots, à l'écriture, aux histoires qui remontent donc à sa plus tendre enfance. 

    Une sainte, Emilie de TurckheimEnfance qu'elle va vivre en France, puis en Amérique. Ses parents déménagent aux USA, elle suit. Elle ne veut pas pourtant. Elle refuse même d'apprendre l'anglais, d'écrire l'anglais. Elle ne veut pas de cette langue qui n'est pas la sienne, de ces mots qui ne sont pas les siens. 

    Puis retour en France. De brillantes études, elle sort major de promo (très étonnée que je sois au courant de cela, car très peu le savent), prépare une thèse. Elle sera financée pour sa thèse, ce qui lui permet alors d'écrire. Son premier roman parait en 2005 au Cherche Midi. Un premier roman écrit à l'aube de ses vingt ans. 

    Elle déborde de générosité cette nana. Elle est souriante, enjouée, passionnée et passionnante. Les minutes filent à vive allure, et l'avion n'attend pas. Alors à bâtons rompus elle me parle, je l'écoute, je prends des notes. Je bois mon "américain" (café long), tandis qu'elle déguste son "français" (café normal). 

    Elle ne fait pas qu'écrire. Elle pose, oui elle est modèle pour la peinture. Elle aime cela. Poser nue c'est être dans l'immobilité, dans le silence mais ça parle. Quand on pose on est dans l'acuité, l'égalitaire, l'humilité. L'idée d'un lien, d'un sas de silence. Quand elle pose, elle est toutes les femmes. 

    Ecrire, c'est ce que ça va chercher en soi. Ecrire, c'est avoir le choix dans sa quincaillerie de mots. Ecrire c'est partager, ça renvoit aussi à des choses personnelles. Ecrire, c'est doux, c'est bon. 

    Alors oui elle pose, elle écrit mais pas que. 

    Cette fille est surprenante, très intelligente, un peu déjantée, et elle force l'admiration. Maman de deux enfants, elle n'a de cesse de faire, d'apprendre. Elle conjugue sa vie professionnelle avec sa vie de maman. Se doit d'être à 16 heures 20 à l'école pour récupérer ses enfants. 

    Elle vient de finir une formation pour être bénévole dans les services de soins palliatifs, d'ailleurs elle commence ses interventions de bénévole dès ce lundi. Elle ne cache pas sa peur de mal faire, mais elle fera, elle ira jusqu'au bout, comme elle a su le montrer quand elle allait dans les prisons tous les jeudis matins. Oui, elle est intervenue durant de nombreuses années dans les prisons. Un contact hors du temps avec des détenus, condamnés pour différentes infractions, vols, meurtres. Mais de cette expérience, elle pense, à l'instant T, en avoir fait le tour, et elle a fait le tour d'elle-même. 

    L'heure a sonné. Elle doit s'en aller. Elle m'embrasse, on échange nos coordonnées, on se donne rendez-vous très vite. 

    Elle, c'est la charmante, l'incontournable Emilie de Turckheim. L'auteur d'une "Sainte" (EHO) en lice pour le prix Nice Baie des Anges. 

    Elle c'est une romancière qui a toute une grande, et c'est surtout une très belle personne. 

    Merci Emilie de ce doux cadeaux. Merci de ton sourire,

    de ta générosité et de ce partage unique. 

    Emilie de Turckheim, Une sainte, Nice

     

    • Les Amants terrestres, Le Cherche Midi, 2005 
    • Chute libre, Le Rocher, 2007 
    • Les Pendus, Ramsay, 2008 
    • Le Joli mois de mai, Héloïse d’Ormesson, 2010 
    • Héloïse est chauve, Héloïse d’Ormesson, 2012 
    • Une sainte, Héloïse d’Ormesson, 2013 
  • Festival du Livre de Nice - Jour 2

    Festival du Livre NicePour ce samedi, mes amies, Nathalie et Mélodie,  m'ont abandonnée lâchement, prises par leur boulot. Mais cela ne m'empêche point d'être là pour la journée, car d'autres amis m'attendent, et puis mon agenda regorge de rendez-vous, m'obligeant à faire des choix, et puis je partage cette folle aventure avec elles, malgré l'absence. 

    Arrivée vers dix heures, la foule est déjà bien présente. Les allées sont quelque peu encombrées, mais le soleil brille haut dans le ciel. La remise du prix du concours de nouvelles "Lecture pour tous" sur le thème de la citoyenneté est en direct. Les lauréats sont ravis, et souriants et fiers. Mais y a de quoi . Bravo à vous et merci à Jean-Luc Gag. Direction le stand de ma librairie préférée, celle de Patrick : La librairie Jean Jaurès. Je retrouve Sarah, cette jeune fille qui assiste Patrick durant ses trois jours. Un coucou à Marc Magro, et puis le plaisir, la joie de retrouver Gilles Paris. Souriant, il est là, confortablement installé sur sa chaise, derrière la pile de livres dont il est l'auteur. A peine le temps de prendre un café, et nous nous séparons pour nos obligations, qui sont plus qu'agréables. 

    Cette matinée sera l'occasion de m'entretenir avec quelques auteurs, à confirmer mes rendez-vous de fin de journée, et faire quelques photos de ce festival. L'occasion aussi de discuter avec Irène Frain, d'interviewer Bernard Pascuito, journaliste et biographe, pour son dernier livre "La face cachée de Didier Deschamps". Assis côte à côte, nous n'avons de cesse de parler, d'échanger, quand soudain David Foenkinos arrive et la révélation : il y a un Bernard !! Pour ceux qui ne comprennent pas, filez vite lire ma chronique sur le dernier roman de David et vous comprendrez. 

    Olivier de Kersauson, Festival du Livre de Nice 2014L'heure tourne, il est presque midi. Un petit tour pour noter les auteurs qui sont arrivés dans la matinée, et puis tomber nez à nez avec le grand, l'immense Olivier de Kersauson. Il est pour moi l'homme dans toute sa définition. Il est aussi un homme que j'écoute depuis mes dix ans, l'homme qui m'a fait rêver avec ses traversées, un homme pour qui j'ai une grande admiration. J'ose l'aborder, toute timide que je suis. Je sais que je peux me faire remballer sans état d'âme, mais il n'en sera rien. Olivier de Kersauson m'invite à se mettre à l'écart de ses allées bondées de monde, histoire de discuter, et de fumer une cigarette. Il est sensible, intéressant, il a le verbe léger, le mot juste et un caractère bon. Certes, il ne faut pas s'aventurer à lui couper la parole. Un photographe en a fait l'amère expérience, en venant lui demander si il pouvait nous prendre en photo, et la réponse de Kersauson fut à son image "Tu vois pas que tu me casses les couilles, là. Je parle avec une amie, alors tu me laisses."

    Il est temps de nous séparer, mais pas pour longtemps, Olivier de Kersauson m'attend (oui, il a bien dit ça) pour sa conférence à 14h15 à l'Auditorium du MAMAC

    L'heure de déjeuner a sonné. Je m'en vais donc à l'Aston où le rendez-vous est fixé avec Gilles et ses amis. Arrivée au pied de ce grand hôtel, je tombe nez-à-nez avec Akli Tadjer, heureux de nous revoir. Il débarque de l'aéroport et est accompagné de Xavier de Moulins. 

    Nous entrons dans cet hôtel magnifique, et nous rendons au restaurant situé au 7ème étage, avec vue sur la Baie des Anges. Les tables sont dressées, les auteurs sont installés, le bal des serveurs est doux et léger, voire aérien. 

    Je déguste ce menu délicieux avec Xavier de Moulins, Akli Tadjer, Sophie Bassignac, Pierre Grimbert et son épouse, Marc Magro et un "inconnu". Un agréable moment, tout en décontraction. Je ne peux que penser, en cet instant précis, que je suis chanceuse, mais que je dois tout cela aussi à mon travail-passion de lectrice, et à la force que me donne mon mari depuis presque deux ans. Un homme qui croit en moi, et me porte dans mes projets. Merci mon amour, Merci Vincent. 

    Franz-Oliver Giesbert, Festival du Livre de Nice 2014Le soleil s'estompe, le vent se lève. Nous aussi d'ailleurs. J'amène Xavier de Moulins, Sophie Bassignac et Akli Tadjer à la place Gauthier, car ils ne savent où se déroule le festival. Il est temps pour moi de filer à la conférence d'Oliver de Kersauson, animée par Franz-Olivier Giesbert. 

    Les deux amis de longue date arrivent à l'heure, malgré un bon repas pris à "La Petite Maison", le meilleur restaurant du monde pour Monsieur de Kersauson. 

    Le débat ne sera que pépites, fous-rire, anecdotes et je vous en rendrais compte d'ici peu (le temps de tout retranscrire), et vous promets un pur moment de bonheur. 

    L'après-midi est bien entamée, le soleil se grise, vire dangereusement au noir... Mais rien ne m'arrêtera, sauf mes pieds qui commencent à me faire mal. 

    Echanges merveilleux avec Gwendoline Hamon à lire bientôt. Sourires avec Michel Field. Emotions avec Mazarine Pingeot. Rigolades avec Gilles Paris, Aurélie de Gubernatis et Patrick. Conseils de lecture avec Sophie Bassignac. Touchante rencontre avec Christine Orban. Complicité avec Franz-Olivier Giesbert. Amicale rencontre avec Didier van Cauwelaert. Dédicace de Lennon par David Foenkinos pour ma fille Amandine. S'assurer que tout va bien pour Franck Balandier. Chercher en vain Sarah Beuque, attachée de presse exceptionnelle. Voir Marc Magro s'enfuir sous la pluie diluvienne en mode sdf. Ecouter le débat autour du roman avec Xavier de Moulins et Akli Tadjer, et entendre les gens rire, car ces deux là sont complices et manient l'humour avec finesse pour parler de sujets graves. 

     

    Bref, une après-midi riche, de belles rencontres mais surtout ma jambe qui résiste, mon genou qui me lance quelques rappels, et puis cet échange hors du temps, empli de générosité et de doux moments avec Emilie de Turckheim. Une chouette nana à découvrir aussi, ici-même dans peu de temps. 

    Sous une pluie diluvienne, je m'engouffre dans un tram presque vide. Je pense encore à mon mari, lui qui kitait à Beauduc mais qui était là, présent car il est ma force, car sans lui rien de tout cela ne serait.  Et puis, je prends confiance petit à petit. Merci à vous tous. Un grand Merci.