Quand le TDV vole la vedette à la scène Masséna
Le Théâtre de Verdure est une ruche où fourmille quelques 3 000 amoureux du jazz en cette quatrième soirée. Le "jeu des coudes" est ici-même, alors qu’hier cette activité était exclusivement réservée à la Scène Masséna. Cette même scène qui en ce début de soirée paraît vide. Il faudra attendre 22 heures 30 pour que le parvis Masséna se remplisse, les fans des Gipsy King sont au rendez-vous, et ont boudé à tort Robin McKelle & The Flytones et Cody Chesnutt.
Se faire une place au Théâtre de Verdure est difficile en ce début de soirée. Du jamais vu depuis quatre jours. Les chaises sont toutes occupées, les quelques marches restantes sont prises d’assaut par des spectateurs qui n’ont peur de poser leur postérieur sur un carrelage un peu humide, et d’autres ont opté pour la station debout. Le Théâtre de Verdure est "blindé", et il n’est que 19 heures 30.
Tony Paeleman Quartet ouvre les festivités. Tony Paeleman est un pianiste reconnu par les passionnés de jazz et ses pairs. Il est un virtuose, et sait mixer jazz, émotions intimes et influences de tout genre. Il offre un pur moment de bonheur à ses auditeurs et à sa ville natale qu’est Nice. Un concert unique qui ne peut laisser indifférent, une ambiance vive ici au TDV. Les amoureux du jazz entament donc un début de soirée unique et émotionnel tant la musique du jeune Tony vous transperce le corps et l’âme.
Changement de registre quelques soixantaines de minutes plus tard avec l’entrée sur scène d’Henri Butler et Steve Bernstein & The Hot 9. Certains ont eu la chance de les écouter hier à l’espace presse. La rencontre que nous offre Steve Bernstein & The Hot 9 avec Henri Butler est tout simplement exceptionnelle. Leur répertoire musical est une pure pépite d’or. Le public de plus en plus nombreux, à un point tel qu’il est impossible de se faufiler pour s’offrir une boisson et/ou un truc à manger, tape le rythme avec ses mains, ses pieds, sa tête. Ecouter ses musiciens est une invitation au voyage, à l’imaginaire. Un gamin d’une dizaine d’années soufflera à sa mère "J’ai l’impression de regarder un dessin animé maman en les écoutant. J’ai les images dans ma tête, je t’assure". Sourire béat de la mère, et la découverte du jazz et de ses pouvoirs sur l’être humain pour ce chérubin.
L’ambiance est chaude, les applaudissements ne cessent, la foule est quasi en transe. La sensation qui s’empare de vous quand vous entrez dans ce théâtre est particulière mais oh combien douce et bienfaitrice.
L’apogée est signé à 22 heures 30 avec le très grand Dr John & The Nite Trippers feat. Sarah Morrow. Le public ne le sait pas encore, mais leur billet du NJF est tout simplement un billet aller-simple pour la New Orleans. Le vol est en classe affaire. Ce pianiste, guitariste, chanteur et compositeur est un grand homme, un homme de scène, un homme qui a dans ses veines le rythme, la musique, le talent, le génie même. Une fin de soirée en apothéose, et le public est au sommet de l’extase.
Ce soir le Théâtre de Verdure a envoûté son public, les fidèles du jazz, et même ceux qui venus là par curiosité sans savoir qui se produisait sur scène.
Mais pendant ce temps, que se passe-t-il côté Masséna ?
Le public est timide,la foule des autres soirs n’est pas. Et pourtant Robin McKelle & The Flytones est un ouragan de groove et de soul. Cette nénette est captivante, débordante (elle aussi) d’énergie. Quelle voix alto et quelle femme de scène. Une prestation emplie de joie, de vitalité, de punch. Ceux qui sont là apprécient, les absents ont eu tort.
Ce tempérament de feu laisse place à un OVNI du groove, à savoir Cody Chesnutt. Coiffé d’un casque de l’armée, en mode déjanté, vos oreilles sont servies de musique groove en quelques secondes. Il prend la scène, il emporte le public avec lui. Les bras se lèvent, les pas de danse s’empare du parvis. La prestation est renversante, comme une impression de participer à un festin, à une fête. La voix de Cody Chesnutt est tout simplement puissante et chaleureuse.
Au fil des dernières minutes de cette superbe prestation, le public s’étoffe, et il devient alors difficile de circuler avec aisance. Les inconditionnels des Gipsy King se sont réunis en une masse importante. Les cris n’ont de cesse d’appeler cette famille de musiciens connus de tous. Qui n’a pas dansé sur Djobi-Djoba ? Qui n’a pas chanté Volare ? 23 heures retentit, l’entrée sur scène est saluée de cris de joie et inaudibles aussi. Le concert sera l’occasion pour Nicolas Reyes et ses compères de fêter leurs 25 ans de carrière, et l’accueil réservé à la hauteur.
Une belle soirée pour ce quatrième et avant-dernier soir de ce Nice Jazz Festival qui est effectivement un festival d’énergie et de légendes.
Et découvrez l'album photo de la soirée, et pour plus de photos c'est par ici : Alain Biguet