Le silence des rails - Franck Balandier - Flammarion
En ce début d’année, une de mes résolutions est de lire des romans qui ne me tentaient point, tels les romans historiques, les romans étrangers… Je ne sais qui a entendu cette résolution tenue secrète, mais je commence cette année avec « Le silence des rails », que son auteur définit ainsi : « Ce livre est une fiction qui s’inscrit dans un contexte historique réel. Certains personnages ont existé. D’autres non. »
Dans le contexte social actuel, j’ai des craintes sur ce roman à la lecture de la quatrième de couverture. Cependant, j’ai une totale confiance en la personne de G. et j’ouvre donc ce livre d’un format très agréable.
Ma crainte sera de courte durée, remplacée alors par l’émotion, les frissons, la colère, la révolte, l’amour, la compassion. De sa plume acidulée, Franck Balandier nous conte, dans un contexte historique réel, les (mes)aventures d’Etienne.
Etienne est mal né, un certain 18 novembre 1918. Dès ses premières secondes de vie extra-utérine, Etienne est confronté à la vie, au milieu d’une multitude de voyageurs qui attendent, ou pas, le train. Malgré une atmosphère polluée, propre aux quais de gare, Etienne a la soif de vivre, et va vivre.
Etienne se construit sans l’image de la mère aimante, sans l’image paternelle. Il ira en orphelinat, en partira, et découvrira la vie, la rude vie de la rue, du Paris qui ne va pas tarder à être envahi par les allemands. Etienne se cachera pour vivre son homosexualité. Il assume son orientation sexuelle, l’assume avec Antoine, ne la subit pas. Et puis, les allemands envahissent la ville. Les rafles se suivent et se ressemblent. Antoine est embarqué, Etienne n’échappera pas longtemps. Son voyage vers le camp de Natzweiler-Struthof débutera un certain 22 juillet 1942. Le 23, Etienne est un parmi tant d’autres dans ce camp, camp de l’horreur, le camp de la mort.
Il se verra coller un triangle rose, signe de son homosexualité. Ce fameux triangle est, à cette époque, le symbole utilisé par les nazis pour identifier les homosexuels masculins. La déportation de ces hommes s’inscrivait dans une logique de répression des indésirables, des personnes considérées comme dangereuses par le régime en raison de leurs convictions. Ce symbole de discrimination sera repris dans un contexte totalement différent par Act Up dans les années 90.
Le froid, les manques de toute nature deviennent alors le quotidien de notre narrateur, Etienne. La crainte, la peur, l’angoisse, et malgré tout l’espoir est là. Ne pas mourir. Ne pas vouloir mourir.
Est-il chanceux pour être affecté au service général du camp ?
Sa mission : collecter les déjections de ses congénères. Pour ce faire, il est surveillé par Ernst. Avec ce dernier, la communication est signe simplement.
Ernst est fusillé pour une vague histoire de dictionnaire, de mots. Mina viendra le remplacer. Fermée, pas tendre, elle sera comme Ernst, cependant, empreinte de vie et de bonté tout de même. Ils ne sont pas méchants ces deux-là. En eux, un brin d’humanité résiste.
Et puis, il y a cette petite fille au ballon, à l’extérieur des barbelés qui délimitent la zone de vie des déportés. L’œuvre d’art « Le ballon » de Vallotton a alors envahi mon esprit à chaque mot qui lui était dédié. Innocente, douce, cette enfant connaîtra malheureusement une fin tragique. Elle qui vivait en dehors du camp de la mort. Etienne, lui continue de vivre. De survivre. Continue à ne pas vouloir mourir. Je ne sais quelle est la meilleure formulation.
Au fil des pages, on vit avec Etienne. Le froid s’empare de moi, les frissons vont et viennent. Le sourire se dessine de temps à autre sur mes lèvres. Mes yeux sont fixés sur ses mots si savamment assemblés. Mon esprit s’égare. Les images de camp s’entremêlent, mes cours d’histoire me reviennent. Je tremble, j’espère, je prie. Tout comme Etienne qui écrit de temps à autre à Dieu.
Un roman qui ne peut laisser insensible, juste. L’auteur signe là un roman plus que réussi. Il embarque son lecteur, avec talent, avec 26 lettres de l’alphabet. Il a une réelle baguette magique, celle qui donne le pouvoir de provoquer en nous le rire et les larmes. Les mots vibrent, résonnent. Ce roman est un film, l’intrigue évolue, les désirs, les passions, les états d’âme sont nombreux et nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
Etienne est touchant, Etienne est beau, Etienne est un homme, il est l’Homme. Etienne, toi ce héros qui n’a pas encore quitté mon esprit. Rare sont les fois où je suis à ce point touchée par un personnage de fiction. Un roman ancré dans un décor réel, qui a existé. Un roman où les faits sont réels et où l’auteur a le don d’y faire évoluer un personnage sorti de son imagination.. ou pas. En refermant ce livre, Etienne continue à vivre dans mon imaginaire.
A lire absolument. A faire lire aussi à cette jeune génération qui ne sait plus où elle va, qui oublie le passé. Un roman qui je l’espère aidera certains à être plus aimant, à ne pas oublier, à ne pas juger, mais à aimer son prochain.
Un livre magnifique, troublant.
Le silence des Rails - Franck Balandier - Flammarion - sortie le 5 février 2014





Découverte de Michel Bussi en ce mois de Novembre, attirée par ce bandeau accrocheur "Prix Maison de la Presse". Tout ce que je réfute, ces fameux bandeaux qui me laissent un peu perplexe. Est-ce un coup de pub, le roman a-t-il plu réellement, est-ce un moyen de "faire" consommer de la littérature au visiteur lambda de la Fnac ou autre grande enseigne ? J'ai très souvent refusé d'acheter ce type d'oeuvre littéraire, de roman, ayant l’a-priori de me faire berner par une propagande publicitaire que je n'aime point. Mais bon je me laisse tenter pour plusieurs raisons : j'ai besoin d'un bouquin qui tienne dans mon petit sac bleu marine acquis depuis peu, je veux un roman français, le quatrième de couverture m'interpelle un peu : une énigme à la française qui attise ma curiosité. Quelques euros en moins dans mon porte-monnaie, cinq cents pages en plus dans le fameux sac, et le tour est joué.
Fidèle lectrice d'Annie Lemoine, c'est avec une grande joie, et une belle impatience que je me plonge dans son dernier roman "Des jours parfaits", paru aux Editions Flammarion le 15 mai de cette année. 
Brigitte Kernel est une auteure que j'affectionne particulièrement, de part sa plume bien évidemment, de part sa voix, mais aussi de part son sourire, sa gentillesse et ce régard bienveillant qu'elle pose sur vous quand vous la rencontrez. Toujours à l'écoute de ses lecteurs et lectrices. C'est donc sans aucun questionnement de quelque nature que j'ai acquis, voici quelques temps, son dernier roman "Andy", paru aux Editions Plon en ce début d'année 2013 (comprendre janvier). 
Nous sommes mercredi, jour des enfants, même si tous les jours sont consacrés aux enfants en cette période de vacances de Pâques. Après avoir donné la plume à Lou et Hugo, c'est autour de Malizzia, six ans et demi de rédiger sa première chronique. 
Une fois n'est pas coutume, la plume a été donné à deux enfants pour rédiger une petite chronique. Avec leur accord, et celui de leur maman, car il s'agit d'un frère et d'une soeur, ils se sont prêtés au jeu du chroniqueur en herbe. Je les remercie de leurs mots et de leur analyse du livre et du temps qu'ils ont bien voulu consacrer à la lecture et à la rédaction. Avouons toutefois, que ces deux charmants bambins, Lou 11 ans, et Hugo 13 ans, sont des accros de la lecture depuis leur rencontre magique, il y a quelques années, avec une enseignante qui n'est autre que moi. Non, je plaisante, quoique.. 




