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Mes coups de coeur - Page 5

  • Et n'attendre personne - Eric Genetet - EHO

    Eric Genetet Et n'attendre personne.jpg

    Eric Genetet n'en est pas à son premier roman, mais son deuxième à en croire la quatrième de couverture. Pour moi, il est une découverte de cette nouvelle année 2013. Comment Eric a-t-il rejoint quelques uns de ses camarades dans ma bibliothèque ? Par Facebook, et principalement grâce à Harold Cobert, auteur que j'affectionne.

    En cette fin du mois de Mars, alors que le printemps annoncé officiellement n'est point visible, je reçois, après commande sur internet (Ne me grondez pas, mon libraire préféré de Nice a fermé ses portes, et mon état ne me permet pas de me déplacer), "Et n'attendre personne" un certain samedi matin.

    Le livre rejoint ses camarades, au nombre de 14, sur l'étagère "A lire". Il n'y restera pas longtemps, car je suis de ses personnes qui préfèrent lire un livre dont on parle peu (médiatiquement parlant) que lire un livre qui jouit d'une publicité "juste trop". 

    D'emblée on reconnait la marque de fabrique des Editions Héloïse d'Ormesson, un cachet à part, propre à cette petite maison d'édition qui regorge de talents. La photographie de l'auteur est en adéquation avec celle apparaissant sur Facebook, chouette je n'ai pas à faire à un mec qui trafique son portrait. 

    Mes doigts glissent sur les pages pour les tourner vivement, mes yeux sont attirés par tous ces jolis mots si savamment mariés, unis entre eux, et mon coeur bat la chamade au fil des pages. Alberto, Isabella et Manu m'entraînent dans leur vie. 

    Alberto est le mari d'Isabella, et le père de Manu. Donc Isabella est la mère de Manu. Jusque là, tout va bien. Sauf que voilà, Alberto et Isabella c'est plus tout à fait ça. Faut dire que ça fait vingt ans qu'ils vivent ensemble, ils ont eu un fils, leur couple est un modèle aux yeux des autres. "Si la vie était un courbe accidentelle, depuis ma rencontre avec Isabella, la mienne s'avérait géométriquement parfaite".  Mais un jour Manu décide de s'envoler, de quitter le cocon familial et de partir à ..... New York. C'est pas la porte à côté, et puis c'est un choc pour les parents. Surtout pour Alberto. Tandis qu'Isabella prend la nouvelle avec optimisme "Le départ de Manuel me chamboule, mais c'est aussi une libération pour moi. J'ai le sentiment d'avoir accompli ma mission, d'avoir le droit de prendre de vraies vacances, de penser à moi", Alberto vit cette annonnce comme un séisme intérieur. Le doute, la peur s'installent en lui. Sa femme n'aurait-elle pas un amant ? "Savoir si elle me trompait ne m'intéressait pas. Nous étions heureux depuis si longtemps, et j'étais assez d'accord avec Cyrano de Bergerac qui préférait être cocu que jaloux. Au bout de vingt ans, il est délicat de laisser l'autre embarquer dans une aventure. Le contraire serait de l'imprudence". 

    Alberto tente alors de vivre, de se prouver un je-ne-sais-quoi, et se retrouve alors avec une belle femme, plus jeune que lui, avec qui un jeu de séduction est mis en place de manière inconsciente, mais surtout sans passage à l'acte. Il ne trompe pas Isabella. Avec son pote Benjamin, il décide de faire l'ascension du Mont Blanc sans aucune préparation sportive simplement pour se "prouver que je n'étais pas un encore un vieux con glissant aveuglément sur la piste noire dela deuxième partie de sa vie, ni un vieillard vidé de ses forces". 

    Ce roman c'est donc l'histoire d'un mec quadragénaire qui perd tous ses repères, ceux de père, ceux de mari, ceux d'homme. Il ne sait plus au fond. Au fil des pages, on partage avec lui ses joies, ses peines, ses colères, ses décisions, ses incertitudes, son quotidien. Tout cela balayé par une simple annonce du fils. Le fils qui part. On découvre alors la relation d'Alberto avec son propre père, peut-être fera-t-il le même chemin que lui, peut-être pas. Cela je vous laisse le découvrir, car il faut lire ce doux roman court mais oh combien grinçant de vérité, alerte, vif et brut. 

    A la lecture de la prose d'Eric Genetet, j'ai été happé par Alberto. Je comprenais cet homme, ses choix, ses angoisses, ses décisions, pas toujours faciles. Alberto est attachant, on a parfois l'envie de le secouer un peu plus, de lui dire "Stop", et en refermant le livre on est heureux pour lui, pour son fils Manuel et pour Isabella. 

    Je vous connseille donc vivement d'acquérir ce livre, car au-delà de la trame narrative, l'auteur maîtrise l'art de raconter, de partager. 

    Une très belle découverte en ce mois de Mars. 

  • L'Enfant de Calabre de Catherine Locandro - EHO

    enfant-calabre.jpg

    Nouvelle année, nouveaux romans au rayon de mon libraire niçois et mon choix se porte en particulier sur L’enfant de Calabre pour plusieurs raisons : je suis niçoise d’adoption depuis trente ans, je connais (un peu) Catherine, l’auteure, et j’adore l’Italie. Trois bonnes raisons à laquelle rajoutons que les précédents romans de Catherine m’avaient emballée par une plume juste, vive, fine et douce.

    Au cours des premières pages je suis un peu perdue :

    • 1937 – 1954 – 2011,
    • l’Italie, l’Indochine et Nice
    • une femme que l’on enterre comme une paria « Quelques mots d’un prêtre ont peut-être précédé cette ultime punition, ce reniement absolu de ce que tu avais pu être, de ton existence toute entière »
    • Lui qui vit la guerre d’Indochine avec Mattéo à Diên Biên Phu, « Lui vivait comme un insecte, sous terre, dans des alvéoles qui menaçaient à chaque tir d’obus de s’effondrer pour l’ensevelir. Une termitière à échelle humaine cernée de collines sombres », et, 
    • Frédérique, niçoise, trente neuf ans « Et puis trente-neuf ans, c’était une sorte de non-âge. Tant qu’à être arrivée jusque-là, autant atteindre la quarantaine ».

    Puis au fil des deux cent soixante-huit pages, tout s’éclaircit, tout se confond, tout s’enchevêtre, tout est suspens, émotions, rires, pleurs, douleurs et douceurs. Un succulent mélange de sensations qui s’insinuent en moi, lectrice. Un livre qui parle pas d’amour mais des Amours avec une sensibilité poignante.

    Frédérique, narratrice et héroîne, est attachante. Je suis à ses côtés, je vois ce qu’elle voit, elle se dessine sous mes yeux. Je saurai la reconnaître parmi tous les touristes niçois qui déambulent en cette période de Carnaval à Nice. Extraordinaire coincidence que je lise ce livre qui se déroule au mois de février à Nice, en plein mois de Février. J’aimerai être l’amie de Frédérique. Comme elle, petite j’étais très intriguée par ce panneau « Détective Privé » affiché au troisième étage d’un immeuble d’angle de la zone piétonne. Je me disais que c’était un mensonge. Dans mes souvenirs, et ceux de Frédérique sont les mêmes, un détective ne devait être vu (comme dans le Club des Cinq), alors pourquoi afficher aux yeux de tous son existence ?

    Frédérique pousse les portes de cette agence particulière pour retrouver cette inconnue blonde qui avait le pouvoir de faire sourire son père, Vittorio dit Vitto. Cette blonde  présente sur un cliché trouvé en rangeant les affaires de sa mère, lors de son décès. Qui est cette femme avec son père ? Pourquoi l’air de son paternel est un air qu’elle ne lui a jamais connu ? Au dos de la photographie, le nom de l’agence. Pourquoi ? Une multitude de questions s’emparent de Frédérique, elle veut savoir, poussée par on ne sait quel motif, mais poussée par l’envie de savoir qui elle est, elle Frédérique.

    Catherine Locandro nous mène sous sa plume vive, sous ses mots recherchés et sa syntaxe douce mais oh combien puissante, de Nice à Gênes, avec des travelling arrière en Indonésie. Nous découvrons la guerre d’Indochine du point de vue de ses deux soldats italiens qui sont unis comme deux amis, deux frères. Ils vont vivre ensemble cette guerre, connaître la peur, la faim, la honte, la souffrance mais non ils ne vont pas mourir car quelqu’un les attend quelque part. C’est leur motivation cette correspondance avec ces deux jeunes filles italiennes. Lui va vite cesser cet échange épistolaire de part sa promotion au sein du bataillon, et de part une non-envie d’écrire. Mattéo va continuer à coucher les mots sur des bouts de papier pour Barbara, fille mère de dix sept ans, avec qui il échange. Puis tout s’arrête. Barbara a trouvé un homme en Italie, l’annonce à Mattéo, qui ne sait  donc plus pourquoi il continue à vivre. Lui « était un revenant, condamné à errer au milieu des vivants. Il lui arrivait encore de le croire ». Au-delà de ce flash back en 1954, de cette période de guerre, nous découvrons l’amitié fraternel entre deux hommes. Deux hommes pas très doués avec les sentiments, avec les mots mais oh combien humains, et tendres. Oui ils sont tendres ces deux-là, m’arrachant parfois quelques larmes.

    Frédérique est en quête d’identité au fil des pages. La peur l’envahit par moments, le  doute aussi. Elle veut comprendre, elle veut savoir ce qu’est son histoire, l’histoire de ses parents. Ce père qui l’aimait tant et qui était en adoration devant sa fille. Fille a qui il donne d’ailleurs le prénom francisé de sa propre mère. Cet homme qu’elle a connu ne présentait absolument pas le visage qu’elle voit sur ce cliché retrouvé. Qui était-il donc ?

    Catherine Locandro sait embarquer le lecteur dans les méandres des secrets de famille. Mais pas que.

    De ce roman, je retiendrais effectivement cette quête de soi nécessaire à tous pour vivre, s’aimer soi avant d’aimer autrui, se construire. Nous le savons tous. Un secret de famille  ne peut permettre  à la descendance de se construire comme il faudrait.  Mais ce n’est pas tant cette quête de soi qui m’a émue, je dirais même, au risque de décevoir l’auteur, certains blogeurs, et certains lecteurs, que cette recherche de vérité est seulement la trame du roman.

    Chaque page, chaque chapitre, chaque situation de ce roman est une ode à l’amour, aux sentiments vrais, à l’authenticité, et au respect de la vie de chacun. Catherine Locandro nous parle de l’amitié entre deux hommes, une amitié forte, irréelle même. Cette amitié rare, mais surtout masculine dont peu de personne parle. Oui, il existe aussi chez nos amis les hommes des émotions. Ils en sont capables, mais comme plus pudiques que nous les femmes, ils vous parleront d’amitié de bar, de fac, de lycée, de guerre… A travers chaque mot, chaque phrase nous palpons ce lien qui unit Lui à Mattéo.

    Et puis, fil d’actualité, Catherine pose des mots sur l’homosexualité, sur le regard des autres, et sur ce qu’en pensent les parents quand ils apprennent. Frédérique sera soutenue par son père quand elle lui apprendra qu’elle aime les femmes. Ce père accepte le choix de sa fille. Quelle belle leçon d’humanité et de tolérance.

    En bref, Catherine nous raconte la vie et surtout l’amour d’un oeil et d’une plume douce, criante de vérité, pudique mais oh combien incisive. Je referme le livre, heureuse et adoucie, troublée et émue. J’attendrais l’embellie pour rédiger ma chronique…Non, le 24 février est trop loin.

    Un livre à acquérir, à lire, et à partager.  

    PS : Deux pages ont été difficiles à lire pour moi, deux pages où Frédérique se pose dans ce bus qui l’amène là où habitaient ses parents, là où un 27 décembre 2012 ma vie a basculé. C’était mon chemin, et celui de Frédérique, vers une vérité. Nous avons eu le même chemin. 

  • Il était une fois...peut-être pas d'Akli Tadjer - Editions JC Lattès et Pocket

    il etait une fois 2.jpgDe mes différents achats au Festival du Livre de Nice, j'ai opté en première lecture pour "Il était une fois..peut-être pas" d'Akli Tadjer.

    Motivée  par ma rencontre avec l'auteur, par le titre qui attise la curiosité, et pour son format poche.

    Ce roman date de 2008, paru aux éditions Jean-Claude Lattès, et a reçu le Prix des lectrices aufeminin.com

    Il est de ces rares romans en ma possession qui en fin de lecture se retrouve avec autant de pages cornées. Signe qu'Akli Tadjer sait juxtaposer les mots avec art, maîtrise avec force et émotion l'art de conjuguer les noms, les verbes, les déterminants pour laisser à son lecteur trace d'une multitude de sentiments, de ressentis.
     
    Mohamed a quarante-deux ans. Vit seul avec sa fille Myriam. Ne vit que pour sa fille. Le décor est planté à Paris, avec en toile de fond l'Algérie, et le village de Beni Amar. 

    Myriam quitte un jour son père pour suivre ses études à Toulon. Elle est passionnée de voile, de mer, et de liberté. La séparation est difficile pour Mohamed, ce père attachant et attaché à sa fille unique. 

    "Pour moi ce fut le début de longues soirées à compter les heures, les minutes, les mouches au plafond, à attendre ses coups de fil, à lui demander si elle avait bien mangé, bien dormi, si elle n'avait pas froid, pas chaud,à lui demander si je ne lui manquais pas trop, à lui rappeler que c'était bien ce week-end qu'elle remontait à la maison....J'espérais qu'elle me dise "J'en ai assez des bâbords, des tribords, des vents debout, je rentre au port..." Mais rien ne s'est passé comme ça. On se faisait des mamours. On se répétait qu'on s'aimait.on se jurait qu'on se manquait vraiment. Et on se disait à la prochaine fois." (page 19)

    Puis comme toute jeune fille, Myriam présente son amoureux à son père. Un amoureux qui se prénomme Gaston, mais qui sera Gus pour Mohamed. Gus : un surnom un peu impersonnel, voir moqueur. Pas évident pour un père de voir sa fille chérie s'enticher d'un autre homme. Tous les pères et toutes les filles nous confirmeront cela. Mais Mohamed est intelligent et comprend que sa fille doit vivre sa vie. 

    "Eh oui, Mohamed ! C'est dans l'ordre des choses de voir partir ceux que l''on a chéris toute sa vie... Personne n'appartient à personne..Il n'y pas d'amour, il n' a que des preuves d'amour...Aimer c'est ne pas posséder..Aimer c'est savoir souffrir. Aimer c'est... J'ai enfilé d'autres perles de même calibre. Je n'ai pas poussé plus loin la réflexion parce que ça ne me grandissait pas le moral toutes ces élucubrations." (page 11)

    Au fil des pages, des mots, Mohamed va accepter la présence de Gus sous son toît, malgré l'absence de Myriam repartie dans la rade toulonnaise pour poursuivre ses études. Sauf que, les choses ne vont pas se passer comme on pourrait le croire. Myriam va rencontrer un Iman en devenir à Toulon, laisser Gus, l'abandonner. Mohamed se retrouve donc avec un ex-futur gendre sous son toît, un gus qui n'a pas de famille, et une fille qui s'entiche d'un Malik qui ne correspond pas vraiment aux attentes de Mohamed. Il ne comprend pas comment sa fille a pu tomber dans les griffes d'un tel personnage. Certes ils sont d'une famille algérienne mais comme le dit Mohamed

    "Je l'avais instruite du SMIC religieux, pas plus : ne pas voler, ne pas tuer,ne pas mentir, ne pas trahir, respecter son prochain. Du commun boniment, quoi. Je l'ai priée de bien réfléchir avant de s'engager dans une autre aventure car les hommes de foi que j'avais connus n'étaient pas de grands comiques, encore moins d'ardents défenseurs de la liberté des femmes."

    Une relation particulière mais tendre va se créer entre Mohamed et Gus, et pour faire face au nouveau chemin qu'a décidé de prendre Myriam, Mohamed s'entoure de nouveau de Bla-Bla, Cruella et Lucifer, les peluches de Myriam. Il s'entoure de ses bouts de chiffons, de ses témoins de l'enfance vécue dans cet appartement parisien, mais surtout elles sont, dorénavant, son public. Oui, elles écoutent Mohamed, grand orateur et grand conteur, de "Il était une fois..peut-être pas". 

    Cette formule maintes fois dites par Mohamed à sa fille Myriam. Depuis toujours, il lui contait Awa, Kamel,Marion, Simon,  Barbara, Chems, Madeleine, Simon... Des histoires d'amour, de guerre, d'Algérie, du bled où tous ses personnages s'entremêlent. Des contes, qui ne sont pas peut-être pas des contes, d'où "Il était une fois...peut-être pas". Myriam partie, Mohamed continue à conter, à narrer, à raconter, à témoigner sous fond de guerre d'Algérie les contes sous l'oeil du Grand IL, le Samu de ces nuits blanches.
     
    Mohamed nous embarque tantôt à Paris, dans sa vie de tous les jours, tantôt en Algérie, à Verdun. Le lecteur est bercé d'un monde à un autre, et puis les deux mondes se rencontrent, et on comprend alors. On comprend alors Mohamed, cet homme si paternel, si protecteur, mais un homme qui est capable d'aimer une femme autre que sa fille, sous les traits de Rachel, un homme qui va au bar, joue aux cartes, assume son boulot d'artificier. Mohamed, un homme touchant que l'on peut croire imperméable aux sentiments et aux émotions au cours des premières pages, mais que Nenni !
    Myriam se laissera-t-elle aller à son histoire d'amour avec Malik, cet Iman en devenir qui peut paraître fou et extrémiste ?
    Et Gus qu'adviendra-t-il de lui ? Saura-t-il oublier Myriam, son amour, pour qui il a renié ses parents ?
     
    il etait une fois.jpgSous la plume d'Akli Tadjer vous saurez ce qu'il en est, vous irez de surprise en surprise, mais surtout au fil des pages, on est pris dans le sentiment paternel, le sentiment amoureux, entre deux crises de fous-rire car cette plume est teintée d'humour. Les mots sont doux, sont crus, sont recherchés, sont tirés de l'argot et du Littré. C'est tout cela le talent d'Akli Tadjer au-delà de cette facilité et limpidité à lire son roman.
     
    J'ai frissoné en lisant ce roman, j'ai aussi eu des moments de dégoût (la description des tortures). De la douceur s'est infiltré en moi, des larmes ont perlé sur mes joues, prenant naissance dans mes yeux mais  dans mon coeur aussi, puis mes lèvres ont dessiné des sourires. Car on ne peut être insensible à Mohamed, à cet homme complexe, mais au fond si simple mais surtout d'une intégrité et d'une humanité rare. On découvre un homme avec ses forces et ses faiblesses, avec sa pudeur de mec. 
     
    En refermant ce livre, il est revenu à ma mémoire quelques moments partagés avec mon papa (trop tôt disparu), mais il m'est aussi apparu le sens que l'on peut donner à sa vie par des faits et gestes simples. Simplement en étant soi, en tolérant, en ne jugeant point.
    Un roman fort, qui parle tant du sentiment paternel qu'amoureux, qui parle du feu d'artifice du 21 juin et des différentes guerres, qui parle de l'indépendance de l'Algérie, des modes de vie différents, mais au fond l'amour de son prochain n'a point de frontière, et l'humain existe encore.
     
    Un très beau roman que je vous recommande.
     
    Quelques citations :
     
    Fais gaffe, p'tit con. L'espoir fait vivre. Il y en a plus d'un qui s'est fait couillonner comme ça. (page 218)
    Donc on était là, il me tenait compagnie, je lui tenais compagnie. On était la somme de deux solitudes. (p 218)

    Je suis mieux que son père. Je suis sa vie. Elle est ma vie. (p 211)

    Elle était pomponnée façon niçoise : fard à paupières bleu, sourcils soulignés au crayon noir, lèvres et ongles peints du même carmin (p115) 

    Sûrement qu'il me faudrait quelques jours pour l'oublier, j'ai pensé. Il m'arrive d'avoir des coups de chaud comme ça, et avec le temps je finis par refroidir. Il m'arrive..mais là,je n'étais pas très optimiste à mon sujet. J'avais à l'idée quej'en avais pour un moment avant qu'elle ne devienne que le fantôme d'un dimanche de juin. (p99)

    C'était une jeune fille d'une beauté comme on avait rarement l'habitude de voir dans ces bleds paumés au trou du cul du monde. elle avait les yeux bleus comme une mer d'été, les cheveux blonds comme des épis de blé et sa peau était blanche comme... - Une endive, quoi. - Ne sois pas jalouse; Il y a de très belles endives (p81)
  • Et toi, t'es qui ? de Mat Hild aux éditions Flammarion


    Mat Hild, Et toi, t'es qui ?, profils facebook, nouveautés littéraires, flammarion, mai 2012Voici quelques mois Arthur Dreyfus nous rendait heureux avec son petit livre jaune paru aux éditions Flammarion.

    En ce mois de mai, les mêmes éditions nous embarquent dans le monde de Facebook, sous la plume fine et pertinente d'une jeune Mat Hild et sous une couverture bleue qui  interpelle le futur lecteur en le tutoyant, et en lui demandant "Et toi, t'es qui ?".

    Belle accroche, beau titre...Une seule envie, ouvrir ce livre, se (re) trouver dans un des cinquante profils. 

    J'ouvre donc ce petit livre bleu et blanc, commence ma lecture et première surprise, une préface signée Claro, qui m'immerge dans le monde égyptien. J'apprends ainsi que le premier utilisateur de Facebook se prénommait E-touha-Thêki.... 

    Cinquante profils sont listés, donc cinquante chapitres. Chaque profil se repère par un dièse (#), un nombre et un qualificatif. 

    Mat Hild arrive par sa plume fine et pertinente, à m'emporter non pas dans une histoire, mais dans une galerie d'art. De chapitre en chapitre, je découvre un nouveau tableau, une nouvelle oeuvre, mais surtout j'identifie tel ami. De cette typologie naît un listing de mes amis : untel serait plutôt le sous-marin, lui le compulsif du statut, elle la gnangnan ou la nympho ?

    Et moi ? Oui, et moi, je suis qui ? Je ne vous le dévoilerai point ici, mais je me suis reconnue dans quelques profils.

    Au-delà de l'aspect humoristique, ce petit livre bleu est aussi une analyse comportementale, voire psychologique des utilisateurs de ce réseau social qu'est Facebook.

    La lecture nécessite aussi des travelling arrière, ce qui n'est point désagréable et plutôt aisé. En effet, chaque profil vous renvoie à un profil non découvert (non lu donc), ou déjà lu quelques dizaines de pages avant. Le lecteur est donc invité à manipuler ce livre non pas dans l'ordre numéral, mais selon ses attentes. Exercice pas facile pour un auteur et qui pourrait fatiguer le lecteur, ou encore le perdre dans les méandres des pages, mais il n'en est rien. Mat Hild a cette plume agréable, ce sens des mots, cette note d'humour, que l'on prend plaisir à faire des avances rapides, ou des reculs rapides lors de notre lecture. Il fallait oser, et c'est une grande réussite.

    A cet exercice littéraire (si je puis définir ainsi), j'ajoute que les illustrations de chaque profil sont une réussite graphique. Albin Christen manie le crayon noir avec dextérité, finesse et humour aussi. Des illustrations sobres, mélangeant différents graphismes (à repiquer pour mes élèves d'ailleurs). Un vrai esthète Albin. 

    Un objet littéraire à consommer sans modération, un plaisir à offrir et à s'offrir pour la modique somme de 9.95 euros, disponible dans toutes les bonnes librairies. 


  • Rencontre avec Denis Brogniart et Marion Jolles

    denis.jpgJe ne suis pas people, je ne suis pas la fan hystérique, je ne suis pas de celle qui aime à passer des heures à l'affût d'une star...Bref, entre le Festival de Cannes et le Grand Prix de Monaco, j'avoue que ma région est actuellement sous une pression médiatique importante, et que les stars sont monnaie courante.

    Ceux et celles qui me connaissent vous diront que dans le genre je fais gaffe à rien quand je rencontre quelqu'un (de connu) je détiens la palme d'or de celle qui ne reconnait personne, et je peux monter sur le podium monégasque dès dimanche (Lorant Deutsch en témoignera) 

    Cependant quand il m'a été proposé, très gentiment par Nice-Matin, de rencontrer Marion Jollès et Denis Brogniart afin de partager deux heures avec eux, de les interviewer, je me suis sentie l'âme d'une journaliste et j'ai dit oui. 

    Préparation des questions à poser...Mais que vais-je leur demander ? A la limite l'humain m'intéresse, mais les coulisses des émissions, les ragots, le côté people ne m'intéresse vraiment pas. Et me voilà avec ma feuille blanche et mon stylo, et mes neurones... Amies et Amis écrivain, je comprends le syndrome de la page blanche. Rien ne me vient...J'ai l'impression d'être face à une interro pour laquelle je n'aurais strictement rien révisé. Quoique un oral en japonnais aurait été peut-être plus aisé.

    Bref, quelques recherches sur le net, quelques clics de droite et de gauche, et je sors, avec peine trois questions très cons. Oui, j'avoue !!!!

    Rendez-vous pris ce jour à 14 heures à Monaco, studio de TMC sur le port de Monaco, entre les installations des différentes écuries et quelques restaurants fort sympathiques. Accueil chaleureux, ambiance détendue, des rencontres agréables, mais je suis la seule femme ;-(

    Denis arrive, suivie de Marion.. Tous deux sont décontractés, souriants et heureux d'être là. Les présentations se font, le feeling passe avec Denis et Marion. Bref, une rencontre simple, chaleureuse et humaine, tout ça dans une ambiance bon enfant. 

    Il est l'heure de passer aux choses sérieuses, l'heure de poser les questions. Et là, Bérangère perd ses moyens. Je préférai ma discussion tranquille avec eux, que ce protocole journalistique. Je me lance, non, rien ne va, alors ni une, ni deux, mon naturel étant ce qu'il est, j'informe que je ne peux questionner ainsi ces deux journalistes sportifs, mais que je préfère un entretien qui ménera là où il devra nous mener. Denis acquièse, Marion aussi...Et c'est ainsi que durant plus d'une heure, une conversation s'installera entre eux, moi et les autres personnes.

    Bilan : une super rencontre, quelques anedoctes, un ou deux scoops, des photos pour Nice-Matin, la bise, les bises, une ballade sur le port de Monaco avec nos deux supers présentateurs, et un super moment partagé et une expression de Denis qui me plait bien "un adultére intellectuel". Je kiffe. 


  • Sophie au Flore de Sylvie Bourgeois aux éditions Flammarion

    Sylvie Bourgeois, Sophie, Flore, roman mai 2012, comédie, Flammarion, Guillaume RobertAlors que Sylvie est plongée dans le Festival de Cannes, son héroïne se ballade dans les rues parisiennes et a pour QG le fameux café de Flore, d'où "Sophie au Flore".

    Ce deuxième roman est paru hier, date à laquelle s'ouvrait le 65ème Festival de Cannes. Sophie, quadragénaire qui est humainement fréquentable, comme elle aime à le dire, nous amène dans sa nouvelle vie parisienne. Après les paillettes cannoises, nous voilà, plongés à Saint Germain des Près.

    Sophie quitte Annecy, son mari Sylvain, sa vie confortable, très confortable même, et surtout un homme qui l'aime. Tout ça pourquoi ? Pour un super concept, qui entre nous soit dit est à exploiter, "créer un centre d'éducation sexuelle, calqué sur le modèle des Weight Watchers", après son essai (sans succès) de vente de laines péruviennes et de tricotsà confectionner soi-même. Bref, notre Sophie est toujours aussi délurée, débordante d'énergie et d'idées, et de cela on ne s'en lasse pas.

    Départ d'Annecy donc pour Paris, et commence les galères de Sophie. Location d'une chambre chez une vieille dame pas très aimable. Quant au confort, n'en parlons pas. Le choc est grand pour Sophie, plutôt habituée au grand confort. Un peu déprimée, Sophie téléphone à cet homme, Henri,  rencontré dans le train. De là, notre héroïne va rencontrer du monde, du beau monde car Henri fréquente les plus beaux endroits et connait du monde. C'est à ses côtés qu'elle s'en va faire ses premiers pas au Café de Flore. Ce  café dont tout le monde parle, que son amie Géraldine lui a décrit maintes fois. 

    De rencontres en rencontres, Sophie tente de vendre son concept de centre d'éducation sexuelle, va se lier d'affection avec un coach sportif et une "timbrée".

    Son franc-parler ne l'a pas quitté, elle sait communiquer avec un brin d'humour qui nous plaît bien. "J'ai également un sens inné de la communication. Vous voulez savoir pourquoi ? Parce que je m'intéresse aux gens. Sauf les cons, je ne leur laisse pas une deuxième chance de m'emmerder. Je ne crois pas que les gens puissent changer" 

    Sous ses airs, Sophie reste une femme sensible et ce trait de caractère nous fait l'aimer davantage. "Cela fait des années qu'elle n' pas prêté attention à un autre homme que Sylvain et se découvre fragilisée par ce sentiment de bien-être qu'elle sent naître dans son coeur." 

    Au fil des pages, Sophie abandonne quelque peu son projet, se réjouit de ses différentes rencontres avec la gente masculine, de Jean-Paul à Henri en passant par d'autres hommes que l'on peut aimer ou détester. Géraldine, déjà présente à Cannes, est aussi au côté de son amie.

    De rendez-vous professionnels, en rencontres amicales et/ou étranges, Sophie s'adapte à cette vie dans le quartier de Saint Germain des Près. Quelques personnages nous feront penser à des personnalités bien réelles, telle cette charmante femme qui se prénomme Sylvie et qui fréquente le Flore. 

    Je vous laisse le soin de découvrir la fin de ce roman, fin à laquelle je ne m'attendais point, mais qui est en adéquation avec le caractère de Sophie, car il faut le rappeler, le seul but de Sophie est d'être humainement fréquentable, et elle est. Cette vieille dame, logeuse, le découvrira et sera alors la plus heureuse des vieilles dames. 

    Merci à Sylvie de nous livrer les fabuleuses aventures de Sophie, quadra dans l'air du temps, authentique et humaine. 

    En attendant le prochain opus, vous pouvez suivre Sophie en direct de Cannes

    http://www.cannes.com/index.php?option=com_content&view=article&id=12076&Itemid=2457922&lang=fr

    Sophie au Flore - Sylvie Bourgeois - Editions Flammarion - 18 euros

     

  • Nos vies rêvées de Barbara Israël - Editions 10/18 - Editions Flammarion

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    Le 15 Mars de cette année, est sorti, aux éditions 10/18, format poche, le troisième roman de Barbara : Nos vies rêvées. Même roman paru en Janvier 2010 aux éditions Flammarion. 

    Livre acquis en plein été 2010, puis de nouveau en mars 2012, parce que Barbara le vaut bien, parce que c'est un roman que l'on peut lire et relire, et avouons-le, le format poche, ou sac à mains pour la femme que je suis, c'est quand même plus pratique, et pour certains plus économique. 

    Je l'ai donc lu de nouveau voici quelques jours. Et oh, surprise, je constate que des détails m'ont échappé, et mon regard est différent. Sûrement parce que j'ai grandi depuis l'été 2010, en tant que lectrice je précise. Non mon 1m69 n'a ni augmenté, ni diminué ;-)


    Les ingrédients propres à Barbara sont présents :

    1. - trois personnages,
    2. - l'univers musical, Morrissey,
    3. - les relations humaines, les sentiments si bien décrits,
    4. - Paris, Nice, 
    5. - la plume toujours aussi fluide, agréable et vive.

    Mais la plume de Barbara s'est etoffée dans ce troisième roman, elle est devenue plus mature, plus stylisée (si on peut dire ainsi), et c'est ainsi que les trois personnages ne sont plus des adolescents mais des jeunes gens de 25-30 ans qui réalisent que leurs rêves d'adolescents ne sont plus, ne sont pas. La vie nous réserve des surprises, l'évolution n'est pas celle à laquelle on rêve quand on est ado, vivant quelque peu dans l'insouciance. 

    Oui, les personnages ne sont plus insouciants. 

    Ce roman, lors de ma première lecture, m'a quelque peu destabilisée aussi, car le style n'est pas celui des deux précédents romans de Barbara. En effet, les chapîtres s'alternent, la typographie en est d'ailleurs différente, plongeant le lecteur dans des feed-backs. Exercice littéraire et stylistique auquel Barbara n'avait pas habitué ses lecteurs. Mais c'est une réussite et un des facteurs révélateur de la maturité de sa plume.

    Sous un aspect léger, l'auteure décrit avec finesse, émotion et beaucoup d'humour le basculement entre le monde de l'insouciance, propre aux ados, et le monde des adultes. Ce monde dans lequel, Betty (héroîne et narratrice), Zéno et Alex vont tenter, coûte que coûte, de s'intégrer en gardant au fond d'eux leurs convictions de jeunesse, mais rien n'est aisé dans ce monde auquel ils n'étaient pas préparés.

    A noter que tous les chapitres, trente et un au total, portent le nom d'une oeuvre, d'un roman qui a "marqué" l'auteure qu'est Barbara.

    Barbara nous embarque dans le tourbillon de la vie, et on se laisse aller au rythme des mots, des expressions, et des vérités criantes.

    Un beau roman, une belle histoire.

    A se procurer rapidement, à lire, à offrir et à recommander.

    Quelques extraits

    "Et puis on s'est habitué, peu à peu, on s'habitue à tout, à l'odeur de la merde, au froid, à la tiédeur, aux trahisons, à nos bassesses, à nos frayeurs de nuti, à nos terreurs diurnes, mais on continue tout de même à se raconter des histoires enrobées de douceur, on y croit de moins en moins c'est sûr, nos cris deviennent chuchotements." (page 12)

    "Avant la coke servait à sublimer la vie, maintenant juste à la supporter. Décoller ou non du stade anal influe assez peu sur cette triste vérité" (page 101)

    "Un début d'arrangement avec la petite existence se dessinait sur ces traits marqués en même temps que les grises pensées avaient rendu ce teint gris. Alex avait vu juste. J'avais cessé de croire à ma grande vie" (page 83)

    "Si ma vie était un roman, il tournait au conte de fées. Existait-il quelque chose de plus ultime, de plus lumineux que ce moment sur cette terre ? Mozart, Picasso, Morrissey, ils pouvaient tous aller se rhabiller. Rien n'égalait cette grâce nichée dans l'indicible." (page 228)

    "La fatalité ? Inéluctable. Le coup viendra par derrière sans que je le voie s'approcher. Il me prendra par surprise, un bon coup sur la nuque, comme on abattait les chevaux. Finalement, les surprises, c'est pas mal, ça évite de réfléchir." (page 326)

    NOS VIES REVEES.jpg

  • Dieu surfe au pays basque d'Harold Cobert - Editions Héloïse d'Ormesson

    dieu surfe.jpgHarold Cobert, un homme, un père, un auteur, un condensé de gentillesse et d'intelligence de la vie. Ainsi, est Harold. Notre rencontre remonte à un samedi 17 mars, sous un ciel pluvieux parisien, au SDL. Belle rencontre, je suis sous le charme de sa modestie, de son cheveu fou, mais surtout de cette douceur qui émane de ses propos. Je fais l'acquisition de "Dieu surfe au pays basque" pour plusieurs raisons :

    - je n'ai jamais lu "Harold Cobert" malgré nos liens d'amitié sur Facebook

    - le topo de son dernier roman m'interpelle

    - la couverture est douce et attire mon oeil, attise ma curiosité

    - il me plaît bien ce mec là...

    Et c'est dans ces circonstances que Dieu surfe au Pays basque est en ma possession, qui plus est dédicacé. Me reste plus qu'à le lire.

    Chose faite, un certain soir d'insomnie où le sommeil s'en est allé ailleurs. Le dernier roman d'Harold est entre mes mains, et j'ai une certaine apréhension en ce début de lecture. J'ai tellement lu de critiques sur ce livre que, raisonnent dans ma tête les avis des uns et des autres. Je me dois de me concentrer sur les mots, sur la plume, la stylistique d'Harold. Pas évident du tout, parce qu'en plus, à cette heure tardive, se mêlent aussi les moments parisiens partagés. Et pourtant, je suis embarquée. Les pages défilent, et je ne peux cesser de lire. 

    Premier constat : Il paraît que se mettre au lit avec un livre aide à dormir. Je ne peux dire le contraire, mais pas avec "Dieu surfe au pays basque" entre les mains. Puisque je n'ai pas dormi de la nuit, happée par les mots, les phrases, les références littéraires et historiques dont l'auteur a seul le secret. Bref, en cas d'insomnie opter pour la collection Harlequin mais pas pour Harold.

    Que dire de ce roman ? Qu'il est drôle, bouleversant, écrit avec pudeur et modestie. Les mots sont justes, raisonnent avec tous les sentiments qu'ont pu ressentir le narrateur et son épouse. Oui, je peux le dire car il en est ainsi, mais on peut le lire un peu partout dans les critiques qui surfent sur la vague internet. Une réflexion me vient alors en refermant Dieu : aucune des critiques que j'ai pu lire ne fait référence à cette petite phrase écrite sur la première de couverture, sous le mot roman : "Le père interrompu".

    C'est ça l'histoire de Dieu surfe au Pays basque, c'est l'histoire du père interrompu. L'histoire d'un homme qui va être père dans quelques mois, un homme qui se projette en tant que père, qui s'interroge, qui partage avec sa femme, cette femme avec laquelle il est uni par mille et un sentiments. 

    Au delà du processus d'interruption de grossesse non volontaire et donc, par ricochets, d'interruption de père en devenir, Harold nous livre sa vision du couple, le bonheur et l'admiration éprouvés par le narrateur vis à vis de sa femme. Femme exceptionnelle, femme courage, femme douce, attentive.... Il décrit une relation amoureuse, le lien entre deux personnes qui passe par la confiance, la notion de partage, de respect.

    Le lecteur ne peut qu'être emporté par le narrateur. Le lecteur est là, impuissant, face à l'épreuve, aux épreuves vécues par ce couple. Impuissant mais avec eux, difficile de décrire l'état dans lequel la lectrice que je suis se trouve en dégustant les pages. Je suis un peu comme un oeil externe, présente mais discrète.  La réussite d'Harold est aussi de ne pas tomber dans le "pathos", ni dans la complainte. Tout est dit, rien n'est caché mais avec une délicatesse rare et respectable. Oui, c'est ça : respect. Tout  au long des cent cinquante neuf pages je respecte avec une intensité rare le narrateur, sa femme. 

    En refermant le livre, je n'aime qu'encore plus la candeur de l'auteur, j'aime sa femme, et je suis heureuse pour eux, là, maintenant et pour les jours à venir. Je les admire, oui, et je n'ai pas honte de le dire.

    Une simple question à Harold : Quel est le titre du livre de jeunesse offert par le narrateur à son épouse ? Tu sais ce livre narrant l'histoire de deux poussins ? 


    Plutôt que de miser sur l'existence de Dieu et de régler ma vie sur Ses préceptes, je préfère jouer - et jouir - ici et maintenant (p13)

     Dieu surfe au Pays basque - Harold Cobert - Editions Héloïse d'Ormesson - Mars 2012 - 15 euros

  • RAISE Magazine Photo #10

    RAISE.jpgFacebook est ce lien virtuel avec des gens venus d'ici et d'ailleurs. Facebook m'a permis, par ricochets, d'être l'amie virtuelle de personnes intéressantes, d'autres moins, humaines et surtout qui évoluent dans un monde que j'apprécie : l'art sous toutes ses formes. Parmi ces amis, Julien Marsay, directeur littéraire et secrétaire de rédaction du magazine Raise.

    Raise, connu de nom, mais jamais entre mes mains. Je ne suis pas une fanatique des achats par internet, et malheureusement je ne peux avoir Raise, qu'en passant par ce fichu paiement en ligne. Je me promets, toutefois, de faire l'effort de céder mes quelques numéros de carte bleue sur le site, pour m'approprier ce magazine. Un jour viendra.

    Un beau jour, notifications Facebook en série, et une qui m'interpelle. Barbara Israël apparaît dans un statut de Julien Marsay. Barbara Israël a écrit pour le Raise 10. Celles et ceux qui me connaissent, ne sont pas sans savoir que je suis une fan, une vraie de Barb'. Ni une, ni deux, je franchis le cap de la commande via internet, commande ce numéro pour lire et déguster quelques mots de ma chère Barbara. Au même instant, Julien me contacte par message privé. Bref, les rencontres virtuelles sont de belles surprises parfois, et là, c'est une belle rencontre entre lui et moi.

    Quelques jours plus tard, Raise in the box, je l'ouvre, me sers un petit verre de rosé et déguste ce magazine sur ma terrasse au soleil. Peu de monde le sait, mais j'aime la photographie, j'aime les arts, j'aime la peinture. Je tiens entre mes mains un petit bijou de ce mix de mes passions. Comment ai-je fait pour ne pas avoir Raise de 1 à 9 ? Franchement, Bérangère, sur ce coup-là, tu déconnes...

    Un format très agréable, qui se glisse facilement dans un sac de fille, le papier est d'une haute qualité, les photographies sont originales, esthétiques, déroutantes, troublantes, charmantes et elles sont l'oeuvre d'une pratique artistique innovante et moderne.

    Le lecteur est tour à tour plongé dans une atmosphère

    • sombre (Sans lui - photos de Nicolas Dhervillers, texte d'Arnaud Cathrine), 
    • décalée (Elucidarius poeticus - photos de Christian Tagliavini, texte de Déborah Heissler),
    • bordelique, aérienne et structurée quand même ( The same old story - Photos de Todd McLellan, texte de Barbara Israël),
    • suggestive (Les pieds sur terre - photos de Faber Franco, texte de Romain Monnery), 
    • en mouvement, active (Acoustique du choc - photos de Martin Klimas, texte de Ester Modié)
    • étrange et dérangeante pour l'oeil (Vanité double - photos de Anthony Crossfield, texte de Franck Thomas)
    • douce et aérienne, mais tragique (Une vie à voler - photos de Niel Da Costa, texte de Arno Bertina).


    L'originalité de ce magazine est la démarche littéraire associée à la démarche artistique. Une très belle initiative, mais surtout une innovation dans ce monde artistique qui nous entoure. On retrouve les informations propres à tout magazine : musique, livre, shopping...

    Un magazine à lire, à partager et à faire connaître aux gens qui vous entourent. 

    Je félicite, sincèrement toute l'équipe de ce petit bijou qui gagne à être connu. 

  • Des livres sous le sapin : suite et fin, ou presque

    Quelques jours de retard dans ma chronique "des livres sous le sapin" dûs à une fin d'année un peu mouvementée.

    Mais me voici de retour pour vous soumettre quelques idées cadeaux pour le 25 décembre, à glisser sous le sapin, car n'oublions pas que le livre est le cadeau idéal pour tous, et permet un accès à la culture, au rêve, au repos, au dépaysement, à l'échange. Bref, on lit, on fait son choix et surtout on n'hésite pas à faire des cadeaux, vous savez ces mots d'amour matérialisés (merci M.)

     

    muze hiver.jpgMuze : la nouvelle revue culturelle au féminin

    On n'hésite pas une seconde. On se connecte sur le site, on prend un abonnement, même plusieurs, pour maman, pour l'amie qui aime la culture et s'ouvre à toutes les formes d'art, pour son épouse, pour sa soeur. Un magazine élégant, agréable de par son papier, sa présentation et ses articles. 

    L'avantage de Muze, c'est que l'on voyage tout en étant sur sa terrasse, ou sous sa couette (selon notre lieu de résidence) c'est que l'on apprend, on se questionne, on découvre, on s'informe...

    Le prix est très raisonnable, le magazine est luxueux : papier doux, plumes alertes et fines, plumes intelligentes, plumes réflexives, photographies de très haute qualité..Bref, un incontournable.

    De plus, pour avoir tenté l'expérience, les gens aiment bien, apprécient beaucoup un abonnement. C'est un cadeau qui dure toute l'année et qui permet au bénéficiaire de se rappeler toute au long de l'année que vous existez et qu'il compte pour vous. 

    C'est par ici pour les abonnements (49 euros pour l'année)

     http://www.ser-sa.com/boutique/Muze/_RE_ABONNEZ-VOUS_OFFREZUNABONNEMENT/26


    Nos vies rêvées - Barbara Israël - Flammarion 

    NOS VIES REVEES.jpgLe dernier roman de Barbara, paru en janvier 2010. On y retrouve trois personnages, des références culturelles et musicales propres à l'auteure. 

    Une plume plus fine, un roman plus structuré, plus recherché...Moins léger que les deux précédents. Les personnages ne sont plus des adolescents, ils disent adieu à la jeunesse et se lancent dans la vie, la vraie. Betty nous entraîne dans sa vie parisienne, dans son magasin de chaussures, dans ses rêves de jeunesse qu'elle ne veut pas trahir. 

    Barbara nous livre ici une belle histoire d'amour avec en sourdine ce refus de se trahir soi-même. 31 chapitres nommés par des titres littéraires qui ont marqué l'auteure. 

    "Ca a fait mal, de l'acide sur les plaies à vif de la désillusion. Parce que  nous, ..., on voulait tout, on voulait que ça continue si c'était bien et que ça change si c'était foireux. On ne pouvait imaginer que les choses iraient mal, de plus en plus mal. Et puis on s'est habitué, peu à peu, on s'habitue à tout, à l'odeur de la merde, au froid, à la tiédeur, aux trahisons, à nos bassesses, ..., mais on continue tout de même à se raconter des histoires enrobées de douceur,... , on devient des ombres, les ombres de ce qu'on aurait pu être. Il parait que c'est la vie". 


    D'autres prendront nos places - Pierre Noirclerc - Flammarion

    dautres.jpgAcheté à sa sortie, je l'ai de nouveau commandé pour les fêtes de fin d'année afin de l'offir à mon fils de dix neuf ans, et à son meilleur ami, car ce livre parle très bien de la génération Y, et il aura plus d'impact que tous mes discours de mère proche de la quarantaine qui ne comprend rien à la nouvelle génération, comme aiment à le dire mes chers enfants. 

    Sinon, que vous dire d'autre ? Pierre est un écrivain très prometteur qui décrit très bien les espoirs, les désillusions, les galères de la génération Y.

    Un livre à offrir sans modération. 

    http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2011/11/14/d-autres-prendront-nos-places-pierre-noirclerc-flammarion.html



    La distribution des lumières - Stéphanie Hochet - Flammarion

    DISTRIBUTION DES LUMIERES.jpgRoman de 2010, lu voici sept jours, adoré dès les premières pages. Stéphanie Hochet manie la plume, maîtrise la plume, joue avec les mots, les lettres. Une plume cinglante, juste, franche. Des mots beaux, doux, recherchés. 

    Trois voix pour ce roman qui ne peut laisser indifférent, une seule plume, un seul auteur : Stéphanie Hochet. 

    Un homme quitte l'Italie, son pays, sa femme et part s'installer en France. Il y rencontre Anna, enseignante. Tous deux tombent amoureux. Ils sont observés par Aurèle. Trois personnages non dépourvus d'intelligence. Le lecteur est envoûté. 

    Une découverte littéraire pour moi, en ce mois de décembre. Je vous recommande ce livre pour vous, ou pour toute personne qui ne connaîtrait pas Stéphanie Hochet, il faut palier ce manque, absolument. 



    Pour les passionnés d'art contemporain, de l'art moderne : deux livres indispensables 

    l'art contemporain.jpgL'aventure de l'art contemporain de 1945 à nos jours - Lionel Richard - Edition du chêne

    L'auteur respecte un déroulement chronologique ce qui facilite l'accès et les recherches. Les courants, mouvements y sont très bien expliqués mais surtout ils sont replacés dans un contexte social qui explique par là les expérimentations des artistes. 

    On y retrouve des artistes célèbres, d'autres moins, mais surtout on comprend mieux l'art contemporain qui nous entoure et on y donne sens. 

    Un livre magnifique, très bien illustré et qui nous permet de mieux comprendre ce qui a animé les artistes ces cinquante dernières années : leur vision du monde, de la société.

     

     

    Le dictionnaire de l'art moderne et contemporain - Gerard Durozoi - Hazan Edition

    dictionnaire de l'art moderne.gifL'art n'est pas qu'américain ou européen. Dans ce dictionnaire de l'art, on découvre l'art des cinq continents. Mais surtout, cet ouvrage permet au lecteur de découvrir l'art soit par les continents, soit par les mouvements, soit par les tendances, soit par les techniques...

    Bref, un voyage initiatique dans l'univers de l'art.

    Le plus de cet ouvrage : la photographie, les nouveaux supports artistiques. Un ouvrage qui permet de satisfaire l'intelligence du regard, et qui étanche la soif du savoir.

    Un dictionnaire qui a toute sa place dans la bibliothèque, que l'on peut offrir à un passioné d'art, mais aussi à l'étudiant en arts, à l'enseignante, au futur professeur des écoles... De quoi satisfaire.

    Le prix est un peu élevé 

  • Kissing my songs - Nicola Sirkis / Agnès Michaux - Flammarion

    kissing_my_song.60bcb090119.w200.jpg

     "Kissing my songs" est paru le 2 novembre, dans mon sac le 3, fini le 4. Certains penseront que j'ai acheté et dévoré ce livre car il est des éditions Flammarion, et que OUI j'aime très souvent les livres "Flammarion", d'autres penseront qu'il me faut alimenter mon blog en critique, et d'autres encore penseront que je suis de la génération "Indochine" et que donc voilà. 

    Et bien, tous ont raison. Dans cette conversation, tous les ingrédients sont là pour que j'achète ce livre et bien évidemment pour que je le lise. 

     

    1 - Indochine et moi 

    Indochine et moi, c'est un peu (beaucoup) une grande histoire. J'ai grandi avec eux, je me suis révoltée en 1987 et 1988 (si ma mémoire est bonne) contre Devaquetau piquet) alors même que je découvrais la vie lycéenne toulonnaise. J'ai dansé, j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai déliré sur leurs chansons, ne comprenant d'ailleurs pas toujours leurs textes à cette époque. Mais l'ambiguité qui se dégageait de ce groupe me convenait, me plaisait, me motivait. Ils étaient mes "The Cure". Quelques années plus tard, ils étaient encore là (quelques membres en moins) pour me faire oublier le stress du concours de professeur des écoles, et les voir en chair et en os à Marseille a été pour moi une soirée inoubliable. Puis, ils sont revenus plus tard, avec des mélodies et des textes plus "littéraires". 

    Bref, Indochine fait partie de ma vie, il en est ainsi de certains auteurs, de certaines personnes anonymes, de certains acteurs, on a le sentiment très étrange qu'ils nous sont fidèles, qu'ils nous suivent, ne nous oublient pas. 

    2 - A priori sur "Kissing my songs"

    Une crainte en moi avant la lecture de "Kissing my songs". Hâte de lire, mais peur de tomber dans l'intimité de Nicola Sirkis, et ça je ne veux pas. Le voyeurisme ne m'intéresse pas. Peur d'avoir à lire "une vérité rétablie" par Nicola sur l'évolution du groupe, les départs et arrivées des différents membres. De tout cela, je n'en ai rien à faire. Crainte d'un style d'écriture qui ne soit pas trop "littéraire", d'anedoctes sans intêret. Crainte d'une conversation entre une journaliste, dont j'apprécie la plume, et un "leader" mais sans contenu intéressant. 

    Pourquoi l'avoir acheté, me direz-vous, alors, si j'ai autant de craintes ? 

    Parce que les craintes, les peurs il faut les affronter, alors je fonce. Mais surtout, parce que j'aime Indochine, j'aime Agnès Michaux, et parce que je n'ai jamais été déçue par G.

    3 - Kissing my songs

    C'est une des rares fois où je manipule un livre quelques dizaines de minutes sans l'ouvrir. Mes yeux vont et viennent sur les 18 "photomatons" qui constituent la couverture intégrale de ce livre. Nicola et ses différentes expressions. Nicola qui se cache derrière ses lunettes noires, derrière sa frange, derrière ses mains. Nicola interrogateur, pensif, sérieux, triste. Nicola et Agnès (je pense) : trois photomatons de complicité. Nicola qui lit. Mais point de Nicola qui sourit. Je me demande pourquoi l'epace fugace d'un instant, et me fais cette réflexion "Nicola qui sourit ça ne colle pas à l'image". Ne me demandez-pas pourquoi, je ne sais pas.

    Passé ces quelques dizaines de minutes, je me plonge alors dans la conversation intimiste entre Nicola et Agnès. Une conversation douce, forte, puissante, sans faux-semblants, sans retenue.

    Onze chapitres annoncés de la même manière : date - titre et un texte intimiste d'Agnès avant que la conversation reprenne entre nos deux auteurs. Le tout ponctué des textes écrits par Nicola, de ses notes personnelles extraites de ses cahiers noirs comme il aime à les nommer.

    Je découvre au fil des pages, un Nicola fragile, torturé, intelligent, sentimental, réfléchi, aimant, affectueux, drôle et instruit. 

    La re-lecture des textes des chansons est fort appréciable, lire ces textes sans la mélodie permet de saisir le message que nous transmet Nicola par sa plume. Oui, je l'avoue, je connais les chansons d'Indochine, imbattable au karaoké "indochinois", mais lire le texte nu, sans mélodie, et ben ça change tout.

    Je découvre un Nicola avide de littérature, un Nicola qui puise dans les faits de société, dans les conflits mondiaux, dans la réalité de la vie, l'essence même de notre existence. Un Nicola réfléchi, un homme qui pense, qui "réflexionne". Je comprends mieux ces textes, certains non, mais je suis rassurée car l'auteur nous dit qu'il n'y a pas grand chose à comprendre, et que le texte ne veut rien dire.

    Nicola est cultivé, il est à l'écoute de l'art, de la littérature, de la politique, de la société. Il n'est pas con, osons le dire, loin de là. Il n'est pas qu'un chanteur, il n'est pas qu'un leader d'un grand groupe des années 80. Il est un homme avec ses forces et ses faiblesses, avec sa sensibilité, ses émotions, ses travers, ses qualités. Il est un homme qui prend son rôle de père avec beaucoup de sérieux. Il est un homme amoureux des femmes, et fidèle. 

    Agnès mène la conversation avec beaucoup de subtilité, avec beaucoup d'écoute aussi. Des travelling avant, arrière sont fréquents dans leur conversation, et l'on découvre alors que les "thématiques" sont très souvent les mêmes dans les textes, mais la plume a vieilli, s'est assagi, les mots sont autres, et c'est ainsi que l'on découvre l'évolution de la musique d'Indochine, l'évolution de leurs textes. 

    4 - A posteriori "Kissing my songs"

    Un livre qui permet de découvrir l'homme qu'est Nicola Sirkis, et non pas le leader, le chanteur du groupe. Un recueil des textes écrits par Nicola, à travers lesquels on lit le monde, les sentiments, la vie simplement. 

    Nicola a l'art d'écrire des textes, il note tout et je suis surprise de son écriture manuscrite qui est terriblement belle, les lettres sont bien formées, frisant la caligraphie par moment. Ces notes issues des carnets noirs sont un plaisir des yeux. Oui, je sais, je suis enseignante, alors évidemment il me fallait faire une "étude" de son geste graphique. Je dirais donc Acquis, très belle écriture dans tous les sens du terme. 

    Un livre que l'on pose dans son étagère qui sera amené à être ré-ouvert, à être feuilleté. 

    Un livre à offrir aux fans d'Indochine bien sûr, mais aussi à ceux qui aiment les mots, les textes, la réflexion. 

    Donc un livre à offrir à tous !!!

    J'ai beaucoup aimé le texte "Le grand carnaval", "Some Days" et "Un ange à ma table".

    Et puis comme souvent, quelques phrases relevées lors de ma lecture, qui résument, à mon sens, ce qu'est Nicola.

    "Un partage et un don" (page 239)

    "Mais je ne suis pas un pessimiste. Je regrette simplement le mensonge. On ne peut pas mentir. Le mensonge, c'est le grand problème de notre monde. Le mensonge, c'est la trahison" (page 351)

    "Je suis peut-être désespérant, mais le monde l'est bien plus que moi."

    (page 353)

  • Disneyland - Flammarion

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    Neuf auteurs au pays de Mickey, et pas les moindres :

     - Ariel Kenig dont j'ai apprécié son "New Wave",

    - Barbara Israël  , ma number one (on le sait),

    - David Abiker , découvert ici,

    - Nicolas Bedos dont j'apprécie ses qualités de chroniqueur, son sens de l'analyse,

    - Nicolas Rey et son léger passage à vide, 

    - Pierre Stasse découvert cette année avec Hôtel Argentina (d'ailleurs il serait bien que je fasse une note sur ce roman)

    - Simonetta Greggio en cours de lecture avec l'Odeur du figuier,

    - Tania de Montaigne, pas encore lue mais "programmée", 

    - Thomas Lélu artiste pluriel

    Tous sont réunis pour un exercice d'écriture pas simple, sur une thématique imposée "Disneyland", autour d'un éditeur que j'affectionne : G. Tous les éléments sont donc réunis pour que je lise ce livre qui attend sagement dans ma bibliothèque depuis quelques longs mois. Je suis dans une période où il me faut lire des textes courts, pas prise de tête, et que je peux laisser l'espace d'une nuit, sans pour autant relire les dix dernières pages de la veille pour savoir où j'en suis. Ce recueil tombe donc à merveille.

    Je m'éfforce de lire dans l'ordre de la comptine numérique soit page 1, 2, 3...Cependant, nous pourrions très bien le lire selon notre affection pour tel ou tel auteur. Aucun lien entre les nouvelles. Si un, elles sont toutes différentes et le fruit de neuf auteurs "nouvelle génération".

    Ariel Kenig se livre à un exercice d'écriture pas évident : l'auteur a recoupé des temoignages extraits de sites, blogs et forums consacrés à Disneyland Paris (dixit l'éditeur en fin de nouvelle), et nous en livre une nouvelle fort agréable qui nous décrit les méandres du RER parisien. 

    Barbara Israël nous dévoile une vérité longtemps cachée : Mickey est un assassin. Basile le détective et Ratatouille ne la contrediront pas.

    David Abiker est incroyable d'imagination. Prochaine visite à Disneyland, je me dois de trouver le "Daddy Fantasy Tour", et espère que le "Mummy Fantasy Tour" a été inauguré.

    Nicolas Bedos, fou d'amour, fougueux comme je l'aime

    Nicolas Rey et Small World, une nouvelle touchante, un père et un fils. Court, succint mais pertinent et beau.

    Simonetta Greggio : les années 60, le monde cinématographique, Fellini et Polanski, Disneyland... 

    Tania de Montaigne : Caroline P. et son mariage, Caroline P. et sa demoiselle d'honneur.

    Pierre Stasse et sa plume que j'aime tant. Un père, riche homme d'affaires, et son fils = Nous sommes des hommes

    Thomas Lélu, le farfelu, l'artiste complet nous dresse un abcdaire fort sympathique de Disneyland.

    Bref, un moment de détente, de découvertes. Il est agréable de constater qu'autour d'une thématique commune les auteurs peuvent "produire" des récits courts, concis et si différents. 

    Un pur moment de détente. Merci G., merci aux auteurs.

  • Le livre qui rend heureux - Arthur Dreyfus - Flammarion

    le livre qui rend heureux.jpg

     

    Flammarion nous offre pour ce mercredi 12 octobre, non pas un livre, mais un objet manipulable constitué de mots, de phrases, de graphismes, de jeux d'écriture, de mise en page hors du commun, et surtout du bonheur qui nous rend heureux : une philosophie du bonheur. 

    Arthur Dreyfus, dont le nom ne m'était pas inconnu, est entré hier soir dans mon univers, dans ma bibliothèque,  et m'a offert par sa plume un pur moment de quiétude, de bonheur, de questionnement(s) sur la vie, de bien-être, de zen attitude. 

    Plume libre, plume en mouvement, plume fine, plume artistique, plume philosophique, plume narrative, plume mémoire du temps passé, telle est la plume d'Arthur.

    L'éditeur, en quatrième de couverture, fait référence à un récit-mosaîque ou une promenade éclairée, et effectivement il s'agit bien de cela.

    Cent-vingt-et-une pages de bonheur, d'introspection, de découverte, de réfléxions philosophiques. On referme le livre avec un sourire aux lévres, et notre vision du monde qui nous entoure est autre. Pages promenade dans un jardin, promenade dans les années 40, promenade philosophique, promenade existentielle sur la valeur des sentiments, sur la valeur que l'on veut bien donner à notre vie, à nos actes journaliers.

    J'ai parcouru, lu "Le livre qui rend heureux" en quelques cent-vingt-minutes. Mes yeux attirés par la mise en page particulière et artistique (ce qui est très réussi), mon esprit envolé par quelques mots, mes lèvres allant à la rencontre de mes oreilles pour y dessiner un sourire, un sourire doux, heureux.

    Des descriptions teintées de douceur, de quiétude pour des scènes de vie banales, mais qui au fond ne le sont pas. Rien n'est banal dans notre vie. Des petits riens qui font le grand bonheur de notre existence. 

    La gentillesse sincère m'a particulièrement interpellée, et suis ravie de lire que l'auteur croit encore aux gens gentils, profondément gentils, car oui cela existe.

    J'ai refermé ce livre, en sachant pertinemment que je le ré-ouvrirai dans peu de temps, en me disant qu'effectivement par moments, nous interprétons les faits selon un seul point de vue, le nôtre. Nous ne nous posons pas les "bonnes" questions, et si nos yeux prenaient une autre direction, nos réflexions aussi, alors des petites contradictions pourraient devenir des petits bonheurs.

    Trois phrases ont retenu toute mon attention :

    1. on est heureux quand on apprend : est-ce pour cela que je suis toujours dans la quête d'apprendre, et que mon métier est d'apprendre à autrui ?
    2. réhabiliter la vertu de gentillesse : merci Arthur, car être gentil de nos jours paraît suspect, je suis bien placée pour en parler.
    3. une interprétation est toujours erronée : cette phrase résonne en moi, et je vais tenter de cesser d'interpréter. 

    Arthur, n'ayez pas de scrupules à écrire sur le bonheur, vous y parvenez divinement bien. Merci pour ce doux moment partagé, et pour les autres à venir, car il est évident que ce "Livre qui rend heureux" ne sera pas fermé pour toujours, et que je prendrai un très grand plaisir à le relire, à le parcourir ici et là.

    Il est de ces rares livres qui amènent le lecteur à réflechir, à penser, à se questionner et à changer son regard sur l'autre, sur lui-même, sur le monde qui l'entoure. Profitons de chaque instant, sourions et ayons des projets, car là est la clé du bonheur : avoir un projet. 

  • Facebook, mon amour - Eric Neirynck - LC Editions

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    Comment ce livre est arrivé entre mes mains ?

    Grande histoire, sujet d'un roman qu'est l'acquisition de ce livre. Voici deux semaines, je commande ledit manuscrit via une grande enseigne nationale. Commande, paiement (et oui dans le Sud, on paie sa commande avant réception) et attente de l'appel qui m'informera de l'arrivée de cette oeuvre. Point d'appel à l'horizon, retour à l'enseigne nationale qui me dit que ben "y a un problème", faut recommander. Je dois repayer ? non bien évidemment. 

    Contact avec l'auteur via Facebook, bien sûr, et je commande alors via le site de l'enseigne nationale. Livre dispo, alors je fonce, commande par là même d'autres livres, et après validation, on m'informe que le livre sera disponible entre le 6 et 11 octobre. Arghhhhhh

    Dimanche soir, contact avec l'éditeur qui m'informe que je peux commander via le site des éditions LC, je fonce car je veux lire ce livre, et je dois en offrir un exemplaire à une amie. Je commande le livre, donc dimanche soir, y ajoutant au passage "Peut-on aimer une morte ?" de JL Poly, et je paie en ligne. Vingt minutes plus tard, mail me confirmant l'envoi de mes achats dès le lendemain, soit lundi matin, soit hier.

    Aujourd'hui, mardi, arrivée à la maison avec deux sacs emplis de corrections, livres pédagogiques et en option 7 enfants (oui, oui), détour par la boîte aux lettres. Oh surprise, joie, émotion : une enveloppe kraft de Paris qui tient au chaud mes deux achats du dimanche soir. 

    BRAVO LC EDITIONS pour votre délai de traitement de commande et de livraison, vous êtes au top. 

    Voilà donc "Facebook, mon amour" entre mes mains, sept gamins alignés sur la table du salon à faire leurs devoirs (du CP à la terminale),et une Bérangère qui lit entre deux "C'est juste ? Je comprends pas ..."

    Lecture de Facebook, mon amour par moi-même

    Sept enfants plus tard, devant une bière fraîche,sur la terrasse au soleil, avec vue sur mon jardin, je déguste ce doux objet qu'est le livre. Oui, j'aime le livre,l'objet livre (je suis ok avec Beigbeder) : le toucher, le sentir, le gribouiller, le corner pour les pages qui me plaisent. 

    Deux heures plus tard, livre fini. Je ne veux pas le fermer, mais il le faut, y a plus de pages. Tant pis, je le lirai de nouveau, car on peut le lire plusieurs fois, et en plus aucune obligation de suivre un ordre chronologique puisqu'il s'agit de quatorze nouvelles, courtes, concises, surprenantes.

    J'en pense quoi ? 

    Tout en lisant ces nouvelles, se déroulait dans mon cerveau des courts métrages. Je lis, je vois les images, je vois les scènes, par contre les personnages sont troubles, mais ce n'est pas dérangeant, loin de là. 

    Eric ne vous décrit pas les personnages ou très peu, il s'attarde plus sur le ressenti de ces personnages. Mais est-ce vraiment des personnages créés par l'auteur au fil de sa lecture des différents statuts de ses amis facebookiens ou s'agit-il de lui et l'autre? L'autre qui est tour à tour une femme ou un homme. 

    Les femmes. Parlons-en. Elles ont une place centrale dans les nouvelles. La femme, celle qui fait naître le désir chez lui (le narrateur), celle qui, fugace, traverse une nuit, une semaine, quelques mois du narrateur. La femme jeune, la femme belle, la femme qui a vécu, la femme esseulée, la femme qui souffre intérieurement, la femme qui consomme l'homme l'instant d'un corps à corps, la femme sous toutes ses coutures.

    L'homme ou l'Homme, je ne sais pas, je me pose encore la question. Mais l'homme sensible, malheureux, honteux, peureux est aussi fort bien décrit dans les nouvelles que nous offre Eric. 

    Il s'agit de "vignettes de vie" comme il est écrit sur la quatrième de couverture. Certes, mais je préfère le terme de courts métrages, car tout est fluide, tout va vite sauf la description des sentiments. 

    Eric, l'auteur, s'est-il inspiré de sa vie, de ses souffrances, de ses découvertes pour écrire ce recueil ? Je ne sais pas et je ne veux pas savoir car le fait de savoir casserait la tendresse que j'ai pour les personnages que j'ai rencontrés ce soir en lisant ce livre. 

    La plume d'Eric

    Je ne suis pas experte du tout dans l'analyse linguistique des textes que je lis, qu'il s'agisse de nouvelles, de romans ou autre. Je n'ai pas la prétention d'être une chroniqueuse littéraire, je suis simplement une lectrice qui vous rend compte de ses lectures avec son ressenti en tant qu'humain et non sous l'axe littéraire. Cependant, je note que l'auteur a une plume très stylisée. Eric utilise dans une même phrase le mot gland, parois et palais. Phrase crue mais écrite avec délicatesse, amour et tendresse. 

    Amour, tendresse : mots très souvent utilisés par l'auteur, mais qui n'apparaissent jamais comme des répétitions. Doué Eric. 

    Une nouvelle sur le thème du suicide écrite avec une volupté, une tendresse et une timidité touchante m'a émue, beaucoup. 

    Bravo Eric, moi j'aime beaucoup, je ne regrette pas mon achat, bien au contraire. 

    Et puis au delà de ça, j'ai un nouvel ami ;)

  • Muze : une histoire d'amitié est née

     

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    Nouvelle découverte de ce mois : le magazine trimestriel Muze. Peut-on parler de magazine, je ne sais pas. Par contre, on peut parler d'un recueil contemporain de culture sous toutes ses formes : photographie, littérature, musique, arts plastiques, cinéma, philosophie, témoignage.

    Commandé au Virgin Megastore de Nice, il est enfin arrivé entre mes mains ce vendredi après-midi, grâce à la disponibilité de ma chère amie. Étonnant, cette fin de phrase, car ce Muze consacre quelques belles pages à l'amitié, cite "Chère amie" de Marc Lavoine, m'est apportée par ma chère amie, et je dois cette découverte à une amie facebookienne qui a écrit un sublime article sur l'amitié justement : Marie Robert. 

    A ce jour, je n'ai lu que le dossier "Ego" consacré à l'amitié. Cette amitié qui nous questionne, qui nous suit, nous poursuit, nous déçoit, qui nous est virtuelle, qui nous ronge, nous éblouis, nous rend heureuse, nous torture... L'amitié, qu'est-ce au fond ?

    Marie Robert nous répond d'une plume philosophique dégustative que j'adore. Merci Marie de cet éclairage philosophique. Ta plume est limpide rendant la philosophie agréable. Ton écriture est fort agréable, pas "prise de tête", et questionne. Je ne peux dire encore que je suis sous le charme, on va finir par croire que je suis une fan hystérique de l'entourage de G., et pourtant oui je suis sous le charme de ta philosophie, de ta réflexion mais surtout de ta capacité à nous faire "réflechir" sur l'amitié.

    L'amitié, c'est aussi une relation étrange, fusionnelle entre deux personnes du même sexe, mais pas du même âge, du même monde, c'est une relation entre un homme et une femme qui se transforme en duo gagnant pour Llilli Wood and The Prick. 

    L'amitié c'est le respect entre deux êtres, c'est la part complémentaire de l'un avec l'autre comme en témoigne Anne-Laure Bovéron dans l'article "Pages en partage", en nous livrant les liens d'amitié qui unissent quelques auteurs. Ainsi, je découvre l'amitié de Virginia Woolf (Une chambre à soi) avec Mansfield 

    L'amitié, d'un point de vue psychologique, vue par Patricia Delahaie (sociologue et auteure de Repères pour choisir ses amis, ses amours) nous ouvre les portes de notre rapport à l'autre. 

    Un dossier riche, complet mais surtout innovant (en tout cas pour moi) car rare (voir inexistant) sont les magazines qui permettent à leur lecteur, ou lectrice, d'aborder une thématique tant d'un point de vue littéraire, que philosophique, que psychologique, que musical....Le sujet abordé l'est sous toutes ses coutures culturels et ça c'est bon !!

    A suivre sur mon blog, je m'en vais lire les femmes au travail.