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A posteriori, a priori - Page 6

  • Portrait chinois de Guillaume Fédou

    Guillaume Fédou est un auteur-compositeur-musicien. D'abord connu pour ses chansons à textes, chansons entraînantes et enivrantes par ailleurs, puis pour son premier roman "Mon numéro dans le désordre" 

    Ce jeune homme, né en 74 à Albi, est aussi un agile gentleman de la plume. Il collabore à de nombreux magazines tels que Blast, Inter-section et Travel Style. Parisien d'adoption, il est un homme très cultivé, maniant la langue et les formulations. Un sens de la répartie, un brin d'humour décalé, passionné de musique, il s'est prêté au jeu du Portrait Chinois. Je vous laisse le découvrir, il est le seul, à ce jour, à avoir mis autant d'humour, de mots dans son portrait. Merci encore Guillaume. 

     

    Guillaume, si vous étiez :

    Un signe de ponctuation ? Le point-virgule,évidemment. Même si en ce moment je pencherais plus du côté points de suspension, que j'utilise par paquets de 4..

    Une chanson française ? "Chacun fait c'qui lui plaît" de Chagrin d'amour, le titre qui a décapsulé les années 80. Même si en ce moment ce serait plutôt l'Emploi du Temps d'Arnaud Fleurent-Didier pour des raisons qui m'échappent. Ça doit être bien, en fait. 

    Un moyen de locomotion ? L'Autolib, sans hésiter. Génie pur à tous les niveaux. Design italien, partenariat public-privé de haute-voltige,connectivité insensée - l'appli, les bornes, écologie intelligente..Ça rend heureux de vivre aujourd'hui. Même si en ce moment je n'ai plus trop de points sur le permis et qu'il va falloir que je prenne le bus plus souvent. 

    Une oeuvre d'art ? C'est marrant je pense "peinture", alors que tout potentiellement peut être une oeuvre d'art, voire un chef d'oeuvre. Certaines personnes sont des chefs d'oeuvres. Mais je dirais le Baigneur de Cézanne, pour 2001 raisons. 

    Une devise ? "Rien ne se perd,rein ne se crée, tout se transforme".Principe de Lavoisier appliqué par David Bowie en 1971 (Changes)

    Un roman ? L'Homme sans qualités, de Musil, parce qu'il est aussi brillant qu'inachevé. Et puis parce qu'il m'arrive souvent de me demander ce qu'aurait pensé Ulrich de telle ou telle avanie contemporaine. Parce que j'aime les intertitres, aussi. 

    Un mot ?  "Juif". Est-ce un substantif, un adjectif ? Who the fuck knows... C'est de la nitroglycérine, tu lâches quatre lettres comme pour Dieu et BOUM ! T'as un déferlement de complotistes et de communautaristes, c'est comme si t'avais un point rouge sur le front, alors que l'on devrait pouvoir réfléchir tranquillement aux sens très différents que ce mot (Sémite et Sémiologie sont deux graines de Sem) recouvre, puisqu'il y a au moins mille façons d'être juif... Le débat est ouvert !      

    Un adjectif ? "Branché". Car je trouve que l'on malmène ce mot qui ne devrait pas se laisser faire. C'est bien d'être branché. Je ne parle pas des hipsters à barbe du Petit Journal. Je parle des vrais branchés, à l'ancienne, ceux qui avaient le courage et parfois le talent d'en être. Notons que le mot branché est d'origine policière (oui j'ai découvert ça) et qu'il veut dire complice. "Untel était branché sur le casse de la BNP" etc... On dit aussi "sur le coup" ou "dans le coup". Now you're in. 

    Une ville ? Bordeaux, pour toujours une ville de rock et pour toujours une ville de droite. Comme si ça allait ensemble, finalement, un peu comme dans le vers de Reverdy : "Personne dans la marge, plus rien sur le trottoir, le ciel est plein d'orages, ma tête est sans espoir". Que ferait la gauche à Bordeaux si elle gagnait ? Elle rallumerait Catherine Lalumière. Et c'est déjà ça. 

    Un philosophe ? Wittgenstein, pour ce W majestueux qui incarne la ville de Vienne, "Wien", où j'ai passé mon bac en 1992 - au Lycée Français, quelques années après Marjane Satrapi.  Les mille vies de Wi, ses limites du langage, son nom qui sonne comme un tambour Mitteleuropa, j'aime tout, sauf son Tractatus que je n'ai pas entrouvert. David Hume, sinon, philosophe humain. 

     
  • Mon numéro dans le désordre de Guillaume Fédou - Léo Scheer

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    Guillaume Fédou fut l'un des premiers à être ici présent. Non pas pour son talent d'écrivain, mais pour son talent d'auteur-compositeur. En effet, j'étais tombée sous le charme de son "garçon moderne", et le suis toujours par ailleurs. 

    http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2011/08/07/guillaume-fedou-garcon-moderne.html

    Il nous revient quelques années après, mais en qualité d'auteur de roman, de son premier roman "Mon numéro dans le désordre". 

    Avant la lecture de cet opus, j'admire la couverture. Un savant mélange de Cézanne et de Guillaume Fédou. Une aquarelle qui ne laisse pas insensible et attire donc le regard. Cependant, voir un baigneur en slip me perturbe un peu. Que va donc nous conter Monsieur Fédou. Le lien illustration/titre n'est pas aisé, mais s'éclaire au fil de la lecture. 

    Me voici donc, un verre de blanc à la main, à la découverte de la plume de Guillaume. Deux cent cinquante et une page auront raison de ma bouteille de Montbazillac. Quel bonheur et quelle joie ce livre. 

    Ajoutons à mon verre, le critérium qui laissera une mine entière tellement les formulations sont vives et pertinentes, mais aussi pour souligner toutes les références qui nécessitent quelques recherches sur le web. Entre références culturelles, musicales et parisiennes Guillaume nous conte les aventures d'Arthur et sa maman, appelée "Mama". Une connotation italienne pour moi, mais il en est rien. La mère d'Arthur est une soixante huitarde, pittoresque, dépressive, divorcée et juive. 

    Arthur est le fils aîné, vingt huit ans, fraîchement licencié, bordelais devenu parisien branché. Il fréquente la nuit, le monde de la mode, il est là où il faut être vu, là où il faut être, ce qui lui permet d'avoir son tissu social et de boire à l’œil comme il s'amuse à le dire. 

    Suite à son licenciement, il décide d'offrir à sa mama dépressive un séjour à New-York. Cette ville qui fait rêver, la ville de la deuxième chance. Sauf que le départ se fait quelques jours avant le 11 septembre 2001. 

    Les premiers jours qui précèdent l'attentat qui changera la face du monde, Arthur et Mama vont vivre quelques situations rocambolesques, dont l'origine n'est autre que la Mama. Partie de Paris sans ses médicaments, elle n'a de cesse d'en faire qu'à sa tête, et de se mettre dans les situations les plus pittoresques. Elle disparaît, s'éprend pour un Bob Marley des années 2000, ne suit que son instinct. Arthur ne profite pas vraiment, se demande quand sa mère sortira de cet état. Puis cette rencontre avec un psy qui va remettre pour quelques jours à peine la mère dans les "rails". Elle se calme dirons-nous. 

    Tout semble allait mieux, mais c'était sans compter sur cet attentat qui va bouleverser, outre nos deux personnages, la vie de tout à chacun. 

    Je ne vous dévoilerai pas la suite, l'après 11 septembre, car il faut lire ce roman. 

    La plume de Guillaume est maîtrisée, vive, gaie, humoristique. Au fil des mots, des phrases, des pages, le lecteur est aspiré dans la vie new-yorkaise, il vit l'horreur, il vit aussi le changement. 

    En effet, ce roman se veut, sous un aspect "comique", être un traité de l'avant et après 11 septembre. Une étude sociologique de ce qu'à changer cet événement tragique qui a touché le monde entier. Arthur est une victime, il ne sera plus le même. Il y a l'avant, puis l'après, la naissance des années 2000. La prise de conscience aussi que l'on peut mourir n'importe quand, n'importe où par la folie d'hommes.

    Arthur mènera quand même sa quête du bonheur, mais il est différent. Les vacances qui se devaient être normales apporteront à nos héros une autre vision du monde, de l'avenir, de la vie simplement.

    Un livre à acquérir, mais attention les références sont nombreuses dans tous les domaines. Il m'a été nécessaire de faire quelques recherches, n'étant pas de la génération 90, mais plutôt 80, n'étant pas non plus au fait des mœurs et coutumes de la vie parisienne. Quelques traductions m'ont aussi été nécessaires, ne maîtrisant absolument pas l'anglais. Cependant, cela ne m'a pas gêné dans ma lecture de ce roman bien ficelé et qui met en exergue le changement du monde dès lors que deux avions se sont écrasés sur les tours du World Trade Center.

    Faire le deuil de l'avant, se construire dans l'après. Se trouver, se réaliser, être, être soi. Tel est le message que nous délivre Arthur, ou Guillaume ? En effet, on peut se demander ce qui est vrai, ce qui est faux. Est-ce la réalité de Guillaume qui a permis à Arthur de rentrer dans la fiction ?

    Allez, vite, filez acheter ce tout premier roman d'un homme qui le vaut bien :-)

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    Quelques extraits :

    • Cet agent de l'Etat français éprise de service public pratique plutôt le suicide par répartition, façon puzzle éparpillé au-dessus de l'océan que nous aurons tant de mal à traverser. 
    • C'est un art chez les Kaminsky de maquiller sa douleur en agressivité. 
    • Mais une chose est sûre : en lâchant Bordeaux pour vivre à Paris, notre famille s'est littéralement vendue aux Boches. Quant à l'Américaine, elle n'a fait qu'injecter un peu de vérité dans toute cete bordelaise hypocrisie, même si je rêve encore aujourd'hui de la voir en plein vol. 
    • Seul le travail compte, et là-dessus je suis d'accord avec ton père : on ne bâtit rien les bras croisés. 
    • Comment ai-je pu accoucher d'un pareil monstre ? Sans doute en fermant les yeux sur toute une partie de ton histoire personnelle. Mais ce n'est pas le moment d'en parler....
    • Il serait vraiment temps pour moi de vivre pour vivre. Ne devrais-je pas la laisser être femme accomplie avant d'être mère ? 
    • Ennemis de la pop, des putes à frange et des instruments à vent, les talibans ont donc provisoirement gagné la partie. 
    • Pour ou contre la connerie, le racisme et les oranges pressées ? Les terroriste ont ciblé la finance, épargnant a priori des mécréantes dans mon genre. Mais s'ils avaient visé le MoMa, aurais-je un jour renocntré ce double que je cherchais depuis ma naissance ? J'ai longtemps cru que la lumière viendrait d'une fille, que seul l'amour pouvait être source de complétude. 
    • J'ai une sacrée boule au ventre de devoir partir. Quand on est à ce point en fusion avec la moindre paroi new-yorkaise, il s apparaît illusoire de pouvoir décrocher un jour, et même de pouvoir raccrocher les wagons de son existence. Aussi toxique soit-elle, NYC est le meilleur terrain de jeu pour le "je". Un playground existentiel sans limite dont je respire l'air corrompu à pleins poumons en chantonnant avec Mama son sempiternel air du vieux Trénet : "Grand-Maman, c'est New York / Je vois les bateaux-remorques..." qui emportent tout sur leur passage, comme à la fin du Voyage de Céline. Voilà, merci, on remballe.. 

    A l'attention de Guillaume Fédou  

    Alors non tous les gens qui habitent la Côte d'Azur n'ont pas une villa et ne votent pas FN :-) 

    Sophie Marceau est toujours belle, et moi aussi je l'ai préférée dans l'étudiante

    Un jour j'irais à New-York ...

  • Comédie Romantique d'André Bessy - Flammarion

    André Bessy, Flammarion, Comédie Romantique, livre français, rentrée littéraire 2014, amour, vacances, été, lireSon nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant j'ai déjà parlé de ce jeune auteur, au physique de mannequin et à la plume déliée, précise, apprivoisée et fine. Sous André Bessy, se cache un certain André Boris, auteur de trois opus astrologiques dont je vous ai vanté tous les mérites les années précédentes. 

    André reprend pour ce nouveau roman quelques personnages de ces opus précédents. Nous retrouvons avec joie Guillaume Béranger et sa femme Julie (Attention au scorpion - septembre 2011 - Flammarion). Ajoutons à ce jeune écrivain et son épouse, Victoire l'éditrice, Stéphane l'ancien champion de foot, Louis le jeune mannequin et quelques autres personnages hauts en couleur, Carole et Ludivine par exemple,  et nous avons là l'ensemble des personnages qui vont nous faire partager leurs déboires, leurs amours, leurs tracas, leurs visions de la vie, de l'amour tout au long de quelques trois cent cinquante pages. 

    Livre en main, je m'extasie devant cette belle couverture haute en couleur : un cœur formé par quelques dizaines de crayons de couleur bien taillés. Une typographie très agréable pour nous informer du titre, de l'auteur, de l'éditeur. Chouette couverture, vraiment ! 

    Premières pages dédiés à Barbara et Etienne Daho, je ne suis pas surprise et je trouve cela beau. Très beau même. "Il fut long le chemin Et les mirages nombreux Avant quel'on se trouve", tellement vrai pour moi... Merci Etienne Daho et André. Mais je m'égare, revenons à ce roman dévoré en quelques heures. 

    Départ pour Nice, salon du livre oblige, pour notre cher écrivain, son éditrice et quelques inconnus jusqu'alors. L'occasion pour Victoire et Guillaume de passer un peu de temps ensemble, résister ou pas à la tentation d'un corps à corps. Mais rien ne se passe comme prévu. Cet inconnu assis à côté de Victoire va venir semer le trouble. 

    Retour sur Paris, rencontre avec Stéphane, l'athlète, dans une boîte de nuit pour notre attendrissante éditrice. Elle ne sait pas qu'elle sera en charge de son livre à venir, elle ignore même qui il est. 

    Voici en quelques mots la situation initiale de ce récit. Puis sous la plume d'André nous allons partager le quotidien de Victoire. Cette femme célibataire, qui sous ses airs, ne rêve que de l'amour avec un grand A, d'être une femme, une épouse, une mère. Mais elle est aussi une réincarnation de la mante religieuse. Entre ces deux aspects de sa personnalité comment se construire une vie de femme "rangée" ?

    D'aventures en aventures, de non dits en quiproquos, de doutes en certitudes, Victoire nous embarque dans son quotidien avec les hommes, avec ses amies. Elle nous confie ses doutes, ses certitudes, ne se dévoile pas entièrement non plus. Elle se doit de garder une part d'ombre, de mystère. 

    Qui choisir entre Guillaume, son écrivain-poulain, Stéphane l'athlète au passé un peu sombre et Louis déconcertant et ambigu. Telle est la question que se pose Victoire. Mais elle ne sait pas vraiment, trouvant en chacun d'eux une bonne raison de céder aux plaisirs de la chair. Ceci étant, elle finit par décider de "se ranger". Elle se persuade qu'il est le bon, qu'il sera un père parfait, qu'il sera un mari extraordinaire. Elle s'en convainc, elle se donne à lui, mais est-ce le bon choix ? Elle ne se pose plus la question, par crainte de passer à côté de son rêve d'enfant, et décide donc de se marier, de se donner à lui. Mais, sous la plume d'André, tout peut arriver, et Victoire découvrira alors qu'elle n'a pas fait le bon choix. Ne comptez pas sur moi pour vous annoncer qui est cet homme, à vous de lire ce roman qui mérite vraiment lecture et partage. 

    Au-delà de la trame de ce récit qui fait de vous lecteur un vrai créateur, quelques passages m'ont interpellée. J'ai aussi vécu la douleur de Stéphane (je ne connais que trop la douleur d'un genou "abîmé", le(s) doute(s) de Victoire, l'indécision.... 

    André Bessy est journaliste de formation. Il maîtrise les mots, les formules, les formulations. Mais au-delà de cette plume incisive, précise, fine et limpide, André a le sens du détail. Tout est décrit avec précision, on sent le travail "journalistique" d'informations, de recherche de détails. Rien n'échappe à la plume d'André. Des coulisses d'un défilé de mode, à la tenue vestimentaire de Victoire, des sommets montagneux aux rues de Paris. Les mots sont recherchés, dans le registre d'un français soutenu. Cet écriture est parfois en décalage avec la légèreté des propos, mais c'est là où André est un écrivain hors pair. Ecrire une comédie romantique avec un lexique si riche n'est pas donné à tous, mais surtout propose une cassure avec ce genre que l'on a parfois tendance à catégoriser. 

    Ici il s'agit d'une fiction de genre sentimental qui met en scène une jeune femme d'aujourd'hui, active, urbaine. En théorie, la fiction de genre privilégie l'action sur le style, mais seulement en théorie. En effet, André réussi ici à privilégier les deux : action et style. Un style d'écriture qui ne peut laisser insensible. Les mots sont précis, recherchés, justes. Les phrases sont grammaticalement et syntaxiquement parfaites. Une plume qui je l'espère vraiment, sera un jour reconnue à sa juste valeur. André mérite largement de connaître LE SUCCÈS avec ce roman. 

     

    Vous en doutez ? Et ben, je vous propose de découvrir André Bessy, et vous offre cinq exemplaires de son dernier roman. Comment faire ? 

    Simplement en commentant ce billet doux, et en m'envoyant vos coordonnés à berangere.lanteri@gmail.com 

     

     Extraits 

    • Celle-ci n'appartenait pas à la catégorie des beautés évidentes. Elle avait un visage étrange, constitué de nombreuses irrégularités lui conférant, lorsqu'on s'attardait sur ses traits,un aspect un peu cubiste. Son œil droit était plus ouvert et placé plus bas que son œil gauche. L'arête de son nez sinuait en son milieu et ses lèvres étaient dessinées à l'oblique. Malgré tout, un air malicieux, férocement intelligent, nivelait l'ensemble et allait même jusqu'à produire une vive illusion d'harmonie. (p 78)
    • Mais un visage à la beauté olympienne possède la  faculté d'anesthésier toutes les peurs naissantes et Victoire, en contemplant à satiété celui du demi-dieu qui était assis près d'elle, fut de nouveau submergée par le désir de céder à la tentation. (p 112)
    • Je m'aperçois que tu viens de décrocher et je ne sais pas ce qui m'a pris de te dire tout ça, étant donné que j'ai toujours considéré la salive comme l'un de mes biens les plus précieux et que je suis en train de la gaspiller à me décharger sur quelqu'un qui ne le mérite pas forcément. (p 153)
    • Sortir des sentiers battus, c'est une chose. Etre suicidaire c'en est une autre, ironisa Victoire (p 226)
    • Continuons de fêter le présent, c'est ce qu'on sait faire de mieux. (p 239)
    • D'un geste empreint de mécontentement, elle jeta son portable droit devant elle. Telle une toupie, l'objet malmené tournoya sur son bureau avant de s'écraser au sol,  non loin d'elle. Peu rancunier, il garda sa forme initiale ainsi que la totalité de ses facultés numériques (p 255)
    • D'une part, je vous rappelle que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent (p 257)
    • En France, critiqua-t-il à présent, pays des pâles Lumières, la littérature de genre est, par essence, considérée comme un sous-genre. (p 279)

     

    Petit clin d’œil à Victoire 


  • Portrait chinois : Eric Neirynck

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    Eric s'est prêté au jeu du portrait chinois, depuis sa Belgique natale. En pleine promotion de son dernier opus "66 pages", il a su m'accorder quelques minutes et je l'en remercie donc. 

     

    Eric, si tu étais : 

     

    Un signe de ponctuation ?

    Le point d'exclamation, je l'adore. Je l'ai toujours beaucoup employé peut être pour donner de l'importance même aux plus petites chose

    Une chanson française ?

    Je t'aime moi non plus. La chanson d'amour parfaite

    Un moyen de locomotion ? 

    Le train. Ça m'a toujours fait rêver les trains. Tout y est possible même les choses les plus incroyables

    Une œuvre d’art ?

    Plusieurs même, la série des nus de Modigliani. Une pure merveille

    Une devise ?

    L'euro ;)

    Un roman ?

    Voyage au bout de la nuit de LF Céline. La base de la littérature moderne pour moi.

    Un mot ?

    Angoisse. parce qu'il m'accompagne à chaque instant.

    Un adjectif ?

    Enorme. Comme moi physiquement :) plus sérieusement c'est celui que j'utilise le plus pour exprimer ma joie après une lecture.

    Une ville ?

    Paris. Rive Gauche de préférence

    Un philosophe ?

    Barthes, mais ce serait trop long d'expliquer pourquoi

     

  • Le silence des rails - Franck Balandier - Flammarion

    LE SILENCE DES RAILS.jpgEn ce début d’année, une de mes résolutions est de lire des romans qui  ne me tentaient point, tels les romans historiques, les romans étrangers… Je ne sais qui a entendu cette résolution tenue secrète, mais je commence cette année avec « Le silence des rails », que son auteur définit ainsi : « Ce livre est une fiction qui s’inscrit dans un contexte historique réel. Certains personnages ont existé. D’autres non. »

    Dans le contexte social actuel, j’ai des craintes sur ce roman à la lecture de la quatrième de couverture. Cependant, j’ai une totale confiance en la personne de G. et j’ouvre donc ce livre d’un format très agréable.

    Ma crainte sera de courte durée, remplacée alors par l’émotion, les frissons, la colère, la révolte, l’amour, la compassion. De sa plume acidulée, Franck Balandier nous conte, dans un contexte historique réel, les (mes)aventures d’Etienne.

     

    Etienne est mal né, un certain 18 novembre 1918. Dès ses premières secondes de vie extra-utérine, Etienne est confronté à la vie, au milieu d’une multitude de voyageurs qui attendent, ou pas, le train. Malgré une atmosphère polluée, propre aux quais de gare, Etienne a la soif de vivre, et va vivre.

    Etienne se construit sans l’image de la mère aimante, sans l’image paternelle. Il ira en orphelinat, en partira, et découvrira la vie, la rude vie de la rue, du Paris qui ne va pas tarder à être envahi par les allemands. Etienne se cachera pour vivre son homosexualité. Il assume son orientation sexuelle, l’assume avec Antoine, ne la subit pas. Et puis, les allemands envahissent la ville. Les rafles se suivent et se ressemblent. Antoine est embarqué, Etienne n’échappera pas longtemps. Son voyage vers le camp de Natzweiler-Struthof débutera un certain 22 juillet 1942. Le 23, Etienne est un parmi tant d’autres dans ce camp, camp de l’horreur, le camp de la mort.

    Il se verra coller un triangle rose, signe de son homosexualité. Ce fameux triangle est, à cette époque,  le symbole utilisé par les nazis pour identifier les homosexuels masculins. La déportation de ces hommes s’inscrivait dans une logique de répression des indésirables, des personnes considérées comme dangereuses par le régime en raison de leurs convictions. Ce symbole de discrimination sera repris dans un contexte totalement différent par Act Up dans les années 90.

    Le froid, les manques de toute nature deviennent alors le quotidien de notre narrateur, Etienne. La crainte, la peur, l’angoisse, et malgré tout l’espoir est là. Ne pas mourir. Ne pas vouloir mourir.

    Est-il chanceux pour être affecté au service général du camp ?

    Sa mission : collecter les déjections de ses congénères. Pour ce faire, il est surveillé par Ernst. Avec ce dernier, la communication est signe simplement.

    Ernst est fusillé pour une vague histoire de dictionnaire, de mots. Mina viendra le remplacer. Fermée, pas tendre, elle sera comme Ernst, cependant, empreinte de vie et de bonté tout de même.  Ils ne sont pas méchants ces deux-là. En eux, un brin d’humanité résiste.

    Et puis, il  y a cette petite fille au ballon, à l’extérieur des barbelés qui délimitent la zone de vie des déportés. L’œuvre d’art « Le ballon » de Vallotton a alors envahi mon esprit à chaque mot qui lui était dédié. Innocente, douce, cette enfant connaîtra malheureusement une fin tragique. Elle qui vivait en dehors du camp de la mort. Etienne, lui continue de vivre. De survivre. Continue à ne pas vouloir mourir. Je ne sais quelle est la meilleure formulation.

    Au fil des pages, on vit avec Etienne. Le froid s’empare de moi, les frissons vont et viennent. Le sourire se dessine de temps à autre sur mes lèvres. Mes yeux sont fixés sur ses mots si savamment assemblés. Mon esprit s’égare. Les images de camp s’entremêlent, mes cours d’histoire me reviennent. Je tremble, j’espère, je prie. Tout comme Etienne qui écrit de temps à autre à Dieu.

    Un roman qui ne peut laisser insensible, juste. L’auteur signe là un roman plus que réussi. Il embarque son lecteur, avec talent, avec 26 lettres de l’alphabet. Il a une réelle baguette magique, celle qui donne le pouvoir de provoquer en nous le rire et les larmes. Les mots vibrent, résonnent. Ce roman est un film, l’intrigue évolue, les désirs, les passions, les états d’âme sont nombreux et nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.

    Etienne est touchant, Etienne est beau, Etienne est un homme, il est l’Homme. Etienne, toi ce héros qui n’a pas encore quitté mon esprit. Rare sont les fois où je suis à ce point touchée par un personnage de fiction. Un roman ancré dans un décor réel, qui a existé. Un roman où les faits sont réels et où l’auteur a le don d’y faire évoluer un personnage sorti de son imagination.. ou pas. En refermant ce livre, Etienne continue à vivre dans mon imaginaire.

    A lire absolument. A faire lire aussi à cette jeune génération qui ne sait plus où elle va, qui oublie le passé. Un roman qui je l’espère aidera certains à être plus aimant, à ne pas oublier, à ne pas juger, mais à aimer son prochain.

      Un livre magnifique, troublant. 

     

    Le silence des Rails - Franck Balandier - Flammarion - sortie le 5 février 2014

  • Ecriturefactory.com - Premières semaines

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    Voici quelques jours, je vous faisais part de mon inscription à un atelier d'écriture en ligne. Comme promis dans mon premier billet, je vais partager avec vous, et je l'espère pousser certains d'entre vous à visiter ce site, mes premiers pas dans cette belle aventure.

    A ce jour, je suis à ma leçon 3. Etrange sensation qu'est la mienne de me dire "Je suis à la leçon 3". Moi l'enseignante, je ne suis pas habituée à suivre une leçon, à prendre la posture de l'élève, mais quel plaisir, mais aussi que de questions et de doutes.

    Doutes qui sont par ailleurs levés dès la première leçon. J'étudie soigneusement et comme une étudiante modèle. Je la lis une première fois, puis une seconde où je prends des notes, pour finir à écrire, avec mes mots, ma leçon sur un cahier acheté à cet effet. Je classe ensuite mes polycops dans mon classeur blanc aux bordures roses. Une vraie étudiante organisée. Les stylos, les stabilos sont en vrac sur mon bureau, entre le cahier, l'ordinateur et le fameux classeur.

    L'aspect  "étudiante" mis à part, cette aventure est une vraie révolution intérieure. J'apprends à lire autrement, à écrire autrement. A chaque leçon, un exercice. A chaque exercice, une correction personnelle par un professeur. La correction n'est pas normative. Elle n'est que conseils, relève de quelques erreurs, et pistes pour avancer. Une très belle démarche pédagogique à mon sens.

    C'est ainsi que de devoirs en devoirs, j'acquiers une rigueur plus importante, un regard neuf sur mes mots, des attitudes différentes de lectrice, et j'ouvre mon champ littéraire.

    A ce jour, je suis heureuse de découvrir de nouveaux auteurs. Des auteurs de nouvelles. Genre littéraire que je lis peu, mais auquel je suis en train de prendre goût.

    Cet atelier d'écriture est synonyme de discipline, de rigueur, d'échanges, de conseils, d'avancées, d'apprentissages, de découvertes.

    Un bonheur, et une Bérangère qui change son regard petit à petit sur les textes qu'elle peut lire.

    A très vite pour la suite de mes aventures littéraires et d'écriture.  

     

  • 66 Pages d'Eric Neirynck - Zeugme éditions

    66 pages image.jpgLe dernier opus d'Eric Neirynck a atterri dans ma boite mail, à la seule initiative de son auteur. Je le remercie de cette intention délicate et qui m'a fait doublement plaisir. 

    Plaisir d'avoir un texte à lire, car on le sait tous je manque de lectures (humour). Plaisir que son auteur pense à moi après nos quelques péripéties. 

    Eric Neirynck édite chez Zeugme Editions son deuxième opus. Petite maison d'édition, qui je le souhaite deviendra grande. 

    Dès la première page, le lecteur est averti, il s'agit d'une histoire comme tant d'autres. Est-ce une fiction, une autofiction ? On n'en sait rien, et à la limite on s'en moque. Toutefois, si l'on connait un peu l'auteur, ne serait-ce que par sa page Facebook, on se doute qu'il y a du vrai, du vécu dans cette histoire. A quel moment ? Libre choix au lecteur. 

    Un homme, Eric (le narrateur, et non l'auteur, quoique...), est confronté à une rupture amoureuse très particulière, voire déchirante. Il nous livre ses états d'âme, son passé, son mal vivre, ses angoisses, ses certitudes aussi. Et c'est ainsi qu'il décide de se rendre chez un psy. Vous savez ceux qu' on appelle médecin et qui vous accueille avec une feuille, un stylo et vous écoute parler. 

    Eric décide de franchir les portes de ce cabinet médical, de se soulager de quelques quatre-vingts euros par séance pour se libérer de ses maux, et de ses mots. La première séance est courte, concise, frustrante. Se présenter, payer 80 euros, et partir sans tout comprendre. Et puis, réaliser que ça fait du bien, ou pas de mal, que de parler à une personne étrangère à notre mal. Et vient alors l'empressement du second rendez-vous. Tel est l'état de notre narrateur. Un mec un peu paumé, un peu à bout de souffle mais sans perdre le souffle. Un mec qui a des doutes, qui se pose trop de questions, et peut-être pas les bonnes.

    De séance en séance, Eric va coucher son malaise de vie sur du papier. Il va écrire, sous l'influence de sa psy, il va rencontrer son bonheur : Il et Elle rencontrés dans un train. Il en fait une histoire, son histoire. Il la conte à son médecin de l'âme. Entre deux rendez-vous il écrit son histoire. Et puis, cette séance où tout bascule. Où le désir s'emmêle, où le plaisir de la chair prend le dessus, où l'amour naît. Est-ce une bonne thérapie ? Et pour qui ? 

    Pour cela, il vous faut acquérir "66 pages", et vous le saurez. Mais surtout vous serez happé par la plume libertine, incisive d'Eric Neirynck. Les mots s'entrechoquent, se suivent et ne se ressemblent pas. Eric a affiné sa manière d'écrire depuis quelques années. Il garde son style direct, dérangeant, provocant mais oh combien miroir de notre société actuelle, sur un sujet banal mais tout aussi répandu. 

    On retrouve aussi les maîtres à penser de l'auteur : Céline et Bukowski. Grégoire Delacourt et Nicolas Rey sont aussi cités. Savant mélange des genres, des époques et des styles. 

    66 pages en chanson, c'est ici : Tes états d'âme d'Eric

     

    Facebook mon amour d'Eric Neirynck, c'est par là : Facebook mon amour

     

    66 pages d'Eric Neirynck disponible en version papier et numérique...

  • Portrait chinois : Gilles Paris

    Gilles Paris, L'été des Lucioles, Portrait Chinois

    A l'occasion de la sortie de son quatrième roman, L'été des Lucioles paru aux Editions Héloïse d'Ormesson, Gilles Paris a eu la gentillesse de jouer le jeu du portrait chinois, et de répondre à dix questions. 

    Je l'en remercie ici-même, et lui confie que les lucioles existent encore en France, non loin de Roquebrune, dans un petit village de l'arrière-pays niçois, Saorge. 

     

    Gilles, si vous étiez :

    Un signe de ponctuation 

         Une virgule, pour respirer.

    Une chanson française :

         Le rempart de Vanessa Paradis, pour écrire. 

                    http://www.youtube.com/watch?v=DVwgknzEmJM

    Un moyen de locomotion :

         La télé-transportation pour être au même moment avec ceux que j'aime.

    Une oeuvre d'art :

         Une oeuvre de Magritte,pour entrer dans l'imaginaire

    Une devise :

         Never explain, never complain

    Un roman :

         Le prochain que je vais commencer avant la fin de l'année 

    Un mot :

         Grandir, pour ne plus manger de Haribo

    Un adjectif :

         Elégant pour l'être en tout

    Une ville :

         New-York, pour être aussi énergique et à temps plein

    Un philosophe :

         Un qui ne se prendrait pas au sérieux, pas encore trouvé. 

     

    En bonus, si vous voulez écouter Gilles nous parler des Lucioles, c'est par ici (49 ème minute)

    http://videos.tf1.fr/au-field-de-la-nuit/replay-au-field-de-la-nuit-du-27-janvier-2014-8352437.html

  • Vous avez dit "Atelier d'écriture" ? Ecriture Factory est pour vous.

    images.jpgVoici presque quatre ans que j'ai renoué avec la lecture. La lecture plaisir, la lecture découverte, la lecture détente. Après une scolarité qui m'a autant donné le goût de lire, que le dégoût (merci à mon professeur de seconde), les livres n'étaient pour moi que synonyme d'objets d'étude. 

    Concours de professeur des écoles en 2002, je suis contrainte de lire. Mais lire pour apprendre, pour comprendre, pour enseigner. De termes psychologiques aux termes pédagogiques, de prises de notes en fiches de lecture, je ne peux dire que j'aimais alors lire, mais il le fallait. Une période entourée de bouquins pédagogiques, didactiques, sociologiques, psychologiques... qui, paradoxalement va me pousser à lire de nouveau des romans, histoire d'oublier. Des petits romans très féminins, qui se lisent sans demander d'efforts, qui ne me plongent pas en surcharge cognitive. Puis,petit à petit, je lis d'autres romans, plus complexes, plus littéraires. Et puis cette rencontre au Salon de Nice, où j'ose assumer enfin mon goût de lire. Bref, me voici donc une lectrice qui compte à ce jour près de mille livres dans sa bibliothèque. 

    Cependant, je ne suis pas à l'aise pour rédiger mes petites chroniques, mais je continue sous  les mots des auteurs qui m'encouragent, tout comme certains éditeurs, certains amis. Mais au fond de moi, je doute. Je n'ai aucune formation littéraire. Je ne maîtrise pas tout dans les méandres de la littérature, et je manque de savoir savants, de bagages littéraires. Alors je me lance dans une reprise d'études, en plus de mon métier d'enseignante, de mon métier de maman de cinq enfants : licence de lettres modernes, option FLE. J'apprends, je comprends mieux, j'écris plus facilement. 

    Puis cet accident de la route qui va me coûter un repos forcé de plus d'un an, puisque je suis toujours en arrêt de travail. Une longue période où je peux lire à foison, et où aussi j'abandonne les livres, car trop de lecture tue la lecture à un moment donné. Puis cette envie d'écrire à celle qui m'a renversée, pour évacuer ma haine, ma colère,  pour moi, pour eux, pour vous. J'écris, ça plait. Mais je sais que je n'ai pas la stature d'un écrivain, je ne maîtrise pas tout. Alors je m'intéresse aux ateliers d'écriture. Près de chez moi, j'en trouve quelques uns, mais je n'ose pas. J'hésite. Je ne veux pas m'exposer. Et puis, ce mail d'une amie auteure. 

    Il existe un atelier d'écriture en ligne :http://www.ecriturefactory.com

    Elle m'explique les bienfaits d'un tel atelier. Je me renseigne, je vais sur le site, j'explore.. Je fais ma curieuse, et je suis emballée. Noël approche, je note sur ma liste "Inscription à l'atelier d'écriture", et mon mari me pousse à le faire. 

    Me voici donc depuis un mois embarquée dans une belle aventure. L'atelier d'écriture est plus complexe que mes cours de la fac. Il demande une certaine rigueur, une lecture que je ne connaissais pas, une attitude face au texte. 

    Tout cela se passe ici, et la semaine prochaine je vous ferais part de mes premiers pas au sein de l'équipe extraordinaire d'écriture Factory. 

    Merci à Sonia et Anita. 

  • L'été des lucioles de Gilles Paris - Editions Héloïse d'Ormesson

     

    Gilles Paris, L'été des Lucioles, Editions Héloise d'Ormesson, nouveauté, roman, 2014, janvier, enfants, amour, tendresse, Roquebrune Cap Martin

    Un jeune garçon répond au prénom de Victor. Il a une dizaine d'années. Une sœur, Alicia, à l'aube de l'adolescence, attirée par les garçons, qui joue au paon, et drague. Deux mamans, et un papa qui ne veut pas grandir. Autour d'eux, gravitent une concierge et son fils, une baronne, les jumeaux, deux jeunes garçons adolescents, Justine qui a l'âge de Victor, des papillons et des lucioles. De Paris à Roquebrune Cap Martin, en passant par Bourg-en-Bresse, Gilles Paris nous entraîne sous sa plume dans une joyeuse balade, en empruntant le sentier des douaniers. 

    Entre sa maman libraire, qui ne cesse de lire, et sa deuxième maman Pilar, qui ne cesse de peindre des tableaux sans âme qui vive, Victor vit. Avec ses yeux enfantins, mais emplis de malice et d'intelligence, il dissèque la vie de sa sœur adolescente, tente de comprendre son père, aimé et aimant, un peu paumé, un peu ado aussi. Victor profite de ses vacances estivales à Roquebrune, là même où son père passait ses vacances, là même où son père refuse de (re)venir, là même où son père est propriétaire d'un appartement. 

    Cette année sera différente, elle sera un tournant dans la vie de Victor, elle sera l'occasion de rencontrer Hedwige, la baronne. Une femme peu aimable au premier abord, une femme de la "haute" qui va s'avérer être une femme douce, charmante, et qui va aider Victor dans sa quête d'identité, dans sa quête de vérité. Et puis, il y a Justine. Cette jeune fille d'une dizaine d'années que Victor n'ose aborder. Mais les événements vont permettre à ses deux là de se parler, d'être amis, de partager quelques après-midi douces, mouvementées, de partager aussi un secret. Et puis, les jumeaux, Tom et Nathan, qui vont permettre à Victor de découvrir les villas du bord de mer, ses belles villas fermées au public et qui regorgent d’œuvres, de mystère. Victor est aussi accompagné de son ami Gaspard, rencontré dans le local à poubelles. Toute cette petite bande va vivre des moments doux, difficiles, inquiétants, stupéfiants. Tous vont contribuer à ouvrir les portes du cœur de Victor et de sa famille. Pour cela, il vous faudra aussi emprunter le sentier des douaniers, vous faire effleurer par des papillons, et voir les lucioles.

    Gilles Paris nous offre ici son quatrième roman. Toujours la même sensibilité, les mots qui dansent, les mots qui s'envolent comme le vent azuréen, les mots qui grondent comme l'orage aoûtien de ma chère Côte d'Azur. Des mots, d'émo...tion, des maux... Gilles Paris maîtrise cet art littéraire. Il nous fait croire que c'est Victor qui écrit, alors il prend la plume, rédige comme un enfant, et on se laisse attendrir, et on se laisse embarquer, sans voir le temps qui passe. 

    Découverte de Roquebrune pour ma part, alors que j'habite à cinq minutes des lieux décrits par l'auteur. Découverte de l'homme, des relations, et du secret de famille qui empêche alors à tous de grandir, de s'épanouir, de vivre tout simplement. 

    Gilles arrive, par je ne sais quel don, à traiter d'un sujet difficile, à décortiquer les liens qui unissent les membres d'une même famille, à analyser le pourquoi du comment, à disséquer la complexité des rapports humains, mais sans mélodrame, sans analyse psychologique, simplement par le langage d'un jeune enfant. 

    Une ode à l'amour, deux cent vingt pages de joie, de rire, d'inquiétude, d'interrogation, de suspens, de pleurs. Un doux roman qu'il fait bon lire à cette période hivernale, et qu'il sera bon de lire aussi cet été au bord de l'eau. 

     

    Quelques citations

    • Et si grandir c'était essayer de rendre sa vie meilleure, jour après jour ? (p31)
    • Des fois la tristesse est plus contagieuse que certaines maladies. (p 47)
    • Je me demande comment une lumière aussi jolie peut sortir d'un ventre qui avale des animaux dix fois plus grands que lui.(p 58)
    • Ce n'était pas mon idée. J'aurais voulu revenir en arrière comme les films qu'Alicia regarde sur le lecteur DVD et ne pas poser ma question. Celle qui fait pleurer papa. (p91)
    • "Laisse toi guider par les lucioles. Cela fait longtemps qu'elles ne sont pas venues ici.Quand j'étais petite, ma mère me disait que les lucioles étaient magiques pour ceux qui savaient voir la magie. Un petit bonhomme extraordinaire comme toi devrait découvrir sans souci la vraie magie des lucioles". (p168)
    • Un sourire se dessine maintenant sur sa bouche. Les rides sont les cicatrices du temps qui passe. (p 216)
  • Mots d'amour matérialisés pour Noël, sous forme de livres, bien évidemment !!!

    Tout d'abord, merci M. pour cette formulation
    "Mots d'amour matérialisés" que j'affectionne particulièrement. 

    Le sapin est en place et décoré. 

    Le menu est élaboré, la dinde est commandée. 

    La tenue de fête est payée, emballée et rangée. 

    Les cadeaux sont emballés, mais voilà, il manque une idée pour la copine, le pote, la grand-mère qui en a marre des foulards et autres babioles, le fils de l'amie qui a déjà le coffre à jouets rempli et débordant, le patron, la collègue de travail.. Alors voici quelques idées, car oui un livre ça s'offre, ça fait plaisir, c'est un budget très raisonnable, c'est culturel (parfois), ça fait rêver (dans sa tête), ça instruit, ça étonne, ça détonne, c'est une bulle dans notre quotidien, et non ce n'est pas impersonnel. 

    Voici ma première sélection, la suite très bientôt... Avant Noël, c'est promis 


    A celle(s) qui bave(nt) devant Nicolas Bedos, à celui qui a des préjugés sur Nicolas Bedos

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    Nicolas nous invite à partager une année en sa compagnie. Dans ce récit, on retrouve tout le brio du mémorialiste, mais pour la première fois, il y relègue l'actualité au second plan de l'intime : on découvre alors un Nicolas Bedos inattendu, mélancolique et amoureux, qui affirme livre après livre un grand talent d'écrivain. 

    Un chouette récit, à déguster. 


    Nicolas Bedos - La tête ailleurs - Robert Laffont - 20 euros

     



    A  la copine, l'amie avec qui on parle de trucs de filles

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    On n'a jamais conscience de son bonheur est un chouette résumé de ce livre écrit par Isabelle Alexis. Comment ça vous ne connaissez pas Isabelle ? Impossible. Isabelle est douée pour nous conter des histoires de filles comme on les aime. Ici, on croit au prince charmant, à l'histoire d'amour qui change notre vie. Tout commence mal pour Aurélie, licenciée et trompée, elle monte à Paris voir son frère. Lors d'une soirée un peu arrosée, et entourée des amis de son frère, Aurélie va se retrouver dans une situation quelque peu mouvementée. Découverte d'un autre monde, et de l'amour... Riche en rebondissements. Rires assurés. 

    Isabelle Alexis - Ta vie est belle - Flammarion - 19 euros 

     



    Aux nostalgiques de Dylan, Hendrix, les années 70


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    Pop music, psychédélisme, drogue, quartier latin...Bref, Paris dans les années 70. Alexandre Mathis nous dévoile ce Paris là. Il est jeune, gratte la guitare, se défonce...LSD comme Liliane, Sony et Dora, les trois jeunes filles au centre de ce roman, au milieu d'autres personnages. LSD comme Liberté, Suicide et Défonce. Un livre qui ne laisse pas insensible, à ne pas mettre entre toutes les mains cependant, mais un sans faute littéraire. 



    Alexandre Mathis - LSD 67 - Serge Safran - 23.50 euros

     


    A un fan de Warhol

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    Brigitte Kernel nous offre là un portrait anecdotique et attachant d'Andy Warhol au cours de onze séances chez son psy, suite à la tentative d'assassinat dont il a été victime. On y découvre un Andy hanté par les démons, un Andy protecteur.

    Une très belle lecture. 



    Pour en savoir plus, http://aposterioriapriori.hautetfort.com/archive/2013/05/07/andy-de-brigitte-kernel-plon.html


    Brigitte Kernel - Andy - Plon - 17 euros 

     

    A ceux qui aime Jacques Chancel, ou/et l'Indochine, l'histoire

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    A travers un récit littéraire, nostalgique et émouvant, Jacques Chancel, raconte pour la première fois ses souvenirs inédits d'Indochine.


    Avec le charme et l'élégance qu'on lui connaît, il nous entraîne dans le Saigon des années des 50, entre fumeries d'opium et violences d'une guerre qui ne fait que commencer, c'est tout une époque, tout un monde, qu'il ressuscite.


    Jacques Chancel - La nuit attendra - Flammarion - 19 euros 

     

     

     

  • Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand - Michel Lafon

    Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès Martin Lugand, roman 2013, roman français, amour, irlande, cadeau noel, à offrir, découverte, premier roman Je ne contredirai jamais, mais au grand jamais Agnès Martin-Lugand, les gens heureux lisent et boivent du café, j'en suis la preuve. 

    Agnès Martin- Lugand signe là son premier roman. Un premier roman qui a une histoire un peu particulière, car initialement auto-édité, on lui doit une édition chez Michel Lafon suite au bouche-à-oreille vif et rapide. L'histoire, du livre, nous a même été contée sur TF1 aux infos nationales. 

    Bref, il est maintenant chez moi, sur ma table de nuit, mais ne le restera pas beaucoup puisqu'il m'a plutôt valu une insomnie, n'arrivant point à refermer le livre. 

    Diane, personnage central et attachant de ce roman, a cessé de vivre. Son cœur bat, sans aucun doute, mais elle ne vit plus. Oublie de se nourrir, ne travaille plus, ne se lave plus, elle est morte. Morte le jour, où son mari, Colin, et sa fille, Clara, sont tués dans un accident de la route, à la veille d'un départ en vacances. Depuis, sa vie à elle n'est plus. Elle refuse tout contact avec sa famille, seul Félix, l'ami, bénéficie de quelques égards. Elle se refuse à se rendre sur la tombe de ces deux amours. 

    Diane est une boule de douleurs, elle se sent inutile, seuls les doux souvenirs sont présents. 

    Puis, un défi lancé contre elle-même, une envie de fuir cet endroit qui lui rappelle sans cesse sa vie d'avant, son bonheur à jamais perdu. Diane fait ses valises, prend un billet d'avion, loue un cottage. Direction l'Irlande. 

    Seule face à elle-même, face à la mer.

    Accueillie par les propriétaires du Cottage, Diane apprend à vivre différemment sur les terres irlandaises. Elle y rencontre Edward, un homme bourru, brut, renfermé, peu aimable, voire pas du tout. Mais il est son voisin, elle doit faire avec, et puis, il y a ce chien, le chien d'Edward, l'animal qui va lui permettre de vivre, d'esquisser des sourires. 

    Elle hait ce voisin, mais en même temps il fait naître en elle des émotions oubliées, enfouies, refusées. D'incompréhensions en incompréhension, ces deux-là arriveront-ils à se parler, à partager un peu de bon temps ? 

    Et puis il y a aussi Mégan, la petite amie d'Edward. Mégan la citadine, la working girl désinvolte et insupportable, limite hystérique. Et puis, Judith, la sœur d'Edward, pleine de vie, déjantée. 

    De ce séjour en Irlande, Diane en retiendra la substance moelle de la vie. 

    Un premier roman qui ne peut laisser insensible. Le lecteur est happé par les déboires de Diane, par ses peurs, ses angoisses, ses rêves, ses joies, ses cuites. La vie  lui avait offert une famille adorable, un mari attentionné, une petite fille malicieuse et douce. Mais la vie lui a tout repris en une fraction de seconde. Comment se reconstruire après ? Est-il possible de vivre de nouveau ? Quels choix faire ? Agnès Martin-Lugand nous transporte, nous embarque sous sa plume. Nous tremblons, nous rions, nous pleurons, nous avons froid, nous avons chaud, nous vivons. 

    Mais pourquoi, alors "Les gens heureux lisent et boivent du café" comme titre, je vous laisse le découvrir. 


    A offrir à cette fin d'année à toute amie,

    car oui c'est un roman plutôt féminin, si je puis dire ainsi.


    Les gens heureux lisent et boivent du café d'Agnès Martin-Lugand, Michel Lafon - 14.95 euros 

  • Un avion sans elle de Michel Bussi - Pocket

    michel bussi,comme un avion sans elle,roman,polar,jprix maison de la presse,idées cadeaux noel,livre français 2013Découverte de Michel Bussi en ce mois de Novembre, attirée par ce bandeau accrocheur "Prix Maison de la Presse". Tout ce que je réfute, ces fameux bandeaux qui me laissent un peu perplexe. Est-ce un coup de pub, le roman a-t-il plu réellement, est-ce un moyen de "faire" consommer de la littérature au visiteur lambda de la Fnac ou autre grande enseigne ? J'ai très souvent refusé d'acheter ce type d'oeuvre littéraire, de roman, ayant l’a-priori de me faire berner par une propagande publicitaire que je n'aime point. Mais bon je me laisse tenter pour plusieurs raisons : j'ai besoin d'un bouquin qui tienne dans mon petit sac bleu marine acquis depuis peu, je veux un roman français, le quatrième de couverture m'interpelle un peu : une énigme à la française qui attise ma curiosité. Quelques euros en moins dans mon porte-monnaie, cinq cents pages en plus dans le fameux sac, et le tour est joué. 

    Un fait : un crash d'avion un certain 23 décembre de l'année 1980. 

    Des personnages plus vrais que natures : Elle, Emilie Vitral, Lui, Marc son frère, un détective privé au nom improbable, Crédule Grand-Duc, l'assistant du détective, deux familles que tout oppose : Les de Carville et les Vitral. 

    Et me voilà, partie dans les méandres d'un roman qui me tient en haleine, mais m'épuise aussi. Assoiffée de vérité que je suis, je me perds par moment par des descriptions qui n'ont pas grande importance. Par contre j'apprécie ce travelling entre le carnet de notes tenu par le fameux détective et la narration dix huit ans après les faits. 

    Un troquet près du parvis de l'Université Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis, Mariam la patronne, et ces deux-là. Qui sont-ils ? Amants ? Frères et sœurs ? Amis ? Il nous faut lire ces quelques centaines de pages, avec des rencontres improbables pour que les maillons se forment et nous livrent une vérité à laquelle on ne s'attend pas. Et pourtant, tout cela n'est point tiré par les cheveux. Au contraire, tout est machiavélique, réfléchi. Tout s'imbrique insidieusement au fil des pages. 

    Dix-huit ans d'enquête pour notre détective, assassiné le jour des dix-huit ans de la belle Emilie. Dix-huit ans notés, archivés où se mêlent les faits réels, l'intuition de Crédule, les ressentis, les questionnements. De la France à la Turquie, d'une famille à l'autre il cherche, tente de comprendre, de rétablir la vérité. Mais cela est-il possible ? 

    Emilie est retrouvée, seule survivante du crash, mais on ne sait de qui elle est la fille. Deux familles, endeuillées, de milieux sociaux que tout oppose, se déchirent la descendance de ce petit être à qui la vie à enlever ses parents. Qui sont-ils ? Les indices sont maigres, les tests ADN ne sont pas à l'époque des faits, les photos sont troubles. 

    Finalement Emilie sera Vitral, aux bénéfices d'une multitude de doutes, d'impostures. Comment Emilie va-t-elle réagir, à sa majorité, en découvrant qui elle est vraiment ? Que va-t-il advenir de sa relation avec Marc qu'elle considère comme un frère depuis tant d'années, et ce malgré une attirance physique, amoureuse. 

    L'auteur est talentueux car il nous mène sur des chemins escarpés, sur des pistes douteuses, encombrées et sinueuses. Nous vivons toute l'enquête, et en même temps nous vivons le quotidien des personnages, dix-huit ans après les faits. Michel Bussy nous promène, ne nous lâche pas dans son écriture. Il nous entraîne dans une danse folle. Nous pensons savoir qui est Emilie, mais dix pages plus loin un rebondissement. Le doute s'installe, nous sommes Crédule Grand-Duc. 

    De rebondissements en rebondissements, nos sens sont en émoi, à l'affût aussi. Michel Bussy signe là un polar d'une extrême finesse, juste et tendre. L'amour y est présent. Les notes musicales de Charlélie sont en arrière-plan. Une écriture rythmée, vive, haletante. Des descriptions, parfois longue pour la lectrice que je suis, mais qui confirment que l'auteur a fait un réel travail de détective pour ne pas laisser place à un faux-semblant, à quelque incohérence. Un travail minutieux. 

    Un très bon polar français qui me réconcilie avec ce type de roman. 


    Oh libellule, toi, t'as les ailes fragiles

     Michel Bussi - Un avion sans elle - Pocket - catégorie 8

  • Et tu danses, Lou de Pom Bessot et Philippe Lefait - Stock

    Et tu danses, Lou.jpgDévoreuse de romans, comme vous le savez, j'ai cependant fait une entorse en ce début décembre, pour me plonger dans "Et tu danses, Lou". Il était là, me tendait le bras ce fameux bouquin. Comme toujours, je le manipule, je prends connaissance du quatrième de couverture, je feuillette, et je sais déjà que je partirai avec. 

    Maman de cinq enfants dont un touché par un handicap, qui ne se voit pas, qui ne se devine pas mais pourtant qui empoisonne le quotidien, je me suis toujours intéressée, en ma qualité de mère et d'enseignante, à ses enfants à qui la société colle le mot "anormal", soit pas dans la norme. Dix ans d'enseignement, dix ans de combats pour dire que la norme est propre à chacun, alors que l'on cesse de dire qu'untel ou untel n'est pas dans la norme. Il est dans sa norme. Et au fond qu'est la normalité ? Moi-même, suis-je normale ? A en croire la réaction de certaines connaissances, je ne le suis pas puisque j'ai quarante ans, cinq enfants, enseignante dans l'enseignement catholique sans être baptisée. Je puis vous assurer que je ne suis pas normale aux yeux de beaucoup. Mais là n'est pas le propos de ma chronique, mais il explique pourquoi j'ai  dévoré ce livre, pourquoi j'ai aimé ce livre, et pourquoi il faut que chacun d'entre nous puisse le lire une fois dans sa vie. Simplement histoire de relativiser notre quotidien. 

    Les auteurs, connus et reconnus, s'apprêtent, voici dix-sept ans, à accueillir leur premier enfant. Premier enfant d'eux deux. Le futur père a déjà une fille. Ils attendent comme tous parents la venue au monde du fruit d'un amour, d'une vie partagée. 

    Lou arrive. Petite, chétive. Bouche immense, cheveux noirs, et un minuscule nez. Et la pédiatre de garde, pas douée pour deux sous, pas humaine qui ne manque de dire aux parents "Votre petite fille a une drôle de tête". A quand apprendra-t-on à certain personnel la douceur, l'humanité, l'art de dire les choses ? 

    Bienvenue Lou dans ce monde fou, fou, fou. Bienvenue aux parents de cette enfant dans les méandres de la société et de son système quand on a un enfant qui ne ressemble pas aux autres. De combat en combat, d'hospitalisation en hospitalisation, les parents apprennent la vie. Une vie qu'il n'avait pas imaginée, une vie où l'on ne met de mots sur la différence de Lou. De rencontres sublimes en rencontres désagréables et désinvoltes, Pom et Philippe nous livre leur combat pour Lou

    Ils apprennent à vivre à quatre : eux, Lou et sa singularité. Un témoignage émouvant, prenant, mais qui n'est pas une plainte. Non, d'aucun se plaint. Ils construisent jour après jour leur quotidien. Ils s'unissent, se défont, s'unissent de nouveau, et au centre, cette charmante petite Lou. Lou qui grandit mais qui n'arrive pas à se nourrir, qui ne se déplace pas, qui fera de la langue des signes son vocable. Lou qui rit, Lou qui respire la vie, la joie. Lou authentique, farceuse, colérique, aimante, aimée. Et Lou qui danse le jour du mariage de ses parents. Elle a alors dix sept ans. 

    Pom et Philippe ont écrit leur histoire à quatre mains, chacun nous donne sa vision de ces dix-sept années passées au côté de leur enfant. Leurs reflexions, leurs colères, leurs joies, leurs galères hospitalières, leurs interrogations sur ce qu'a Lou, leurs combats pour une scolarité qui soit la meilleure,  mais surtout leur Amour pour cette jeune fille qui a sa normalité, sa singularité et qui est leur rayon de soleil. 

    Un cri d'amour, un témoignage bouleversant. Tout en dévorant leurs écrits, je ne pouvais m'empêcher de penser à  "Ecoutez Haendel" de Scarlett et Philippe Reliquet, et à ce film émouvant qu'est La guerre est déclarée de Valérie Donzelli. Des histoires de vie, des histoires d'amour, et surtout la force que peut nous donner un enfant. 

    Je referme ce livre sans empathie, mais avec une forte sympathie pour ses parents, pour Lou. J'ai ri, je me suis insurgée contre le système, j'ai dit des mots grossiers, j'ai admiré, j'ai été confortée dans mes idées, j'ai hurlé au scandale, voilà tout ce que j'ai fait tout au long de ma lecture. J'ai oublié de corner les pages pour vous livrer quelques passages, car on ne peut saisir un extrait de ce livre. 

    A lire de toute urgence, à faire partager, à ébruiter. 

    Merci Lou pour cette agréable parenthèse dans ma vie quotidienne

    Bourvil - Le petit bal perdu 

     Et tu danses, Lou. Pom Bessot et Philippe Lefait - Stock - 18 Euros

  • Les érections américaines d'Amanda Sthers - Flammarion

    AMANDA.jpg14 décembre 2012, Adam Lanza tue sa mère, se rend dans l'école primaire Sandy Hook,tue 28 personnes, dont 20 enfants innocents, et garde la dernière balle pour lui. Il se tue. Ceci n'est pas un roman, mais une dure réalité qui a touché les Etats-Unis, voici bientôt un an. 

    Les télés s'emparent de ce fait divers américain, nos chaînes françaises passent l'information, les explications d'un tel geste sont diverses et variées, le port d'armes est remis en cause. Et pendant ce temps, une jeune maman de deux enfants est transpercée par cette information. "La maman en moi s'effondre, mais l'écrivain qui a tissé sa peau tout autour reste fasciné." 

    Voici le point de départ du dernier roman d'Amanda Sthers. Auteure que j'ai déjà lue, dont j'ai aimé certains livres, et d'autres moins. Elle fait partie de ces auteurs qui peuvent me surprendre, comme me laisser indifférente. Je lis donc ce dernier opus de 125 pages en me  demandant ce que me réserve Amanda. 

    Quelques heures plus tard, le verdict tombe : Amanda me touche, Amanda est une femme intelligente, Amanda maîtrise l'art des mots, des émotions et surtout je découvre une Amanda à la limite sociologue. 

    Je reste quelque peu perturbée tout au long de ma lecture, me demandant qui écrit. Est-ce  l'auteure, est-ce  la mère, ou est-ce un simple personnage nait sous l'encre de  Madame Sthers ? 

    Point de départ de ce roman, donc, cette tragédie américaine dont on se souvient tous. Le  narrateur s'en va donc aux Etats-Unis pour essayer de comprendre ce qui pousse un tel être humain à un tel acte. Les médias  nous parlerons d'une enfance malheureuse, d'une mère qui se prépare à la fin du monde, d'un enfant qui aurait le syndrome Asperger, bref tout et n'importe quoi. Amanda va quant à elle se pencher sur la question de  la sexualité de cet homme (il a vingt ans au moment des faits), de son quotidien, de sa relation avec sa  mère. Bref, elle se demande  comment on peut en arriver là un jour. Une très belle étude sociologique sur fond d'une société américaine qui n'est pas aussi "enjoy" que l'on pourrait le penser. L'Amérique n'est pas un rêve pour tout le monde. 

    Du programme de l'abstinence, au manque de père pour ses héros américains (qui sont les pères de Zorro, Batman etc..?), comment une approche de la sexualité, de la liberté de chacun et d'autrui, pourraient, peut-être, éviter de tel drame, de tel acte ? Amanda s'en est allée pour nous sur les  lieux du drame pour nous conter sa vérité, ses convictions, et l'on ne peut qu'y adhérer.

    On plonge  dans une Amérique enfermée dans ses  principes, ses  croyances, et ses paradoxes. Une Amérique plongée dans la douleur ce 14 décembre, mais une Amérique quelque peu responsable  de cette tragédie. Adam était un enfant comme les autres, il n'a pas su se trouver en sa qualité d'homme, de petit d'homme aussi. Une enfance pas si malheureuse, le divorce n'est pas un justificatif à tout crime, à toute démence. Un manque d'affection cependant, une présence paternelle insuffisante mais qui ne justifie pas tout, loin de là. Tous les orphelins de  la seconde guerre mondiale ne sont pas devenus des pervers, des criminels. 

    Adam a pété un plomb en ce jour, il s'est  donné la mort, laissant libre  l'interprétation de son acte aux médias. Mais aucun d'entre eux n'a eu le regard  que pose Amanda Sthers, et qui nous questionne au fond. Et si l'éducation des enfants n'était pas que ça ? 

    Un dernier roman qui ne ressemble en rien aux autres romans de l'auteure, une très belle lecture, un moment très agréable même si tout n'est pas facile à lire. Un regard  d'une mère sur un  enfant qui a  sombré en quelques heures dans la folie, un regard de mère mais de journaliste et d'écrivain aussi. Trois  point de vues en un seul, merci et bravo Madame  Sthers. 

    Un bonus pour le format du livre, petit mais pas trop, facile à manier, et qui se glisse facilement dans un sac.